Évaluation et Rapport de situation du COSEPAC sur la teigne tricheuse du yucca (Tegeticula corruptrix) au Canada 2006

  1. Table des Matières
  2. Sommaire de l’évaluation
  3. Résumé
  4. Information sur l'espèce
  5. Répartition
  6. Habitat
  7. Biologie
  8. Taille et tendances des populations
  9. Facteurs limitatifs et menaces
  10. Importance de l'espèce
  11. Protection actuelle ou autres désignations de statut
  12. Résumé technique
  13. Remerciements
  14. Experts contactés
  15. Sources d'information
  16. Sommaire biographique de la rédactrice du rapport
  17. Collections examinées
  18. Annexes


Les rapports de situation du COSEPAC sont des documents de travail servant à déterminer le statut des espèces sauvages que l’on croit en péril. On peut citer le présent rapport de la façon suivante :

COSEPAC. 2006. Évaluation et Rapport de situation du COSEPAC sur la Teigne tricheuse du yucca (Tegeticula corruptrix) au Canada. Comité sur la situation des espèces en péril au Canada.Ottawa. vi + 26 p. (https://www.registrelep-sararegistry.gc.ca/sar/assessment/status_f.cfm).

Note de production :

Le COSEPAC aimerait remercier Donna D. Hurlburt qui a rédigé le rapport de situation sur la teigne tricheuse du yucca (Tegeticula corruptrix) au Canada, en vertu d’un contrat avec Environnement Canada. Theresa B. Fowler, coprésidente du Sous-comité de spécialistes des arthropodes du COSEPAC, a supervisé le présent rapport et en a fait la révision.

Also available in English under the title COSEWIC Assessment and Status Report on the Non-pollinating Yucca Moth Tegeticula corruptrix in Canada.

Illustration de la couverture :
Teigne tricheuse du yucca -- D. Hurlburt

©Sa Majesté la Reine du chef du Canada, 2006
No de catalogue CW69-14/489-2006F-PDF
ISBN 0-662-71779-1

Sommaire de l’évaluation

Nom commun: Teigne tricheuse du yucca

Nom scientifique: Tegeticula corruptrix

Statut: Espèce en voie de disparition

Justification de la désignation: On ne retrouve qu'une seule population viable de cette teigne très spécialisée au Canada, dans une très petite zone limitée, isolée de l'aire principale de l'espèce aux États-Unis. Une deuxième population isolée est sur le point de disparaître ou est déjà disparue. La teigne est entièrement dépendante de la relation mutualiste obligatoire entre sa plante hôte (le yucca glauque), laquelle est « menacée », et le pollinisateur de celle-ci (la teigne du yucca), qui est « en voie de disparition ». L'espèce est menacée par le haut taux d'herbivorie des ongulés sauvages, lequel, au cours de certaines années, réduit considérablement le recrutement de la teigne, de sa plante hôte et du pollinisateur de celle-ci. L'espèce est également menacée par les véhicules tout-terrains qui détruisent la plante hôte.

Répartition: Alberta

Historique du statut: Espèce désignée « en voie de disparition » en avril 2006. Évaluation fondée sur un nouveau rapport de situation.

Résumé
Information sur l’espèce

La teigne tricheuse du yucca est un petit papillon nocturne blanc qui appartient à la famille des Prodoxidés. Elle se distingue principalement des autres espèces de teignes associées au yucca par son envergure plus grande, qui varie de 22,5 à 35,0 mm. Les adultes sont généralement observés à l’intérieur des fleurs de leur plante hôte, le yucca glauque, à la fin de la période de floraison. À l’examen microscopique, on constate que les palpes maxillaires sont dépourvus de tentacule rudimentaire.

Répartition

La teigne tricheuse du yucca est confinée aux populations du yucca glauque. Au Canada, la seule population viable du papillon nocturne est établie dans une population de yucca glauque, à Onefour (Alberta). Une autre population est connue de la réserve de pâturage Pinhorn (Alberta), mais son existence est étayée par l’observation d’un seul individu.

Habitat

Au Canada, les populations du yucca glauque habitées par la teigne tricheuse du yucca occupent des pentes de coulée exposées au sud, recouvertes d’une végétation clairsemée, dans le bassin de la rivière Milk, dans le sud-est de l’Alberta. Dans les portions plus centrales et méridionales de son aire, la teigne tricheuse utilise le yucca glauque et plusieurs autres espèces de yuccas comme plantes hôtes.

Biologie

Comme son nom l’indique, la teigne tricheuse du yucca n’intervient pas dans la pollinisation de sa plante hôte, mais elle est un prédateur obligatoire des graines du yucca. Les femelles déposent leurs œufs uniquement dans les fruits en début de développement de la plante hôte, et les chenilles se nourrissent exclusivement des graines. À la fin de l’été, les chenilles émergent du fruit à l’intérieur duquel elles se sont développées, s’enfoncent dans le sol et entrent en diapause prénymphale. Elles peuvent demeurer dans cet état pendant plusieurs années avant d’émerger du sol à l’état adulte.

Taille et tendances des populations

Les effectifs de la teigne tricheuse du yucca fluctuent considérablement d’une année et d’une population à l’autre, et le dénombrement des adultes soulève des difficultés importantes. À Onefour (Alberta), l’insuffisance des indices de l’activité de la teigne (de 1999 à 2003) ne nous permet pas d’évaluer le déclin de la population ou ses fluctuations d’abondance. À Pinhorn (Alberta), un seul individu a été observé entre 1998 et 2003.

Facteurs limitatifs et menaces

Au Canada, la teigne tricheuse du yucca est limitée naturellement par le fait qu’elle se trouve à la limite nord de son aire de répartition ainsi que par la répartition limitée de sa plante hôte et de son unique pollinisateur, la teigne du yucca. Les principales menaces à la survie de l’espèce au Canada sont les facteurs qui ont des effets négatifs sur les populations de la plante hôte (yucca glauque) ou de son pollinisateur (teigne du yucca) ou sur l’interaction bénéfique entre ces deux espèces. Les facteurs susceptibles de compromettre la survie de ces espèces incluent le broutage des hampes florales, des fleurs et des fruits par le cerf-mulet et l’antilope d’Amérique, la collecte de plants de yucca à des fins horticoles ou médicinales, la circulation des véhicules hors route, le pâturage par le bétail et l’application d’herbicides et d’insecticides agricoles.

Importance de l’espèce

Au Canada, la teigne tricheuse du yucca fait partie d’un complexe d’espèces dont la survie dépend du yucca glauque. Toutes ces espèces se trouvent à la limite nord de leur aire de répartition et, en comparaison de leurs populations plus méridionales respectives, possèdent probablement des attributs uniques favorisant leur survie. Les recherches effectuées à ce jour ont révélé que les populations septentrionales du yucca glauque et de la teigne du yucca présentent des stratégies de survie qui font défaut chez les autres populations.

Protection actuelle

La teigne tricheuse du yucca ne bénéficie actuellement d’aucune protection légale à l’échelle de son aire de répartition. Au Canada, sa plante hôte (yucca glauque) a été désignée « espèce menacée » par le COSEPAC et « espèce en voie de disparition » par l’Alberta. La teigne du yucca, pollinisateur mutualiste du yucca glauque, est classée « espèce en voie de disparition » par le COSEPAC et l’Alberta.

Le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) a été créé en 1977, à la suite d’une recommandation faite en 1976 lors de la Conférence fédérale-provinciale sur la faune. Le Comité a été créé pour satisfaire au besoin d’une classification nationale des espèces sauvages en péril qui soit unique et officielle et qui repose sur un fondement scientifique solide. En 1978, le COSEPAC (alors appelé Comité sur le statut des espèces menacées de disparition au Canada) désignait ses premières espèces et produisait sa première liste des espèces en péril au Canada. En vertu de la Loi sur les espèces en péril (LEP) promulguée le 5 juin 2003, le COSEPAC est un comité consultatif qui doit faire en sorte que les espèces continuent d’être évaluées selon un processus scientifique rigoureux et indépendant.

Le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) évalue la situation, au niveau national, des espèces, des sous-espèces, des variétés ou d’autres unités désignables qui sont considérées comme étant en péril au Canada. Les désignations peuvent être attribuées aux espèces indigènes comprises dans les groupes taxinomiques suivants : mammifères, oiseaux, reptiles, amphibiens, poissons, arthropodes, mollusques, plantes vasculaires, mousses et lichens.

