Bartramie à feuilles dressées (Bartramia stricta bridel) programme de rétablissement : annexe 1

Annexe 1 : Programme de rétablissement de la bartramie à feuilles dressées (Bartramia stricta Bridel) en Colombie-Britannique

Fourni par le gouvernement de la colombie-britannique

Équipe de rétablissement des bryophytes de Colombie-Britannique et Équipe de rétablissement des écosystèmes du chêne de Garry. 2007. Programme de rétablissement de la bartramie à feuilles dressées (Bartramia stricta Bridel) en Colombie-Britannique. Préparé pour le ministère de l’Environnement de la Colombie-Britannique, Victoria (Colombie-Britannique). 20 pages.

Programme de rétablissement de la bartramie à feuilles dressées (Bartramia stricta Bridel) en Colombie-Britannique


© C. Engelstoft

Bartramie à feuilles dressées, avec sporophytes, sur une paroi rocheuse

Préparé par l’Équipe de rétablissement des bryophytes de Colombie-Britannique et l'Équipe de rétablissement des écosystèmes du chêne de Garry.

Le ministère de l’Environnement de la Colombie-Britannique

Juin 2007

Les programmes de rétablissement de la Colombie-Britannique – Quelques mots sur la collection

Cette collection renferme une série de programmes de rétablissement rédigés à titre de documents consultatifs pour le compte du gouvernement de la Colombie-Britannique, afin de proposer l’approche stratégique générale à adopter pour le rétablissement des espèces en péril. Le gouvernement provincial prépare des programmes de rétablissement pour faire honneur à l’engagement qu’il a contracté en vertu de l’Accord pour la protection des espèces en péril au Canada et de l’Accord Canada – Colombie-Britannique sur les espèces en péril.

Qu’est-ce que le rétablissement?

Le rétablissement des espèces en péril englobe l’ensemble des mesures prises pour arrêter ou inverser le déclin d’une espèce en voie de disparition, menacée ou disparue du pays et pour atténuer ou supprimer les menaces auxquelles elle est exposée, de manière à améliorer ses chances de survie dans la nature.

Qu’est-ce qu’un programme de rétablissement?

Le programme de rétablissement réunit les dernières connaissances scientifiques dons nous disposons sur les mesures à prendre pour rétablir une espèce ou un écosystème. Ce document expose ce que nous savons et ce que nous ignorons au sujet de l’espèce ou de l’écosystème, de même que les facteurs qui représentent des menaces et les mesures à prendre pour en atténuer les effets. Le programme de rétablissement établit des buts et des objectifs pour le rétablissement et recommande les approches à adopter pour les atteindre.

Les programmes de rétablissement sont généralement rédigés par une équipe de rétablissement composée de membres des organismes responsables de la gestion de l’espèce ou de l’écosystème, d’experts d’autres organismes, d’universités, de groupes de conservation, de groupes autochtones et de groupes d’intervenants, selon le cas.

Prochaines étapes

Dans la plupart des cas, on procède à l’élaboration d’un ou de plusieurs plans d’action pour préciser et orienter la mise en œuvre du programme de rétablissement. Les plans d’action renferment des renseignements plus détaillés sur les mesures à prendre pour atteindre les objectifs du programme de rétablissement. Cependant, les programmes de rétablissement fournissent de l’information précieuse sur les menaces et les mesures concourant au rétablissement. Cette information peut servir aux particuliers, aux collectivités, aux propriétaires fonciers et aux protecteurs de l’environnement qui s’intéressent au rétablissement des espèces en péril.

Pour en savoir davantage

Pour en savoir davantage sur le rétablissement des espèces en péril en Colombie-Britannique, prière de consulter le site Web Ministry of Environment Recovery Planning (en anglais seulement).

Programme de rétablissement de la bartramie à feuilles dressées (Bartramia stricta Bridel) en Colombie-Britannique

Préparé par l’Équipe de rétablissement des bryophytes de Colombie-Britannique et l’Équipe de rétablissement des écosystèmes du chêne de Garry

Juin 2007

Citation recommandée

Équipe de rétablissement des bryophytes de Colombie-Britannique et Équipe de rétablissement des écosystèmes du chêne de Garry. 2007. Programme de rétablissement de la bartramie à feuilles dressées (Bartramia stricta Bridel) en Colombie-Britannique. Préparé pour le compte du B.C. Ministry of Environment, Victoria (Colombie-Britannique), 22 p.

Photographie de la couverture

Christian Engelstoft

Exemplaires additionnels

Des exemplaires additionnels peuvent être téléchargés à partir du site Web B.C. Ministry of Environment Recovery Planning (en anglais seulement).

Renseignements sur la publication

Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives Canada
Équipe de rétablissement des bryophytes de Colombie-Britannique.

Programme de rétablissement de la bartramie à feuilles dressées (Bartramia stricta Bridel) en Colombie-Britannique [document électronique]

Également disponible sur Internet.
ISBN 978-0-7726-5836-4

1. Mousses – Colombie-Britannique. 2. Mousses rares – Colombie-Britannique. 3. Plantes en voie de disparition – Colombie-Britannique. 4. Conservation des plantes – Colombie-Britannique. 5. Rétablissement des espèces sauvages – Colombie-Britannique. 6. Gestion des espèces sauvages – Colombie-Britannique. I. Colombie-Britannique, ministère de l’Environnement. II. Titre.

QK541.7.B74 B74 2007 588/.209711 C2007-960184-7

Le contenu du présent document (sauf les illustrations) peut être utilisé sans permission, à condition que la source en soit adéquatement mentionnée.

Avertissement

Préparé par l’Équipe de rétablissement des bryophytes de Colombie-Britannique et l’Équipe de rétablissement des écosystèmes du chêne de Garry, le présent programme de rétablissement se veut un outil consultatif à l’intention des compétences responsables et des organismes qui participent au rétablissement de l’espèce. Le Ministry of Environment de la Colombie-Britannique l’a accepté dans le cadre des responsabilités qui lui incombent en vertu de l’Accord pour la protection des espèces en péril au Canada et de l’Accord Canada – Colombie-Britannique sur les espèces en péril.

Ce document présente les programmes de rétablissement qui sont jugés nécessaires pour rétablir des populations de bartramie à feuilles dressées dans la province, à la lumière des dernières données scientifiques et des connaissances traditionnelles dont nous disposons. Les mesures de rétablissement à adopter pour atteindre les buts et les objectifs exposés dans le programme sont assujetties aux priorités et aux contraintes budgétaires des organismes participants. Ces buts, objectifs et approches pourraient être modifiés de manière à tenir compte de nouveaux objectifs et de nouvelles conclusions.

Les compétences responsables et tous les membres de l’équipe de rétablissement ont eu l’occasion d’examiner ce document. Malgré tout, le contenu ne reflète pas nécessairement la position officielle des organismes concernés ou les opinions personnelles de tous les particuliers qui siègent à l’équipe de rétablissement.

