Obovarie et ptychobranche programme de rétablissement final : chapitre 7

Tendance des habitats

Les habitats de l’obovarie ronde, du ptychobranche réniforme et des autres unionidés du lac Érié et du lac S. Clair ont été détruits en grande partie par les moules dreissenas. Les communautés de moules indigènes sont pratiquement disparues des eaux littorales de l’ouest du lac Érié vers 1990 (Schloesser et Nalepa 1994) et des eaux littorales du lac St. Clair vers 1994 (Malepa et al. 1996). Les communautés de moules du lac Érié étaient déjà en déclin, probablement à cause de la dégradation générale de la qualité de l’eau au cours des 40 dernières années (Nalepa et al. 1991), mais le lac St. Clair soutenait encore un assemblage de moules abondant et divers aussi récemment qu’en 1986 (Malepa et Gauvin 1988). Les unionidés continuent de survivre dans certaines zones littorales d’eau très peu profonde, grâce à un haut degré de connectivité au lac (qui assure l’accès aux poissons hôtes) et aux conditions difficiles pour les moules dreissenas (températures de l’eau élevées et action considérable des vagues en été, et érosion par la glace en hiver). Toutefois, les « refuges » sont rares et la majeure partie de l’habitat des unionidés dans les Grands Lacs est perdue en permanence (COSEPAC 2003a).

L’obovarie ronde et le ptychobranche réniforme sont apparemment disparus des rivières Thames et Grand, et le déclin de l’obovarie ronde est considérable dans la rivière Sydenham. On croit que l’agriculture est la principale cause de la destruction de l’habitat des moules dans toute l’Amérique du Nord (Strayer et Fetterman 1999) et le sud-ouest de l’Ontario ne fait pas exception. Comme l’agriculture représente 75 à 85 % de l’utilisation des terres dans les bassins des rivières Grand, Thames et Sydenham, il est probable que les impacts agricoles (p. ex. écoulement de sédiments, de nutriments et de pesticides, températures accrues de l’eau à cause de la perte de végétation riveraine, destruction de l’habitat par les traverses de tracteurs et le bétail) sont principalement responsables de la perte de l’habitat des moules dans ces rivières (COSEPAC 2003a).

7.         Protection de l’habitat

La Loi sur les espèces en péril (LEP) fédérale a été proclamée en juin 2003. En vertu de la LEP, il y a des interdictions générales de tuer, blesser, prendre, posséder, capturer et collectionner l’obovarie ronde et le ptychobranche réniforme, et d’endommager ou de détruire les résidences des individus de ces espèces, ainsi que des interdictions relatives à la destruction de l’habitat essentiel. La Loi sur les pêches fédérale représente un autre important texte législatif pour protéger les moules d’eau douce et leur habitat au Canada puisque la définition générale du poisson en vertu de cette loi inclut les mollusques. La prise de moules vivantes est considérée comme une pêche et est assujettie au Règlement de pêche de l’Ontario pris en vertu de la Loi sur les pêches. La protection des autres poissons et de leur habitat en vertu de la Loi sur les pêches permet de protéger indirectement l’habitat de l’obovarie ronde et du ptychobranche réniforme et d’autres espèces de moules d’eau douce. L’énoncé de principe provincial en vertu de l’article 3 de la Loi sur l’aménagement du territoire prévoit la protection de l’aménagement et de l’altération des sites dans les habitats importants des espèces menacées et en voie de disparition. D’autres mécanismes pour protéger les moules et leur habitat en Ontario comprennent la Loi sur l’aménagement des lacs et des rivières de l’Ontario, qui interdit la retenue ou la dérivation d’un cours d’eau si elle conduit à l’envasement, et le programme d’aménagement des terres II volontaire du ministère de l’Agriculture, de l’Alimentation et des Affaires rurales de l’Ontario, qui vise à réduire l’érosion sur les terres agricoles. L’aménagement des dérivations en Ontario est géré par la réglementation sur la plaine inondable appliquée par les offices de protection de la nature locaux. La plupart des terres dans le bassin des rivières Sydenham et Ausable où ces moules sont présentes sont de propriété privée alors que le territoire du delta du St. Clair est contrôlé par la Walpole Island First Nation.