Le COSEPAC est composé de membres de chacun des organismes responsable des espèces sauvages des gouvernements provinciaux et territoriaux, de quatre organismes fédéraux (le Service canadien de la faune, l’Agence Parcs Canada, le ministère des Pêches et des Océans et le Partenariat fédéral d’information sur la biodiversité, lequel est présidé par le Musée canadien de la nature), de trois membres scientifiques non gouvernementaux et des coprésidents des sous-comités de spécialistes des espèces et du sous-comité des connaissances traditionnelles autochtones. Le Comité se réunit au moins une fois par année pour étudier les rapports de situation des espèces candidates.

Espèce sauvage: Espèce, sous-espèce, variété ou population géographiquement ou génétiquement distincte d'animal, de plante ou d'une autre organisme d'origine sauvage (sauf une bactérie ou un virus) qui est soit indigène du Canada ou qui s'est propagée au Canada sans intervention humaine et y est présente depuis au moins cinquante ans.

Disparue (D): Espèce sauvage qui n'existe plus.

Disparue du pays (DP): Espèce sauvage qui n'existe plus à l'état sauvage au Canada, mais qui est présente ailleurs.

En voie de disparition (VD)*: Espèce sauvage exposée à une disparition de la planète ou à une disparition du pays imminente.

Menacée (M): Espèce sauvage susceptible de devenir en voie de disparition si les facteurs limitants ne sont pas renversés.

Préoccupante (P)**: Espèce sauvage qui peut devenir une espèce menacée ou en voie de disparition en raison de l'effet cumulatif de ses caractéristiques biologiques et des menaces reconnues qui pèsent sur elle.

Non en péril (NEP)***: Espèce sauvage qui a été évaluée et jugée comme ne risquant pas de disparaître étant donné les circonstances actuelles.

Données insuffisantes (DI)****: Une catégorie qui s'applique lorsque l'information disponible est insuffisante (a) pour déterminer l'admissibilité d'une espèce àl'évaluation ou (b) pour permettre une évaluation du risque de disparition de l'espèce.

* Appelée « espèce disparue du Canada » jusqu'en 2003.
** Appelée « espèce en danger de disparition » jusqu'en 2000.
*** Appelée « espèce rare » jusqu'en 1990, puis « espèce vulnérable » de 1990 à 1999.
**** Autrefois « aucune catégorie » ou « aucune désignation nécessaire ».
***** Catégorie « DSIDD » (données insuffisantes pour donner une désignation) jusqu'en 1994, puis « indéterminé » de 1994 à 1999. Définition de la catégorie (DI) révisée en 2006.

Environnement Environment
Canada Canada

Service canadien Canadian
de la faune Wildlife Service

Le Service canadien de la faune d’Environnement Canada assure un appui administratif et financier complet au Secrétariat du COSEPAC.

Information sur l'espèce
Nom et classification

En 1872, Engelmann (1872a, b) a décrit sous le nom de yucca moths toutes les espèces de petits papillons nocturnes blancs associées aux yuccas. Une vingtaine d’années plus tard, Charles Riley (1892) et William Trelease (1893) ont décrit et réuni officiellement ces espèces sous le nom de Pronuba spp. Après avoir découvert que le nom générique Pronuba était déjà utilisé, Walsingham (1903) a reclassé les teignes du yucca dans le genre Tegeticula.

Jusqu’à tout récemment, le genre Tegeticula ne contenait que trois espèces, à savoir les T. maculata et T. synthetica, espèces monophages associées respectivement au Yucca whipplei et au Y. brevifolia, et le T. yuccasella, associé à plus d’une trentaine d’autres espèces de yuccas poussant au nord du Mexique. La plupart des spécialistes considéraient le T. yuccasella comme un complexe d’espèces présentant des caractéristiques morphologiques et comportementales uniques (p. ex. Powell, 1992; Pellmyr et al., 1996; Wilson et Addicott, 1998). En 1999, Pellmyr a publié une révision systématique du complexe T. yuccasella fondée sur des critères morphologiques et moléculaires et décrit dix nouvelles espèces pollinisatrices, une espèce tricheuse non pollinisatrice incorrectement classifiée (T. intermedia) et une nouvelle espèce non pollinisatrice (T. corruptrix). L’expression « teignes du yucca » est encore souvent utilisée dans la littérature pour désigner l’une ou l’autre des espèces de ce complexe, et dans les ouvrages publiés avant 2000, les douze espèces décrites par Pellmyr sont encore confondues sous le nom de T. yuccasella.

Les deux espèces non pollinisatrices (T. intermedia et T. corruptrix) déposent leurs œufs dans les fruits de yucca en développement plutôt que dans les fleurs, et elles n’interviennent pas dans la pollinisation de leur hôte. Dans la littérature, ces deux espèces sont qualifiées de tricheuses (aprovechados en espagnol) parce qu’elles sont des prédatrices de graines et n’entretiennent aucun lien de mutualisme avec leur plante hôte, contrairement aux autres espèces de teignes du yucca. Le terme « tricheur » est également attribué aux individus des espèces pollinisatrices qui déposent leurs œufs sans contribuer à la pollinisation de leur hôte. Dès lors, une attention particulière s’impose pour différencier dans la littérature les espèces tricheuses des individus d’espèces pollinisatrices qui affichent un comportement tricheur.

La présence d’une espèce tricheuse dans le sud-est de l’Alberta a été signalée pour la première fois par Csotonyi et Hurlburt en 1998 (Csotonyi et Hurlburt, 2000). S’appuyant sur les critères établis par Pellmyr (1999), D. Hurlburt a confirmé l’identité de l’espèce comme étant le T. corruptrix. La présence du T. intermedia n’a jamais été signalée ni au Canada ni au Montana.

Par souci de clarté, l’expression « teigne tricheuse du yucca » (ou parfois simplement teigne tricheuse) sera utilisée dans le présent rapport exclusivement comme synonyme du Tegeticula corruptrix, l’espèce visée par le présent rapport, et l’expression « teigne du yucca », comme synonyme du Tegeticula yuccasella, espèce pollinisatrice du yucca glauque. Les autres membres du complexe d’espèces du genre Tegeticula seront qualifiés d’« autres teignes associées au yucca ».

Description morphologique

Les espèces du genre Tegeticula sont de petits papillons blanchâtres sans traits distinctifs particuliers. À l’âge adulte, toutes les espèces sont normalement observées à l’intérieur des fleurs de yucca ou, dans le cas de celles qui émergent plus tardivement, comme le Tegeticula corruptrix, sur le feuillage ou les inflorescences desséchées. Au Canada, trois espèces blanches se rencontrent à l’intérieur des fleurs de yucca, à savoir le papillon pollinisateur, soit la teigne du yucca (Tegeticula yuccasella), la fausse-teigne à cinq points du yucca (Prodoxus quinquepunctellus) et la teigne tricheuse du yucca (T. corruptrix). Le T. corruptrix se distingue visuellement des deux autres espèces par sa taille relativement plus grande, ses palpes maxillaires dépourvus de tentacules et l’absence de petites taches noires sur ses ailes (Pellmyr, 1999). Les adultes du T. corruptrix commencent à émerger au début de juillet et ne sont donc jamais présents sur les fleurs avant cette date.

La teigne tricheuse du yucca (figure 1) a une envergure de 22,5 à 28,0 mm (mâles) ou de 25,5 à 35,0 mm (femelles). Les ailes sont blanches sur le dessus, principalement brunes en dessous. La tête est couverte d’écailles blanches. Les palpes maxillaires sont dépourvus de tentacules. La longueur des antennes, qui sont constituées de 50 à 60 articles, équivaut à environ la moitié de celle des ailes. Le thorax est couvert d’écailles blanches, et les pattes sont de couleur ambre. L’abdomen est chamois sur le dessus, blanc en dessous (Pellmyr, 1999).

Figure 1. Au centre, teigne tricheuse du yucca (Tegeticula corruptrix) adulte dans une fleur de yucca glauque (Yucca glauca), flanquée de fausses-teignes à cinq points du yucca (Prodoxus quinquepuctellus) (Onefour, Alberta; juillet 2000). (Photo : D. Hurlburt)


À ce jour, aucune sous-espèce n’a été identifiée, et les caractéristiques génétiques des différentes populations demeurent à décrire.

