Albatros à queue courte (Phoebastria albatrus) évaluation et rapport de situation du COSEPAC : chapitre 2

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COSEPAC
Résumé

Albatros à queue courte
Phoebastria albatrus

Information sur l’espèce

L’Albatros à queue courte (Phoebastria albatrus) (Pallas, 1769), autrefois appelé Diomedea albatrus, est un gros oiseau de mer à longues ailes étroites, adapté pour planer juste au-dessus de la surface de l’eau. Les adultes sont presque entièrement noir et blanc, à part leur tête jaune pâle ainsi que leurs pattes et leurs pieds de teinte pâle. Par contre, les jeunes sont entièrement brun chocolat dans leur première année. Le gros bec rose est une caractéristique distinctive des différentes classes d’âge. L’oiseau acquiert son plumage adulte complet après 12 à 20 ans. Les individus des deux sexes sont semblables et leur plumage ne change pas avec les saisons.

Répartition

L’Albatros à queue courte ne niche plus que dans deux îles situées au sud du Japon. Autrefois, on a observé des colonies à au moins sept autres endroits au Japon et à Taïwan. L’aire de répartition marine de l’espèce s’étend de la Sibérie jusque dans la région côtière de la Chine, dans la mer de Béring et le golfe d’Alaska, vers le sud jusqu’à la Basse-Californie, et dans tout le Pacifique Nord, y compris dans le nord-ouest des îles Hawaii. Cet oiseau, qui a déjà été considéré comme une espèce commune dans toute son aire de répartition, est maintenant une espèce seulement occasionnelle dans de nombreuses régions. Au Canada, l’espèce ne se trouve plus que dans la région côtière de la Colombie-Britannique, surtout de février à octobre.

Habitat

L’Albatros à queue courte se reproduit en colonies et niche généralement au large, dans des îles isolées balayées par les vents. Le nid est décrit comme une coupe dans le substrat, construite et tapissée avec des herbes. On possède très peu de renseignements sur les besoins de l’espèce en matière d’habitat marin, en particulier autour des colonies de nidification. D’après les mentions historiques, l’Albatros à queue courte était abondant dans les eaux peu profondes de l’Amérique du Nord. Les observations récentes indiquent aussi que l’oiseau a tendance à se tenir à proximité du littoral. Les profils de répartition observés, autant autrefois qu’actuellement, coïncident probablement avec les zones de remontée d’eaux et de productivité biologique élevée caractéristiques de la côte de l’Amérique du Nord. L’importance du milieu pélagique pour l’espèce est inconnue à cause de la faible présence d’observateurs dans ces régions.

Biologie

À l’instar de tous les oiseaux de mer pélagiques, l’Albatros à queue courte passe la majeure partie de sa vie en mer, ne revenant à terre que pour se reproduire. Cet oiseau vit longtemps et atteint lentement sa maturité; en outre, les femelles reproductrices ne pondent qu’un seul œuf par année. Cette situation est compensée par un faible taux de mortalité naturelle chez les adultes. Après la reproduction, les individus se dispersent vers le nord jusque dans les îles Aléoutiennes et dans la mer de Béring. On a observé proportionnellement plus d’individus immatures (que d’adultes) dans l’est et le nord du Pacifique. On sait que le régime alimentaire comprend du calmar, du poisson, des crevettes et d’autres crustacés.

Taille et tendances des populations

La population d’Albatros à queue courte a déjà compté des millions d’individus. La surexploitation des colonies de nidification au début du 20e siècle a mené cette espèce proche de l’extinction. L’estimation la plus récente de la population mondiale totale est de 1 600 individus. Grâce à des mesures de protection et à des activités de conservation soutenues, on observe maintenant une tendance régulière à la hausse.

Facteurs limitatifs et menaces

Les plus grands obstacles au rétablissement de l’espèce sont les éruptions volcaniques aux sites de reproduction et la mortalité accidentelle associée à la pêche à la palangre. Le mazoutage des oiseaux représente aussi une menace potentielle importante. D’autres menaces sont la pollution par les plastiques, la compétition interspécifique et les espèces introduites, mais ces menaces ne sont pas encore quantifiées. Une éruption volcanique catastrophique dans la principale île utilisée pour la reproduction (île Torishima) pourrait réduire notablement les effectifs de reproducteurs. Ce risque est modéré par le fait que les adultes et les immatures non reproducteurs demeurent en mer pendant la saison de reproduction. La mortalité accidentelle dans les pêches commerciales à la palangre pourrait contribuer à freiner le rétablissement de l’espèce en cas de phénomènes stochastiques comme une éruption volcanique ou un déversement d’hydrocarbures majeur. Parmi les menaces mentionnées, la mortalité accidentelle dans les pêches à la palangre constitue actuellement la plus importante pour le maintien et l’accroissement de la population d’Albatros à queue courte dans les eaux canadiennes. Par ailleurs, la mortalité associée au mazoutage des oiseaux représente pour le futur la plus grande menace potentielle.

Importance de l’espèce

L’Albatros à queue courte est une espèce en péril à l’échelle mondiale et le rétablissement de l’espèce présentera probablement un grand intérêt pour la communauté internationale des scientifiques et des spécialistes de la conservation.

Protection actuelle ou autres désignations

Les statuts attribués à l’Albatros à queue courte sont les suivants : espèce désignée « vulnérable » par l’Union mondiale pour la nature (UICN); espèce couverte par la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES) et la Convention sur la conservation des espèces migratrices appartenant à la faune sauvage; espèce et habitat de reproduction protégés au Japon; inscription sur la liste des espèces en voie de disparition (endangered) aux États-Unis (liste fédérale) et en Alaska; rang de priorité SZN attribué par NatureServe en Colombie-Britannique.

 

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