Loutre de mer (Enhydra lutris) évaluation et rapport de situation du COSEPAC 2007 : chapitre 2

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COSEPAC
Résumé

Loutre de mer
Enhydra lutris

Information sur l’espèce

La loutre de mer, Enhydra lutris, est le plus petit mammifère marin et le seul membre de la famille des Mustélidés à accomplir tous les aspects de son cycle vital dans l’océan. Elle dépend d’une couche d’air emprisonnée sous sa fourrure épaisse et d’un rythme métabolique très élevé pour survivre dans les mers glacées. L’intégrité de son pelage et sa capacité à conserver une couche d’air emprisonnée qui lui sert d’isolant sont préservées par les soins fréquents et intensifs de son pelage. Ses puissants membres antérieurs sont bien adaptés à son alimentation composée d’invertébrés benthiques et ses membres postérieurs sont modifiés pour lui servir de nageoires. Le genre comprend trois sous-espèces connues, soit l’Enhydra lutris kenyoni, l’Enhydra lutris nereis et l’Enhydra lutris lutris. L’Enhydra lutris kenyoni est présent en Colombie-Britannique, au Canada.

 

Répartition

La loutre de mer vit dans les eaux peu profondes le long des côtes du Pacifique Nord et, autrefois, elle fréquentait le littoral du nord du Japon jusqu’au centre de la  Basse-Californie, au Mexique. En 1911, elle avait disparu de la majeure partie de son aire de répartition mondiale en raison du commerce maritime intensif de la fourrure qui avait commencé dans les années 1700. De nos jours, cette espèce occupe environ la moitié ou les deux tiers de son aire de répartition historique (mais le déclin des populations dans l’ouest de l’Alaska rend l’estimation difficile). Des loutres de mer capturées en Alaska ont été réintroduites dans la baie Checleset, en Colombie-Britannique, de 1969 à 1972. L’espèce est actuellement présente le long de la majeure partie de la côte ouest de l’île de Vancouver et dans une petite section de la côte centrale de la Colombie-Britannique. De 1965 à 1971, elle a également été réintroduite dans les États de l’Oregon et de Washington, et dans le sud-est de l’Alaska. Autrefois, la loutre de mer était probablement présente le long de la majeure partie de la côte ouest de la Colombie-Britannique; la population actuelle fréquente donc de 25 p. 100 à 33 p. 100 de son aire de répartition historique estimée.

 

Habitat

La loutre de mer fréquente les zones côtières, de la zone intertidale jusqu’à au moins 50 mètres de profondeur. L’étendue de son habitat est délimitée par la capacité de l’espèce à plonger jusqu’au fond de l’océan pour s’alimenter; la plupart des plongées destinées à l’alimentation se font à des profondeurs de moins de 40 mètres. En Colombie-Britannique, cette espèce est généralement plus abondante dans les récifs des eaux peu profondes des zones côtières exposées. Pendant les mois d’hiver, elle semble se déplacer vers les zones plus abritées dans son aire de répartition principale.

 

Biologie

Les femelles atteignent la maturité sexuelle vers l’âge de trois à cinq ans et sont toutes en mesure de se reproduire à l’âge de cinq ans. Par contre, les mâles peuvent se reproduire vers l’âge de cinq à six ans, lorsqu’ils ont atteint la maturité sociale  même s’ils atteignent la maturité sexuelle plus tôt. Les femelles peuvent vivre jusqu’à environ vingt ans et les mâles, jusqu’à quinze ans. Les femelles donnent naissance à un seul petit, à peu près une fois par année. Ce dernier dépend de sa mère pendant les six à huit premiers mois. La loutre de mer se nourrit d’une variété d’invertébrés, notamment de bivalves, d’escargots, d’oursins, de chitons, de crabes et d’étoiles de mer. Dans les îles Aléoutiennes, les îles Kouriles et les îles du Commandeur, elle est également connue pour consommer des poissons démersaux.

 

Taille et tendances des populations

En 2001, un relevé a permis de dénombrer 2 673 individus le long de la côte de l’île de Vancouver et 507 individus sur la côte centrale de la Colombie-Britannique, pour un total de 3 180 loutres de mer. Selon une régression logarithmique linéaire simple, le taux de croissance annuel de la population sur l’île de Vancouver a été estimé à 15,6 p. 100 (de 1977 à 2004). Une régression par morceaux, laquelle tient compte d’une inflexion dans la tendance logarithmique linéaire, a montré que la croissance initiale rapide de 19,1 p. 100 par année de 1977 à 1995 a ralenti à 8,0 p. 100 par année de 1995 à 2004. Ce déclin du taux de croissance reflète probablement les portions de la population près du centre de l’aire de répartition qui atteignent leur densité d’équilibre le long de l’île de Vancouver, mais d’autres causes de mortalité ne peuvent pas être écartées, du moins comme explication partielle de ce déclin. Sur la côte centrale de la Colombie-Britannique, le taux de croissance démographique annuel a été estimé à 12,4 p. 100 entre 1990 et 2004. La population de loutres de mer en Colombie-Britannique représente environ 3 p. 100 ou 4 p. 100 de la population mondiale.

 

Facteurs limitatifs et menaces

À défaut de facteurs importants d’indépendance de la densité (p. ex. la prédation), la nourriture semble exercer une influence sur les populations de loutres par des facteurs dedépendance de la densité- qui ont une incidence sur la survie des jeunes. Les peuples autochtones chassaient la loutre de mer avant l’arrivée des Européens, mais c’est le commerce maritime de la fourrure au XVIIIe et au XIXe siècles, qui a décimé l’espèce dans la majeure partie de son aire de répartition. À part les humains, les prédateurs de l’espèce sont notamment l’épaulard, le requin (en Californie) et le Pygargue à tête blanche (qui chasse surtout les petits). Les menaces qui pèsent sur les populations de loutres de mer et les facteurs limitant leur croissance sont notamment la contamination de l’environnement (en particulier les déversements d’hydrocarbures), l’emmêlement dans les filets de pêche et les collisions avec les bateaux, la chasse illégale, les maladies et peut-être les perturbations causées par l’humain.

 

Importance de l’espèce

Important prédateur, la loutre de mer est considérée comme une espèce clé influant fortement sur la structure et la composition des communautés littorales dans lesquelles elle évolue. Elle jouit d’un bon capital de sympathie auprès du public en raison de son apparence de petit ourson, de la disparition qu’elle a évitée de justesse et de sa vulnérabilité face aux déversements d’hydrocarbures. C’est pourquoi elle suscite également un intérêt croissant au sein de l’industrie touristique liée à l’observation des espèces sauvages en Colombie-Britannique. Toutefois, étant donné que la loutre de mer se nourrit d’invertébrés, ce qui peut ainsi limiter l’abondance d’un grand nombre de ces espèces, elle a été la source de conflits avec les pêcheurs d’invertébrés à des fins commerciales et de subsistance en Californie, en Alaska et en Colombie-Britannique.

 

Protection actuelle

Au Canada, le gouvernement fédéral a inscrit la loutre de mer à la catégorie « espèce menacée » en 2003, et celle-ci est protégée en vertu de la Loi sur les espèces en péril, laquelle interdit de la tuer, de la blesser, de la capturer et de la harceler. La Loi sur les pêches et certaines dispositions de la Wildlife Act de la Colombie-Britannique protègent également cette espèce et son habitat en interdisant que celle-ci soit chassée, capturée ou tuée.

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