Lasthénie glabre (Lasthenia glaberrima) évaluation et rapport de situation du COSEPAC 2000 : chapitre 2

Résumé

Lasthénie glabre
Lasthenia glaberrima

Informationsur l’espèce

La lasthénie glabre (Lasthenia glaberrima) est une espèce du genre de la famille des asters (Astéracées). Il s’agit d’une herbacée annuelle à pousses de forme étalée à dressée, à racine pivotante, à tige simple à très ramifiée et glabre. Des racines adventices peuvent se former à partir des nœuds inférieurs des tiges. Les feuilles sont opposées, linéaires, longues de 2 à 10 cm, entières et glabres. La plante produit des groupes de capitules. Chaque capitule, en forme de cloche, réunit de nombreuses fleurs serrées. Les fleurs, jaune pâle, sont peu apparentes et peuvent facilement passer inaperçues. Les akènes (fruits secs typiques de la famille des Astéracées) sont linéaires, pubescents et mesurent moins de 4 mm de longueur. L’espèce présente une grande variation morphologique et est autogame; il est donc fort possible que certaines populations soient génétiquement distinctes, en particulier les populations isolées, comme celle du Canada.

Les seules espèces avec lesquelles la lasthénie glabre risque d’être confondue sont le cotule pied-de-corbeau (Cotula coronopifolia) et la jaumée charnue (Jaumea carnosa). Les trois espèces poussent en tapis et produisent de petites inflorescences jaunes groupées et, vues à distance, peuvent paraître semblables. Cependant, le cotule pied-de-corbeau se distingue aisément par ses feuilles alternes, souvent dentées, et par ses bractées involucrales, séparées plutôt que soudées. La jaumée charnue se distingue par ses feuilles charnues épaisses et par ses bractées involucrales séparées. Le cotule pied-de-corbeau et la jaumée charnue poussent dans les zones intertidales salines, tandis que la lasthénie glabre est inféodée aux mares et aux zones de suintement d’eau douce.

Répartition

La lasthénie glabre se rencontre depuis l’île de Vancouver jusqu’au centre de la Californie, principalement à l’ouest des monts Cascade. Au Canada, il y a une seule population connue de l’espèce; elle se trouve près de Victoria, en Colombie-Britannique. La localité américaine la plus proche pour laquelle l’espèce est répertoriée se trouve à environ 300 km au sud, dans le comté de Klicktat, dans l’État de Washington. La population canadienne occupe une superficie de moins de 40 . Sa zone d’occurrence et sa zone d’occupation, calculées selon la méthode du COSEPAC, ont un maximum de 1 km² chacune lorsque qu’elles sont établies en utilisant une grille de 1 km carré.

Habitat

La population de lasthénie glabre de Colombie-Britannique pousse dans une mare printanière située dans une falaise rocheuse, à environ 15 m au-dessus du niveau de la mer. Le fond de la mare comporte une mince couche de sol à texture moyenne reposant sur un substratum gneissique. Le site devient mouillé avec les premières pluies, à la fin de l’été ou au début de l’automne, et demeure saturé ou inondé une bonne partie de l’hiver jusqu’au début du printemps. Le sol s’assèche ensuite progressivement, à mesure que s’installe la sécheresse estivale, et est très sec de la mi-juin à la fin août ou au début septembre. La superficie de milieu pouvant servir d’habitat à la lasthénie glabre s’est beaucoup rétrécie depuis un siècle, la zone côtière du sud-est de l’île de Vancouver ayant été en grande partie aménagée à des fins d’habitation et de récréation. Une grande partie de ce qu’il reste d’habitat disponible pour la lasthénie glabre a été profondément transformée par plusieurs espèces introduites de graminées et de plantes à grandes feuilles envahissantes.

Biologie

La lasthénie glabre est une plante annuelle à vie courte. Les graines germent à partir d’avril jusqu’au début de mai. La plante continue de croître jusqu’à ce que la sécheresse estivale entraîne son dépérissement. La mortalité survient normalement à la fin mai ou en juin, et les pluies estivales semblent trop rares pour pouvoir provoquer un regain de croissance végétative, la floraison et la fructification. La floraison commence au début de mai et atteint son apogée au plus tard à la mi-mai. L’espèce est autogame. La dispersion des akènes s’observe à partir de la mi-mai, et, à la fin juin, la plupart des individus ne portent plus d’akènes.

Taille et tendances des populations

Depuis le début des années 1980, les milieux susceptibles d’abriter la lasthénie glabreont été explorés à maintes reprises dans le cadre de divers projets visant à déterminer la répartition des plantes rares poussant dans les mares printanières et les zones de suintement du sud-est de l'île de Vancouver et des îles Gulf. En dépit de ces recherches intensives, la population canadienne de lasthénie glabre n’a été découverte qu’en 2003. Des recherches ciblées réalisées en 2003, 2004, 2005 et 2006 n’ont pas mené à la découverte d’autres populations.