Répartition
Aire de répartition mondiale

Le T. corruptrix est associé aux yuccas depuis le Mexique et le sud du Texas jusqu’en Alberta et de la Californie au Nebraska (Crabb et Pellmyr, 2004; COSEPAC, 2002; Pellmyr, 1999) (figure 2). L’aire de répartition exacte de l’espèce aux États-Unis demeure à préciser, et de nouvelles mentions sont à prévoir maintenant que les critères permettant de reconnaître l’espèce sont bien établis. Récemment, la présence du T. corruptrix a été confirmée dans toutes les populations du yucca glauque (Yucca glauca) du nord du Montana, parfois en forte densité (D. Hurlburt, données inédites).

Figure 2. Aire de répartition de la teigne tricheuse du yucca (Tegeticula corruptrix) en Amérique du Nord.


Aire de répartition canadienne

Au Canada, la teigne tricheuse du yucca présente des effectifs viables dans une seule population de yucca glauque, dans le sud-est de l’Alberta, le long d’un tronçon de coulée de 2 km exposé au sud, en bordure de la rivière Lost, un affluent de la rivière Milk (figure 3). Cette population se trouve en totalité sur des terres appartenant à la Sous-station de recherches agricoles de Lethbridge (Agriculture et Agroalimentaire Canada) et gérées par cette dernière, à Onefour (Alberta).

Figure 3. Emplacements des deux populations connues de la teigne tricheuse du yucca (Tegeticula corruptrix) au Canada.

Un seul adulte a été observé dans une deuxième population de yucca glauque établie dans la réserve de pâturage Pinhorn (Csotonyi et Hurlburt, 2000) (figure 3). Aucune chenille n’y a été trouvée, ni dans le sol ni dans les quelques fruits produits par les plants de yucca glauque, mais deux cocons larvaires vides ont été découverts dans le sol en 2001 (D. Hurlburt, données inédites). La présence de ces cocons dans le sol donne à croire que quelques individus pourraient y être encore présents en diapause, en dépit de la quasi-absence de reproduction sexuée du yucca glauque à cet endroit. Au rythme où le yucca glauque se reproduit actuellement dans la réserve de pâturage Pinhorn, il y a peu de chance que la teigne tricheuse du yucca parvienne à y maintenir une population viable.

Il se peut que le T. corruptrix soit présent dans d’autres petites parcelles transplantées de yucca glauque à proximité de Medicine Hat (Alberta) et de Fox Valley (Saskatchewan), ou dans les quelques plants transplantés et poussant près de Rockglen (Saskatchewan). Sa survie, comme celle de la teigne du yucca, dépend cependant de la reproduction sexuée du yucca glauque. Il est donc impossible pour les populations viables de la teigne tricheuse du yucca de se trouver dans les parcelles de yucca qui se reproduisent uniquement par voie asexuée. Une liste des spécimens canadiens de T. corruptrix se trouvant dans des collections publiques est présentée à l’annexe 1.

Habitat
Besoins en matière d’habitat

Au Canada, la teigne tricheuse du yucca est confinée à la sous-région sèche à graminées mixtes (ANHIC, 2004). De nature semi-aride, cette sous-région est baignée par un climat continental caractérisé par d’importantes fluctuations journalières et saisonnières des températures, des précipitations faibles, des étés chauds et un fort taux d’évaporation. L’évaporation y est amplifiée par la présence soutenue de forts vents.

Au Canada, la teigne tricheuse du yucca pond ses œufs et se nourrit à l’état larvaire exclusivement sur le yucca glauque; aucune autre espèce de yucca susceptible de lui convenir n’est présente au Canada. À la limite nord de son aire, le yucca glauque se rencontre principalement sur des pentes de coulée bien drainées, exposées au sud et comportant un couvert végétal clairsemé (figure 4), en association avec l’oponce à épines nombreuses (Opuntia polyacantha) et l’armoise argentée (Artemisia cana). Ces pentes sont orientées dans la direction opposée aux vents dominants, et de façon générale, les plants de yucca prospèrent seulement sur les pentes qui sont protégées des vents par des pentes adjacentes. Aucune autre population indigène de yucca n’a été trouvée au cours des recherches intensives effectuées dans le voisinage des deux seules populations indigènes de yucca connues au Canada, à Onefour et à Pinhorn (Alberta), et dans un site susceptible d’abriter l’espèce, près de Rockglen (Saskatchewan). Les sols des sites occupés sont alcalins et régosoliques, sans croûte mince (Milner, 1977; Fairbarns, 1985).

Figure 4. Plants de yucca glauque (Yucca glauca) en pleine floraison. Les pentes de coulée exposées au sud constituent l’habitat privilégié des populations septentrionales du yucca glauque (Onefour, Alberta; juin 1999).(Photo : D. Hurlburt)

Dans les portions centrale et méridionale de son aire aux États-Unis, le yucca glauque se rencontre en terrain plus plat, dans des dunes, des pinèdes et des clairières dans l’Est, dans des prairies dans le Sud-Ouest (Pellmyr, 1999).

Tendances en matière d’habitat

Au Canada, la disponibilité des milieux favorables à la teigne tricheuse du yucca est limitée par des facteurs naturels, car les pentes de coulée exposées au sud, protégées des vents dominants et abritant une végétation clairsemée sont peu nombreuses. L’agriculture n’a eu aucun effet sur la disponibilité des habitats favorables, car le yucca glauque pousse sur des pentes de coulée abruptes qui ne se prêtent pas à une exploitation agricole (COSEPAC, 2002).

Protection et propriété

La teigne tricheuse du yucca ne figure actuellement pas sur la liste des espèces en péril, ni au Canada ni ailleurs. Elle bénéficie toutefois d’une protection du fait de son association avec le yucca glauque et la teigne du yucca, désignées par le COSEPAC « espèce menacée » et « espèce en voie de disparition », respectivement et inscrites à l’annexe 1 de la Loi sur les espèces en péril du gouvernement fédéral. Une équipe a été constituée en vue du rétablissement de ces deux espèces, et un plan de rétablissement conjoint est en cours de préparation.

Au Canada, les deux seules populations connues de la teigne tricheuse du yucca occupent des sites relativement peu perturbés sur des terres publiques. La population la plus importante est établie à Onefour, sur des terres appartenant à Agriculture et Agroalimentaire Canada et gérées par ce ministère. L’autre population, plus petite et vraisemblablement en déclin, se trouve dans une réserve de pâturage publique gérée par le gouvernement de l’Alberta.

Biologie

On sait très peu de choses sur la biologie du T. corruptrix, car les seules études qui lui ont été consacrées à ce jour portaient sur son incidence sur le lien de mutualisme entre la teigne du yucca et le yucca glauque. Sa description étant toute récente, elle a longtemps été regroupée avec d’autres espèces tricheuses dans les analyses statistiques réalisées à ce jour. On peut toutefois supposer que sa biologie ressemble à bien des égards à celle de la teigne du yucca, car les deux espèces sont très étroitement apparentées.

Cycle vital et reproduction

Les adultes émergent du sol du début de juillet jusqu’en septembre (D. Hurlburt, données inédites). Ils se rassemblent et s’accouplent dans les dernières fleurs à s’ouvrir ou sur les tiges et les feuilles de la plante hôte et entrent en activité lorsqu’il fait complètement noir (Pellmyr, 1999). Les femelles déposent leurs œufs dans les jeunes fleurs qui mesurent environ de 2,5 à 4,0 cm de longueur (D. Hurlburt, données inédites). Les femelles peuvent déposer un grand nombre d’œufs en de nombreux endroits d’un même fruit (D. Hurlburt, données inédites; Pellmyr, 1999; Snell, 2004). Dans certaines régions, une gouttelette de sève peut exsuder de chaque site de ponte (Pellmyr, 1999). Le phénomène ne semble toutefois pas se produire ni en Alberta ni dans le nord du Montana, peut-être en raison des forts vents qui soufflent dans ces régions (D. Hurlburt, obs. pers.).