Le rétablissement de cette espèce dépend de l’engagement et de la coopération d’un grand nombre d’intervenants qui participent à la mise en œuvre des orientations exposées dans le présent programme. Le Ministry of Environment encourage toute la population de la Colombie-Britannique à participer au rétablissement de la bartramie à feuilles dressées.

Table des matières

Membres de l’équipe de rétablissement

Équipe de rétablissement des bryophytes de Colombie-Britannique

Ted Lea (président), écologiste spécialiste de la végétation, Ecosystems Branch, B.C. Ministry of Environment, Victoria (Colombie-Britannique)

Brenda Costanzo, biologiste des espèces végétales en péril, Ecosystems Branch, B.C. Ministry of Environment, Victoria (Colombie-Britannique)

Karen Golinski, Ph. D., experte-conseil indépendante

Terry McIntosh, Ph. D., botaniste, Biospherics Environmental Inc., Vancouver (Colombie-Britannique)

Mike Ryan, B.C. Ministry of Forests and Range, Kamloops (Colombie-Britannique)

Wilf Schofield, professeur émérite, UBC Department of Botany, Vancouver (Colombie-Britannique)


Auteur

Terry McIntosh


Compétences responsables

Le British Columbia Ministry of Environment est chargé de produire un programme de rétablissement pour la bartramie à feuilles dressées en vertu de l’Accord pour la protection des espèces en péril au Canada. L’Agence Parcs Canada et le Service canadien de la faune d’Environnement Canada ont participé aux travaux d’élaboration.


Remerciements

Le présent document a été rédigé par Terry McIntosh au nom de l’Équipe de rétablissement des bryophytes de Colombie-Britannique. Les fonds nécessaires ont été fournis par le Habitat Conservation Trust Fund et la B.C. Conservation Foundation.


Résumé

La bartramie à feuilles dressées (Bartramia stricta) est une petite mousse de couleur vert-brunâtre qui pousse en petites touffes ou colonies. Elle est présente en Amérique du Nord, en Europe, en Asie, en Afrique et en Australie. Rare en Amérique du Nord, elle se rencontre en Californie, au Nouveau-Mexique, au Texas et en Colombie-Britannique.

En Colombie-Britannique, cette mousse pousse sur la colline Nanoose, près de Nanaimo, ainsi qu’à l’île Lasqueti et dans deux localités situées au sud-ouest de Victoria. Il se peut qu’elle ait disparu d’une station découverte plus tôt près de la baie Pedder (Victoria). Les chercheurs présentent de l’information sur les populations de la colline Nanoose et de la colline Mary, mais ils n’ont aucune donnée sur celles de la baie Pedder et de l’île Lasqueti.

Les populations canadiennes de l’espèce occupent probablement moins de 0,01 % de l’aire de répartition mondiale et représentent sans doute un pourcentage équivalent de l’effectif total. On sait encore peu de choses sur les caractéristiques biologiques qui pourraient influer sur le rétablissement du Bartramia stricta. L’espèce produit des spores fréquemment et peut se reproduire par fragmentation végétative. Il s’agit d’une mousse des climats tempérés qui ne pousse que sous des climats relativement chauds à étés secs. Cependant, il existe peu de détails sur les attributs de son habitat dans son aire de répartition mondiale. Parmi les divers microhabitats où le Bartramia stricta a été recensé, citons les parois rocheuses verticales, l’humus, la litière fine, la roche située au pied des affleurements rocheux ainsi que les crevasses et les petites corniches.

Plusieurs menaces pèsent sur l’espèce, notamment la disparition ou la dégradation de l’habitat par suite de la destruction ou de la dégradation de vastes chênaies de Garry dans les dernières années. L’absence de milieu propice dans ces écosystèmes restreint l’aire de répartition de l’espèce et menace d’autant plus sa survie. Il convient également de mentionner la propagation d’autres végétaux qui empiètent sur l’habitat du Bartramia stricta, phénomène attribuable en partie à la suppression des incendies. Les espèces envahissantes privent la bartramie à feuilles dressées de lumière et finissent par la supplanter.

L’habitat convenant à l’espèce est généralement formé de parois, de crevasses et corniches d’affleurements rocheux ainsi que de minces couches de terre exposée, à la base d’affleurements rocheux, à l’intérieur de chênaies de Garry ou d’écosystèmes semblables. La disparition et la dégradation des milieux propices, le piétinement et l’empiètement d’autres espèces de plantes contribuent tous à la destruction de l’habitat essentiel. Il faut entreprendre des études écologiques et des inventaires.

Le rétablissement de la bartramie à feuilles dressées est réalisable, et le degré de viabilité des populations est considéré comme moyen. Le programme de rétablissement a pour but principal de protéger les populations actuelles de bartramie à feuilles dressées et de maintenir l’effectif à son niveau actuel. Pour ce faire, il faudra atteindre les objectifs suivants : assurer la protection des populations actuelles et déterminer la gravité des menaces réelles et possibles. Voici les approches générales à adopter pour le rétablissement : protéger les populations actuelles, étudier les menaces possibles pour l’habitat, faire des recherches sur les populations connues et leur habitat et, enfin, mettre sur pied un programme de surveillance des menaces connues, des menaces possibles et des paramètres démographiques. Les incidences socioéconomiques de la mise en œuvre de ce programme sont considérées comme faibles à moyennes.

Il importera également de confirmer ou d’évaluer les mesures de protection en place ainsi que de recueillir de l’information plus détaillée sur les menaces qui guettent l’espèce, surtout les plantes envahissantes. En outre, il faudra recueillir des données supplémentaires pour décrire en détail les attributs de l’habitat essentiel possible. Il est recommandé de procéder à une étude rigoureuse des chênaies de Garry et des parois rocheuses exposées qui bordent la côte sud-ouest de la Colombie-Britannique. Les mesures présentées dans le présent document ne devraient pas avoir d’incidence sur d’autres espèces ou sur les processus écologiques. Le présent programme de rétablissement gagnerait à être intégré aux efforts déployés dans la région pour conserver les écosystèmes du chêne de Garry.

Pour que l’espèce en péril puisse être adéquatement protégée, il faudra amener les intervenants à adopter des pratiques d’intendance sous divers régimes fonciers.


Contexte

Évaluation de l’espèce par le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC)

Nom scientifique : Bartramia stricta
Nom commun : Bartramie à feuilles dressées
Statut attribué : Espèce en voie de disparition
Dernier examen : Mai 2000 (classement à une catégorie de risque plus élevée)
Présence au Canada : Colombie-Britannique
Critères : B1+2C; D1


Description de l’espèce

La bartramie à feuilles dressées (Bartramia stricta) est une petite mousse de couleur vert-brunâtre, qui prend parfois une teinte grisâtre (glauque). Réunis en petites touffes ou colonies, les tiges font 1 à 3 cm de hauteur et poussent bien droit. La base de chaque tige est habituellement brune et entourée d’un léger duvet. Les feuilles, droites et dressées, sont étalées de façon uniforme lorsqu’elles sont mouillées et appressées contre la tige lorsqu’elles sont sèches.

