Lamproie du Nord (Ichthyomyzon fossor) évaluation et rapport de situation du COSEPAC : chapitre 5

Habitat

Besoins en matière d’habitat

Les eaux au débit rapide et aux substrats rocheux ou de gravier constituent les lieux de frai préférés de la lamproie du Nord. Elle a besoin d’une petite quantité de sable sans alluvion ou d’une certaine quantité d’autres matières fines auxquelles les œufs peuvent adhérer, d’un courant unidirectionnel et de températures de l’eau propices (Manion et Hanson, 1980). Des nids ont été trouvés dans des interstices sous de grosses pierres (d’un diamètre de 18 à 36 cm) (Lanteigne, 1991), généralement dans des lits de gravier juste au-dessus de rapides (Hankinson, 1932). Les larves de lamproies du Nord sont habituellement présentes dans des aires sédimentaires aux substrats meubles d’alluvion et de sable.

La lamproie du Nord est présente dans des cours d’eau de tailles variées, puisque des auteurs ont affirmé l’avoir trouvée dans de petites rivières (Vladykov, 1949), dans des cours d’eau de taille petite à moyenne (Scott et Crossman, 1973), et dans des cours d’eau de taille moyenne à grande (Morman, 1979). Selon Becker (1983), l’espèce est généralement présente dans des cours d’eau plus grands que ceux fréquentés par la lamproie de l’Est et dans des cours d’eau plus petits que ceux fréquentés par la lamproie argentée parasite. Becker (1983) a signalé que la largeur et la profondeur moyennes des cours d’eau occupés par la lamproie du Nord s’établissaient à 19 m et à 0,7 m, respectivement. Schuldt et Goold (1980) ont observé le plus fréquemment la lamproie du Nord dans des cours d’eau ayant un débit estival de 0,3 à 28,3 mètres cubes par seconde (m³/s). Des données récentes sur les cours d’eau canadiens montrent une vaste gamme de débits estivaux moyens des réseaux fluviaux où réside la lamproie du Nord : de 0,17 à 70,99 m³/s, la moyenne s’établissant à 12,2 m³/s (CCLM, données inédites). L’alcalinité moyenne des cours d’eau était de 91,55 mg/l CaCO3, la fourchette allant de 5,86 à 221,00 mg/l CaCO3 (CCLM, données inédites).

Il n’y pas d’information sur les préférences de la lamproie du Nord relativement au pH, à la salinité ou à la dureté. Dans le cadre d’études sur d’autres espèces de lamproies, Potter et al. (1986) ont observé que les matières organiques, la chlorophylle-a, les racines de macrophytes et l’ombre à faible angle constituent d’importantes caractéristiques de l’habitat pour les larves de lamproie Geotria australis. Beamish et Jebbink (1994) ont découvert que les petites larves d’Ichthyomyzon gagei préféraient les habitats ayant un pourcentage plus élevé de sable fin que les larves plus grandes. Beamish et Lowartz (1996) ont constaté que les densités de larves de lamproie de l’Est étaient corrélées à la quantité de sable et de matières organiques dans le substrat des cours d’eau.

Tendances en matière d’habitat

Au Canada, la lamproie du Nord est présente dans de nombreuses zones ayant subi une déforestation extensive en raison de l’exploitation forestière et de l’agriculture. Toutefois, aucune étude n’a été menée sur les changements diachroniques de l’habitat des lamproies.

Protection et propriété

Au Canada, toutes les eaux de propriété publique et les habitats de poissons connexes sont protégés en vertu de la Loi sur les pêches. Des lois provinciales protègent également l’habitat de l’espèce (p. ex. le Règlement sur les habitats fauniques du Québec). La lamproie du Nord est aussi présente dans quelques réserves autochtones situées à l’intérieur de son aire de répartition : Garden River  14, Pays Platt nº 51, Lake Helen nº 53A, Fort William nº 52, Chippewas de Georgina Island, cimetière des Chippewas de Nawash 1 et 2, Rankin Location nº 15D, Red Rock nº 53, Saugeen nº 29 et Walpole Island nº 46. Une recherche documentaire a été réalisée sur les connaissances traditionnelles autochtones concernant cette espèce, mais elle n’a pas permis d’obtenir de nouvelles données sur la lamproie du Nord.

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