Rorqual boréal (Balaenoptera borealis) évaluation et rapport de situation du COSEPAC : chapitre 4

Répartition

Répartition mondiale et structure des stocks

La répartition du rorqual boréal est considérée comme cosmopolite (figure 1), c’est-à-dire que l’espèce est présente dans tous les océans du monde. Toutefois, elle semble se limiter aux eaux tempérées et vivre dans une gamme de latitudes plus restreinte que toutes les autres espèces de rorquals, sauf le rorqual de Bryde. D’après Gregr et al. (2000), la limite nord dans le nord-est du Pacifique serait le 55e degré de latitude nord si on compare les registres des captures des stations côtières de la Colombie-Britannique et de l’Alaska (figure 2). Bien que des captures pélagiques de rorquals boréaux semblent avoir été effectuées, de façon au moins occasionnelle, aux hautes latitudes dans le Pacifique Nord (Masaki, 1977), leur présence dans les eaux de l’Alaska est irrégulière (Kate Wynne, comm. pers.). Dans l’est de l’Atlantique Nord, des rorquals boréaux ont été régulièrement capturés entre les 60e et 65e degrés de latitude nord(Jonsgård et Darling, 1977; Mitchell et Chapman, 1977). Cela peut être dû à l’intrusion des eaux plus tièdes du Gulf Stream à des latitudes plus élevées.

Figure 1.  Répartition mondiale du rorqual boréal. D’après Perry et al. (1999). Reproduit avec la permission de l’auteur.

 

Figure 1.  Répartition mondiale du rorqual boréal. D’aprèsPerry et al. (1999). Reproduit avec la permission de l’auteur.

Figure 2.  Répartition du rorqual boréal dans les eaux canadiennes et à proximité. Les zones pointillées sont des zones possibles d’occurrence sporadique.

Figure 2.  Répartition du rorqual boréal dans les eaux canadiennes et à proximité. Les zones pointillées sont des zones possibles d’occurrence sporadique.

Les rorquals boréaux ont toujours été gérés en tant que « stocks » par la CBI. Toutefois, les limites des stocks sont souvent fondées davantage sur des questions politiques ou commerciales que sur la biologie de l’espèce (Donovan, 1991). Avant d’être protégés contre la chasse à la baleine en 1976, les rorquals boréaux du Pacifique Nord étaient gérés comme un seul stock. Dans l’Atlantique Nord, trois stocks (Nouvelle-Écosse, Islande/détroit de Danemark et nord-est de l’Atlantique) ont été définis en 1977, apparemment d’après la répartition des baleines à l’époque (Donovan, 1991). On a par la suite reconnu qu’il est extrêmement difficile d’identifier la structure des stocks, ce qui a permis à la CBI de mettre définitivement fin à la discussion sur l’identité des stocks de rorquals boréaux (Donovan, 1991). Toutefois, plusieurs chercheurs ont considéré la répartition et la biologie du rorqual boréal de manière plus détaillée et proposé des structures de stocks fondées sur la biologie pour les stocks du Pacifique Nord et de l’Atlantique Nord (Fijino, 1964; Rice, 1974; Masaki, 1977).

Après avoir examiné des études de marquage, la répartition des captures, les rapports d’observation de rorquals boréaux et la morphologie des fanons, Masaki (1977) a conclu que le Pacifique Nord abritait trois stocks, séparés par les 175e et 155e degrés de longitude ouest. L’examen du groupe sanguin (Fujino, 1964) a révélé des différences entre les animaux capturés à l’intérieur du golfe d’Alaska et au large de l’île de Vancouver. Enfin, Rice (1974) a décrit les différentes formes et espèces de parasites observés des deux côtés du Pacifique, ce qui suppose l’existence d’au moins un stock oriental et un stock occidental.

Le National Marine Fisheries Service (NMFS) des États-Unis a divisé les rorquals boréaux du Pacifique Nord en deux stocks, un stock oriental et un stock occidental, séparés par le 180e degré de longitude ouest (Carretta et al., 2001). Cette limite arbitraire des stocks découle probablement de la nature peu concluante des analyses susmentionnées. Elle correspond également à une approche analytique fondée sur la gestion couramment employée par la CBI (Donovan, 1991).

