Onagre à fruits tordus (Camissonia contorta) évaluation et rapport de situation du COSEPAC : chapitre 5

Habitat

Besoins en matière d’habitat

Le Camissonia contorta est un spécialiste des habitats arides, ouverts et sableux dans l’ensemble de son aire de répartition. On la trouve dans des zones ouvertes, des terres herbeuses, du chaparral et des terrains boisés au faible couvert végétal. Dans la région du Pacifique Nord-Ouest, l’espèce est confinée aux faibles élévations, mais en Californie, on la trouve jusqu’à 2 300 m d’altitude (Peck, 1941; Hitchcock et Cronquist, 1961; Raven, 1969; Atkinson et Sharpe, 1993; Wagner, 1993).

Au Canada, le Camissonia contorta a des besoins encore plus spécialisés en matière d’habitat. L’espèce est confinée à des platiers de sable et à des dunes semi-stables à moins de 15 m au-dessus du niveau de la mer. On la trouve sur cinq terrains plats près de Victoria (populations 1, 2, 5, 6 et 7) et sur des plans inclinés pouvant atteindre 50 p. 100 et exposés au sud sur Savary Island (populations 3 et 4). Les sept populations existantes occupent des sites xériques et qui s’assèchent rapidement, dont le sol contient du sable exposé et peu ou pas de matière organique ou de roche en surface. Les sites ont un couvert d’arbres et d’arbustes presque inexistant; seul le genêt à balais (Cytisus scoparius) pousse parfois à proximité et fait de l’ombrage sur les sites durant une partie de la journée. Le Camissonia contorta tend à occuper des sites peu végétalisés et est absent des zones présentant un important couvert de graminées et d’herbacées non graminoïdes. Il est rare ou inexistant dans les tapis uniformes de mousses comme le Racomitrium canescens, le Tortula princeps et le Polytrichum piliferum, qui poussent souvent en périphérie des populations. L’espèce tolère de faibles niveaux d’érosion et de dépôt et pourrait avoir besoin de ces perturbations pour prendre le dessus sur ses compétiteurs. On ne la trouve pas dans les parties les plus actives des dunes de sable ou d’autres endroits où le sable est dépourvu de végétation.

Ce type d’habitat est hautement fragmenté à l’intérieur de la zone d’occurrence de l’espèce au Canada. Cette fragmentation est fondamentalement due à la distribution naturelle des dépôts de sable sur la côte, mais elle a été accentuée par les aménagements résidentiels et touristiques dans bon nombre de fragments autrefois convenables pour l’espèce. Les enregistrements actuels et historiques indiquent que le Camissonia contorta est naturellement rare et n’occupe que de petites parcelles même dans les fragments d’habitat potentiel.

Tendances en matière d’habitat

On ne dispose d’aucune information quantitative sur le déclin global, en qualité et en étendue, des milieux dunaires et de plages sablonneuses dans le sud-est de l’île de Vancouver et les îles Gulf voisines. Bon nombre de signalements anecdotiques et qualitatifs font état d’une tendance assez grave à la détérioration de l’habitat (voir la section Facteurs limitatifs et menaces).

Chez la population de Saanich C, on trouve des parcelles dispersées deCamissonia contorta dans des fragments d’habitat intact situés sur des allées de golf récemment aménagées qui font partie d’un projet d’agrandissement du parcours de 40 000 . Le terrain de ces allées aménagées a été considérablement altéré, et il semble que la population qui s’y trouve soit un vestige d’une population autrefois contiguë et beaucoup plus abondante. Une zone adjacente de 140 000 m² d’ancienne plaine de sable a été transformée en allées gazonnées il y a plus de dix ans. Le Camissonia contorta occupait probablement la majeure partie de cette zone aussi. Il semble donc que l’habitat convenable à l’espèce chez la population de Saanich C ait subi un déclin de plus de 75 p. 100 au cours des dernières décennies.

Protection et propriété

Les populations 1 et 2 se trouvent dans les parcs administrés par Capital Regional District Parks. L’habitat est protégé par des règlements contenus dans le plan général d’administration de tous les parcs relevant de cette administration (Capital Regional District Parks, 2000). Dans les faits, les deux populations occupent un habitat qui reçoit une circulation piétonnière de moyenne à élevée des visiteurs des parcs. Des sentiers rustiques, qui ont été tracés à proximité de la population 2, canalisent la circulation piétonnière qui pourrait autrement nuire à la population. Capital Regional District Parks a manifesté un intérêt dans l’élaboration et la mise en œuvre de mesures de protection des deux populations.

Les populations 3 et 4 se trouvent dans un droit de passage appartenant au Ministry of Transportation de la Colombie-Britannique. Ce ministère n’a pas élaboré de législation ou de règlements concernant les espèces en péril ou leur habitat (Greg Czernick, comm. pers., 2004). La province de la Colombie-Britannique n’a aucune législation protégeant l’habitat du Camissonia contorta sur les terres provinciales.

Les populations 5 et 6 se trouvent sur des terres privées à vocation récréative. La majeure partie, voire la totalité, de la population 6 se trouve sur des allées en aménagement d’un projet de terrain de golf.

La population 7 se trouve dans la réserve du parc national des îles Gulf et est protégée par la loi fédérale, mais la population est menacée par des arbustes envahissants et, dans une moindre mesure, par les activités des visiteurs.

La population disparue se trouvait dans un parc municipal à Cordova Spit. Ce parc, accessible par bateau ou par les terres d’une réserve indienne, ne fait l’objet d’aucune gestion ou presque de la part de la municipalité. Il n’y a actuellement aucun plan de gestion pour ce site, ni pour les parcs de Central Saanich en général. Les lignes directrices de gestion sont plutôt contenues dans le plan officiel de la collectivité (Official Community Plan; Hope Burns, comm. pers., 2004). Cet énoncé de politique privilégie la conservation des processus naturels d’érosion et de dépôt qui entretiennent le milieu dunaire. Il encourage également la conservation des écosystèmes et des espèces rares, menacées ou en péril. Il n’indique toutefois pas à quelle valeur du patrimoine naturel ou à quelle espèce rare la priorité devrait être accordée en cas de divergence d’intérêts sur l’utilisation des terres.

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