Chaque plante est pourvue d’organes sexuels mâles et femelles, qui se trouvent sur des tiges distinctes. C’est pour cette raison que la bartramie à feuilles dressées produit souvent des sporophytes et des spores (Belland, 1997). La soie du sporophyte dépasse nettement de la plante et maintient la capsule bien au-dessus de la plante à maturité. La capsule est arrondie et traversée de sillons bien visibles à l’état sec. Le péristome, série d’appendices ressemblant à des dents, entoure l’orifice de la capsule. Selon Belland (1997, voir l’addendum), cette espèce est probablement capable de se reproduire par des moyens végétatifs : les touffes peuvent se fragmenter, et les tiges ainsi détachées peuvent ultérieurement coloniser le substrat exposé.

Cette mousse possède plusieurs caractéristiques qui la distinguent des trois autres espèces de Bartramia recensées dans la province : taille relativement petite, feuilles droites et dressées et base des feuilles non engainante.

La figure 1 illustre les principales caractéristiques de la bartramie à feuilles dressées. Les figures figure2 et figure3 sont des photos de la même touffe qui ont été prises à huit ans d’intervalle. Les sporophytes y sont bien visibles. Pour des illustrations supplémentaires, des clés d’identification et des détails descriptifs sur l’espèce, voir Belland (1997), Lawton (1971) et Griffin (2003).


Figure 1. Principales caractéristiques de la bartramie à feuilles dressées

Botanical drawing of a rigid apple moss.

© P. Eckel
Tirées de Griffin, 2003; reproduction autorisée par l’artiste, P.M. Eckel.


Figure 2. Photo d’une touffe hydratée de bartramie à feuilles dressées arborant de jeunes sporophytes

Bartramie à feuilles dressées, sur une paroi rocheuse.

© M. Ryan
Photo de M. Ryan; tirée de Belland, 1997.


Figure 3. Photo prise en mars 2005 –Touffe sèche de bartramie à feuilles dressées arborant de jeunes sporophytes

Bartramie à feuilles dressées, avec sporophytes, sur une paroi rocheuse.

© Christian Engelstoft
Il s’agit de la même touffe qu’à la figure 2; photo de C. Engelstoft.


Populations et répartition

Le Bartramia stricta a été recensé en Amérique du Nord, en Europe, en Asie occidentale, en Afrique du Nord, en Afrique équatoriale et en Australie. Considéré comme rare en Amérique du Nord, il pousse en Californie, au Nouveau-Mexique, au Texas et en Colombie-Britannique (Griffin, 2003). Au Canada, l’espèce se trouve à la limite nord de son aire de répartition sur le continent nord-américain (figure 4).

Au Canada, la bartramie à feuilles dressées a été relevée dans quatre stations, toutes situées en Colombie-Britannique (figure 5) : sur la colline Nanoose (au nord de Nanaimo), dans l’île Lasqueti (à une vingtaine de kilomètres au nord de la station de la colline Nanoose) et dans deux localités voisines situées au sud-ouest de Victoria. Ces deux dernières stations se trouvent respectivement sur la colline Mary et en bordure de la baie Pedder, où l’espèce avait été découverte pour la première fois par W.B. Schofield en 1974; cependant, la population de la baie Pedder a probablement disparu, peut-être à cause de l’ombre jetée par des plantes vasculaires envahissantes (Belland, 1997). La population de l’île Lasqueti a été découverte en 2002 par K. Sadler (comm. pers., 2004). Dans le cas de la colline Mary, l’emplacement des populations de Bartramia stricta est marqué par des coordonnées UTM précises, alors que, dans le cas de la colline Nanoose, seules des données UTM générales sont disponibles. Les coordonnées UTM des populations de la baie Pedder et de l’île Lasqueti sont inconnues.


Figure 4. Aire de répartition confirmée de la bartramie à feuilles dressées en Amérique du Nord

Carte de l’aire de répartition nord-américaine de la bartramie à feuilles dressées (voir description longue ci-dessous).

© Ministère de l’Environnement de la Colombie-Britannique
D’après Griffin, 2003.

Description pour la figure 4

Carte montrant l'aire de répartition nord américaine de la bartramie à feuilles dressées. L'espèce a été observée dans le centre du Nouveau-Mexique, dans le centre du Texas, dans le sud-ouest de la Colombie-Britannique et dans deux secteurs du nord-ouest de la Californie.

 

Figure 5. Aire de répartition de la bartramie à feuilles dressées en Colombie-Britannique

Carte de l’aire de répartition de la bartramie à feuilles dressées en Colombie-Britannique (voir description longue ci-dessous).

© Ministère de l’Environnement de la Colombie-Britannique
La station de la baie Pedder se trouvait juste à l’ouest de celle de la colline Mary.

Description pour la figure 5

Carte montrant l'aire de répartition de la bartramie à feuilles dressées dans le sud-ouest de la Colombie-Britannique. L'espèce a été observée sur la colline Nanoose, au nord de Nanaimo, à l'île Lasqueti, située à environ 20 km au nord de la colline Nanoose, ainsi que dans deux sites adjacents situés à proximité de la colline Mary, au sud-ouest de Victoria.


Belland (1997) fournit des données démographiques pour les stations de la colline Nanoose et de la colline Mary (deux populations). Sur la colline Nanoose, il a découvert 183 touffes (colonies denses) de Bartramia stricta dont la superficie variait de 0,5 cm2 à 259 cm2. La plupart des touffes poussaient en groupes; seulement trois touffes isolées ont été relevées. Douze groupes ont été découverts, chacun composé de 2 à 33 touffes. Lors d’une récente visite à la station de la colline Nanoose (29 mars 2005), une équipe de chercheurs (W.B. Schofield, T. McIntosh, L. Byrne, W. Miles, A. Robinson, T. Lea et B. Costanzo) a repéré deux endroits où poussait la bartramie à feuilles dressées. La première sous-station, selon les données de localisation générales de R. Belland, était celle qui avait été signalée plus tôt par Belland (1997). Plus de 100 touffes de Bartramia stricta y étaient réunies sur une vaste surface, en trois ou quatre groupes. La touffe la plus imposante faisait environ 20 cm × 10 cm. La plupart des touffes poussaient sur un sol caillouteux au milieu d’une végétation herbacée basse, et seules quelques touffes ont été trouvées sur des affleurements et des corniches. La seconde sous-station, que Belland (1997) n’avait pas signalée, a été découverte plus bas, à environ 60 m de la première. La surface occupée par le Bartramia stricta y était beaucoup plus restreinte (environ 10m2); les chercheurs y ont recensé 25 touffes poussant principalement sur un sol caillouteux.

