Corégone de l'Atlantique (Coregonus huntsmani) programme de rétablissement : chapitre 2


2 Rétablissement

Dans le cas du corégone de l'Atlantique, la survie et le rétablissement prennent les significations précises suivantes.

La survie consiste à maintenir l'existence du corégone de l'Atlantique à l'état sauvage en Nouvelle-Écosse, non seulement dans son habitat actuel connu, mais aussi ailleurs en populations établies. En effet, d'autres populations sont nécessaires à la survie de l'espèce afin de réduire le risque d'extinction au cas où une catastrophe anéantirait la population des lacs de la Petite Rivière.

Le rétablissement consiste à rétablir la forme anadrome de l'espèce et à étendre son aire de répartition hors des lacs de la Petite Rivière. Le rétablissement implique nécessairement la survie. Voici des options pour rétablir le caractère anadrome de l'espèce : rétablir la remonte anadrome qui existait dans la rivière Tusket, favoriser les migrations anadromes dans la Petite Rivière ou ailleurs. L'expansion de l'aire nécessitera d'autres populations résidentes d'eau douce.

2.1 Faisabilité du rétablissement

Le rétablissement du corégone de l'Atlantique est réalisable tant sur le plan biologique que sur le plan technique.

2.1.1 Faisabilité biologique

La cause fondamentale de la réduction de l'aire de répartition et de la perte de la forme anadrome du corégone de l'Atlantique a sans doute été les perturbations anthropiques passées, particulièrement celles qui ont touché la migration. Les autorités fédérales interdisent la pêche au corégone de l'Atlantique depuis 20 ans, mais auparavant cette espèce n'était visée par aucune mesure de protection particulière. L'espèce a survécu malgré tout, et elle est donc susceptible de réagir favorablement à des mesures de rétablissement consistant à atténuer ou à corriger les perturbations anthropiques du passé (notamment en améliorant le passage du poisson pour encourager la migration anadrome) et aux récentes dispositions réglementaires qui la protègent davantage.

L'équipe de rétablissement a confiance que le corégone de l'Atlantique est biologiquement capable de survivre hors de son aire actuelle, y compris dans des habitats estuariens et marins. Le corégone de l'Atlantique peut s'adapter à de nouveaux milieux dulcicoles et marins : il a colonisé naturellement le lac Minamkeak et on sait qu'il fréquentait jadis des estuaires. Ce dernier fait et les récentes études de terrain et de laboratoire qui montrent que l'espèce tolère l'eau de mer déjà à un jeune stade (MPO, données non publiées) appuient la faisabilité du rétablissement de la forme anadrome. Le corégone de l'Atlantique tolère la capture et survit plusieurs années en captivité : on peut donc en faire l'élevage. Comme il atteint la maturité vers trois ans, on s'attend à ce qu'il réagisse assez rapidement aux mesures de rétablissement.

La faisabilité biologique du rétablissement du corégone de l'Atlantique dépend aussi de sa survie dans le milieu qu'il occupe actuellement. Le bassin versant de la Petite Rivière est naturellement protégé contre les précipitations acides, et les lacs jouissent d'une protection supplémentaire à titre de réserves d'eau municipale. On estime que la qualité de l'eau ne menace pas, ni ne menacera, la survie du corégone de l'Atlantique dans la Petite Rivière, pourvu que l'on maintienne les pratiques actuelles de gestion de l'eau.

2.1.2 Faisabilité technique

Le rétablissement de l'espèce nécessite la stabilité de la population existante (c.-à-d. sa survie), le rétablissement de la forme anadrome et l'expansion hors de l'aire de répartition actuelle. Pour réaliser ces aspects du rétablissement, il faut que cela soit techniquement faisable de déplacer des corégones de l'Atlantique d'un endroit à un autre et d'en élever et de les faire se reproduire en captivité. Comme on a réussi à garder en captivité des individus sauvages, il devrait être techniquement possible d'en déplacer hors de leur aire actuelle. Le centre de biodiversité Mersey a mis au point des techniques de reproduction en captivité qui permettent la fraie et l'élevage de grands nombres d'individus. Il est aussi possible, en imitant les pratiques de fraie à l'état sauvage, de reconditionner les poissons capturés en milieu naturel pour qu'ils fraient plus d'une fois.

