Petit-duc des montagnes de la sous-espèce kennicottii : révision de l'évaluation du COSEPAC de 2012

Révision de l’évaluation COSEPAC 2012 du Petit-duc des montagnes (sous-espèce kennicottii)

par

Marcel Gahbauer et Jon McCracken

Sous-comité de spécialistes des oiseaux du COSEPAC

Décembre 2014

Résumé

Dans le plus récent rapport de situation sur le Petit-duc des montagnes de la sous-espèce kennicottii pour la zone côtière de la Colombie-Britannique, on a estimé que la population s’élevait à environ 1 500 à 3 000 individus matures, et qu’elle avait connu un déclin de l’ordre de 20 à 30 % au cours des 15 années précédentes (COSEPAC, 2012). Par conséquent, le COSEPAC a recommandé, en mai 2012, que la sous-espèce soit désignée « menacée », sur la base du critère C1 (population de moins de 10 000 individus matures et déclin continu d’au moins 10 % sur 10 ans). Cette recommandation de statut a été mise en question par la suite lors du processus d’examen public mené en vertu de la LEP, en grande partie parce que la taille de la population pouvait avoir été sous-estimée dans le rapport. En particulier, la pertinence et la fiabilité des estimations de la détectabilité et des paramètres de modélisation de l’habitat ont été contestées du fait qu’ils pouvaient avoir été responsables de cette sous-estimation présumée. De plus, la proportion relative de la population qui se trouvait dans la partie sud de la zone côtière de la Colombie-Britannique dans les années antérieures a été utilisée dans le rapport comme fondement pour l’estimation de la tendance, mais cette proportion n’était pas suffisamment bien déterminée et peut ne pas être représentative de la densité de la population le long de la côte continentale de la province.

Pour répondre à ces critiques, le Sous-comité de spécialistes des oiseaux a officiellement réévalué les estimations de la taille et de la tendance de la population pour la sous-espèce kennicottii qui avaient été présentées dans le rapport du COSEPAC (2012). Le rapport issu de cet examen comprend :

Estimation de la taille de la population : À la fin de cette révision, le Sous-comité de spécialistes des oiseaux a déterminé que la détectabilité était de fait probablement surestimée dans le rapport du COSEPAC (2012), ce qui a résulté en ce qui était probablement une estimation de la taille de la population de la sous-espèce kennicottii trop faible pour être réaliste. Alors que le rapport de 2012 supposait que tous les hiboux présents dans un rayon de 800 m des stations de relevé avaient été détectés, un rayon de détection plus réaliste pour l’espèce est de 400 à 500 m, et de récentes études donnent à penser que les taux de détectabilité se situeraient entre 0,2 et 0,3. Un certain nombre de Petits-ducs des montagnes se trouvent à une altitude de 300 à 600 m, mais on ne connait pas leur nombre. Estimer la densité d’oiseaux dans cette strate comme s’élevant à la moitié de celle qu’elle est à moins de 300 m est certes une approximation, mais cela correspond peut-être mieux à la réalité que de supposer qu’aucun individu n’est présent à une altitude supérieure à 300 m ou que la densité est uniforme jusqu’à une altitude de 600 m. En dernier lieu, bien que nos connaissances sur la répartition et l’abondance de la population continentale soient très limitées, il semble probable que la densité de Petits-ducs des montagnes dans l’île de Vancouver soit au moins deux fois plus élevée qu’on l’avait supposé.

D’après ces seuls rajustements, la plupart des calculs prédisent une taille de la population nettement supérieur à 10 000 individus. Toutefois, l’adéquation d’une grande partie de l’habitat possiblement disponible est inconnue, et il est difficile de donner une idée du degré auquel les estimations devraient être réduites à cet égard. Les estimations non corrigées les plus plausibles, reposant sur des données récentes (2006-2007) tirées de relevés systématiques à grande échelle, sont très variables, allant de 4 300 à 47 000 individus. Qui plus est, si seulement 20 % de l’habitat potentiel n’est pas occupé pour une raison quelconque (OU pour une raison ou une autre OU quelle qu’en soit la raison/cause OU pour quelque raison que ce soit), les valeurs inférieures de la plupart des estimations glisseraient sous la barre des 10 000 oiseaux. En outre, les estimations reposent sur des données recueillies en 2006 et 2007; or, si la population a continué à diminuer depuis (ce qui semble s’être produit), alors les estimations de l’effectif devraient être réduites encore plus.

De plus, malgré le fait que seulement quelques paramètres aient été utilisés pour produire les estimations de la population (rayon de détection, taux de détection et sélection des données de base), les tailles estimées des populations varient par plus d’un ordre de grandeur, d’où l’importance de reconnaître que le niveau de certitude associé à toute estimation est relativement faible.

Qui plus est, il est important de reconnaître que la population de hiboux fluctue probablement de façon considérable d’une année à l’autre en réponse aux variations des conditions météorologiques et de la disponibilité de proies, et que de telles variations naturelles devraient être prises en compte dans toute estimation de la population. Compte tenu de tout ce qui précède, plus de 10 000 oiseaux peuvent être présents certaines années alors que d’autres, il peut y en avoir moins. Le fait de tenir compte de ce niveau d’incertitude est une composante importante dans la manière que le COSEPAC évalue la situation des espèces.

Estimation de la tendance de la population: Bien qu’une grande incertitude persiste dans l’estimation de la population de la sous-espèce kennicottii en Colombie-Britannique, toutes les sources utilisées pour les estimations de la tendance donnent à penser que la population de l’île de Vancouver a chuté d’au moins 50 % au cours de la dernière décennie. Cette conclusion est appuyée par les résultats des plus récents relevés, qui indiquent des baisses dans les régions de Campbell River et de la vallée de la Nimpkish. La population continentale n’a pas fait l’objet d’une surveillance aussi étroite mais, tout bien pesé, il semble raisonnable (et prudent) de conclure que le taux global de déclin pour l’ensemble de la population de la sous-espèce kennicottii en Colombie-Britannique est probablement d’au moins 30 % pour la dernière décennie. Par conséquent, même si les estimations de la population les plus généreuses (voir ci-dessus) sont trop élevées pour que le critère C1 s’applique, le taux de déclin demeure suffisamment élevé pour justifier le statut « menacé » en vertu du critère A2b (réduction estimée du nombre total d’individus matures au cours des dix dernières années d’au moins 30 %, ses causes n’étant pas bien comprises et possiblement encore agissantes).

Conclusion : Sur la base d’une interprétation prudente et raisonnable de toutes les données disponibles, le Sous-comité de spécialistes des oiseaux conclut que la sous-espèce a été correctement désignée « menacée » dans le plus récent rapport de situation – que ce soit en vertu du critère C1 et/ou du critère A2b. Qui plus est, les tendances dans les États voisins donnent à penser que l’effet d’une immigration de source externe ne peut être invoqué, car l’espèce semble connaître un rétrécissement de son aire de répartition dans le sud-est de l’Alaska ainsi qu’un déclin rapide dans l’État de Washington.

La version intégrale du rapport (Gahbauer et McCracken, 2014) est disponible auprès du Secrétariat du COSEPAC.

La plus récente mise-à-jour du rapport de situation (COSEPAC, 2012) dont il est mention dans ce document est disponible dans le Registre public des espèces en péril :

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