Les œufs éclosent de 7 à 10 jours plus tard. La vie larvaire (figure 5) comporte quatre stades. Cinq ou six semaines après la ponte, les chenilles percent un trou de sortie dans les parois du fruit et en émergent pour se laisser choir au sol, suspendues à un fil de soie. Une fois enfouies dans le sol jusqu’à une profondeur de 10 à 20 cm, elles se tissent un cocon de soie entremêlé de grains de sable et de fins débris ligneux, puis entrent en diapause prénymphale. Comme chez la teigne du yucca, les cocons sont habituellement trouvés à l’intérieur d’un rayon de 25 cm autour de la plante hôte (D. Hurlburt, données inédites). Une étude de terrain (D. Hurlburt, données inédites) a confirmé que chez une faible proportion de la population, la diapause prénymphale peut durer jusqu’à trois ans; la durée maximale de cette diapause demeure inconnue. La teigne se transforme en chrysalide après la levée de cette diapause. Les adultes émergent après le début de la période de floraison du yucca glauque, quelques semaines plus tard.

Figure 5. Chenille de deuxième stade du Tegeticula corruptrix dans une graine de yucca glauque (Yucca glauca) (Onefour, Alberta; août 2003).(Photo : D. Hurlburt)

Chez une espèce apparentée, le Prodoxus y-inversus, la diapause peut se prolonger sur une très longue période (jusqu’à 30 ans, Powell, 2001). Rien n’indique que la diapause peut être aussi prolongée chez la teigne du yucca et la teigne tricheuse du yucca. Dans l’étude de Powell, les conditions d’élevage optimales auxquelles les chenilles du Prodoxus ont été exposées en laboratoire et l’absence de prédateurs pourraient avoir contribué à prolonger artificiellement la durée de la diapause chez le P. y-inversus (J. Addicott, comm. pers., d’après une conversation d’Addicott avec Powell). Le prolongement de la diapause chez une fraction de la population est considéré comme une stratégie qui permet à une partie des effectifs d’émerger durant des années où les conditions abiotiques ou biotiques (p. ex. floraison de la plante hôte) sont optimales et d’ainsi assurer la persistance de la population (Wagner et Powell, 1988). Comme seulement 5 % des effectifs du T. yuccasella ont survécu à une diapause de deux ans à Onefour et qu’une partie des effectifs survivants meure au moment de l’émergence (COSEPAC, 2002), on voit difficilement comment les quelques individus des populations septentrionales de T. corruptrix qui subissent une diapause prolongée pourraient assurer la persistance de la population.

Herbivores/prédateurs

Les herbivores et les prédateurs du yucca glauque, les ongulés sauvages, représentent une menace aussi importante à la survie de la teigne tricheuse du yucca qu’à celle de la teigne du yucca (COSEPAC, 2002). Le broutage des fleurs et des fruits par le cerf-mulet (Odocoileus hermionus) et l’antilope d’Amérique (Antilocarpa americana) peut réduire considérablement le taux de nouaison chez le yucca glauque (Hurlburt, 2004). Cette consommation réduit le nombre de sites de ponte disponibles et entraîne la mort des chenilles présentes dans les fruits broutés (Hurlburt, données inédites).

Dispersion

En comparaison d’autres espèces de papillons nocturnes, la teigne tricheuse du yucca a une piètre capacité de vol et ne se déplace généralement pas directement d’un plant de yucca à l’autre. Sa plus grande taille lui confère peut-être un léger avantage par rapport aux autres espèces, mais le fait que les plants et les populations isolés de yucca ne sont généralement pas infestés donne à croire que la teigne tricheuse ne parvient pas à atteindre les nouveaux sites ou est incapable de détecter la présence des plants de yucca à distance. La dispersion du T. corruptrix à des populations de yucca jusque-là non infestées n’a jamais été documentée. Il convient cependant de noter que très peu de populations de yucca font l’objet d’un suivi à long terme. Des cas de dispersion facilitée par des fronts orageux sont connus chez d’autres insectes, mais le phénomène n’a jamais été documenté chez quelque espèce de teigne du yucca que ce soit. En conséquence, l’éventualité d’une dispersion naturelle de teignes tricheuses entre les populations de Pinhorn et de Onefour semble peu plausible, et un renforcement de ces populations par des immigrants venus du Montana, où les populations de yucca les plus proches se trouvent à 200 km, apparaît encore plus improbable. Il est par contre possible que des chenilles puissent être transportées d’un endroit à l’autre à l’intérieur de fruits de yucca, ou dans le sol, sous forme de chenilles en diapause prénymphale (p. ex. en cas de transplantation d’un plant de yucca). Malgré l’absence de preuves indiquant que les Premières nations aient fait usage du yucca au Canada, on croit que les Pieds-Noirs pourraient avoir contribué de cette façon à la dispersion de graines de yucca et, par conséquent, de teignes.

Relations interspécifiques

Le T. corruptrix est un prédateur des graines de plusieurs espèces de yuccas, dont les Yucca baccata, Y. kanabensis, Y. torreyi (Y. treculeana), Y. schidigera, Y. glauca, Y. baileyi et Y. elata (James, 1998; Pellmyr, 1999). Au Canada, cette teigne n’attaque que le Y. glauca, notre seule espèce indigène.

La survie de la teigne tricheuse du yucca dépend du mutualisme entre le yucca et la teigne du yucca. Comme l’espèce pond ses œufs et se nourrit uniquement dans les fruits de yucca à l’état larvaire, l’interaction bénéfique entre le yucca et son pollinisateur doit s’exercer pour que la teigne tricheuse puisse se reproduire.

Tirant profit du mutualisme qui existe entre la teigne du yucca et les yuccas, les chenilles du T. corruptrix peuvent réduire dans une proportion pouvant atteindre 30 % le taux de nouaison en s’alimentant à l’intérieur des fruits (James, 1998). Aux États-Unis, les chenilles de la teigne du yucca limitent la survie des chenilles du T. corruptrix sur le Y. kanabensis en leur livrant une concurrence pour les graines. Le fait qu’elles soient plus grosses (stade du développement plus avancé) contribuerait à amplifier leur impact sur la teigne tricheuse (James, 1998). Il a été démontré que les plants de yucca isolés dans le temps et l’espace d’autres plants en fleur sont moins infestés par la teigne tricheuse (Hurlburt, données inédites).

Dans le cadre d’expériences préliminaires, D. Hurlburt (données inédites) a évalué l’impact du T. corruptrix sur le yucca glauque et la teigne du yucca, en posant comme hypothèse de départ que les populations de la teigne du yucca dans les régions se trouvant à la limite nord de l’aire de l’espèce ne sont pas assez denses pour limiter la survie de la teigne tricheuse, permettant ainsi une exploitation plus intense de la plante par la teigne tricheuse. Toutefois, chez les plants de yucca infestés par le T. corruptrix, la proportion de graines non viables par fruit était à peine plus élevée et le nombre de graines viables consommées, à peine plus faible que chez les plants non infestés. La présence de la teigne tricheuse n’a eu aucun effet sur le nombre de chenilles de la teigne du yucca par fruit. Les mécanismes permettant aux populations septentrionales de la teigne tricheuse d’atteindre de fortes densités demeurent méconnus.

Adaptabilité

On ignore dans quelle mesure le T. corruptrix peut s’adapter à des conditions changeantes, mais la question mérite d’être étudiée. La teigne du yucca et le yucca glauque présentent tous deux des adaptations uniques qui semblent accroître leur survie à la limite nord de leur aire de répartition (Hurlburt, 2004). Même si l’abondance des populations de la teigne du yucca est plus faible et plus variable à la limite nord de l’espèce qu’ailleurs, les taux de reproduction du yucca glauque et de la teigne du yucca s’y comparent à ceux des populations plus méridionales. En Alberta et au Montana, la période de floraison du yucca glauque est plus longue, et la teigne du yucca y présente une période de vol plus longue et des systèmes de reproduction et de ponte uniques. Comme la teigne tricheuse du yucca forme des populations abondantes à la limite de son aire en dépit de la variabilité de la pollinisation et de la floraison du yucca glauque, il y a lieu de croire qu’elle présente des adaptations similaires favorisant sa survie.