Le rétablissement est aussi réalisable sur le plan technique parce qu'il est possible d'atténuer les impacts anthropiques sur le corégone de l'Atlantique (p. ex. voir la section 2.7, Activités admissibles). Les administrations fédérale, provinciale et municipales peuvent réglementer ces activités. Par exemple, de nouvelles dispositions réglementaires fédérales assurent une protection supplémentaire du corégone de l'Atlantique en permettant de modifier les saisons et les types d'engins des pêches visant d'autres espèces, de façon à réduire la vulnérabilité du corégone de l'Atlantique à la capture accidentelle. On s'attend à que l'espèce réagisse bien à cette protection accrue.

La faisabilité technique du rétablissement nécessite aussi un réseau de soutien pour appliquer et respecter les mesures de rétablissement. Des organismes non gouvernementaux locaux, des groupes communautaires, des industries qui mènent des activités dans l'habitat du corégone de l'Atlantique ainsi que les administrations provinciale et municipales concernées appuient le rétablissement de l'espèce et sont membres de l'Équipe de rétablissement. Le corégone de l'Atlantique est aussi désigné espèce en voie de disparition en vertu de l'Endangered Species Act de la Nouvelle-Écosse, ce qui devrait faciliter la mise en œuvre de mesures de rétablissement par les gouvernements fédéral et provincial.

Comme mentionné plus haut concernant la faisabilité biologique du rétablissement, la population existante de corégones de l'Atlantique pourrait avoir survécu en raison du refuge offert par les barrages sur la Petite Rivière. Certains craignent que la réouverture des voies de migration dans ce réseau hydrographique puisse en fait poser un risque pour le rétablissement de l'espèce. L'Équipe de rétablissement soutient que le rétablissement du libre accès vers la mer sur la Petite Rivière est essentiel à la migration anadrome, qui serait un résultat positif dans le contexte de la survie et du rétablissement. Bien qu'il faille assurer le passage du poisson selon une approche de précaution, cette approche est réalisable sur le plan technique. Le rétablissement du passage du poisson devrait comprendre des mesures d'exclusion des espèces indésirables (p. ex. poissons non indigènes), des mesures de sécurité pour prévenir le braconnage et des installations de surveillance pour étudier les déplacements du corégone de l'Atlantique, ainsi que l'abondance, les déplacements et les effets écologiques des autres espèces, et y réagir au besoin.

2.2 But du rétablissement

Voici le but du programme de rétablissement du corégone de l'Atlantique : stabiliser la population actuelle de corégones de l'Atlantique en Nouvelle-Écosse, rétablir la forme anadrome de l'espèce et élargir son aire de répartition.

2.3 Objectifs de rétablissement6

On créera et maintiendra les conditions nécessaires à une population viable de corégones de l'Atlantique en Nouvelle-Écosse en mettant en œuvre les objectifs de rétablissement suivants, classés par ordre de priorité :

Chaque objectif comprend une série de stratégies, non classées par ordre de priorité, dont la mise en œuvre aidera à réaliser l'objectif correspondant. Ces stratégies sont suffisamment détaillées pour faciliter l'application de la LEP et l'étape suivante de planification du rétablissement, soit l'élaboration de plans d'action.

Voici les quatre objectifs de rétablissement et leurs stratégies connexes :

Objectif 1 : conserver, protéger et gérer l'espèce et son habitat.

Motifs :

La population de corégones de l'Atlantique de la Petite Rivière est tout ce qui reste de cette espèce à l'état sauvage. La survie de l'espèce dépend de la protection des individus sauvages qui restent et de l'habitat qu'ils occupent (c.-à-d. les trois lacs semi-naturels dans le réseau hydrographique de la Petite Rivière). La conservation, la protection et la gestion de l'espèce et de son habitat seront aussi nécessaires à toute expansion de l'aire de répartition, afin d'assurer la survie et le rétablissement de l'espèce.

