Cornouiller fleuri (Cornus florida) évaluation et rapport de situation du COSEPAC : chapitre 8

Biologie

Le Cornus florida est un arbre du sous-étage ou de la lisière des forêts d’âge intermédiaire à matures. Ses fleurs, rendues particulièrement voyantes par les grandes bractées florales qui les entourent, sont pollinisées par les insectes. La dispersion de ses fruits rouges réunis en grappes est assurée principalement par les oiseaux.


Cycle vital et reproduction

Le cornouiller fleuri est une essence ligneuse vivace à croissance lente et à longue durée de vie (habituellement jusqu’à 125 ans, selon Strobl et Bland, 2000). Avant l’apparition de l’anthracnose du cornouiller (Discula destructiva), la maladie fongique exotique qui cause un important déclin chez l’espèce, des individus présentant un diamètre de tronc de 20 à 30 cm étaient occasionnellement trouvés dans le sud de l’Ontario. Les plus petits individus en fleur présentaient un diamètre à hauteur de poitrine (dhp) de 4 à 7 cm. Les fleurs sont parfaites (hermaphrodites) et apparaissent au milieu du printemps, au moment où les feuilles commencent à se développer. En 2004, la floraison en Ontario s’est prolongée du 12 mai (bractées florales ouvertes mais fleurs n’ayant pas encore atteint le stade de l’anthèse [fleurs épanouies, prêtes à libérer leur pollen]) au 27 mai (quelques bractées florales encore présentes, anthèse à peine terminée). Les fruits virent au rouge à la fin de l’été, lorsqu’ils parviennent à maturité (Soper et Heimburger, 1982).

La fécondation s’effectue par pollinisation croisée et est assurée par les insectes (Mayor et al., 1999). Une auto-incompatibilité partielle a été mise en évidence (Craddock et al., 1997). Aucun hybride n’a été découvert dans les peuplements naturels de Cornus florida, ni en Ontario ni ailleurs. Toutefois, dans le cadre de la culture, le Cornus florida a été croisé avec le C. nuttallii , espèce qui se trouve dans l’ouest, et le C. kousa, espèce asiatique; des hybrides de ces espèces sont offerts sur le marché horticole.

Les fruits mûrs sont dispersés par de nombreuses espèces d’oiseaux et quelques espèces de mammifères. La germination et l’établissement des semis s’effectuent à l’ombre du couvert forestier, mais l’exposition à une intensité lumineuse intermédiaire stimule la croissance (Strobl et Bland, 2000; McLemore, 1990). La plupart des individus poussent à bonne distance de leurs voisins. Une telle distribution confirme l’importance de la dispersion des graines chez cette espèce. Le cornouiller fleuri peut également se reproduire par voie végétative, principalement par marcottage des branches basses. Ce mode de multiplication semble plus fréquent chez les individus de plus petite taille, qui forment souvent des réseaux de tiges anciennement reliées les unes aux autres. Un examen plus approfondi révèle la présence de connexions entre les tiges dressées immédiatement sous la surface du sol. Dans certains cas des réseaux de jeunes tiges, les tiges peuvent également provenir de rejets de souche, à partir de troncs d’arbres qui sont morts. Avant l’apparition de l’anthracnose du cornouiller, la multiplication clonale n’était pas fréquemment observée par le rédacteur du rapport. Selon ses observations personnelles sur le terrain, certains indices laissaient à croire que l’anthracnose du cornouiller pourrait induire une multiplication clonale limitée se traduisant par la formation de tiges multiples à partir d’un point situé légèrement sous la base commune et la propagation de pousses clonales à la surface du sol.

Les graines germent au printemps, un an ou deux après avoir été dispersées (Strobl et Bland, 2000) et avoir séjourné à la surface du tapis forestier pendant un hiver. Une stratification chaude de 60 jours suivie d’une stratification froide (à une température tout juste supérieure au point de congélation) de 90 à 120 jours accélère la germination des graines (Kock, 1998).