Taille et tendances des populations
Activités de recherche

Aux fins de l’estimation de l’abondance du T. corruptrix, environ 30 à 200 fruits mûrs de yucca glauque par population par année (tableau 1) ont été disséqués. Les femelles laissent des traces permanentes de leur activité reproductrice durant une saison sous la forme de cicatrices de ponte dans les parois des carpelles des fruits. Le recrutement de nouveaux individus a été estimé par dénombrement des chenilles vivantes dans chaque fruit. Comme elle nécessite une dissection minutieuse des fruits, cette méthode est destructrice, tant pour les plantes que pour les chenilles. Malheureusement, les adultes sont beaucoup plus difficiles à dénombrer, car ils volent et émergent tard durant la saison et, de ce fait, ne trouvent pas de fleurs de yucca susceptibles de leur servir de cachette durant le jour, contrairement à ceux de la teigne du yucca.

Tableau 1. Fluctuations des taux de survie de la teigne tricheuse du yucca (Tegeticula corruptrix) d’une année et d’un site à l’autre.
Les fruits exempts de pontes et de chenilles ont été pris en compte dans le calcul des indices d’abondance et de densité et des nombres de pontes et de chenilles par fruit. Le taux d’infestation des fruits correspond au pourcentage de jeunes fruits qui ont reçu des œufs. Le taux de survie correspond à la proportion d’œufs qui ont éclos et de larves qui ont survécu jusqu’au quatrième stade.
Site Année Pontes /
fruit
Chenilles /
fruit
Proportion
de fruits
infestés
Taux de survie Source
Onefour, Alb. 1999 5,400+1,443 1,560+0,451 --- 0,289 Hurlburt, données inédites
2000 7,846+5,329 0,692+0,328 0,385 0,088 Hurlburt, données inédites
2001 2,350+1,091 0,100+0,069 0,100 0,042 Hurlburt, données inédites
2002 3,648+5,376 0,110+0,379 --- 0,030 Hurlburt, données inédites
2002 13,939+0,875 3,636+0,254 --- 0,261 Snell, 2004
2003 1,000+0,235 0,033+0,033 0,500 0,033 Hurlburt et Smith,
données inédites
Fort Belknap, MT 2001 15,211+22,233 0,947+1,810 --- 0,062 Hurlburt, données inédites
2002 17,726+23,004 4,569+6,061 --- 0,258 Hurlburt, données inédites
2003 4,467+0,0899 0,200+0,088 0,733 0,045 Hurlburt et Smith,
données inédites
Loma, MT 1999 2,789+1,502 1,053+0,492 0,211 0,378 Hurlburt, données inédites
2000 28,00+24,458 0,273+0,467 --- 0,010 Hurlburt, données inédites
2001 1,200+2,397 0,050+0,224 --- 0,042 Hurlburt, données inédites
2002 14,167+14,049 0,500+1,225 --- 0,035 Hurlburt, données inédites
2002 0,534+0,206 0,125+0,084 --- 0,234 Snell, 2004
Decision Pt, MT 2002 8,933+12,753 0,067+0,258 --- 0,008 Hurlburt, données inédites
Ft Benton, MT 2000 0,384+0,768 0,231+0,599 --- 0,602 Hurlburt, données inédites
2001 4,250+7,615 0,300+0,657 --- 0,071 Hurlburt, données inédites
2002 0,171+1,014 0,000+0,000 0,000 0,000 Hurlburt, données inédites
2003 8,182+2,064 0,227+0,066 --- 0,028 Snell, 2004
Ft Benton 2, MT 2000 1,5 à 9 --- --- --- Perry, 2001
Cascade, MT 2000 0 à 6 (zéros)
14 à 22 (pas de zéros)
--- --- --- Perry, 2001
Judith River, MT 2001 2,790+6,197 0,000+0,000 0,000 0,000 Hurlburt, données inédites
2002 0,113+0,375 0,000+0,000 0,000 0,000 Hurlburt, données inédites
Highwood Mtn, MT 2002 0,627+1,165 0,030+0,244 --- 0,048 Hurlburt, données inédites
Wolf Creek, MT 1999 7,278+4,281 0,556+0,856 1,000 0,076 Hurlburt, données inédites
2001 5,962+11,643 0,269+0,667 1,000 0,045 Hurlburt, données inédites
2002 0,556+1,653 0,056+0,236 --- 0,101 Hurlburt, données inédites
Roundup, MT 2001 0,500+1,689 0,056+0,234 --- 0,112 Hurlburt, données inédites
2002 0,900+2,183 0,000+0,000 0,000 0,000 Hurlburt, données inédites
Billings, MT 2002 3,925+5,203 0,170+0,427 --- 0,043 Hurlburt, données inédites
2003 3,368+1,051 0,316+0,188 0,684 0,094 Hurlburt et Smith,
données inédites
Little Big Horn, MT 2001 3,250+5,437 0,000+0,000 0,000 0,000 Hurlburt, données inédites
2002 0,213+0,650 0,000+0,000 0,000 0,000 Hurlburt, données inédites
Kanab 1 – Yellowjacket, UT 1995 0 à 55 6,62+0,65
(pas de zéros)
0,907 --- James, 1998
Kanab 2 – Old 89, UT 1996 0 à 32 5,12+0,35
(pas de zéros)
0,550 --- James,1998
Abondance

L’abondance de la teigne tricheuse du yucca a été estimée d’après le nombre de cicatrices de ponte par fruit et de chenilles par fruit disséqué (tableau 1). Chez la population de la rivière Lost, à Onefour, les nombres de cicatrices de ponte et de chenilles enregistrés sur une période de 5 ans étaient comparables aux valeurs observées chez d’autres populations (Montana et Utah) par D. Hurlburt et mentionnées dans la littérature spécialisée (tableau 1). Toutefois, le faible nombre de données pour les populations comprises dans les portions centrale et méridionale de l’aire de l’espèce ne permet pas d’évaluer l’état global des populations canadiennes. La comparaison des données est également limitée par le fait que les méthodes employées au Utah pour la collecte de données (voir James, 1998) différaient de celles utilisées dans la portion nord de l’aire de l’espèce.

Fluctuations et tendances

En l’absence de données à plus long terme, on ne sait pas si la population de teigne tricheuse du yucca à Onefour est en déclin, stable ou en hausse. Les effectifs de la teigne tricheuse fluctuent considérablement d’une année à l’autre, le nombre de cicatrices de ponte par fleur et le nombre de chenilles par fruit oscillant entre 1 et 14 et 0,03 et 1,60, respectivement, sur une période de 5 ans (de 1999 à 2003). Durant cette même période, les taux d’infestation des fruits ont varié entre 10 et 50 %, et les taux de survie larvaire, entre 0 et 60 % (tableau 1).

Le nombre de populations de T. corruptrix semble toutefois en déclin. Compte tenu du faible pouvoir de dispersion de la teigne tricheuse du yucca et de l’absence de preuves indiquant que l’espèce colonise des peuplements isolés de yucca aux États-Unis, où le yucca glauque et la teigne tricheuse sont tous deux beaucoup plus communs, il paraît raisonnable de supposer que les individus observés dans la réserve de pâturage Pinhorn ne sont ni des individus errants ni des individus issus d’une nouvelle population, mais plutôt les derniers représentants d’une population jadis plus abondante. Cette hypothèse est renforcée par le fait que les effectifs de la teigne du yucca (sans laquelle le T. corruptrix ne peut survivre) ont décliné à la réserve de pâturage de Pinhorn (COSEPAC, 2002). La teigne tricheuse du yucca semble disparue de la réserve Pinhorn. Si c’est le cas, c’est une des deux seules populations connues au Canada qui a disparu. La population de la teigne tricheuse du yucca, comme celle de la teigne du yucca (COSEPAC, 2002), semble avoir souffert des épisodes répétés d’herbivorie par le cerf-mulet dans la réserve. La survie de la teigne tricheuse dépend entièrement du lien de mutualisme entre le yucca glauque et la teigne du yucca et du succès de reproduction de ces deux espèces. En conséquence, les facteurs qui influent sur la survie de l’une ou l’autre de ces deux espèces ont automatiquement une incidence sur celle du T. corruptrix.

Effet d’une immigration de source externe

La teigne tricheuse du yucca est présente au Canada, aux États-Unis et vraisemblablement au Mexique. Comme elle n’a été décrite officiellement que tout récemment, les limites précises de son aire de répartition à l’échelle du continent nord-américain demeurent à préciser. Elle ne bénéficie nulle part d’une protection légale, et les informations relatives à sa répartition font défaut dans la plupart des régions. L’étude la plus approfondie concernant la teigne tricheuse a été réalisée par D. Hurlburt, dans les portions les plus septentrionales de l’aire de répartition de l’espèce. Cette étude a révélé que l’abondance et la densité des populations du Montana étaient comparables à celles des populations canadiennes (tableau 1).