8.         Rôle écologique

Les moules d’eau douce jouent un rôle intégral dans le fonctionnement des écosystèmes aquatiques. Vaughn et Hakenkamp (2001) ont résumé une grande partie de la documentation relative au rôle des unionidés et ont identifié de nombreuses fonctions de filtrage dans la colonne d’eau (alimentation sélective à la taille, sélection du phytoplancton spécifique à l’espèce, cycle nutritif, contrôle de l’abondance du phosphore) et des processus de sédimentation (dépositivores diminuant la matière organique des sédiments, biodépôt des fèces et pseudofèces, invertébrés épizoïques et algues épiphytiques colonisant les coquillages, densités des invertébrés benthiques en corrélation positive avec la densité des moules) assurés par la présence de moulières. Welker et Walz (1998) ont démontré que les moules d’eau douce peuvent limiter le plancton dans les rivières européennes alors que Neves et Odom (1989) signalent que les moules jouent également un rôle dans le transfert de l’énergie à l’environnement terrestre par la prédation par les rats musqués et les ratons laveurs.

9.         Importance pour les gens

Bien que ces espèces soient sans importance économique apparente, les moules d’eau douce sont sensibles à la pollution de l’environnement et une communauté de moules diverse indique un écosystème sain. En plus de la biodiversité qui diminue au Canada, la perte de l’obovarie ronde et du ptychobranche réniforme peut indiquer une détérioration accrue de l’environnement des cours d’eau du sud-ouest de l’Ontario qui affecterait défavorablement les gens qui dépendent de l’eau de surface pour boire, les activités récréatives ou abreuver le bétail.

10.       Lacunes des connaissances

      Bien que l’hôte de l’obovarie ronde ait été identifié aux États-Unis comme étant le dard vert, la spécificité de l’hôte a été indiquée à l’échelle du bassin versant pour certaines espèces et cette identification devrait être vérifiée pour les populations canadiennes si possible.

      L’utilisation de l’habitat doit être quantifiée pour tous les stades de vie, en portant une attention particulière aux stades de glochidie, d’enkystement et juvénile lorsque la mortalité est élevée.

      Les répartitions des poissons hôtes pour les deux espèces de moules doivent être cartographiées très en détail. Le poisson hôte peut être fonctionnellement non disponible pour la moule si sa répartitions ne se chevauche pas aux périodes où les moules femelles libèrent les glochidies matures.

      L’importance relative de chaque menace identifiée à chaque stade de vie distinct (glochidie, larve, adulte) doit être établie.

      On doit déterminer si ces sites représentent des refuges permanents ou si les moules de ces sites succomberont éventuellement aux effets nuisibles des moules dreissenas. Si ces sites ne peuvent pas être maintenus naturellement, on doit alors étudier la faisabilité d’aménager activement ces sites pour réduire les effets des moules dreissenas.

      La génétique de la préservation doit être évaluée car elle a trait aux réinstallations et aux réintroductions, et la faisabilité technique de la propagation artificielle devrait être examinée.

11.       Faisabilité biologique et technique du rétablissement

On croit que le rétablissement de l’obovarie ronde et du ptychobranche réniforme est possible biologiquement et techniquement car il existe encore des populations reproductrices comme sources éventuelles pour soutenir le rétablissement, l’habitat approprié peut être rendu disponible par des mesures de rétablissement, les menaces peuvent être atténuées et des techniques de rétablissement proposées seraient efficaces. Bien qu’on croit que le rétablissement au niveau des espèces est faisable, l’effort requis pour le réaliser ne sera pas uniforme pour toutes les populations.

Un grand effort sera nécessaire pour rétablir les populations d’obovarie ronde de la rivière Sydenham et du lac St. Clair. Il y a peu de preuve de reproduction naturelle dans ces populations, et le rétablissement peut nécessiter l’élevage en captivité ou la réinstallation de populations américaines.

Un niveau d’effort faible à modéré sera nécessaire pour rétablir les populations de ptychobranche réniforme des rivières Sydenham et Ausable. On croit que ces populations sont menacées par la perte d’habitat générale découlant des pratiques d’utilisation des terres caractéristiques dans le bassin. Une suite générale de mesures de rétablissement de l’écosystème comme celles proposées par Dextrase et al. (2003) aidera au rétablissement de ces populations.

Le rétablissement des populations des deux espèces dans le lac St. Clair nécessitera un effort supérieur. L’aménagement actif de sites de refuge sélectionnés, y compris le nettoyage régulier des individus infestés par les moules dreissenas seront nécessaires pour maintenir et rétablir ces populations. L’augmentation et la translocation à long terme des populations peuvent également être nécessaires pour ramener l’obovarie ronde et le ptychobranche réniforme à des niveaux de stabilité sains au Canada.

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