Lamproie du Nord (Ichthyomyzon fossor) évaluation et rapport de situation du COSEPAC : chapitre 8

Facteurs limitatifs et menaces

L’espèce est affectée par l’épandage de lampricides que mènent actuellement les agents canadiens et américains du programme de gestion de la lamproie marine dans le bassin des Grands Lacs. Ces applications réduisent les populations de lamproies marines; cependant, d’autres espèces de lamproies sont vulnérables aux produits chimiques utilisés (King et Gabel, 1985). Des populations de lamproies indigènes de certains cours d’eau qui ont été infestés de lamproies marines et par la suite traités aux lampricides ont subi d’importants déclins ou sont disparues du pays. Les lamproies du Nord larvaires sont 25 p. 100 moins sensibles aux lampricides que les larves de lamproies marines, mais cette différence est insuffisante pour permettre la lutte contre la lamproie marine sans nuire aux lamproies indigènes (King et Gabel, 1985). Les barrières à la migration des lamproies marines offrent un certain refuge en amont des cours d’eau, qui abritent souvent des lamproies du Nord, car ces tronçons ne sont pas exposés aux traitements aux produits chimiques. Il est possible que les barrières constituent également une menace envers ces lamproies, en limitant le flux génétique potentiel (Schreiber et Engelhorn, 1998). Toutefois, cette menace est peut-être moindre en raison de la migration restreinte de la lamproie du Nord.

On soupçonne que les niveaux d’eau fluctuants causent la mort d’ammocètes, car les faibles niveaux d’eau exposent leurs terriers (Bailey, 1959), et les inondations entraînent des mouvements excessifs (Potter, 1980b). Renaud et al. (1995) ont également mentionné la pollution (en particulier, un herbicide appelé « atrazine ») comme facteur probable de mort d’ammocètes. Au Québec, dans la rivière Yamaska qui a déjà abrité une densité élevée de lamproies du Nord (Vladykov, 1952), il a été observé, 40 ans plus tard, qu’il n’y avait pas d’ammocète de quelque espèce que ce soit (Renaud et al. 1995). Renaud et al. (1995) ont supposé que ce produit chimique réduisait les niveaux de phytoplancton et, par conséquent, limitait l’accès des ammocètes à la nourriture.

On pense que l’élimination de la végétation riveraine contribue également au déclin des lamproies (Fortin et al., 2005). Cette tendance, qui accompagne souvent l’aménagement agricole et suburbain, accroît la charge sédimentaire dans un cours d’eau et diminue l’ombre et la filtration naturelle de l’engrais et des pesticides. L’ampleur de toutes les menaces mentionnées ci-dessus n’a pas été quantifiée.

L’introduction de la lamproie de l’Est dans les cours d’eau le long de la rive nord du lac Supérieur (D. Cuddy, obs. pers.) pourrait également représenter une menace pour la lamproie du Nord dans cette région. La lamproie de l’Est et la lamproie du Nord cohabitent rarement (Becker, 1983); cette introduction et l’élargissement subséquent de l’aire de répartition de l’espèce pourraient entraîner une concurrence au détriment de la lamproie du Nord, qui est moins fréquente. Cependant, il n’y a pas de donnée sur la disparition du pays de la lamproie du Nord attribuable à l’introduction d’autres espèces de lamproies.

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