Environ 200 km séparent les populations canadiennes de yucca glauque des populations américaines connues les plus proches, situées le long du Missouri, au Montana. Les populations canadiennes sont isolées des populations américaines par la distance et de vastes étendues d’habitat inhospitalier. L’immigration à partir de populations situées plus au sud est très improbable et, dans le meilleur des cas, extrêmement rare.

Facteurs limitatifs et menaces

Au Canada, les populations de la teigne tricheuse du yucca sont limitées naturellement par la répartition restreinte du yucca glauque, qui se trouve à la limite nord de son aire. Le yucca glauque, la teigne du yucca et, selon toute évidence, la teigne tricheuse du yucca sont physiologiquement limités par la température et se rencontrent principalement sur des pentes de coulée exposées au sud au Canada. En outre, la survie et le succès de reproduction du T. corruptrix dépendent du maintien du lien de mutualisme entre le yucca glauque et la teigne du yucca. La teigne tricheuse du yucca pond ses œufs dans les jeunes fruits de sa plante hôte. Ces fruits sont cependant présents seulement si la teigne du yucca parvient à polliniser les fleurs et si les plants de yucca conservent les fleurs fécondées. En raison de l’étroitesse de cette relation, la teigne tricheuse du yucca est menacée par les mêmes facteurs que le yucca glauque et la teigne du yucca (COSEPAC, 2000, 2002).

La principale menace pour la teigne tricheuse du yucca provient de l’ampleur des dommages infligés au yucca glauque par les ongulés herbivores sauvages. En dévorant les hampes florales, les fleurs et les fruits, l’antilope d’Amérique et le cerf-mulet réduisent considérablement le recrutement chez le yucca glauque, la teigne du yucca et la teigne tricheuse du yucca. Les herbivores réduisent la production de fruits et, en conséquence, de graines. En outre, tous les œufs des teignes présents dans les fleurs ou les fruits qui sont consommés sont détruits. Les populations septentrionales du yucca glauque sont particulièrement vulnérables aux herbivores parce qu’elles connaissent souvent des épisodes de faible floraison et fructification*(causés par la réduction des effectifs de la teigne du yucca); durant ces périodes, la réduction de la disponibilité de nourriture**incite les herbivores à dévorer toutes les inflorescences disponibles (Hurlburt, 2004). Des épisodes répétés d’herbivorie sont probablement à l’origine de la quasi-disparition de la teigne du yucca dans la réserve de Pinhorn (COSEPAC, 2002) et de l’extrême rareté de la teigne tricheuse du yucca au même endroit. La population du T. corruptrix à la réserve de Pinhorn ne semble pas viable et est en voie de disparition.

Dans de nombreuses régions comprises dans l’aire de répartition du yucca glauque aux États-Unis, les plants de yucca sont délibérément détruits avec de la machinerie agricole au moment des labours. Une injection d’herbicide est nécessaire pour éliminer les plants qui résistent à ce traitement, car les pulvérisations aériennes ne sont pas efficaces. Au Canada, le yucca glauque pousse surtout sur des pentes abruptes impropres à une exploitation agricole. Toutefois, au Canada, tous les plants de yucca poussent dans des régions agricoles et peuvent être menacés d’autres façons. Des traitements ponctuels contre les chardons ont été observés à proximité des deux populations de yucca glauque.

Le yucca glauque résiste assez bien aux herbicides, mais la teigne tricheuse et la teigne du yucca sont par contre très vulnérables aux insecticides. Le risque d’éradication dû aux insecticides est par conséquent élevé. Des applications aériennes d’insecticides à plus grande échelle pourraient se révéler nécessaires en cas d’éclosion du virus du Nil occidental ou de pullulation de criquets.

À l’heure actuelle, le bétail a peu d’impact sur les populations de yucca glauque au Canada, parce qu’il ne peut se nourrir facilement sur les pentes de coulée abruptes où pousse le yucca. Dans le sud-ouest des États-Unis, par contre, la situation est tout à fait différente (COSEPAC, 2002), et le yucca est même exploité comme plante fourragère au Nouveau-Mexique.

De nombreux jardins contiennent des plants de yucca glauque issus de populations sauvages. Cette activité a pour l’instant un impact négligeable sur les populations du yucca glauque et de la teigne du yucca. Toutefois, la récolte à plus grande échelle de graines à des fins de production de matériel de pépinière demeure une menace importante, d’autant que les graines des populations albertaines semblent susciter un certain intérêt depuis cinq ans. En outre, le yucca glauque a de nombreuses propriétés médicinales, tandis que les yuccas en général entrent dans la fabrication de divers produits à base d’« herbages » (COSEPAC, 2000). Bien que cela ne soit pas actuellement un problème au Canada, les fleurs de yucca sont utilisées dans plusieurs régions du sud-ouest des États-Unis pour la fabrication de produits de beauté (J. Addicott, comm. pers.).

La circulation automobile représente également une menace pour le yucca glauque et les teignes qui lui sont associées au Canada. Chaque année, de nombreux visiteurs viennent admirer les yuccas à Onefour, et il leur arrive souvent de stationner leur véhicule parmi les yuccas qui poussent sur les plateaux. Les éleveurs utilisent fréquemment des camions pour rassembler leur bétail, sans se soucier des yuccas qu’ils rencontrent sur leur chemin. Des véhicules écrasant des plants de yucca glauque ont été observés à de nombreuses occasions à Pinhorn et à Onefour, en particulier là où les plantes poussent en terrain plus plat et plus accessible. Cette activité entraîne non seulement la destruction des plants, mais elle endommage aussi les fragiles croûtes cryptogamiques qui contribuent à freiner l’érosion du sol.


*Les épisodes de faible floraison et fructification certaines années sont principalement dus au mode de reproduction asexuée du yucca glauque. Chaque rosette d’un clone ne fleurit qu’une fois avant de mourir. Si la floraison est abondante, un plus grand nombre de rosettes fleurissent, réduisant d’autant le nombre de rosettes qui pourront fleurir l’année suivante. Ces fluctuations déterminent un cycle de floraison (non lié à la température, aux précipitations, etc.). Curieusement, les fluctuations des taux d’émergence de la teigne du yucca ne correspondent pas au cycle de floraison du yucca glauque. Le yucca est une plante de désert, et sa floraison n’est pas entravée par la sécheresse. En réalité, le yucca glauque reçoit plus de pluie en Alberta que partout ailleurs à l’échelle de son aire.

**Le yucca est une plante juteuse toujours appréciée des herbivores, parce qu’elle constitue un repas rapide et facile comparativement aux autres plantes disponibles, et les petits groupes de fleurs représentent un mets de choix en tout temps. L’impact des herbivores est cependant plus élevé durant les périodes de sécheresse, en particulier si la population est au creux de son cycle de floraison. La sécheresse a donc un effet sur le comportement du cerf-mulet, mais pas sur la floraison du yucca.

Importance de l'espèce

Le T. corruptrix est important à titre de membre d’un complexe d’espèces qui ont besoin du yucca glauque comme source de nourriture et refuge. Au Canada, trois espèces de teignes associées au yucca (T. yuccasella, T. corruptrix et P. quinquepunctellus) dépendent obligatoirement du yucca glauque pour leur survie et leur reproduction. Plusieurs autres espèces de teigne et un hespérie ont été mentionnées une fois seulement au Canada, chaque fois à l’intérieur de la population de yucca glauque de Onefour (Tuttle, 2005; Norbert Kondla, comm. pers.). D’autres espèces rares, dont l’iguane à petites cornes, y sont aussi fréquemment observées.

Les populations canadiennes du T. corruptrix font partie d’un groupe d’organismes qui sont présents naturellement à la limite nord de leur aire de répartition respective dans le sud-est de l’Alberta. Bon nombre de ces populations étaient probablement confinées aux régions plus chaudes au moment du retrait des glaces après l’hypsithermal. Si leur habitat n’est pas détruit, certaines de ces espèces devraient connaître du succès sous les conditions qui prévalent à la limite nord de leur aire de répartition (Hurlburt, 2004) et conserver une plus grande diversité génétique que leurs homologues vivant plus au sud.