Herbivorie

Les cerfs et les lapins broutent les pousses du cornouiller fleuri (Strobl et Bland, 2000). Certaines observations de terrain donnent à croire que l’herbivorie de ces espèces représente une menace seulement pour les semis et les gaulis et qu’elle pourrait favoriser la prolifération de pousses végétatives basses.


Physiologie

Aucune exigence ou adaptation physiologique particulière autre que les traitements préalables à la germination des graines susmentionnés n’est connue en ce qui concerne cette espèce.


Dispersion

De nombreuses espèces d’oiseaux et de mammifères se nourrissent des fruits du cornouiller fleuri (Tirmenstein, 1991). Selon toute vraisemblance, bon nombre de ces espèces jouent un rôle déterminant dans la dispersion des graines. Les oiseaux peuvent transporter les fruits intacts sur une courte distance avant de séparer les graines de la chair et de les laisser tomber à la surface du sol, de consommer les fruits entiers pour ensuite rejeter à une distance plus grande les graines qui ont transité dans leur système digestif ou de cacher les fruits en vue de les consommer ultérieurement. La gravité joue également un rôle, quoiqu’on voit difficilement comment les graines pourraient aboutir à une certaine distance de l’arbre parental sans avoir été ramassées par un mammifère. Les populations sont habituellement constituées de groupes d’individus répartis dans un habitat forestier plus vaste. La dispersion des graines semble donc plus efficace si elle se produit sur une courte distance. Les graines transportées sur de plus grandes distances ont moins de chance de tomber dans un habitat favorable.

Les oiseaux migrateurs peuvent assurer la dispersion transfrontalière des graines. Aux États-Unis, les populations ont également été décimées par l’anthracnose du cornouiller, et comme c’est le cas au Canada, les arbres restants produisent probablement peu de fruits.

La fragmentation des forêts dans la zone carolinienne réduit la probabilité que des agents, par exemple des oiseaux, puissent disperser efficacement les graines sur de grandes distances, d’un habitat occupé à un habitat favorable inoccupé.


Relations interspécifiques

Le Cornus florida dépend des insectes pollinisateurs pour produire des fruits et des animaux frugivores pour la dispersion de ses graines.

Les animaux brouteurs, comme les cerfs et les lapins, ont une incidence négative sur le cornouiller fleuri, mais ils représentent un problème grave seulement lorsque leurs populations atteignent une forte densité. La perte d’arbres matures et la réduction de la production de fruits chez les arbres restants a une incidence négative sur les animaux qui se nourrissent des fruits du cornouiller fleuri (Rossell et al., 2001).

L’arrivée récente en Ontario du champignon responsable de l’anthracnose du cornouiller (RNC, 2004) représente la relation interspécifique la plus menaçante pour la survie même du Cornus florida au Canada. La maladie provoque d’abord l’apparition de taches foliaires. Après un certain temps, des chancres peuvent se former sur les rameaux et les branches de certains arbres. Au stade terminal de la maladie, les branches infestées meurent, et des touffes de pousses adventives se forment sur le tronc. Ces pousses naissent de bourgeons végétatifs sur la tige des arbres blessés ou stressés. Le temps frais et humide est favorable à l’infection (RNC, 2004).


Adaptabilité

Le cornouiller fleuri tolère des ouvertures périodiques du couvert forestier. Dans de telles conditions, l’augmentation de la quantité de lumière atteignant la surface du sol peut stimuler la croissance des semis et des gaulis. Toutefois, une luminosité excessive favorise également la croissance d’espèces concurrentes de milieu ouvert capables de supplanter le cornouiller fleuri. Bien que l’espèce ait tendance à croître dans les sites bien drainés, des périodes de sécheresse prolongée limitent vraisemblablement le recrutement.

Le Cornus florida est cultivé commercialement et est largement disponible sur le marché. Toutefois, la plupart des grandes pépinières spécialisées en aménagement paysager importent probablement leur matériel des États-Unis, et ce matériel ne convient pas pour la réintroduction de l’espèce en milieu naturel. Le matériel multiplié à partir de sources ontariennes connues est mieux adapté aux conditions locales et a plus de chance de prospérer. Quelques pépinières spécialisées dans la culture des plantes indigènes offrent du matériel local.

 

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