La population canadienne de lasthénie glabre comptait 20 individus matures en 2006, comparativement à environ 200 individus l’année de sa découverte. Elle occupe une superficie variant entre 4 et 20 m².

Facteurs limitatifs et menaces

Les menaces pesant sur la population canadienne de lasthénie glabre sont liées au piétinement, aux plantes exotiques envahissantes, à la perte d’habitat, à l’effondrement démographique et à la modification des régimes hydrologiques pouvant influer sur la disponibilité de l’eau et sur les caractères du milieu.

Importance de l’espèce

La petite population de lasthénie glabre de Colombie-Britannique se trouve à environ 300 kilomètres de l’aire principale de l’espèce.

Protection actuelle ou autres désignations de statut

La lasthénie glabre n’est pas visée par la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES) ni par l’Endangered Species Act des États-Unis et ne figure pas dans le Red Data Book de l’UICN. L’organisme NatureServe lui a attribué la cote G5 (secure, ou non en péril à l’échelle mondiale).

En Colombie-Britannique, la lasthénie glabre a été classée comme espèce gravement en péril (S1, critically imperiled), mais ne bénéficie d’aucune protection juridique. L’espèce ne se rencontre nulle part ailleurs au Canada.

Historique du COSEPAC

Le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) a été créé en 1977, à la suite d’une recommandation faite en 1976 lors de la Conférence fédérale-provinciale sur la faune. Le Comité a été créé pour satisfaire au besoin d’une classification nationale des espèces sauvages en péril qui soit unique et officielle et qui repose sur un fondement scientifique solide. En 1978, le COSEPAC (alors appelé Comité sur le statut des espèces menacées de disparition au Canada) désignait ses premières espèces et produisait sa première liste des espèces en péril au Canada. En vertu de la Loi sur les espèces en péril (LEP) promulguée le 5 juin 2003, le COSEPAC est un comité consultatif qui doit faire en sorte que les espèces continuent d’être évaluées selon un processus scientifique rigoureux et indépendant.

Mandat du COSEPAC

Le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) évalue la situation, au niveau national, des espèces, des sous-espèces, des variétés ou d’autres unités désignables qui sont considérées comme étant en péril au Canada. Les désignations peuvent être attribuées aux espèces indigènes comprises dans les groupes taxinomiques suivants : mammifères, oiseaux, reptiles, amphibiens, poissons, arthropodes, mollusques, plantes vasculaires, mousses et lichens.

Composition du COSEPAC

Le COSEPAC est composé de membres de chacun des organismes responsable des espèces sauvages des gouvernements provinciaux et territoriaux, de quatre organismes fédéraux (le Service canadien de la faune, l’Agence Parcs Canada, le ministère des Pêches et des Océans et le Partenariat fédéral d’information sur la biodiversité, lequel est présidé par le Musée canadien de la nature), de trois membres scientifiques non gouvernementaux et des coprésidents des sous-comités de spécialistes des espèces et du sous-comité des connaissances traditionnelles autochtones. Le Comité se réunit au moins une fois par année pour étudier les rapports de situation des espèces candidates.

Définitions (2008)

Espèce sauvage
Espèce, sous-espèce, variété ou population géographiquement ou génétiquement distincte d’animal, de plante ou d’une autre organisme d’origine sauvage (sauf une bactérie ou un virus) qui est soit indigène du Canada ou qui s’est propagée au Canada sans intervention humaine et y est présente depuis au moins cinquante ans.

Disparue (D)
Espèce sauvage qui n’existe plus.

Disparue du pays (DP)
Espèce sauvage qui n’existe plus à l’état sauvage au Canada, mais qui est présente ailleurs.

En voie de disparition (VD)Note de bas de pagea
Espèce sauvage exposée à une disparition de la planète ou à une disparition du pays imminente.

Menacée (M)
Espèce sauvage susceptible de devenir en voie de disparition si les facteurs limitants ne sont pas renversés.

Préoccupante (P)Note de bas de pageb
Espèce sauvage qui peut devenir une espèce menacée ou en voie de disparition en raison de l'effet cumulatif de ses caractéristiques biologiques et des menaces reconnues qui pèsent sur elle.

Non en péril (NEP)Note de bas de pagec
Espèce sauvage qui a été évaluée et jugée comme ne risquant pas de disparaître étant donné les circonstances actuelles.

Données insuffisantes (DI)Note de bas de paged,Note de bas de pagee
Une catégorie qui s’applique lorsque l’information disponible est insuffisante (a) pour déterminer l’admissibilité d’une espèce à l’évaluation ou (b) pour permettre une évaluation du risque de disparition de l’espèce.

 

Service canadien de la faune

Le Service canadien de la faune d’Environnement Canada assure un appui administratif et financier complet au Secrétariat du COSEPAC.

 

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