Protection actuelle ou autres désignations de statut

La teigne tricheuse du yucca ne bénéficie d’aucune protection et n’est pas considérée comme une espèce en péril nulle part à l’échelle de son aire, peut-être parce qu’elle n’a été décrite que tout récemment. Toutefois, au Canada, elle dépend obligatoirement du yucca glauque pour déposer ses œufs et se nourrir et, parce que sa survie est liée à la disponibilité des fruits de sa plante hôte, de la teigne du yucca, seul pollinisateur du yucca glauque. Le COSEPAC a désigné le yucca glauque « espèce menacée », et la teigne du yucca, « espèce en voie de disparition ». Parce que les deux espèces sont inscrites à l’annexe I de la Loi sur les espèces en péril du gouvernement fédéral, toutes les dispositions de la Loi s’appliquent et les actions de rétablissement pour la teigne du yucca et le yucca glauque seront bénéfiques pour la teigne tricheuse du yucca également. Le yucca glauque et la teigne du yucca figurent sur la liste des « espèces en voie de disparition » de la province de l’Alberta.

Résumé technique

Tegeticula corruptrix
Teigne tricheuse du yucca Non-pollinating Yucca Moth
Répartition au Canada : Alberta

Information sur la répartition

· Superficie de la zone d’occurrence (km²) < 400 km²
[Renseignement obtenu du rapport de situation du COSEPAC sur la teigne du yucca (T. yuccasella) – ce renseignement est identique pour les deux espèces et la superficie a été calculée comme étant le territoire total qui se trouve entre les deux emplacements connus pour le yucca glauque (Yucca glauca) qui soutient les teignes tricheuses du yucca.]
· Préciser la tendance (en déclin, stable, en expansion, inconnue). En déclin?
· Y a-t-il des fluctuations extrêmes dans la zone d’occurrence (ordre de grandeur > 1)? Non
· Superficie de la zone d’occupation (km²) < 1 km²
[Renseignement obtenu du rapport de situation du COSEPAC sur la teigne du yucca (T. yuccasella) – ce renseignement est identique pour les deux espèces et la superficie a été calculée comme étant le territoire total occupé par les deux populations de yucca glauque (Yucca glauca) de Pinhorn et de Onefour, c’est-à-dire à Pinhorn (450 m x 50 m) + à Onefour (2 000 m x 50 m)]
· Préciser la tendance (en déclin, stable, en expansion, inconnue). En déclin?
· Y a-t-il des fluctuations extrêmes dans la zone d’occupation (ordre de grandeur > 1)? Non
· Nombre d’emplacements actuels connus ou inférés 2
· Préciser la tendance du nombre d’emplacements (en déclin, stable, en croissance, inconnue) En déclin de 2 à 1
· Y a-t-il des fluctuations extrêmes du nombre d’emplacements (ordre de grandeur > 1)? Non
· Tendance de l’habitat : préciser la tendance de l’aire, de l’étendue ou de la qualité de l’habitat (en déclin, stable, en croissance ou inconnue). Stable

Information sur la population

· Durée d’une génération (âge moyen des parents dans la population : indiquer en années, en mois, en jours, etc.). Évaluée de 1 à 4 ans
· Nombre d’individus matures (reproducteurs) au Canada (ou préciser une gamme de valeurs plausibles). Inconnu
· Tendance de la population quant au nombre d’individus matures en déclin, stable, en croissance ou inconnue. Inconnu
· S’il y a déclin, % du déclin au cours des dernières/prochaines dix années ou trois générations, selon la plus élevée des deux valeurs (ou préciser s’il s’agit d’une période plus courte). s.o.
· Y a-t-il des fluctuations extrêmes du nombre d’individus matures (ordre de grandeur > 1)? Oui
· La population totale est-elle très fragmentée (la plupart des individus se trouvent dans de petites populations, relativement isolées [géographiquement ou autrement] entre lesquelles il y a peu d’échanges, c.-à-d. migration réussie de ≤ individu/année)? Oui
· Préciser la tendance du nombre de populations (en déclin, stable, en croissance, inconnue). En déclin?
· Y a-t-il des fluctuations extrêmes du nombre de populations (ordre de grandeur >1)? Non
· Population de la rivière Lost, Onefour (Alberta)
· Population de la rivière Milk, Réserve de pâturage de Pinhorn (Alberta)

Menaces (réelles ou imminentes pour les populations ou les habitats)

Menaces réelles :
herbivorie par le cerf-mulet et l’antilope d’Amérique
circulation de véhicules tout-terrains
Menaces éventuelles :
activités agricoles – application d’herbicides et d’insecticides, pâturage
utilisation à des fins horticoles et médicinales

Effet d’une immigration de source externe

· Statut ou situation des populations de l’extérieur?Pas d’évaluation États-Unis :formelle sous aucune forme, mais les populations des États-Unis semblent résistantes
· Une immigration a-t-elle été constatée ou est-elle possible? Inconnue; considérée comme extrêmement rare dans les populations isolées
· Des individus immigrants seraient-ils adaptés pour survivre au Canada? Oui, si en provenance des populations septentrionales du Montana et du Dakota du Nord.
· Y a-t-il suffisamment d’habitats disponibles au Canada pour les individus? Seulement à l’intérieur des populations naturelles connues de la teigne du yucca
· L’effet d’une immigration de source externe est-elle possible? Non, pas par des processus naturels, car la population de teigne du yucca la plus près se trouve à 200 km du Montana

Analyse quantitative Données insuffisantes

Statut existant
COSEPAC : En voie de disparition (Avril 2006)

Statut et justification de la désignation

Statut : En voie de disparition
Code alphanumérique : B1ac(iv)+2ac(iv)
Justification de la désignation : On ne retrouve qu’une seule population viable de cette teigne très spécialisée au Canada, dans une très petite zone limitée, isolée de l’aire principale de l’espèce aux États-Unis. Une deuxième population isolée est sur le point de disparaître ou est déjà disparue. La teigne est entièrement dépendante de la relation mutualiste obligatoire entre sa plante hôte (le yucca glauque), laquelle est « menacée », et le pollinisateur de celle-ci (la teigne du yucca), qui est « en voie de disparition ». L’espèce est menacée par le haut taux d’herbivorie des ongulés sauvages, lequel, au cours de certaines années, réduit considérablement le recrutement de la teigne, de sa plante hôte et du pollinisateur de celle-ci. L’espèce est également menacée par les véhicules tout-terrains qui détruisent la plante hôte.

Applicabilité des critères

Critère A (Population globale en déclin) : Pourrait s’appliquer si l’on accepte le fait que la réduction de deux à un site représente un déclin de 50 % de la population. On se demande toutefois s’il y a effectivement eu deux populations (ou seulement des individus égarés à Pinhorn), le délai à l’intérieur duquel le déclin de la prétendue population s’est produit est inconnu, et la taille initiale de la population en voie de disparition ou disparue est également inconnue.
Critère B (Petite aire de répartition, et déclin ou fluctuation) :
La zone d’occurrence est de moins de 5 000 km2 (moins de 400 km2) – B1
La zone d’occupation est de moins de 500 km2 (moins de 1 km2) – B2
La population est sévèrement fragmentée (si la présence d’une population à Pinhorn est reconnue) et on sait qu’elle existe dans moins de 5 (1 ou 2) emplacements – (a)
S’il l’on accepte le fait qu’il y ait une population réelle à Pinhorn, l’espèce connaît un déclin continuel dans cette zone d’occurrence – (b)(ii) et dans le nombre d’emplacements et de populations (de 2 à 1) – (b)(iv) elle connaît aussi des fluctuations extrêmes dans le nombre d’individus matures fondées sur le pâturage des capitules floraux par les ongulés – (c)(iv).
Critère C (Petite population globale et déclin) : Sans objet
Critère D (Très petite population ou aire de répartition limitée) : Correspond au critère de la catégorie « menacée », D2. La population a une zone d’occupation (moins de 1 km2) et un nombre d’emplacements (1 ou 2) très restreints
Critère E (Analyse quantitative) : Sans objet, aucune donnée.