À la station de la colline Mary, Belland (1997) a relevé quatre groupes de Bartramia stricta. Deux d’entre eux étaient formés d’une seule touffe, un troisième, de cinq touffes, et le dernier, d’environ 25 touffes. La superficie occupée variait de 9 à 70 cm2. Il n’existe aucune donnée démographique pour la station de l’île Lasqueti. Au cours de récentes visites à la station de la colline Mary (effectuées en février 2005 par L. Byrne et le 14 mars 2005 par T. McIntosh, M. Ryan, L. Byrne, W. Miles et A. Robinson), les quatre groupes originaux ont été retrouvés, et 12 nouvelles touffes ont été découvertes : trois dans un des groupes originaux, et les neuf autres, à trois nouveaux endroits (sous-stations). L’une de ces dernières touffes poussait à la limite de la propriété, à proximité de la baie Pedder.

Le tableau 1 présente les données existant sur les populations de bartramie à feuilles dressées de Colombie-Britannique.

Tableau 1 : Données sur les populations de bartramie à feuilles dressées de Colombie-Britannique
Station Nombre de touffes Propriété du terrain
Colline Nanoose 183 (1997)


~160 touffes
~ 25 touffes
Terrain appartenant au ministère de la Défense nationale (MDN)
Colline Mary 1 (+3 nouvelles en 2005)
5
~25
1

6
2
1
Terrain appartenant au MDN
Île Lasqueti Inconnu Inconnue
Baie Pedder Non repérée en 1997; probablement disparue Inconnue

À l’échelle mondiale, la bartramie à feuilles dressées a été classée « en péril à apparemment non en péril » (G2G4), et elle figure sur la liste rouge (S1) de la Colombie-Britannique (B.C. Species and Ecosystem Explorer, 2005). NatureServe Explorer (2004) lui attribue la cote N1N2 (gravement en péril à en péril) aux États-Unis et la cote N1 (gravement en péril) au Canada. L’espèce n’est pas classée dans les États américains où elle a été recensée.

Il n’existe aucune estimation de la répartition et de l’abondance de cette mousse à l’échelle mondiale. Cependant, comme l’espèce est un peu plus répandue dans d’autres régions, les populations trouvées au Canada représentent probablement moins de 0,01 % de l’effectif mondial et occupent sans doute un pourcentage équivalent de l’aire de répartition totale.

Les travaux réalisés sur le terrain en 2005 ne sont pas suffisamment détaillés pour permettre aux chercheurs d’évaluer avec exactitude les tendances qui se dessinent chez les populations au Canada.


Besoins de la bartramie à feuilles dressées

Besoins en matière d’habitat

La bartramie à feuilles dressées est une mousse des climats tempérés qui a besoin d’un climat relativement chaud à étés secs. Les populations de Colombie-Britannique poussent toutes sur des pentes relativement dégagées, sèches et chaudes qui sont exposées au sud et dominées par le chêne de Garry (Quercus garryana), sur des pentes herbeuses dégagées ou dans des milieux semblables (tels que dans l’île Lasqueti). Les stations de la colline Nanoose et de la colline Mary se caractérisent toutes deux par des pentes herbeuses sèches et des affleurements rocheux au milieu d’une forêt clairsemée de chêne de Garry, de douglas vert (Pseudotsuga menziesii) et d’arbousier d’Amérique (Arbutus menziesii).

Belland (1997) fait état du peu d’information détaillée existant sur les caractéristiques typiques de l’habitat du Bartramia stricta dans son aire de répartition mondiale. Les descriptions de l’habitat sont variées : sur de la terre recouvrant des crevasses rocheuses, sur des corniches ou sur une mince couche de terre recouvrant de la roche ou des rochers. Selon le UK Biodiversity Action Plan (2004), les sujets recensés en Grande-Bretagne poussent sur une mince couche de terre, souvent perturbée, qui recouvre des corniches ou des crevasses de roche. L’espèce préfère les lieux ensoleillés et abrités des pentes orientées au sud. La population connue qui subsiste dans ce pays pousse sur des roches basaltiques, mais une touffe a également été relevée sur du calcaire et une autre sur du grès dans le Sussex.

En combinant ses propres notes de terrain et celles de M. Ryan, Belland (1997) présente dans l’addendum du rapport du Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) des données détaillées sur le microhabitat de deux stations connues en Colombie-Britannique. La plupart de ces observations ont été corroborées au cours de visites sur le terrain effectuées en 2005. À la station de la colline Nanoose, près de Nanaimo, la bartramie à feuilles dressées occupe deux microhabitats distincts (Belland, 1997, fournit des photos de ces stations) :

  1. mince couche de terre exposée, avec surface caillouteuse ou surface humifère légèrement perturbée, sur des pentes douces bordant des affleurements rocheux (figure 6); les niches écologiques sont relativement dégagées, bien que des feuilles de graminées pendent souvent au-dessus des touffes; plusieurs espèces de mousses vivent en étroite proximité, notamment le Bryum capillare, le Bryum miniatum, le Ceratodon purpureus, le Didymodon vinealis, l’Entosthodon fascicularis, le Philonotis fontana, le Polytrichum juniperinum, le Racomitrium elongatum, le Timmiella crassinervis et le Weissia controversa. La présence de certaines de ces espèces, dont le Bryum miniatum, l’Entosthodon fascicularis et le Philonotis fontana, témoigne du suintement d’eaux souterraines dans ces stations.
  2. mince couche de terre recouvrant des crevasses ou surface d’un affleurement rocheux où sont couchées des tiges de graminées; la bartramie à feuilles dressées pousse aux côtés de plusieurs autres espèces de mousses, dont le Bryum miniatum, le Ceratodon purpureus, le Polytrichum juniperinum, le Racomitrium elongatum, le Timmiella crassinervis et le Weissia controversa.

Figure 6. Microhabitat de la bartramie à feuilles dressées, sur sol caillouteux, à la station de la baie Nanoose

Sol caillouteux où pousse la bartramie à feuilles dressées

© R.J. Belland
Photo prise par Belland, 1997.

À la station de la colline Mary, près de Victoria, quatre microhabitats distincts ont été recensés :

  1. parois rocheuses verticales,
  2. humus et litière fine à la base d’un affleurement,
  3. roche à la base d’un affleurement,
  4. crevasses et petites corniches d’une paroi rocheuse (figure 7).

Quelques autres espèces sont associées à ces microhabitats, à savoir les mousses Bryum capillare et Racomitrium heterostichum, des lichens, une graminée, le Sedum spathulifolium et le Selaginella wallacei. La plupart des microhabitats étaient légèrement abrités des précipitations directes. Belland (1997) fournit des photos de ces stations et précise que les touffes exposées à la lumière du soleil sont plus petites que celles qui sont protégées.


Figure 7. Bartramie à feuilles dressées (encerclée) poussant dans des crevasses et sur les petites corniches d’une paroi rocheuse, sur la colline Mary; cette station renferme 25 touffes de B. stricta

Petites corniches d’une paroi rocheuse, où pousse la bartramie à feuilles dressées

© M.W. Ryan
Photo prise par M. W. Ryan.


