Yucca glauque (yucca glauca) évaluation et rapport de situation du COSEPAC 2013 : chapitre 10

Les deux populations d’Alberta ont été surveillées de manière répétée au cours des dernières dizaines d’années, mais les méthodes employées pour estimer l’abondance du yucca glauque ont beaucoup varié de 1976 à 2011 (voir la section « Abondance »).

Onefour

À Onefour, l’abondance du yucca glauque a été mesurée trois fois, au moyen de méthodes différentes produisant des estimations très variables. En 1976, B. Milner a estimé que la population comprenait environ 55 000 clones, en essayant de compter tous les individus poussant sur 2 km de ravin (Milner, 1977; B. Milner, comm. pers., 2011). En 1998, dans le cadre d’un deuxième relevé, on a essayé de compter tous les clones de la population au moyen d’un petit télescope et d’un compteur manuel, à partir de points d’observation situés à des endroits élevés, et d’estimer le nombre de rosettes par clone au moyen de transects de 2 sur 50 m disposés de manière aléatoire sur les pentes de ravin (Csotonyi et Hurlburt, 2000). Ces méthodes ont permis d’estimer qu’il y avait environ 28 000 rosettes, réparties entre 8 500 clones, mais les auteurs reconnaissent que des clones petits ou cachés par des dénivellations du terrain ont pu avoir été manqués. En 2006, un troisième relevé a fait appel à un échantillonnage aléatoire restreint et à 103 quadrats de 2 sur 20 m. Cette méthode a donné une estimation de 45 000 à 72 000 clones réunissant en tout 154 000 à 247 000 rosettes (Bradley et al., 2006). Les estimations de 1977 et de 2006 concordent à peu près, malgré les différences de méthode, tandis que les faibles effectifs obtenus en 1998 sont probablement le résultat d’un artefact lié à la méthode employée plutôt qu’une indication de fluctuations réelles dans la taille de la population.

Certains indices donnent à penser que la population s’est propagée à la prairie de haute plaine après les travaux de Milner. De 1999 à 2003, une grande proportion des clones poussant sur la plaine ont fleuri pour la première fois, ce qui suppose un âge de 20 à 25 ans (Hurlburt, 2004). Milner (1977) n’avait pas indiqué la présence du yucca glauque sur cette partie de la prairie et ne mentionnait que les individus poussant sur les pentes de ravin, mais un examen récent de vieilles photographies semble indiquer que quelques clones épars poussaient déjà au nord du sentier longeant la bordure de la prairie (B. Milner, comm. pers.). Des employés de la sous-station de Onefour ont raconté qu’un grand incendie de prairie survenu vers la fin des années 1970 avait éliminé la végétation jusqu’au bord du ravin et pourrait avoir créé des conditions plus propices à la germination des graines de yucca glauque, en réduisant la compétition des graminées (Hurlburt, 2004). Bradley et al. (2006) ont signalé que 4 004 rosettes réparties entre 1 107 clones poussaient du côté prairie du sentier longeant le bord du ravin. On croit que la plupart de ces clones sont issus de graines ayant germé après l’incendie (Hurlburt, obs. pers.).

Pinhorn

L’abondance de la population de yucca glauque de la réserve de pâturage de Pinhorn a été estimée en 1976, 1998 et 2004 au moyen de méthodes différentes. En 1976, Milner (1977) a dénombré environ 450 clones. En 1998, on a dénombré 1 383 rosettes réparties entre 404 clones (Csotonyi et Hurlburt, 2000). En 2004, on en a dénombré 3 510, réparties entre 1 366 clones (Foreman et al., 2006). Le relevé de 2004 incluait une colonie de 19 clones matures qui n’avaient pas été repérés en 1998. Les différences méthodologiques visant la délimitation des clones ont contribué aux différences d’abondance notées d’une année à l’autre, et il se peut notamment que les effectifs très élevés signalés par Foreman et al. (2006) soient le résultat d’une surestimation. Une évaluation faite en 2011 n’a permis de trouver aucun semis dans le site (Hurlburt, 2011), ce qui laisse croire que l’augmentation d’abondance signalée en 2004 n’était pas due à un recrutement. L’estimation du nombre de clones poussant dans ce site est fondée sur les données de 1998 (404 clones; Csotonyi et Hurlburt, 2000), qui peuvent être comparées aux estimations faites à Onefour, mais on y a ajouté les 19 clones de la colonie qui n’avait pas encore été repérée (Foreman et al., 2006), ce qui donne une estimation de 423 clones.

Rockglen

Le site de Rockglen héberge les mêmes six clones depuis sa découverte, faite en 2000. Le site a été réexaminé en 2005, puis observé pour la dernière fois en 2011 (D. Henderson, comm. pers., 2012). Le nombre de rosettes n’a pas été évalué (D. Henderson, comm. pers., 2012).

Les populations de yucca glauque ne devraient pas présenter des fluctuations importantes d’une année à l’autre en ce qui concerne les clones se trouvant à un stade avancé de leur développement, car la longévité de la plante est d’au moins une cinquantaine d’années, et le taux de mortalité est faible. À Onefour, le taux de survie des clones matures a été estimé à 0,997 pour la période allant de 1999 à 2007 (Hurlburt, 2004). Le taux de germination fluctue grandement selon les années, avec un taux d’établissement des semis augmentant à la suite d’années ayant connu à la fois une forte fructification de la plante et une perturbation due à des phénomènes tels qu’un incendie ou une érosion aggravée par de fortes pluies. Les résultats obtenus au moyen de modèles de projection fondés sur les stades de développement de la plante et complétés par des analyses d’élasticité laissent croire que la population de yucca glauque de Onefour a eu un taux de croissance démographique légèrement positif (λ = 1,004) et que l’effectif constant des clones parvenus au stade de la reproduction était plus important pour la persistance de la population que le recrutement de semis (Hurlburt, 2004).

Un facteur critique de la santé à long terme d’une population de yucca glauque est la pérennité de la relation de mutualisme et l’avantage tiré de l’interaction avec la teigne du yucca. Deux paramètres indicateurs à cet égard, le nombre de graines viables par fruit et le nombre de fruits produits par clone, se sont révélés très variables selon les années et selon les sites (tableau 1). Les données recueillies de 1998 à 2003 à Onefour et dans les populations du Montana les plus proches ont été choisies comme valeurs de référence pour l’évaluation du maintien et du rétablissement des populations (ASYMRT, 2006). À Onefour, le nombre moyen de fruits par clone a été plus faible en 2007 (Hurlburt, 2007; tableau 1) et en 2011(Hurlburt, 2011) que ce qui avait été observé antérieurement; on sait cependant que la production de fruits a été élevée au cours d’autres années postérieures à 2003, notamment en 2006, même si elle n’a pas été estimée de manière quantitative (Bradley et al., 2006). À Pinhorn, le taux de fructification a augmenté par rapport à 2004 (il n’y a eu aucune production de fruits de 1998 à 2003), mais il demeure significativement inférieur à celui des populations les plus proches (tableau 1).

Les populations canadiennes de yucca glauque se trouvent à environ 100 km des populations les plus proches, situées le long de la rivière Milk, au Montana. Il se peut que d’autres populations du Montana soient encore plus proches, mais les vallées des cours d’eau se jetant sur la rive nord de la Milk n’ont pas été fouillées à cet égard. Les populations canadiennes sont isolées de celles des États-Unis par la distance et par la présence de milieux non propices et notamment de terres cultivées fortement modifiées où domine la culture en bandes. Une immigration naturelle à partir de populations situées plus au sud est donc improbable.

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