Remerciements

Donna Hurlburt remercie de leur aide durant la collecte de données les membres du personnel de la Sous-station de recherches de Onefour, ainsi que John Addicott, John Dormaar, Tannis Piotrowski, Tara MacDonald, Jeff Heinlen, Ashton Bromley, Carley Walker, Amanda Walker, Erin Smith, Jill Fleicher, Rebecca Snell, Kristen Foreman, Jennifer Perry et Jackie Bochek. Le soutien financier et logistique requis pour la collecte de données lui a été accordé ainsi qu’à son directeur de thèse de doctorat, John Addicott (actuellement affilié à la University of Calgary), par le Conseil national de recherches en sciences naturelles et en génie, Shell Canada, la University of Alberta, Agriculture et Agroalimentaire Canada, le Centre d’information sur le patrimoine naturel de l’Alberta, le Fonds de rétablissement des espèces en péril, le Challenge Grant in Biodiversity, l’Alberta Sports Recreation Parks and Wildlife Development Initiative Program Grant et la Grant Eligible Fund of Alberta Conservation Association.

Theresa Fowler et plusieurs membres du Sous-comité de spécialistes des arthropodes ont fait des commentaires judicieux concernant la version préliminaire du rapport, et Mme Fowler a coordonné la préparation et la présentation du rapport.

La rédaction du présent rapport a été financée par le Service canadien de la faune, Environnement Canada.

Experts contactés

Addicott, J.F. Professeur,Department of Biological Sciences, 2500 University Dr. N.W., University of Calgary, Calgary (Alberta) T2N 1N4.

Achuff, P. Botaniste national, direction de l’intégrité écologique, Parcs Canada.

Brink, J. Archaeology Curator, Provincial Museum of Alberta, 12845-102 Avenue, Edmonton (Alberta) T5N 0M6.

Court, G. Provincial Wildlife Status Biologist, Fish and Wildlife Division, SRD 2nd Floor, Great West Life Building, 9920-108 St., Edmonton (Alberta) T5K 2M4.

Gould, J. Botaniste, Alberta Natural Heritage Information Centre, Alberta Community Development, 2nd Floor, Oxbridge Place 9820 – 106 Street, Edmonton (Alberta) T5K 2J6.

Goulet, G. Chargée de projet scientifique et coordonnatrice, Connaissances traditionnelles autochtones, Secrétariat du COSEPAC, Service canadien de la faune, Environnement Canada, Ottawa (Ontario) KIA 0H3.

Nicholson, J. Non-Game Biologist, Alberta Fish and Wildlife, Southeast Region, Medicine Hat Office, room 301, Provincial Building, 346 – 3rd St. S.E. Medicine Hat (Alberta) T1A 0G7.

Pellmyr, O. Professeur, Dept of Biological Sciences, University of Idaho, P.O. Box 443051 Moscow (Idaho) 83844-3051, ÉTATS-UNIS.

Rintoul, J. Section Head and Information Coordinator, Alberta Natural Heritage Information Centre Heritage Protection and Recreation Management Branch Parks and Protected Areas Division, Alberta Community Development 2nd Floor, Oxbridge Place 9820 – 106 Street, Edmonton (Alberta) T5K 2J6.

Sources d'information

ANHIC. 2004. Dry Mixed Grass Subregion, Alberta Natural Heritage Information Centre. URL: http://www.cd.gov.ab.ca/preserving/parks/anhic/drymixedgrass.asp
(dernière mise à jour: le 22 septembre 2004).

COSEPAC. 2000. Évaluation et Rapport de situation du COSEPAC sur le yucca glauque (Yucca glauca) au Canada – Mise à jour, Comité sur la situation des espèces en péril au Canada, Ottawa, vi + 12 p.

COSEPAC. 2002. Évaluation et Rapport de situation du COSEPAC sur la teigne du yucca (Tegeticula yuccasella) au Canada – Mise à jour, Comité sur la situation des espèces en péril au Canada, Ottawa, vi + 24 p.

Csotonyi, J.T., et D. Hurlburt. 2000. Rapport de situation du COSEPAC sur le yucca glauque (Yucca glauca) au Canada – Mise à jour, Comité sur la situation des espèces en péril au Canada, Ottawa, 12 p.

Crabb, B.A., et O. Pellmyr. 2004. Defection by plants in the yucca- yucca moth association: a test of the cheater plant hypothesis for Yucca treculeana, Oikos 107:321-328.

Engelmann, G. 1872a. The flower of Yucca and its fertilization, Bulletin of the Torrey Botanical Club 3(7):33.

Engelmann, G. 1872b. Note, Bulletin of the Torrey Botanical Club 3(8):37.

Fairbarns, M. 1985. Rapport de situation du COSEPAC sur le yucca glauque (Yucca glauca) au Canada, Comité sur le statut des espèces menacées de disparition au Canada, Ottawa, 16 p.

Hurlburt, D.D. 2004. Persistence of the moth-yucca mutualism at the northern edge of range, thèse de doctorat, University of Alberta, Edmonton (Alberta), 178 p.

James, M.L. 1998. Limits on the exploitation of the Yucca-Yucca moth mutualism, thèse de maîtrise ès sciences, University of Alberta, Edmonton (Alberta), 107 p.

Milner, B.J. 1977. Habitat of Yucca glauca in southern Alberta, thèse de maîtrise ès sciences, University of Alberta, 72 p.

Pellmyr, O. 1999. Systematic revision of the yucca moths in the Tegeticula yuccasella complex (Lepidoptera: Prodoxidae) north of Mexico, Systematic Entomology 24:243-271.

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Tuttle, J.P. (éd.). 2005. Season Summary, News of The Lepidopterists' Society 47(S1):17.

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Wilson, R.D., et J.F. Addicott. 1998. Regulation of mutualism between yuccas and yucca moths: Is oviposition behaviour responsive to selective abscission of flowers? Oikos 81:109-118.

Sommaire biographique de la rédactrice du rapport

Donna Hurlburt a obtenu en 2004 son diplôme d’études de troisième cycle en biologie de l’environnement et en écologie de la University of Alberta, à Edmonton (Alberta). Sa thèse portait sur la persistance du mutualisme entre le yucca glauque et la teigne du yucca à la limite nord de leur aire de répartition, en Alberta et au Montana. Dans le cadre de ce projet de recherche, elle a recueilli des données détaillées sur la répartition et la démographie du yucca glauque (Yucca glauca) et la communauté de papillons nocturnes qui en dépendent au Canada, dont le Tegeticula yuccasella et le T. corruptrix. Tirant profit de ces informations, Donna Hurlburt a rédigé plusieurs rapports de situation concernant des espèces considérées comme en péril aux échelles provinciale et fédérale et agi à titre de conseillère scientifique pour l’équipe de rétablissement du yucca glauque et de la teigne du yucca. Les travaux actuels de Donna Hurlburt portent sur plusieurs autres populations d’espèces qui sont considérées comme en péril en Nouvelle-Écosse (p. ex. tortue mouchetée et couleuvre mince) et s’y trouvent à la limite nord de leur aire de répartition.

Collections examinées

Les collections suivantes ont été l’objet d’une inspection visant à déterminer si elles contenaient des spécimens de Tegeticula corruptrix. Ces recherches se sont révélées vaines.

Collection Bowman, University of Alberta, CW405 Biological Sciences Building, University of Alberta, Edmonton (Alberta) T6G 2E9.

Musée canadien de la nature, C.P. 3443, Station D, Ottawa (Ontario) K1P 6P4.

Invertebrate Zoology Collection, The Provincial Museum of Alberta. 12845 – 102 Avenue, Edmonton (Alberta) T5N 0M6, CANADA.

Annexes
Sommaire des données se rattachant aux spécimens canadiens de Tegeticula corruptrix.
Pays Province Localité Date Nombre Collectionneur Collection
Canada Alberta Vallée de la rivière Lost, I km au nord de la frontière du Montana 28-06-2001 2 Pohl, Macaulay et Machney NFRC
Canada Alberta Onefour 09-07-1950 1 A. Hewitt AGRL
Canada Alberta Onefour 09-07-1950 1 K. Bowman UASM

NFRC – Station de recherche du Centre de foresterie du Nord
AGRL – Collection du laboratoire de recherche d’Agriculture et Agroalimentaire Canada
UASM – University of Alberta Strickland Museum

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