Requin-taupe bleu (Isurus oxyrinchus) évaluation et rapport de situation du COSEPAC : chapitre 2

Résumé

Requin-taupe bleu
Isurus oxyrinchus
Population de l'Atlantique

Information sur l’espèce

Le requin-taupe bleu (Isurus oxyrinchus) est l’une des deux espèces du genre Isurus. En anglais, il est connu sous le nom de shortfin mako. Le requin-taupe bleu se distingue par son museau pointu, sa carène caudale et sa bouche en U, d’où font saillie une série de dents.

Répartition

Le requin-taupe bleu se rencontre partout sur le globe, dans toutes les mers tropicales et tempérées. Dans les eaux canadiennes de l’Atlantique, il est généralement associé aux eaux chaudes comme celles qui se trouvent à l’intérieur et autour du Gulf Stream. L’espèce a été relevée dans le banc Georges et le banc de Browns, le long de la plateforme continentale de la Nouvelle-Écosse, dans les Grands Bancs et dans le golfe du Saint­-Laurent. Il existe une seule mention connue dans les eaux canadiennes du Pacifique. Le requin-taupe bleu ne visite probablement cette région que de façon occasionnelle, lorsque les températures de l’océan sont plus élevées que la normale. Il s’agit d’un grand migrateur, comme en témoignent les résultats des études de marquage classiques.

Habitat

Le requin-taupe bleu fréquente surtout les mers tempérées et tropicales, et il ne se rencontre que rarement dans des eaux de moins de 16 °C. Il préfère des températures variant de 17 à 22 °C. Dans l’océan Atlantique, l’espèce est souvent associée au Gulf Stream. Les eaux canadiennes marquent la limite septentrionale de son aire de répartition dans la partie ouest de l’océan Atlantique. L’habitat extracôtier caractéristique de ce poisson subit peu les effets de l’activité anthropique ou des catastrophes naturelles.

Biologie

Espèce ovovivipare, le requin-taupe bleu a une période de gestation de 15 à 18 mois et un intervalle de reproduction estimé à trois ans. En général, la progéniture se compose de 4 à 25 petits d’environ 70 cm de longueur. Les femelles parviennent à maturité à une longueur variant de 2,7 à 3 m, et les mâles, à une longueur de 2 à 2,2 m, ce qui correspond à un âge minimum de 7 à 8 ans. Il est rare d’observer des individus matures dans les eaux canadiennes. Les chercheurs estiment que l’espèce peut vivre jusqu’à l’âge de 24 à 45 ans. Le coefficient instantané de mortalité naturelle a été estimé à 0,16, et la durée d’une génération, à 14 ans. L’Isurus oxyrinchus est un prédateur opportuniste au sommet de la chaîne alimentaire, et il a de nombreuses proies. En raison de sa taille imposante et de sa vitesse, il compte peu de prédateurs naturels. Sa température corporelle est souvent de 1 à 10 °C de plus que la température ambiante de l’eau. Chez les adultes, la pêche commerciale est la principale cause de mortalité.

Taille et tendances des populations

Les chercheurs ne disposent d’aucune évaluation fiable des stocks de requins-taupes bleus à l’échelle des populations ni pour l’Atlantique Nord ni pour le Pacifique. Comme il n’existe qu’une mention connue dans les eaux du Pacifique, il est difficile de hasarder quelque hypothèse que ce soit au sujet de la situation de l’espèce au large de la côte ouest du Canada. Cette population n’est donc pas considérée comme admissible à une évaluation du COSEPAC. Dans les eaux canadiennes de l’Atlantique, la situation de la population reflète celle de la population de tout l’Atlantique Nord. Le présent rapport ne contient aucune estimation de l’effectif de la population. Les données sur les tendances, qui sont fondées sur la baisse des taux de capture dans tout l’Atlantique Nord-Ouest, donnent à penser que l’effectif des populations de requins-taupes bleus a connu un déclin pouvant aller jusqu’à 50 % au cours des 15 à 30 dernières années. En outre, les données recueillies révèlent une baisse de la taille médiane des spécimens débarqués qui sont issus des eaux de l’Atlantique, ce qui pourrait témoigner d’une pression exercée par la pêche. Il est estimé que les individus qui meurent dans les eaux canadiennes de l’Atlantique représentent moins de 2 % des mortalités dans tout l’Atlantique Nord.

Facteurs limitatifs et menaces

Le requin-taupe bleu figure parmi les prises accessoires des pêcheurs pélagiques partout dans le monde. La mauvaise comptabilisation des prises dans les dernières décennies complique les efforts déployés pour produire une évaluation des stocks à l’échelle des populations. La pêche représente la plus grande menace à la survie des populations.