Besoins biologiques, rôle écologique et facteurs limitatifs

Comme dans le cas de la plupart des mousses, nous savons peu de choses sur les caractéristiques biologiques susceptibles d’agir sur les possibilités de rétablissement du Bartramia stricta. Belland (1999) déplore le manque de renseignements publiés sur la biologie et la capacité de reproduction de l’espèce, même si certains herbiers renferment des données d’observation sur le microhabitat et la production de spores des spécimens. Comme chez la plupart des espèces de mousses, le principal moyen de dispersion et de reproduction est sans doute la production de spores. Chaque individu de Bartramia stricta produit à la fois des organes mâles et des organes femelles, ce qui assure le succès de la fertilisation, puis de la production de sporanges et de spores. L’espèce semble d’ailleurs produire régulièrement des spores aux stations de Nanaimo et de la colline Mary (voir les figures figure2 et figure3); cependant, en 2005, seules quelques rares touffes (moins de 5 %) avaient produit des sporophytes, phénomène qui s’explique peut-être en partie par le temps sec que le secteur a connu en automne et en hiver, époque où la fertilisation a probablement lieu. Malgré tout, la majorité des spécimens prélevés depuis 20 ans contenaient des sujets pourvus de sporanges, ce qui indique que les populations se reproduisent presque tous les ans (Belland, 1997). Nous ne disposons d’aucune donnée sur la distance de dispersion, la viabilité ou le succès de germination des spores, si ce n’est que, dans ce type d’habitat, les spores des mousses sont le plus souvent dispersées par le vent (Belland, 1997).

Belland (1997) précise qu’il n’existe aucune donnée témoignant d’un mode de reproduction asexuée par production de propagules spécialisées ou par fragmentation, et l’absence d’un tel mode de reproduction limiterait la capacité de dispersion. Toutefois, à l’addendum du Rapport de situation, il indique : « La fragmentation des touffes semblait se produire fréquemment, et, à moins qu’une litière abondante ne soit présente, les fragments (comprenant quelques tiges) semblaient finir par s’établir à la base des parois rocheuses ou sur les parois elles-mêmes, où elles formaient de nouvelles touffes. » Par conséquent, il semble que cette espèce soit capable de reproduction asexuée, du moins sur de courtes distances. Cette hypothèse a récemment été confirmée au cours d’une visite sur le terrain aux stations de la colline Nanoose et de la colline Mary, où des fragments de Bartramia stricta avaient réussi à coloniser le sol voisin des affleurements, au pied de touffes poussant sur la paroi rocheuse. Malgré tout, il se peut que ce mode de reproduction végétative ne soit pas typique de l’espèce et qu’il reflète plutôt une tendance écologique inhabituelle qui s’exprime à la limite septentrionale de son aire de répartition (W. B. Schofield, comm. pers., 2005).

La taille de cette mousse peut également influer sur son potentiel de rétablissement. L’espèce étant relativement petite, elle n’a pas nécessairement la capacité compétitive des mousses qui la côtoient, et, parce qu’elle a peut-être besoin d’espaces relativement dégagés pour survivre, elle pourrait facilement être supplantée par ses rivales si le microhabitat était modifié.


Menaces

Disparition et dégradation de l’habitat convenable

En Colombie-Britannique, la bartramie à feuilles dressées a besoin d’affleurements rocheux relativement dégagés entourés d’un sol caillouteux et, dans certains cas, d’un milieu périodiquement humide dans des régions chaudes à étés secs, principalement à l’intérieur ou à proximité de peuplements de chênes de Garry. Ce type d’écosystème ne se rencontre que dans des secteurs relativement restreints du sud-ouest de la Colombie-Britannique, région qui, en raison de la douceur de son climat, subit une forte urbanisation et se prête à une agriculture intensive depuis plus d’un siècle. Les grandes chênaies de Garry ont disparu (Lea, 2002), et les peuplements qui subsistent sont en grande partie menacés par l’aménagement. Dans bien des cas, les chênaies qui se trouvent à proximité de zones aménagées ont été altérées par l’activité humaine (activités récréatives, entretien des propriétés, débroussaillage, etc.). Il se peut que certaines populations de bartramie à feuilles dressées et certains milieux propices à leur croissance aient disparu ou soient menacés par ces activités. L’absence de milieux propices restreint l’aire de répartition possible du Bartramia stricta et menace la survie de l’espèce (Belland, 1997). Selon Belland (1997), les pentes rocheuses, principal habitat de la bartramie à feuilles dressées, sont exposées à de moins grands risques que d’autres types de milieux dominés par le chêne de Garry; malgré tout, elles sont de plus en plus menacées par l’aménagement, soit parce que les espaces dégagés sont très prisés, soit parce que les terrains adjacents ont déjà été aménagés. Moins de 5 % des milieux dominés par le chêne de Garry sont intacts, ce qui en fait l’une des communautés naturelles les plus menacées du pays (Fuchs, 2001; Lea, 2002).

Les deux stations découvertes sur des terrains du ministère de la Défense nationale (colline Mary et colline Nanoose) semblent être protégées pour l’instant (Belland, 1997; A. Robinson, comm. pers., 2005).

Nous ne disposons d’aucune information détaillée sur les menaces auxquelles la population de l’île Lasqueti pourrait être exposée.

Empiètement d’autres espèces

À la dégradation de l’habitat vient s’ajouter une autre menace, celle de l’envahissement des milieux dégagés par des plantes vasculaires indigènes ou introduites. Jadis, les incendies naturels et les feux allumés par les Premières nations étaient relativement courants partout dans les écosystèmes du chêne de Garry (Hebda et Aitkens, 1993; Turner, 1999; Fuchs, 2001). De nos jours, en partie à cause de la suppression des incendies, les plantes vasculaires empiètent de plus en plus sur ces milieux, notamment autour des affleurements rocheux et sur les corniches, deux microhabitats propices à la croissance du Bartramia stricta. Les espèces envahissantes modifient l’habitat de façon marquée, soit en recouvrant le sol et les corniches (disparition de l’habitat du B. stricta), soit en intensifiant l’ombrage et en augmentant la quantité de litière (modification des attributs de la niche écologique). Parmi les espèces envahissantes qui menacent l’espèce, il faut mentionner des taxons indigènes, en particulier le douglas vert et la symphorine blanche (Symphoricarpos albus), des espèces non indigènes telles que des arbustes, surtout le genêt à balais (Cytisus scoparius), des plantes herbacées non graminoïdes telles que la porcelle enracinée (Hypochaeris radicata) et des graminées telles que la flouve odorante (Anthoxanthum odoratum).

La colonisation de l’habitat par d’autres mousses indigènes représente une autre menace. Lorsque les plantes vasculaires s’installent, elles créent de l’ombre et accroissent le degré d’humidité relative sous le couvert végétal, créant ainsi des conditions qui permettent à des mousses forestières sciaphiles telles que les Dicranum de coloniser des secteurs dont elles seraient normalement exclues, par exemple la lisière des affleurements rocheux et les corniches. Ces mousses envahissent alors les espaces libres et éliminent les espèces qui préfèrent les lieux dégagés, telles que les Racomitrium et peut-être aussi la bartramie à feuilles dressées.