Stratégies :
  1. S'attaquer aux nouvelles menaces à la survie.
    • élaborer des plans d'urgence pour contrer efficacement ces menaces;
    • élaborer et appliquer des mesures d'atténuation pour réduire, limiter ou éliminer les nouvelles menaces (p. ex. invasion d'une espèce exotique).

  2. Élaborer et appliquer des mesures d'atténuation pour réduire au minimum les dommages causés par les activités humaines à l'espèce et à son habitat.
  3. Veiller au respect de la réglementation.
    • appliquer les règlements visant à protéger le corégone et son habitat;
    • signaler les cas de non-conformité;
    • évaluer l'application des règlements (protège-t-elle vraiment le corégone et son habitat?), et la corriger au besoin.

  4. Élaborer et appliquer des mesures de gestion et de protection de l'habitat propres au réseau hydrographique et au site.

Objectif 2 : accroître le nombre de populations viables et élargir leur aire de répartition.

Motifs :

Le corégone de l'Atlantique n'existe plus à l'état sauvage que dans la Petite Rivière. Le rétablissement de l'espèce ne peut se limiter à la seule survie de la population qui persiste dans la Petite Rivière, mais doit comprendre le rétablissement de sa forme anadrome et l'expansion de l'aire de répartition hors des lacs de la Petite Rivière. Le rétablissement de l'espèce implique nécessairement sa survie. Voici des options pour rétablir la forme anadrome de l'espèce : rétablir la remonte anadrome qui existait dans la rivière Tusket, favoriser les migrations anadromes dans la Petite Rivière ou les favoriser ailleurs. L'expansion de l'aire nécessitera d'autres populations résidentes d'eau douce. Comme toute modification de son habitat actuel pourrait gravement menacer la survie du corégone de l'Atlantique (p. ex. phénomène aléatoire ou déversement accidentel), sa survie dépend de l'établissement de populations viables hors de son aire d'occupation actuelle.

Stratégies :
  1. Viser l'établissement de remontes anadromes viables. Évaluer la faisabilité des options suivantes.
    • rétablissement de la remonte anadrome dans le réseau de la Tusket;
    • établissement de populations anadromes ailleurs, y compris dans d'autres parties de la Petite Rivière.

  2. Maintenir les infrastructures et l'expertise en matière d'élevage en captivité et de réintroduction de l'espèce.
  3. Créer un outil d'aide à la décision pour déterminer les habitats propices à l'ensemencement de l'espèce (en conciliant les facteurs biologiques et socioéconomiques).
  4. Planifier et réaliser les ensemencements dans des cours d'eau ou des lacs choisis (choisir le stock à ensemencer : poissons sauvages transplantés ou poissons élevés en captivité) selon les normes d'introduction et de transfert d'espèces.
  5. Planifier et soutenir des mesures de conservation, de protection et éventuellement de restauration de l'habitat dans les secteurs d'ensemencement. Là où les poissons auront accès à la mer, il faudra appliquer des mesures de protection et de gestion depuis le secteur d'ensemencement jusqu'aux milieux estuariens et côtiers en aval.

Objectif 3 : accroître les connaissances sur l'espèce et son habitat.

Motifs :

Nos connaissances sur la biologie et l'écologie de base du corégone de l'Atlantique et sur ses besoins en matière d'habitat sont limitées. ll nous faut rapidement obtenir une estimation quantitative de la population et des données de base sur son utilisation de l'habitat et ses préférences à cet égard à ses différents stades de vie, ainsi que déterminer les incidences possibles d'espèces introduites sur la population sauvage qui persiste. Il faut aussi accroître nos connaissances pour soutenir les mesures de survie et de rétablissement, l'évaluation des menaces et l'application des interdictions prévues par la LEP pour protéger l'espèce et son habitat (y compris tout habitat essentiel ou résidence éventuellement désigné).

