Hespérie persius de l'est : évaluation et rapport de situation du COSEPAC : chapitre 8

Biologie

Généralités

L’E. p. persius est une espèce univoltine, mais de rares éclosions peuvent survenir en dehors de la période normale (NatureServe Explorer, 2001). Les femelles déposent leurs œufs individuellement au dos des feuilles de la plante hôte (Mo Nielsen, comm. pers., 2002). Les chenilles se nourrissent exclusivement sur la plante hôte, à l’intérieur d’un nid de feuilles enroulées, comme chez les autres espèces du genre Erynnis. Après avoir atteint le dernier stade, en juillet, elles cessent de se nourrir et entrent en diapause. Elles se nymphosent toutefois seulement au printemps suivant, une fois la diapause levée (NatureServe Explorer, 2001). Les adultes volent en mai et au début de juin. Le vol est rapide, comme chez les autres espèces du genre Erynnis (Mo Nielsen, comm. pers., 2002). Apparemment, les adultes pratiquent le sommitisme (c.-à-d. convergent vers le sommet des collines ou des crêtes à la recherche d’un partenaire en vue de l’accouplement) (Kirk, 1996).


Reproduction

On sait très peu de choses sur la reproduction de cette espèce. Les femelles déposent leurs œufs individuellement sur les plantes hôtes. On ignore tout de la fécondité de l’espèce ou de la survie et des besoins spéciaux des œufs, mis à part le fait qu’ils sont déposés sur la plante hôte. Les mâles sont surreprésentés dans les collections, mais cette disparité reflète probablement plus les différences de comportement entre les deux sexes et le fait que les mâles sont plus faciles à capturer et à identifier que le véritable rapport des sexes en nature. Selon Matt Holder, le comportement reproducteur, l’accouplement ou la ponte de l’hespérie Persius de l’Est n’ont jamais été étudiés en Ontario.


Survie

Les taux de survie de l’E. p. persiusou la taille minimale des populations viables ne sont pas connus. D’après les caractéristiques du cycle de vie de l’espèce, les conséquences pour une population locale d’un taux de recrutement nul, ne serait-ce que durant une année, peuvent être très graves. Même un incident catastrophique à court terme peut entraîner la disparition d’une population, à moins que la dispersion d’individus de populations sources en assure le sauvetage (la probabilité d’un tel événement est inconnue). Dans le passé, la vigueur d’une population et son taux de recrutement étaient dictés en bonne partie par la présence et l’abondance des plantes hôtes dans la région immédiate. D’autres facteurs, comme les conditions météorologiques, les incendies ou les perturbations peuvent avoir des effets dévastateurs. Le feu peut avoir des effets particulièrement tragiques pour l’hespérie Persius de l’Est à cause des caractéristiques du cycle de vie du papillon (Kirk, 1996), mais il peut aussi créer des conditions favorisant la recolonisation des zones brûlées (Maxwell et Ferge, 1994). Si les incendies de forte intensité et couvrant de vastes superficies peuvent avoir des conséquences néfastes pour l’hespérie, les petits incendies de faible intensité peuvent au contraire lui être bénéfiques.


Physiologie

Une fois leur développement achevé, les chenilles de l’hespérie Persius de l’Est migrent vers la litière et entrent en diapause. Les exigences de l’espèce liées à la température et aux autres conditions environnementales sont inconnues, mais les chenilles matures étaient apparemment capables de résister aux basses températures hivernales normales pour le sud de l’Ontario. Aucune étude n’a été consacrée à la physiologie de l’E. p. persius à ce jour.


Déplacements et dispersion

On sait très peu de choses sur la capacité de dispersion de l’hespérie Persius de l’Est. Cette hespérie semble toutefois capable de se disperser sur une certaine distance, car des individus ont cependant été capturés « à bonne distance » des populations de lupin et de baptisie des teinturiers les plus proches (NatureServe Explorer 2001). Kons et Borth (1997) ont observé des individus à huit kilomètres de la population de lupin connue la plus proche. Étant donné la nature changeante des habitats de savane à chênes et de prairie, l’E. p. persius devrait être capable de se disperser à partir de régions altérées et temporairement non favorables pour coloniser des habitats propices. Une population structurée spatialement ou une structure métapopulationnelle est probablement la norme chez l’hespérie Persius de l’Est (Givnish et al., 1988). Toutefois, l’échelle spatiale selon laquelle les populations sont liées demeure inconnue. Selon Schweitzer (2001), cette hespérie est un colonisateur assez efficace sur de courtes distances.

Si les forêts denses ne semblent pas constituer un obstacle à la dispersion de l’hespérie Persius de l’Est, on ignore par contre quel effet l’urbanisation peut avoir à ce chapitre. On voit difficilement comme les populations existantes du nord des États-Unis pourraient servir de sources naturelles pour les populations canadiennes. L’E. p. persius a été observé aussi près de la frontière canadienne que les comtés de Monroe et de Wayne, au Michigan, et le comté de Genesee, dans l’État de New York. Les populations les plus proches se trouvent dans le comté de Wayne, au Michigan, à environ 150 km du parc provincial Pinery (Mo Nielsen, comm. pers., 2005).


Alimentation et relations interspécifiques

À l’état larvaire, l’hespérie Persius de l’Est se nourrit exclusivement sur le lupin vivace (L. perennis), apparemment l’hôte de prédilection, et la baptisie des teinturiers (B. tinctoria) (Mo Nielsen, comm. pers., 2002). Dale Schweitzer (comm. pers., 2002) pense qu’une troisième espèce végétale est utilisée comme plante hôte, car certains des sites où l’E. p. persius se rencontre n’abrite aucune population de lupin ou de baptisie. L’E. p. persius partage son habitat avec d’autres espèces liées trophiquement au lupin (p. ex. L. m. samuelis) et livre probablement à ces espèces une compétition pour la nourriture, mais l’ampleur de cette compétition interspécifique demeure à quantifier. Les adultes sont des généralistes, car ils se nourrissent du nectar de nombreuses espèces végétales. Sur le plan de l’herbivorie, le cerf de Virginie peut être considéré comme une espèce compétitrice, car il est particulièrement friand des jeunes pousses de lupin au printemps.


Comportement et adaptabilité

On sait très peu de choses sur le comportement de l’E. p. persius. Le sommitisme est considéré comme un élément de la stratégie reproductrice de l’hespérie (D.Schweitzer, comm. pers., 2002), mais aucune description détaillée de ce comportement n’est disponible. L’E. p. persius semble limité par ses préférences alimentaires à l’état larvaire (ses deux plantes hôtes étant elles-mêmes rares), et il est probablement très sensible aux perturbations environnementales qui ont une incidence sur les populations de ses plantes hôtes. L’établissement de régimes des feux inappropriés pourrait avoir contribué au déclin des populations (NatureServe Explorer, 2001).

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