C’est probablement l’empiètement des plantes vasculaires qui a entraîné la disparition de la population de Bartramia stricta de la baie Pedder (Belland, 1997). Ce phénomène constitue également une menace pour l’espèce en Grande-Bretagne (UK Biodiversity Action Plan, 2004).


Lacunes dans les connaissances

  • Nous possédons pour l’instant peu de détails sur les caractéristiques essentielles de l’habitat (par exemple, la géologie, les propriétés du sol, le suintement, l’orientation, etc.).
  • Les effets de la concurrence des espèces envahissantes, indigènes et exotiques, sont mal connus.
  • Il convient de faire l’inventaire des autres espèces de plantes rares qui poussent près des populations de Bartramia stricta.
  • Il faut dresser la liste des lieux où les bryologues ont déjà cherché cette espèce de mousse.


Rétablissement

Caractère réalisable du rétablissement

Le Groupe de travail national sur le rétablissement (2004) définit ainsi le terme rétablissement : « restauration d’une espèce à un niveau de population viable et autosuffisant, pouvant résister à des événements stochastiques et à d’autres variables environnementales de nature non catastrophique ». Par contre, dans Environnement Canada et al. (2004), le rétablissement d’une espèce est défini comme étant toute augmentation de ses chances de persister à long terme à l’état sauvage. Dans le cas de la bartramie à feuilles dressées, il se peut que le rétablissement dépende de notre capacité d’assurer la survie des populations actuelles et d’éliminer les menaces qui pèsent sur elles.

Comme pour de nombreuses autres espèces de plantes rares qui sont associées aux chênaies de Garry, nous n’avons pas suffisamment d’information sur la répartition historique de la bartramie à feuilles dressées. Rien n’indique que cette espèce a déjà été abondante ou répandue près des côtes de Colombie-Britannique. Par conséquent, pour assurer le rétablissement du Bartramia stricta, il faut s’attacher d’abord et avant tout à augmenter ses chances de persister à long terme à l’état sauvage. Pour que les efforts de rétablissement portent fruit, il faudra faire des recherches, prendre des mesures de gestion et de protection de l’habitat et assurer la surveillance à long terme des populations. Dans la plupart des cas, il faudra réaliser des études et des essais plus approfondis pour déterminer si les obstacles au rétablissement des populations actuelles sont surmontables. Il se peut qu’il faille réévaluer la faisabilité écologique et technique du rétablissement une fois que des recherches plus poussées auront été menées. Le tableau 2 présente une évaluation des critères de faisabilité technique et biologique du rétablissement de l’espèce.

Même si la biologie et l’écologie de l’espèce sont encore mal comprises, les observations réalisées sur le terrain donnent à penser que le recrutement s’effectue de façon régulière, du moins à la station de Nanaimo. De plus, les populations semblent assez importantes pour être autosuffisantes. Par conséquent, le degré de viabilité de la population est actuellement considéré comme moyen.

À la lumière de ce que nous savons sur les populations actuelles, le rétablissement est réalisable. Les chances de rétablissement pourraient s’accroître encore davantage si d’autres populations plus importantes étaient découvertes dans des secteurs qui n’ont pas encore été soumis à des recherches rigoureuses ou qui n’ont jamais été étudiés.

 

Tableau 2. Faisabilité technique et biologique du rétablissement de la bartramie à feuilles dressées; critères tirés d’Environnement Canada et al. (2005)
Critères de faisabilité Réponse
1. Y a-t-il actuellement des individus reproducteurs permettant d’augmenter le taux de croissance de la population ou son effectif? Oui
2. Existe-t-il suffisamment d’habitat pouvant abriter l’espèce, ou peut-on en créer par des mesures d’aménagement ou de remise en état? Oui
3. Les menaces appréciables pesant sur l’espèce ou son habitat peuvent-elles être évitées ou atténuées grâce à des mesures de rétablissement? Oui
4. Les techniques de rétablissement nécessaires existent-elles, et leur efficacité a-t-elle été démontrée? Oui

 

But du rétablissement

ProtégerNote de bas de page 2 les populations actuelles de bartramie à feuilles dressées et en maintenir l’effectif.


Objectifs du rétablissement

  1. Assurer la protection des populations actuelles et de leur habitat en travaillant de concert avec les propriétaires fonciers.
  2. Déterminer la gravité des menaces qui pèsent ou qui pourraient peser sur l’espèce et son habitat.


Stratégie recommandée pour contrer les menaces

Voici l’approche générale recommandée pour le rétablissement de cette espèce :

  1. Protéger les populations actuelles par des activités d’intendance et d’autres mécanismes;
  2. Faire des recherches sur les menaces auxquelles pourrait être exposé l’habitat de chacune des populations connues;
  3. Mener des recherches scientifiques sur les populations connues, notamment en évaluant à nouveau leurs attributs, leurs besoins écologiques et les caractéristiques de leur habitat, et mettre en place un programme de surveillance dans les stations connues;
  4. Répertorier les parcelles d’habitat propice à l’espèce et consigner des données sur les nouvelles populations recensées (coordonnées UTM), déterminer le régime foncier des terrains visés et protéger les populations grâce à diverses activités d’intendance et d’autres mécanismes;
  5. Réaliser des travaux de sensibilisation et de vulgarisation.


Approches recommandées pour l’atteinte des objectifs du rétablissement

Il faudra confirmer ou évaluer les mesures de protection en place pour le Bartramia stricta (surtout dans la station de l’île Lasqueti) et recueillir de l’information plus détaillée sur les menaces qui guettent l’espèce, en particulier les plantes envahissantes. Même si nous connaissons déjà certains attributs de l’habitat, il sera important de recueillir d’autres données pour être en mesure de faire une description complète de l’habitat essentiel. Il est recommandé de procéder à un inventaire détaillé des chênaies de Garry et des falaises exposées le long de la côte sud-ouest de la Colombie-Britannique. W.B. Schofield et ses étudiants ont fait beaucoup de recherches bryologiques dans la région. Cependant, la plupart de leurs travaux étaient de portée générale; ils ont prélevé différents échantillons de mousses sur un vaste territoire, sans se concentrer sur une espèce ou un milieu en particulier. Le tableau 3 présente un résumé des travaux de recherche et de gestion à entreprendre pour atteindre les objectifs du rétablissement.