Stratégies :
  1. Réaliser, selon un échéancier préétabli, des évaluations quantitatives de la situation de l'espèce (il faut obtenir des données pour évaluer les menaces, gérer les stocks de géniteurs et évaluer l'efficacité des mesures prises).
  2. Élaborer et réaliser des programmes de recherche visant à déterminer les besoins de l'espèce en matière d'habitat (milieux dulcicole, estuarien et marin), notamment des études pour définir son habitat essentiel (voir la section 1.7) et pour déterminer si la notion de résidence s'applique au corégone de l'Atlantique.
  3. Poursuivre les recherches visant à combler les lacunes dans nos connaissances, notamment sur la génétique, la santé (y compris les maladies et les parasites), la nutrition, le cycle vital, le comportement et la physiologie de l'espèce.
  4. Évaluer le degré de risque posé par les menaces actuelles et nouvelles.

Objectif 4 : accroître la participation et l'acceptation du public.

Motifs :

Contrairement à bien d'autres espèces en voie de disparition, le corégone de l'Atlantique n'est actuellement pas une espèce qui suscite beaucoup d'intérêt et qui est bien connue du grand public. Pour assurer le succès des efforts de rétablissement, il est essentiel d'accroître l'intérêt et le sens des responsabilités des parties intéressées à l'égard de la survie et du rétablissement de l'espèce. Cela pourrait être particulièrement difficile lorsqu'il faudra décider de sa réintroduction ou de son introduction dans des plans d'eau. La communication et l'éducation sont d'importants outils de promotion des mesures de rétablissement auprès des parties intéressées et du grand public.

Stratégies :
  1. Établir un plan de communication général.
  2. Élaborer une stratégie pour gagner l'appui du public aux mesures de survie et de rétablissement.
  3. Encourager des projets d'intendance visant à conserver, à protéger et à gérer l'espèce et son habitat. Obtenir la plus grande participation possible de groupes locaux intéressés aux ressources aquatiques dans les réseaux hydrographiques et les estuaires (p. ex. pêcheurs autochtones, récréatifs et commerciaux, propriétaires riverains, organismes bénévoles, organisations non gouvernementales, l'industrie et la communauté en général).
  4. Tenir des réunions de l'Équipe de rétablissement pour favoriser la communication et la collaboration entre tous ses membres.

2.4 Indicateurs de progrès

Des indicateurs de progrès mesurables constitueront un élément essentiel du plan d'action pour le rétablissement du corégone de l'Atlantique; ils permettront de déterminer le succès obtenu dans l'atteinte des objectifs de rétablissement énoncés. L'évaluation continue de l'efficacité des mesures prises dans le cadre du programme de rétablissement sera essentielle pour assurer l'utilisation intelligente des ressources et les plus grandes chances de rétablissement de l'espèce.

2.5 Lacunes dans nos connaissances

Depuis la formation de l'Équipe de rétablissement en 1999, de bons progrès ont été accomplis pour combler des lacunes dans les connaissances importantes pour la planification et la réalisation du programme de rétablissement. Des données ont été obtenues ou le seront bientôt sur les aspects suivants du corégone de l'Atlantique :

Bien que toute cette information puisse accroître les chances de succès des mesures de rétablissement, il n'est pas sûr que nous en sachions assez. Le corégone de l'Atlantique ne peut se rétablir que s'il étend son aire de répartition au milieu marin (forme anadrome) et dans d'autres milieux dulcicoles. On ignore tout de son cycle vital ailleurs que dans les lacs de la Petite Rivière. À mesure que l'Équipe de rétablissement obtient de nouvelles informations, elle doit appliquer une approche de gestion adaptée pour assurer la survie de l'espèce dans son habitat actuel et l'expansion de son aire de répartition en eau douce et en mer. Voici des lacunes dans nos connaissances qui devront être comblées au cours de la mise en œuvre des mesures de rétablissement :

Surveillance

Élevage en captivité

Habitat

L'annexe II présente les détails des activités qui visent à combler les principales lacunes dans nos connaissances sur les besoins en matière d'habitat et la désignation de l'habitat essentiel du corégone de l'Atlantique.