Traditionnellement, on retrouvait le rorqual boréal partout dans l’Atlantique Nord, depuis les eaux continentales de l’Est de l’Amérique du Nord jusqu’au détroit de Danemark et à la mer de Norvège, en passant par la mer du Labrador (figure 1). La CBI continue de reconnaître la présence de trois stocks dans l’Atlantique Nord (Perry et al., 1999). Selon Mitchell et Chapman (1977), le nord-ouest de l’Atlantique contenait deux stocks, l’un au large de la Nouvelle-Écosse et l’autre dans la mer du Labrador. Ces stocks étaient considérés comme différents de ceux du nord-est de l’Atlantique. Le comité scientifique de la CBI (IWC, 1976) a repéré huit concentrations de rorquals boréaux dans l’ensemble de l’Atlantique Nord, concentrations qui ont ensuite été interprétées par Horwood (1987) comme des unités de stock présumées. On croit que le territoire du stock de la Nouvelle-Écosse, qui sert de base aux évaluations des stocks effectuées par le NMFS, s’étend des eaux continentales du Nord-Est des États-Unis jusqu’au Sud de Terre-Neuve (Waring et al., 2001).

Répartition canadienne

Au Canada, aucune observation récente de rorquals boréaux au large du littoral du Pacifique n’a été enregistrée. Toutefois, en raison du manque de relevés et de la difficulté à distinguer le rorqual boréal du rorqual commun, rien n’indique que les individus du stock de l’est du Pacifique Nord ne continuent pas à fréquenter les eaux canadiennes et américaines. Sur le littoral de l’Atlantique, une importante portion du stock de la Nouvelle-Écosse se concentre sur la plate-forme Néo-Écossaise (Mitchell et Chapman, 1977), mais le stock fréquente aussi les eaux canadiennes et américaines (figure 2).

Une récente étude de la plate-forme Néo-Écossaise (Breeze et al., 2002) a examiné à la fois les données historiques sur la chasse à la baleine (Sutcliffe et Brodie, 1977) et les données contemporaines sur les observations (Reeves, 1999). Bien que ces données soient biaisées en raison du fait qu’elles s’appliquent à des zones, à des saisons ou à des espèces en particulier (Breeze et al., 2002), elles étaient suffisantes pour produire une carte de l’occurrence sur la plate-forme (figure 3).

Figure 3.  Répartition modélisée du rorqual boréal sur la plate-forme Néo-Écossaise, d’après les registres de chasse à la baleine et les données sur les observations. Tiré de Breeze et al. (2002), avec la permission de l’auteur.

Figure 3.  Répartition modélisée du rorqual boréal sur la plate-forme Néo-Écossaise, d’après les registres de chasse à la baleine et les données sur les observations. Tiré de Breeze et al. (2002), avec la permission de l’auteur.

La répartition du rorqual boréal au large du littoral atlantique a peut-être changé vers 1992 : du bassin Roseway, les cétacés se seraient déplacés vers l’embouchure de la baie de Fundy. Un changement semblable s’est également produit chez les baleines noires. Le rorqual boréal a continué de fréquenter la baie de Fundy pendant environ une décennie, cohabitant habituellement avec la baleine noire, mais parfois aussi avec le rorqual commun. Il se peut que la répartition du rorqual boréal soit en train de se rétablir puisque l’on observe un retour des individus vers le bassin Roseway. Cela reste cependant à confirmer (Laurie D. Murison, comm. pers.).

On a observé peu de rorquals boréaux au large de la côte ouest du Cap-Breton. Parcs Canada signale six observations en 1982 (Corbett, 1984), et des exploitants de bateaux affrétés en ont vu un en 2001 et un autre en 2002 (Gilbert Dubé, comm. pers.). Les individus aperçus étaient peut-être des rorquals communs mal identifiés, mais l’occurrence occasionnelle de rorquals boréaux aux abords du golfe du Saint-Laurent ne doit pas être écartée.

Le stock présumé de la mer du Labrador, proposé par Mitchell et Chapman (1977), n’entre dans aucune des limites des stocks établies par la CBI. Par ailleurs, la zone est demeurée relativement peu explorée depuis la fin de la chasse au rorqual boréal à la fin des années 1970. Seules deux observations confirmées ont été rapportées depuis 1978, les deux au large de la côte sud-est de Terre-Neuve. On n’a aperçu aucun rorqual boréal lors de relevés par voie aérienne (1980) et par bateau (1992-1994) des côtes de Terre-Neuve-et-Labrador (Jon Lien, comm. pers.). Toutefois, des registres sur la pêche pélagique dans le nord-ouest de l’Atlantique, à laquelle participaient des observateurs de 1987 à 1993, semblent signaler un nombre significatif de nouvelles observations – au moins 20 individus ont été aperçus en 1988 seulement. Un grand nombre des endroits indiqués se trouveraient au large de la côte nord-est de Terre-Neuve et le long de la plate-forme continentale du Labrador. La récupération de ces données est en cours (Jack Lawson, comm. pers.). Le degré de fréquentation de la région par le rorqual boréal, la présence d’un stock unique ou la présence d’animaux provenant des stocks de la Nouvelle-Écosse ou de l’Islande/détroit de Danemark sont encore inconnus.

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