Importance de l’espèce

Le requin-taupe bleu est un prédateur opportuniste situé au sommet de la chaîne alimentaire, et il a de nombreuses proies. Par conséquent, il joue probablement un rôle important dans la structure des écosystèmes marins. Sa chair au goût agréable et son comportement énergique en font un poisson très recherché par les pêcheurs sportifs. L’espèce fait également l’objet d’un commerce en raison de la grande valeur de sa viande.

Protection actuelle

Au Canada, l’Isurus oxyrinchus bénéficie d’une certaine protection en vertu des règlements touchant à la gestion des pêches. Une ligne directrice non restrictive fixe le quota à 250 tonnes, mais celle-ci ne s’applique qu’à la pêche dirigée. Or, dans les eaux canadiennes, l’ensemble des captures est de nature non dirigée (prises accessoires), ce qui signifie qu’il n’existe aucune limite de capture. Ainsi, en pratique, la ligne directrice n’a à peu près aucun effet bénéfique pour la conservation de l’espèce. L’enlèvement des nageoires et le rejet en mer des carcasses sont interdits au Canada et aux États-Unis depuis plusieurs années, et la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l’Atlantique (CICTA) a récemment adopté un règlement interdisant l’enlèvement des nageoires en haute mer. L’Union mondiale pour la nature a évalué le requin-taupe bleu en 2000 et lui a alors accordé la cote faible risque/quasi menacé.

Historique du COSEPAC

Le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) a été créé en 1977, à la suite d’une recommandation faite en 1976 lors de la Conférence fédérale-provinciale sur la faune. Le Comité a été créé  pour satisfaire au besoin d’une classification nationale des espèces sauvages en péril qui soit unique et officielle et qui repose sur un fondement scientifique solide. En 1978, le COSEPAC (alors appelé Comité sur le statut des espèces menacées de disparition au Canada) désignait ses premières espèces et produisait sa première liste des espèces en péril au Canada. En vertu de la Loi sur les espèces en péril (LEP) promulguée le 5 juin 2003, le COSEPAC est un comité consultatif qui doit faire en sorte que les espèces continuent d’être évaluées selon un processus scientifique rigoureux et indépendant.

Mandat du COSEPAC

Le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) évalue la situation, au niveau national, des espèces, des sous-espèces, des variétés ou d’autres unités désignables qui sont considérées comme étant en péril au Canada. Les désignations peuvent être attribuées aux espèces indigènes comprises dans les groupes taxinomiques suivants : mammifères, oiseaux, reptiles, amphibiens, poissons, arthropodes, mollusques, plantes vasculaires, mousses et lichens.

Composition du COSEPAC

Le COSEPAC est composé de membres de chacun des organismes responsable des espèces sauvages des gouvernements provinciaux et territoriaux, de quatre organismes fédéraux (le Service canadien de la faune, l’Agence Parcs Canada, le ministère des Pêches et des Océans et le Partenariat fédéral d’information sur la biodiversité, lequel est présidé par le Musée canadien de la nature), de trois membres scientifiques non gouvernementaux et des coprésidents des sous-comités de spécialistes des espèces et du sous-comité des connaissances traditionnelles autochtones. Le Comité se réunit au moins une fois par année pour étudier les rapports de situation des espèces candidates.

Définitions (2006)

Espèce
Toute espèce, sous-espèce, variété ou population indigène de faune ou de flore sauvage géographiquement définie.

Espèce disparue (D)
Toute espèce qui n’existe plus.

Espèce disparue du Canada (DC)
Toute espèce qui n’est plus présente au Canada à l'état sauvage, mais qui est présente ailleurs.

Espèce en voie de disparition (VD)Note de bas de pagea
Toute espèce exposée à une disparition ou à une extinction imminente.

Espèce menacée (M)
Toute espèce susceptible de devenir en voie de disparition si les facteurs limitatifs auxquels elle est exposée ne sont pas renversés.

Espèce préoccupante (P)Note de bas de pageb
Toute espèce qui est préoccupante à cause de caractéristiques qui la rendent particulièrement sensible aux activités humaines ou à certains phénomènes naturels.

Espèce non en péril (NEP)Note de bas de pagec
Toute espèce qui, après évaluation, est jugée non en péril.

Données insuffisantes (DI)Note de bas de paged
Toute espèce dont le statut ne peut être précisé à cause d’un manque de données scientifiques.

 

Le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) a été créé en 1977, à la suite d’une recommandation faite en 1976 lors de la Conférence fédérale-provinciale sur la faune. Le comité avait pour mandat de réunir les espèces sauvages en péril sur une seule liste nationale officielle, selon des critères scientifiques. En 1978, le COSEPAC (alors appelé CSEMDC) désignait ses premières espèces et produisait sa première liste des espèces en péril au Canada. Les espèces qui se voient attribuer une désignation lors des réunions du comité plénier sont ajoutées à la liste.

Service canadien de la faune

Le Service canadien de la faune d’Environnement Canada assure un appui administratif et financier complet au Secrétariat du COSEPAC.

 

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