2.6 Élaboration des plans d'action

Le plan d'action est le documents qui établit comment le programme de rétablissement sera mis en œuvre. À partir des recommandations du programme de rétablissement, les plans d'action précisent qui doit participer, et dans quelle mesure, à la réalisation des activités proposées.

Après l'approbation de ce programme de rétablissement prévu par la LEP et sa publication dans le registre public, un plan d'action pour le rétablissement du corégone de l'Atlantique sera élaboré dans un délai de deux ans. Entre-temps, bon nombre des stratégies exposées dans le présent document peuvent être adoptées : la mise en œuvre du rétablissement sera une activité continue qui pourra se dérouler sans plan d'action officiel. De plus, le programme reconnaît le besoin d'une gestion adaptée qui permet de modifier les mesures de rétablissement à mesure que l'on acquiert de nouvelles connaissances.

2.7 Activités admissibles

Depuis que les interdictions prévues par la Loi sur les espèces en péril (LEP) sont entrées en vigueur le 1er juin 2004, le corégone de l'Atlantique est légalement protégé contre les activités qui contreviennent à ces interdictions. Toutefois, le paragraphe 83(4) de la LEP permet d'exempter de certaines interdictions générales de la LEP certaines activités. Pour que cette disposition d'exemption soit applicable, il faut que les activités soient autorisées sous le régime d'une autre loi fédérale.

Une réunion du Processus consultatif régional (PCR) s'est tenue en novembre 2004 pour évaluer le niveau de mortalité qui ne compromettrait pas la survie ou le rétablissement de l'espèce. Y ont participé des scientifiques et des gestionnaires des pêches du MPO, des représentants des ministères provinciaux de l'agriculture et des pêches ainsi que des ressources naturelles, des scientifiques universitaires et des représentants de l'Équipe de rétablissement. Ces travaux d'examen de la situation du corégone de l'Atlantique ont donné lieu à deux documents officiels : un qui présente les conclusions de la réunion (MPO, 2004a), et l'autre qui donne un compte-rendu détaillé des discussions tenues dans le cadre de l'examen des documents de travail (MPO, 2004b). Ils sont disponibles dans le site Web du Secrétariat canadien de consultation scientifique (SCCS) du ministère des Pêches et des Océans.

Il ressort de ces discussions qu'il n'existe aucune estimation de l'abondance du corégone de l'Atlantique et que notre connaissance de sa situation et de ses tendances se restreint à une analyse d'indicateurs relatifs d'occupation spatiale (c.-à-d. l'évolution de sa répartition géographique). La référence « MPO, 2004b » présente les sources possibles de mortalité et de dommage global, l'appréciation de leur incidence relative, des solutions de rechange aux activités humaines actuelles et des mesures réalisables visant à limiter les incidences des activités sur le corégone de l'Atlantique. Parmi ces sources figurent les activités de pêche, les effets sur l'habitat dus aux obstacles au passage des poissons, les prélèvements d'eau, l'urbanisation, l'eutrophisation et les prélèvements à des fins scientifiques.

Voici la conclusion de la réunion : rien n'indique que les activités humaines actuelles (susmentionnées) dans le bassin hydrographique de la Petite Rivière menacent la survie du corégone de l'Atlantique, mais il n'y a peut-être pas de marge de tolérance pour d'autres dommages qui découleraient de nouvelles activités ou de changements proposés aux activités existantes, parce que ces dommages pourraient compromettre la survie et le rétablissement de l'espèce (MPO, 2004a). Un examen scientifique des activités et de toute nouvelle information sera effectué aux cinq ans pour s'assurer de ne pas compromettre la survie et le rétablissement de l'espèce. Conformément au paragraphe 83(4) de la LEP, le Programme de rétablissement permet l'exploitation du barrage du lac Hebb qui est autorisée par le paragraphe 6(4) de la Loi sur la protection des eaux navigables, L.R.C., 1985, c. N-22.