Tableau de la planification du rétablissement

Tableau 3. Tableau de la planification du rétablissement
Priorité Obj. no Approche/ stratégie générale Menaces visées Mesures proposées Résultats attendus
Élevée I Protéger les populations actuelles Disparition et dégradation de l’habitat propice; empiètement d’autres espèces
  • Examiner les mesures de protection en place, s’il y en a
  • Désigner l’habitat essentiel
  • Renseigner les propriétaires fonciers sur la présence de l’espèce et l’importance de protéger l’habitat
  • Sécurisation des populations et de l’habitat
  • Sensibilisation accrue du public et obtention d’un meilleur soutien pour la protection et le rétablissement de l’espèce
Moyenne II Étudier les menaces possibles Disparition et dégradation de l’habitat propice; empiètement d’autres espèces
  • Étudier et répertorier les menaces qui pèsent sur l’habitat de chacune des populations connues
  • Définir et décrire chaque population et son habitat
  • Information détaillée sur les lieux qui servent d’habitat à l’espèce
  • Données sur l’effectif et l’habitat
  • Liste des lieux à protéger et à surveiller en vertu de la Loi sur les espèces en péril (LEP)
  • Information précise sur l’habitat et les menaces
Moyenne II Étudier les menaces possibles Disparition et dégradation de l’habitat propice; empiètement d’autres espèces
  • Étudier l’effectif et l’état de santé des populations, de même que les changements démographiques survenus depuis le premier relevé, et consigner les données recueillies
  • Élaborer et mettre en place un protocole de surveillance normalisé
  • Présenter un compte rendu annuel des activités de surveillance et évaluer tous les cinq ans les tendances qui se dessinent dans les populations, la zone d’occupation et l’état de l’habitat
  • Transmettre toutes les données au CDC de la province
  • Données sur l’effectif, l’état reproducteur et la santé des populations
  • Données détaillées sur les attributs de l’habitat
  • Surveillance régulière et normalisée des populations et de leur habitat
  • Résumé annuel des résultats du programme de surveillance
  • Évaluation de la situation des populations et des effets des mesures de rétablissement
Faible I Réaliser un inventaire  
  • Dresser la liste des secteurs à recenser
  • Faire l’inventaire des nouveaux secteurs
  • Nouvelles populations à protéger
  • Données nouvelles sur les menaces, l’écologie et les populations

 

Mesure du rendement

Voici les critères employés pour l’évaluation des progrès accomplis dans l’atteinte des buts et des objectifs du présent programme de rétablissement :

  1. L’espèce et l’habitat sont protégés par des activités d’intendance et d’autres mécanismes dans toutes les localités connues.
  2. Tous les intervenants sont renseignés sur l’importance de l’espèce, et, le cas échéant, de l’information pertinente a été fournie au public.
  3. Les menaces pour la survie et le rétablissement de l’espèce sont connues et atténuées.
  4. Un programme de surveillance a été mis en place et mesure les valeurs critiques qui favorisent la survie et le rétablissement de cette espèce de mousse.
  5. Un inventaire des parcelles d’habitat propice à l’espèce dans son aire de répartition naturelle a été réalisé. Le cas échéant, les coordonnées UTM des nouvelles populations découvertes ont été consignées, le régime foncier des terrains concernés a été déterminé, et la protection de ces populations est assurée par diverses activités d’intendance et d’autres mécanismes.


Habitat essentiel

Désignation de l’habitat essentiel de l’espèce

Pour l’instant, l’habitat essentiel, au sens de la Loi sur les espèces en péril (Environnement Canada, 2004), n’a pas été proposé à des fins de désignation.

Même si nous savons beaucoup de choses sur les besoins en matière d’habitat de l’espèce, il faudra réaliser d’autres travaux plus concluants avant de pouvoir proposer officiellement des parcelles comme habitat essentiel. Il est prévu que l’habitat essentiel sera proposé dans un ou plusieurs plans d’action qui seront élaborés une fois franchies les étapes suivantes : 1) consultation des propriétaires fonciers et des organismes touchés et élaboration d’activités d’intendance possibles en collaboration avec eux; 2) achèvement des études requises pour quantifier l’habitat et les besoins spatiaux de l’espèce. La section qui suit présente un calendrier des études à réaliser pour désigner l’habitat essentiel.

L’habitat essentiel sera désigné à l’étape de l’élaboration des plans d’action. L’habitat propice à l’espèce comprend généralement des parois, des crevasses et des corniches d’affleurements rocheux ainsi que de minces couches de terre dégagées et de sol caillouteux sur des pentes douces situées au pied d’affleurements rocheux qui ont tendance à suinter en hiver et au printemps. En Colombie-Britannique, ces milieux se rencontrent sur des pentes relativement dégagées, sèches et chaudes qui sont orientées vers le sud. Ils sont situés à l’intérieur de chênaies de Garry (dominées par le Quercus garryana) ou d’écosystèmes associés, sous climat de type méditerranéen. Une définition plus complète de l’habitat essentiel proposé qui intègre également l’habitat possible sera fournie à une date ultérieure, à l’étape de l’élaboration des plans d’action.

Calendrier des études visant à désigner l’habitat essentiel

Il est recommandé d’inclure dans le plan d’action (sous réserve de ressources suffisantes) une étude qui portera sur les attributs suivants :

  • les propriétés minérales des roches et du sol dont l’espèce a besoin pour croître et pour se reproduire (pH, composition, etc.), de même que le degré d’humidité et la profondeur du sol;
  • les autres caractéristiques ambiantes : pente, orientation et besoins en matière de lumière et d’humidité pour la croissance et la reproduction;
  • les espèces de lichens et de plantes présentes dans l’habitat et leur capacité de concurrence avec la bartramie à feuilles dressées.

Il reste encore à faire l’inventaire des milieux propices à l’espèce dans toute son aire de répartition en Colombie-Britannique, même si certains secteurs ont déjà été rigoureusement étudiés par des bryologues. Belland (1997) mentionne que, au fil des ans, les mousses ont été relativement bien recensées dans au moins 10 chênaies de Garry (celles de Colwood, de Royal Oak, du cap William, du lac Thetis, du mont Tolmie, de Clovelly Terrace et de la colline Mary, toutes près de Victoria, ainsi que celles du mont Maxwell, à l’île Saltspring, du mont Tzuhalem, près de Duncan, et de la colline Nanoose). Cependant, il convient de faire des recherches dans d’autres secteurs encore non étudiés qui pourraient servir d’habitat à l’espèce. De plus, il faut faire un nouvel inventaire de certains secteurs déjà étudiés pour y chercher le Bartramia stricta et d’autres bryophytes rares, dont l’Entosthodon fascicularis. Le tableau 4 propose un calendrier pour la réalisation de ces études.

Tableau 4. Calendrier des études visant à désigner l’habitat essentiel de la bartramie à feuilles dressées
Étude Année d’achèvement
Attributs de l’habitat 2010
Inventaire des autres secteurs susceptibles de servir d’habitat 2010
Nouvel inventaire des secteurs déjà étudiés 2010

 

Approches existantes et recommandées en matière de protection de l’habitat

Le propriétaire des terrains de la colline Nanoose et de la colline Mary (le MDN) est conscient de la présence du Bartramia stricta et d’autres espèces végétales en péril sur ses terrains, et il a pris des mesures pour en protéger l’habitat. Le MDN a entrepris volontairement diverses activités d’intendance, par exemple des mesures pour contrôler l’accès aux parcelles d’habitat, pour préserver la structure de l’habitat et pour surveiller les populations. L’accès à la propriété de la baie Nanoose est limité : le terrain a été clôturé, l’accès y est contrôlé et des panneaux signalent que l’entrée est interdite. La colline Mary se trouve elle aussi sur une propriété dont l’accès est limité par des panneaux interdisant toute intrusion.

