Rorqual boréal (Balaenoptera borealis) évaluation et rapport de situation du COSEPAC : chapitre 10

Protection actuelle ou autres désignations

Comme toutes les baleines à fanons, le rorqual boréal est considéré comme en péril partout dans le monde. L’ampleur de la surexploitation passée et le manque de données contemporaines nous incitent à adopter une approche prudente pour déterminer la situation de l’espèce. En se fondant sur l’exploitation passée, l’UICN a désigné le rorqual boréal comme « menacé d’extinction ». La CITES, quant à elle, classe l’espèce dans son Annexe I, c’est-à-dire dans la catégorie des espèces menacées d’extinction. La CBI a classé les deux stocks (Pacifique Nord et Nouvelle-Écosse) dans la catégorie « protégé ». Cette désignation touche les stocks qui se trouvent à moins de 40 p. 100 de leur taux de production maximale équilibré et dont on interdit la chasse commerciale.

Les stocks de l’est du Pacifique Nord et de la Nouvelle-Écosse sont tous deux considérés comme en voie de disparition par la Endangered Species Act (ESA) des États-Unis depuis 1973. Le manque d’information sur les tendances des populations et la mortalité due aux activités humaines est la raison pour laquelle le rorqual boréal demeure inscrit parmi les espèces en péril (Waring et al., 2001). Le plan américain de rétablissement du rorqual commun et du rorqual boréal est en attente d’une autorisation juridique (Waring et al., 2001).

Au Canada, la Loi sur les pêches et le Règlement sur les mammifères marins interdisent de perturber les mammifères marins, sauf à des fins de chasse, pour laquelle un permis est exigé. Les dispositions, largement interprétées comme une interdiction de harcèlement, ont donné naissance à une série de lignes directrices sur l’observation des baleines. Au Canada, on ne chasse plus le rorqual boréal depuis plus de 25 ans, et rien ne laisse présager que la chasse reprendra dans les eaux canadiennes dans le futur.

La Loi sur les océans semble être la loi en vertu de laquelle Pêches et Océans Canada établira des aires de protection marines (Hooker et al., 1999). La Loi sur les espèces en péril, quant à elle, comprend des dispositions visant à protéger l’habitat et à élaborer des stratégies de rétablissement des espèces en voie de disparition.

Actuellement, aucune des aires de répartition ni aucun des territoires de l’espèce ne sont protégés dans les eaux canadiennes des deux océans. Toutefois, une portion marine de Haida Gwaii (littoral du Pacifique) pourrait un jour permettre de protéger une partie de l’habitat périphérique, et la désignation du Goulet de l’île de Sable (littoral de l’Atlantique) en tant qu’aire de protection marine pourrait fournir à l’habitat du rorqual boréal une certaine protection. Toutefois, la nature pélagique de l’espèce et ses déplacements sur de grandes distances ainsi que les difficultés associées à la protection de très grandes aires pélagiques compliquent la protection de son habitat.

Comme dans le cas de toutes les grandes espèces de cétacés, la plupart de nos connaissances sont fondées sur les données recueillies vers la fin de l’époque de la chasse à la baleine (de 1948 á 1984). Les efforts pour corroborer et approfondir ces connaissances à l’aide d’observations en surface sont difficiles et coûteux. Pour perfectionner les modèles des populations, il faut s’inspirer des techniques moins intrusives pour les travaux, qui mettent l’accent sur l’écologie de l’espèce (utilisation de l’habitat, migration, profils d’association) plutôt que sur les caractéristiques du cycle biologique (mortalité et paramètres de reproduction). Des relevés sur transects linéaires sont maintenant réalisés régulièrement aux États-Unis par le NMFS pour toutes les grandes espèces de cétacés.

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