Onagre à fruits tordus (Camissonia contorta) évaluation et rapport de situation du COSEPAC : chapitre 6

Biologie

Peu de publications ont décrit la biologie du Camissonia contorta, mis à part l’étude taxinomique du genre par Raven (1969). L’information qui suit, à moins d’indication contraire, est fondée sur des observations de terrain non publiées et des expériences en culture menées par Matt Fairbarns.

Cycle vital et reproduction

Le Camissonia contorta est une plante annuelle éphémère. Dans les populations sauvages, la germination commence en mars ou en avril et semble prendre fin en mai. Les expériences en culture ont démontré que les graines de l’année peuvent germer au milieu de l’été si elles sont suffisamment arrosées. Malgré des relevés fréquents en 2003 et en 2004, aucune jeune pousse n’a été observée sur le terrain après mai dans les populations 1 et 2.

La floraison commence en avril et culmine en juin. Raven (1969) affirme que le Camissonia contorta est autogame, mais n’apporte aucune preuve à l’appui. Le Camissonia contorta est une plante annuelle polyploïde portant de petites fleurs peu visibles; ce type de plante a une tendance à l’autogamie. Par ailleurs, ses fleurs sont parfaites, et leur stigmate a une assez grande surface, des caractéristiques souvent associées au croisement hétérogène. Dans l’un des sites étudiés, un petit coléoptère au corps maculé de pollen a été observé sur la surface du stigmate d’un C. contorta, ce qui suggère que le croisement hétérogène est possible. En fait, presque toutes les angiospermes, y compris un grand nombre considérées comme autogames, sont capables d’hétérogamie, ne serait-ce que dans une faible mesure. À la lumière de ce qui précède, ou pourrait conclure que la plupart des fleurs du Camissonia contorta sont probablement autopollinisées, mais que la pollinisation hétérogame n’est pas rare.

La dispersion des graines commence au début mai, et la plupart des plants ont perdu leurs graines à la fin juillet. Toutes les populations canadiennes ont une fécondité analogue. Les plants tendent à produire entre 3 et 10 capsules, bien que certains plants reproducteurs puissent produire une seule capsule ou jusqu’à 17 capsules. La plupart des capsules matures renferment de 10 à 20 graines.

Le Camissonia contorta, en tant qu’espèce à racine pivotante et annuelle éphémère, est incapable de se reproduire de façon végétative ou asexuée.

Les plants continuent de croître jusqu’à ce qu’ils succombent à la sécheresse d’été. La mortalité survient généralement en juin ou en juillet, mais des pluies d’été peuvent déclencher un nouveau cycle de croissance végétative, de floraison et de fructification. Les années où les conditions sont favorables, une petite proportion des plants peuvent continuer de fleurir jusqu’en octobre; les basses températures semblent alors stopper leur croissance.

Herbivores

On ne dispose d’aucune information sur l’herbivorie des jeunes pousses. Une légère herbivorie du feuillage a été observée sur des plants matures, apparemment due à des herbivores non indigènes. Ces observations sont discutées dans la section Facteurs limitatifs et menaces.

Physiologie

Le Camissonia contorta survit à la sécheresse d’été et au froid d’hiver au stade de graine.

Déplacements et dispersion

Les graines du Camissonia contorta semblent dépourvues de toute forme d’adaptation qui faciliterait leur dispersion sur de longues distances. Les observations de fruits déhiscents suggèrent que la plupart d’entre elles demeurent dans les environs immédiats (moins de 20 cm) du plant parent. L’espèce demeure au même endroit d’année en année plutôt que de former des populations sources ou des métapopulations. Les graines peuvent être transportées dans le sable lors de vents violents, ce qui peut parfois disperser les graines sur plusieurs mètres. Les courtes distances de dispersion des graines et une forte tendance à l’autogamie éliminent pratiquement toute possibilité d’une immigration de source externe, même sur les courtes distances qui séparent les populations.

Relations interspécifiques

Aucune relation interspécifique connue n’augmente le risque de disparition du Camissonia contorta du Canada.

Adaptabilité

Le Camissonia contorta est mal adapté aux sables non stabilisés : les plants sont de courte taille et peuvent être rapidement engloutis par le sable. Ses petites graines n’ont pas d’abondantes réserves d’endosperme (obs. pers.) et ont donc peu de chances de germer si elles sont recouvertes de plus de quelques millimètres de sable. Ces mêmes limites augmentent la vulnérabilité de l’espèce aux perturbations humaines qui déplacent le sable. Des expériences de propagation (obs. pers.) ont révélé qu’une grande proportion des graines germent facilement, mais que le taux de mortalité des jeunes pousses est élevé. Aucune tentative de transplantation n’a été effectuée. La dépendance de l’espèce à une racine pivotante profonde, sa nature annuelle et ses besoins spécialisés en matière d’habitat suggèrent qu’une transplantation à partir de cultures horticoles n’aurait aucune chance de réussite.

Détails de la page

Date de modification :