Pleurobème écarlate (Pleurobema sintoxia) évaluation et rapport de situation du COSEPAC : chapitre 2

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COSEPAC
Résumé

Pleurobème écarlate
Pleurobema sintoxia

Information sur l’espèce

Le pleurobème écarlate, Pleurobema sintoxia (Rafinesque, 1820), est une moule d’eau douce (mulette) de taille moyenne à grande (sa taille maximale au Canada est d’environ 130 mm) et de forme quelque peu rectangulaire habituellement. Sa coquille, relativement épaisse et ramassée, a une surface rugueuse. Elle peut être de couleur havane chez les individus juvéniles, mais elle fonce avec l’âge et devient d’un roux foncé caractéristique.

Répartition

On trouvait autrefois le pleurobème écarlate depuis l’État de New York et l’Ontario à l’est jusque dans le Dakota du Sud, le Kansas et l’Oklahoma à l’ouest et dans l’Arkansas et l’Alabama au sud. Au Canada, il peuplait les rivières Niagara, Detroit, Grand, Thames et Sydenham, ainsi que les lacs Érié et Sainte-Claire. Les populations des grands cours d’eau ont fortement chuté dans le Haut-Midwest, mais nombre de populations existent toujours dans certains affluents du Mississippi et de l’Ohio. Au Canada, l’espèce se trouve encore dans les rivières Grand, Thames et Sydenham et dans le lac Sainte-Claire.

Habitat

Le pleurobème écarlate ne semble pas avoir d’habitat particulier. On le trouve dans des cours d’eau de dimensions variées ayant un débit modéré et un fond de gravier, de galets, de grosses roches, de sable et de boue. Dans les lacs Érié et Sainte-Claire, il vit dans des zones aux fonds de sable durci, peu profondes (< 1 m) et situées près des rives. Par contre, dans les grands cours d’eau, il vit souvent à plus de 3 m de profondeur.

Biologie

Chez le pleurobème écarlate, les sexes sont séparés, mais les mâles et les femelles ont la même apparence. La longévité des individus est inconnue, mais d’autres membres de la sous-famille des Ambléminés ont tendance à vivre longtemps (30 ans ou plus). Comme les autres mulettes, le pleurobème écarlate est, au stade larvaire, un parasite de poissons. La période de reproduction s’étend du début de mai à juillet, et les femelles libèrent les larves avant l’hiver. Une fois libérées, les larves doivent s’attacher aux branchies d’un poisson approprié et former un kyste. Après un certain temps, elles se transforment en individus juvéniles, se décrochent du poisson, tombent au fond de l’eau et commencent leur vie de mulettes libres. Plusieurs poissons reconnus comme hôtes du pleurobème écarlate aux États-Unis se retrouvent dans le territoire de cette mulette au Canada (crapet arlequin, méné bleu, ventre-pourri, ventre rouge du nord). Comme toutes les mulettes, le pleurobème écarlate se nourrit de bactéries et d’algues, qu’il extrait de l’eau en la filtrant à l’aide de ses branchies.

Taille et tendances des populations

Même si le pleurobème écarlate est bien répandu dans toute son aire de répartition, il reste une espèce peu commune. Il existe des preuves que l’espèce a déjà été plus abondante qu’aujourd’hui dans plusieurs réseaux fluviaux, surtout dans de grands cours d’eau. À cause de la prolifération de la moule zébrée (Dreissena polymorpha), elle est maintenant disparue des rivières Niagara et Detroit et des eaux du large des lacs Érié et Sainte-Claire. De petites populations reliques habitent toujours les zones proches des rives des lacs Érié et Sainte-Claire, où la densité de moules zébrées est plus faible. S’il n’y a plus que quelques reliques de pleurobèmes écarlates dans les rivières Grand et Thames, il semble que l’espèce se reproduise encore dans la rivière Sydenham et dans le delta de la rivière Sainte-Claire.

Facteurs limitatifs et menaces

Le pleurobème écarlate a disparu de la plus grande partie de son aire de répartition historique dans les Grands Lacs à cause de la prolifération de la moule zébrée, et la population canadienne encore existante dans le delta de la rivière Sainte-Claire pourrait être menacée. Les populations des rivières Grand et Thames ont presque entièrement disparu, probablement à cause de la pollution d’origine municipale et industrielle et des impacts de l’agriculture dans ces bassins hydrologiques fortement peuplés. La population de la rivière Sydenham est petite et des signes indiquent que le recrutement pourrait être en diminution. Cette population est menacée par l’agriculture intensive et l’apport important de limon et de nutriments qui lui est associé.

Importance de l’espèce

Des 31 espèces du genre Pleurobema, le P. sintoxia est la seule présente au Canada. Le pleurobème écarlate est aussi le seul membre du genre à être considéré comme stable dans la majeure partie de son aire de répartition nord-américaine. Les genres Pleurobema et Epioblasma sont les Unionidés les plus gravement menacés. Il faut donc protéger même les membres les plus communs de ces deux genres pour assurer la survie de ces derniers.

Protection actuelle ou autres désignations

Le pleurobème écarlate est actuellement listé comme espèce en voie de disparition (endangered) en Iowa et en Pennsylvanie, comme espèce menacée (threatened) au Minnesota, comme espèce préoccupante (special concern) au Michigan et au Wisconsin et comme espèce d’intérêt particulier (special interest) en Ohio; il bénéficie donc d’une certaine protection dans ces États. À l’heure actuelle, il n’y a pas de protection spécifique du pleurobème écarlate en Ontario ou au Canada.

 

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