Lasthénie glabre (Lasthenia glaberrima) évaluation et rapport de situation du COSEPAC 2000 : chapitre 5

Habitat

Besoins en matière d’habitat

Le Lasthenia glaberrima se rencontre généralement dans des lieux humides dégagés, souvent sur le sol boueux de mares printanières ou de nappes d’eau perchées (Hitchcock et al., 1955; Peck, 1941; Segotta, comm. pers., 2004; Ornduff, 1993). La population de Colombie-Britannique pousse dans une mare printanière située dans une falaise rocheuse, à environ 15 m au-dessus du niveau de la mer. Le fond de la mare comporte une mince couche de sol à texture moyenne reposant sur un substratum gneissique. Le site devient mouillé avec les premières pluies, à la fin de l’été ou au début de l’automne, et demeure saturé ou inondé une bonne partie de l’hiver jusqu’au début du printemps. Le sol s’assèche ensuite progressivement, à mesure que s’installe la sécheresse estivale, et est très sec de la mi-juin à la fin août ou au début septembre. Le site est dominé par des herbacées annuelles, dont le vulpin géniculé (Alopecurus geniculatus), la callitriche hétérophylle (Callitriche heterophylla), la lasthénie glabre (Lasthenia glaberrima) et le plantain de Bigelow (Plantago bigelovii).

Tendances en matière d’habitat

La superficie de milieu pouvant servir d’habitat au Lasthenia glaberrima s’est beaucoup rétrécie depuis un siècle, la zone côtière du sud-est de l’île de Vancouver ayant en grande partie été aménagée à des fins d’habitation et de récréation.

Le L. glaberrima se rencontre dans un type de mares printanières rares, généralement associées aux écosystèmes du chêne de Garry. La perte d’habitat pour l’espèce peut donc se mesurer indirectement au déclin de ces écosystèmes. Or, les chênaies de Garry de la région de Victoria ont été réduites depuis un siècle à moins de 5 p. 100 de leur superficie d’origine (Lea, 2002). Celles qui subsistent sont isolées et morcelées, de sorte qu'il ne peut y avoir d'échanges importants de matériel génétique entre leurs communautés. Le L. glaberrima semble préférer les sites littoraux, également recherchés pour la construction d’habitations. Les écosystèmes du chêne de Garry n’étant pas restreints au littoral, on peut penser que l’habitat du L. glaberrima a connu un déclin supérieur à celui de ces écosystèmes.

Une grande partie de ce qu’il reste d’habitat disponible pour le L. glaberrima a été profondément transformée par plusieurs espèces introduites de graminées et de plantes à grandes feuilles envahissantes.

La population canadienne de L. glaberrima se trouve au cœur de l’une des régions d'Amérique du Nord qui connaissent la plus forte croissance. La population du Grand Victoria est passée d'environ 180 000 habitants en 1966 à 318 000 habitants en 1996, et on prévoit qu'elle dépassera 400 000 habitants d'ici 2026. Le plan d’aménagement de la région de la capitaleadopté en 1959 a donné lieu à l’étalement de la ville sur les zones rurales environnantes, et cet étalement urbain, qui dure depuis 44 ans, risque de se poursuivre en conséquence de la croissance démographique (Capital Regional District, 2003a). Au cours des 18 dernières années, la pression de la demande a fait grimper le prix moyen des maisons unifamiliales dans le Grand Victoria de 94 000 $ à 313 000 $, soit une augmentation de 330 p. 100 (Capital Regional District, 2003b). Depuis 2003, le rythme s’est accéléré, et le prix moyen a augmenté d’environ 50 p. 100 pour atteindre environ 470 000 $ (Victoria Real Estate Board, 2005). Les propriétés les plus recherchées et les plus chères sont celles du bord de mer, apparemment l’habitat de prédilection du L. glaberrima.

Protection et propriété

L’unique population canadienne de Lasthenia glaberrima se trouve à l’intérieur du parc régional East Sooke. Les autorités du Capital Regional District (CRD) ont récemment redéfini la vocation prioritaire des parcs comme étant la conservation et la protection des espèces animales et végétales menacées ou en voie de disparition ainsi que de leur habitat (Capital Regional District Parks, 2000). Bien que la population de L. glaberrima se trouve à l’intérieur d’un parc, elle a été fortement piétinée, du moins jusqu’à récemment. En septembre 2005, le service des parcs du CRD a érigé une clôture autour de cette population afin de la protéger.

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