Nous ne possédons aucune information sur les mesures de protection en place pour les populations de l’île Lasqueti ou de la baie Pedder. La situation doit être évaluée.

Approche axée sur l’intendance

La protection effective des espèces en péril passe par la création de programmes d’intendance sur des terrains soumis à divers régimes fonciers. L’intendance suppose la coopération volontaire de propriétaires fonciers qui choisissent de protéger les espèces en péril et les écosystèmes dont celles-ci dépendent. Le préambule de la Loi sur les espèces en péril (LEP) précise que « les activités d’intendance visant la conservation des espèces sauvages et de leur habitat devraient bénéficier de l’appui voulu » et que « tous les Canadiens ont un rôle à jouer dans la conservation des espèces sauvages, notamment en ce qui a trait à la prévention de leur disparition du pays ou de la planète ». Dans l’accord bilatéral sur les espèces en péril conclu par la Colombie-Britannique et le Canada, il est mentionné que « l’intendance par les propriétaires de terres et de plans d’eau, ainsi que par leurs utilisateurs, est essentielle afin d’éviter que des espèces ne deviennent en péril et pour protéger et rétablir les espèces qui sont en péril » et que « des mesures coopératives et volontaires sont les premières approches pour assurer la protection et le rétablissement des espèces en péril ».

Intendance sur les terres privées

Il se peut que certaines terres privées servent d’habitat à cette espèce. Comme dans le cas des autres espèces en péril présentes sur des propriétés privées, l’intendance représente la clé de leur conservation et de leur rétablissement. Pour protéger un grand nombre d’espèces en péril en Colombie-Britannique, les propriétaires fonciers devront lancer des initiatives volontaires pour contribuer à préserver des portions d’écosystèmes naturels qui servent d’habitat à ces espèces. L’intendance peut prendre de nombreuses formes, par exemple : adoption de lignes directrices ou de pratiques de gestion exemplaires à l’appui des espèces en péril; protection volontaire d’importantes parcelles d’habitat se trouvant sur des propriétés privées; création de conventions de conservation liées aux titres de propriété; don d’une partie ou de la totalité d’un terrain afin de garantir la protection de certains écosystèmes ou de certaines espèces en péril et vente de terrains à des fins de conservation. Certains organismes gouvernementaux et non gouvernementaux sont parvenus par ces moyens à assurer la conservation de terres dans la province.


Effets sur les espèces non ciblées

Les premières étapes du programme de rétablissement ne devraient pas avoir d’impact sur les autres espèces ou sur les processus écologiques. Il se peut que certaines mesures, telles que le maintien et la création d’aires protégées, soient avantageuses pour d’autres espèces; ces effets seront évalués au fur et à mesure. La station de la colline Nanoose sert d’habitat à au moins deux espèces de mousses désignées par le COSEPAC et protégées par la LEP : l’Entosthodon fascicularis et le Syntrichia laevipila.


Considérations socioéconomiques

Les incidences socioéconomiques du programme de rétablissement varient de faibles à moyennes. D’autres incidences seront explorées en collaboration avec les propriétaires et les gestionnaires fonciers à l’étape de l’élaboration du ou des plans d’action.


Approche recommandée pour la mise en œuvre du rétablissement

Le présent programme de rétablissement gagnerait à être intégré aux travaux de conservation en cours dans la région. Il s’inscrit dans les efforts que déploie l’Équipe de rétablissement des écosystèmes du chêne de Garry pour rétablir les espèces en péril.


Énoncé sur les plans d’action

Le plan d’action sera prêt au plus tard le 31 décembre 2009.

 

Références

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Belland, R.J. 1997. Rapport de situation du COSEPAC sur la bartramie à feuilles dressées (Bartramia stricta); avec addendum. Rapport de situation du COSEPAC sur la bartramie à feuilles dressées (Bartramia stricta). Comité sur la situation des espèces en péril au Canada, Environnement Canada, Ottawa (Ontario).

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Fuchs, M.A. 2001. Towards a recovery strategy for Garry Oak and associated ecosystems in Canada: ecological assessment and literature review. Service canadien de la faune, Environnement Canada, Région du Pacifique et du Yukon. Rapport technique EC/GB-00-030. Garry Oak ecosystems recovery team (en anglais seulement) Consulté en 2005.

Griffin, III, D. 2003. Bartramiaceae. Provisional publication for the Bryophyte Flora of North America Project, Missouri Botanical Garden. Missouri Botanical Garden (en anglais seulement) Consulté en 2004.

Groupe de travail national sur le rétablissement. 2004. Guide national de rétablissement (RESCAPÉ). Octobre 2004. Document de travail. Rétablissement des espèces canadiennes en péril, Ottawa (Ontario).

Hebda, R. J. et F. Aitkens (eds). 1993. Garry oak-meadow colloquium proceedings. Garry Oak Meadow Preservation Society, Victoria (Colombie-Britannique), 97 p.

Lawton, E. 1971. Moss flora of the Pacific Northwest. Hattori Botanical Laboratory, Nichinan, Japon.

Lea, T. 2002. Historical Garry Oak ecosystems of Greater Victoria and Saanich Peninsula.1:20,000 map. B.C. Min. of Sustainable Resources Management, Terrestrial Information Branch, Victoria (Colombie-Britannique).

NatureServe Explorer. 2004. NatureServe Explorer: an online encyclopedia of life. 2004. Version 1.6. Arlington (Virginie). http://www.natureserve.org/explorer/ (en anglais seulement) Consulté en 2004.

Turner, N.J. 1999. “Time to burn:” traditional use of fire to enhance resource production by aboriginal peoples in British Columbia. Pages 185–218 in R. Boyd, ed. Indians, fire and the land in the Pacific Northwest. Oregon State Univ. Press, Corvallis (Oregon).

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Communications personnelles

René J. Belland, Ph. D. (en 2004)
Directeur adjoint (recherche)/gestionnaire des systèmes de données
Devonian Botanic Garden/Renewable Resources
University of Alberta
Edmonton (Alberta) T6G 2E1
No de téléphone : 780-987-3054/492-0801

Arthur Robinson (en 2005)
Service canadien des forêts
506 West Burnside Road
Victoria (Colombie-Britannique) V8Z 1M5
No de téléphone : 250-363-0729

Kella Sadler, M. Sc. (en 2004)
1050 Horseshoe Road
Île Gabriola (Colombie-Britannique) V0R 1X0
No de téléphone : 250-247-7385 (D) (250) 951-5636 (C)

W.B. Schofield, comm. pers., 2005
University of British Columbia
Department of Botany
Vancouver (Colombie-Britannique)

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