Couleuvre fauve de l'Est (Elaphe gloydi) évaluation et rapport de situation du COSEPAC : chapitre 2

logo du COSEPAC

COSEPAC
Résumé

Couleuvre fauve de l'Est
Elaphe gloydi

population carolinienne
population des Grands Lacs et du Saint-Laurent

Information sur l’espèce

La couleuvre fauve de l’Est atteint couramment une longueur de 91 à 137 cm. Chez les adultes, la tête est brune ou rougeâtre et généralement dépourvue de motifs ou de marques distinctes. Le dos est jaunâtre, avec des taches bien visibles en forme d’éclaboussures brun foncé ou noires qui alternent avec de plus petites taches sur les côtés. Les écailles ventrales sont généralement jaunes, fortement carrelées de noir. Les écailles sont faiblement carénées, et l’écaille anale est divisée. Chez les juvéniles, la couleur de fond est plus pâle (habituellement grise), les taches sont plus claires et bordées de noir, une ligne transversale s’étend du museau jusqu’aux yeux et une ligne foncée relie les yeux à l’angle des mâchoires. Les lignes foncées qui ornent le dessus de la tête des individus juvéniles s’estompent avec l’âge et deviennent habituellement indistinctes chez les adultes.

 

Répartition

L’aire de répartition mondiale de la couleuvre fauve de l’Est se limite à la région des Grands Lacs en Amérique du Nord. Environ 70 p. 100 de cette aire se trouve en Ontario, au Canada, et le reste forme de petits îlots au Michigan et en Ohio, aux États-Unis. En Ontario, l’espèce occupe une aire très discontinue et se rencontre dans trois régions distinctes le long du littoral de la voie navigable des lacs Érié et Huron. Du sud vers le nord, trois populations régionales sont ainsi distinguées : 1) Essex-Kent; 2) Haldimand-Norfolk; 3) littoral de la baie Georgienne.

 

Habitat

Dans les régions d’Essex-Kent et de Haldimand-Norfolk, la couleuvre fauve de l’Est fréquente principalement les milieux non boisés de début de succession (p. ex. les friches, les prairies, les marais, les bords de dunes) durant la saison active. Elle utilise régulièrement les haies bordant les champs agricoles et les zones riveraines des canaux de drainage. Dans certaines régions soumises à une exploitation agricole intensive, ces bandes d’habitat linéaires forment vraisemblablement la majeure partie de l’habitat de l’espèce.

Le long du littoral de la baie Georgienne, la couleuvre fauve de l’Est fréquente principalement les zones riveraines dégagées (p. ex. les rives rocheuses dénudées et les prés marécageux) durant la saison active. La couleuvre qui se trouve sur ces rives demeure généralement à proximité de l’eau et s’aventure rarement à plus de 150 m du rivage.

 

Biologie

La couleuvre fauve de l’Est émerge habituellement de son gîte d’hivernage de la mi-avril à la mi-mai, s’accouple de la fin de mai à la mi-juin et pond ses œufs de la fin de juin à la mi-juillet. Elle réintègre son gîte d’hivernage en septembre ou en octobre. La couleuvre fauve de l’Est présente sur littoral de la baie Georgienne utilise un plus grand territoire que ce qu’utilise celle de la région d’Essex-Kent. En moyenne, la femelle s’éloigne de son gîte d’hivernage sur des distances 3,5 fois plus grandes que celles parcourues par la femelle de la région d’Essex-Kent.

Les prédateurs de la couleuvre fauve de l’Est comprennent les grands oiseaux de proie et des mammifères carnivores comme le raton laveur et le pékan. La couleuvre fauve de l’Est se nourrit principalement de mammifères et d’oiseaux de petite taille. Elle utilise deux stratégies de chasse : la chasse active et la chasse à l’affût.

La couleuvre fauve de l’Est peut s’adapter à un certain niveau de perturbations anthropiques. En été, par exemple, elle utilise des structures artificielles pour s’abriter, même dans les régions qui sont soumises à des niveaux d’activités humaines intenses.

 

Taille et tendances des populations

Plusieurs chercheurs ont tenté de déterminer la taille et les tendances des populations de couleuvres fauves de l’Est en Ontario. Toutefois, comme c’est le cas pour d’autres espèces de couleuvres rares et cryptiques, il est difficile d’obtenir des estimations quantitatives fiables. Dans les régions où l’accès n’est pas restreint et où les risques pour les sites étudiés peuvent être réduits au minimum, la surveillance des gîtes d’hivernage communaux constitue probablement la meilleure stratégie pour obtenir des estimations fiables de la taille et des tendances des populations.

Malgré le manque de données quantitatives directes attestant une diminution des effectifs de la couleuvre fauve de l’Est, l’ampleur de la perte des terres humides dans le sud-ouest de l’Ontario, conjuguée à la prolifération des routes dans cette même région, a probablement causé une contraction très importante de l’aire de répartition de l’espèce et une diminution tout aussi importante des populations.

 

Facteurs limitatifs et menaces

Les menaces qui pèsent sur la couleuvre fauve de l’Est en Ontario sont relativement les mêmes que celles mentionnées dans le dernier rapport de situation visant l’espèce, notamment la perte et la dégradation de l’habitat, la circulation routière, d’autres effets fortuits par suite d’activités humaines et la persécution intentionnelle par les humains.

 

Importance de l’espèce

L’aire de répartition mondiale de la couleuvre fauve de l’Est est extrêmement restreinte, et environ 70 p. 100 de cette aire se trouve en Ontario, au Canada. Le fait que la majeure partie de l’aire de répartition mondiale de l’espèce se trouve au Canada est inusité au sein de la faune herpétologique du pays. L’espèce peut donc être considérée comme une espèce distinctement canadienne.

 

Protection actuelle ou autres désignations de statut

La couleuvre fauve de l’Est est classée G3 à l’échelle mondiale. À l’échelle subnationale, on lui a attribué la cote S2, au Michigan, et S3, en Ohio et en Ontario. Elle a été officiellement désignée « espèce menacée » par le COSEPAC en avril 1999 et en mai 2000, et subséquemment par le ministère des Richesses naturelles de l’Ontario en 2001.

Au Canada, la couleuvre fauve de l’Est bénéficie d’une protection légale en vertu de la Loi sur la protection du poisson et de la faune de l’Ontario, qui interdit de harceler, de posséder (sans autorisation) ou de tuer l’espèce. Elle jouit d’une protection supplémentaire dans les parcs nationaux en vertu de la Loi sur les parcs nationaux du Canada, dans les réserves nationales de faune en vertu de la Loi sur les espèces sauvages du Canada, et sur toutes les terres fédérales en vertu de la Loi sur les espèces en péril (Annexe 1 – Espèces menacées). L’espèce est en outre protégée à l’échelle du territoire ontarien par la Loi sur les espèces en voie de disparition de l’Ontario.

Détails de la page

Date de modification :