Si de nouvelles activités ou modifications aux activités existantes sont prévues, une évaluation de leurs impacts sur la survie et le rétablissement du corégone de l'Atlantique sera entreprise.

L'évaluation des dommages admissibles n'a pas permis de déterminer si les activités actuelles compromettent le rétablissement du corégone de l'Atlantique, car on a défini que le rétablissement de cette espèce passe par une augmentation de l'aire d'occupation. Par conséquent, le manque de connaissances préalables sur les menaces pour l'espèce hors de son aire d'occupation actuelle connue empêche la réalisation de cette évaluation. Le présent programme de rétablissement présente plusieurs options de rétablissement (augmentation de l'aire de répartition); la faisabilité de chacune n'a pas encore été déterminée (voir l'objectif 2).

2.8 Mesure de rétablissement en cours : ensemencement dans le lac Anderson

L'Équipe de rétablissement a constaté le besoin d'établir d'autres populations de corégones de l'Atlantique pour réduire le risque d'extinction de l'espèce. En 2004, le MPO a tenu un atelier scientifique pour examiner les critères de décision concernant l'introduction du corégone de l'Atlantique dans un plan d'eau situé hors de son aire de répartition actuelle et pour mettre au point un outil d'aide à la décision à cet égard (MPO, 2004c). Un comité technique de l'Équipe de rétablissement a par la suite évalué cet outil. Selon les critères de l'outil, le lac Anderson, situé près de Burnside, à Dartmouth (Nouvelle-Écosse), a été jugé être un site qui convient à l'ensemencement en corégones de l'Atlantique.

Le 4 novembre 2005, dans le cadre d'un projet-pilote de trois ans, on a relâché dans le lac Anderson 1 500 corégones de l'Atlantique élevés au centre de biodiversité Mersey du MPO. On a relâché 750 autres poissons le 24 avril 2006, et on prévoit la libération d'un autre groupe de 750 poissons à l'automne de 2006. En outre, on a relâché un certain nombre de jeunes de l'année en avril et en mai 2006. Des employés du MPO surveilleront les corégones de l'Atlantique dans le lac Anderson pour déterminer le succès des introductions.

En ce qui concerne la protection légale, la LEP, abordée à la section 1.3, et la Loi sur les Pêches s'appliquent au corégone de l'Atlantique dans le lac Anderson. L'article 6 du Règlement de pêche des provinces maritimes s'y applique également, mais aucune mesure de protection supplémentaire (p. ex. ordonnance de modification) n'a été jugée nécessaire dans ce lac. Le MPO a consulté les propriétaires des terres entourant le lac Anderson (voir l'annexe III) avant les introductions et a conclu avec eux des ententes pour faciliter la collaboration afin d'éviter ou de limiter toute incidence néfaste qui pourrait résulter d'éventuelles activités de développement autour du lac.

2.9 Conflits ou difficultés prévus

Comme il a été mentionné tout au long de ce document, le manque de connaissances générales sur la biologie, l'abondance et les besoins en matière d'habitat de l'espèce, ainsi que l'évaluation de l'incidence des menaces relevées et des mesures à prendre pour les atténuer, constituent une importante difficulté pour le rétablissement du corégone de l'Atlantique (section 2.5).

Voici certains des conflits ou difficultés prévus selon les mesures qui seront prises pour le rétablissement du corégone de l'Atlantique :

6 Ensemble, les objectifs de rétablissement suivants constitutent les grandes lignes du plan à suivre pour faire face aux menaces relevées au préalable [LEP, alinéa 41(1)b)] et « une description générale des activités de recherche et de gestion nécessaires à l’atteinte » [LEP, alinéa 41(1)d)] du but du rétablissement.

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