Mise à jour Rapport de situation du COSEPAC sur la Sterne de Dougall au Canada (1999)

  1. Table des Matières
  2. Sommaire de l’évaluation
  3. Résumé
  4. Introduction
  5. Taille et tendances de la population
  6. Facteurs limitatifs
  7. Habitat
  8. Évaluation des mesures du plan de rétablissement
  9. Évaluation et statut proposé
  10. Remerciements
  11. Ouvrages cités
  12. L'auteur
  13. Annexe 1.

Les rapports de situation du COSEPAC sont des documents de travail servant à déterminer le statut des espèces sauvages que l’on croit en péril. On peut citer le présent rapport de la façon suivante:

Nota :

Toute personne souhaitant citer l’information contenue dans le rapport doit indiquer le rapport comme source (et citer l’auteur); toute personne souhaitant citer le statut attribué par le COSEPAC doit indiquer l’évaluation comme source (et citer le COSEPAC). Une note de production sera fournie si des renseignements supplémentaires sur l’évolution du rapport de situation sont requis.

COSEPAC. 1999. Évaluation et Rapport de situation du COSEPAC sur la Sterne de Dougall (Sterna dougallii) au Canada -Mise à jour. Comité sur la situation des espèces en péril au Canada. Ottawa . vi + 32 p. (https://www.registrelep-sararegistry.gc.ca/sar/assessment/status_f.cfm).

WHITTAM, R.M. 1999. Rapport du COSEPAC sur la situation de la Sterne de Dougall (Sterna dougallii) au Canada – Mise à jour. Comité sur la situation des espèces en péril au Canada, Ottawa. Pages 1-32.

Rapport précédent :

KIRKHAM, I.R., et D.N. NETTLESHIP. 1986. COSEWIC status report on the Roseate Tern (Sterna dougallii) in Canada. Comité sur le statut des espèces menacées de disparition au Canada. Ottawa. 49 p.

Also available in English under the title COSEWIC Assessment and Update Status Report on the Roseate Tern Sterna dougallii in Canada.

Illustration de la couverture :
Sterne de Dougall - photographe © Ted C. D'Eon, Environnement Canada.

©Ministre de Travaux publics et Services gouvernementaux Canada, 2002
No de catalogue CW69-14/107-2002F-IN
ISBN 0-662-86914-1

Sommaire de l’évaluation

Nom commun: Sterne de Dougall

Nom scientifique: Sterna dougallii

Statut: Espèce en voie de disparition

Justification de la désignation: Il existe moins de 250 individus matures au Canada; l'effet d'une immigration d'oiseaux des États-Unis est peu probable, puisque l'espèce est également en voie de disparition en Nouvelle-Angleterre. Le facteur principal qui limite la population est la prédation des œufs et des oisillons et, d'une façon moins considérable, des oiseaux adultes.

Répartition: Nouveau-Brunswick, Nouvelle-Écosse et Québec

Historique du statut: Espèce désignée « menacée » en avril 1986. Réexamen du statut : l'espèce a été désignée « en voie de disparition » en avril 1999. Réexaminen et confirmation du statut en octobre 1999. Dernière évaluation fondée sur un rapport de situation existant.

Résumé
Introduction

Dans la période de 1982 à 1985, on estimait que la population canadienne de Sterne de Dougall atteignait de 101 à 125 couples, soit 3 p. 100 de la population du Nord-Est de l’Amérique du Nord (~ 3 100 couples). Les effectifs de la Sterne de Dougall ont probablement toujours été faibles au Canada, mais il semble qu’ils aient chuté depuis les années 1930. On pense que les deux principaux facteurs qui ont restreint la répartition et l’abondance de la Sterne de Dougall dans le Nord-Est de l’Amérique du Nord sont le piégeage d’adultes dans les aires d’hivernage pour la vente dans des marchés locaux, et la prédation et le déplacement par les goélands dans les aires de nidification. En 1986, la Sterne de Dougall a été désignée « menacée » par le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC), qui portait à l’époque le nom de Comité sur le statut des espèces menacées de disparition au Canada. Depuis la première évaluation du statut de l’espèce par le COSEPAC, diverses études ont apporté de nouveaux renseignements sur la population canadienne de Sterne de Dougall.

Taille et tendances de la population

Selon les estimations du nombre de couples nicheurs effectuées en 1996 et en 1997, la population canadienne de Sterne de Dougall serait composée de 88 à 137 couples nichant en six endroits. Actuellement, l’espèce ne niche que dans trois des neuf sites indiqués dans le premier rapport de situation. La seule grosse colonie canadienne (plus de 20 couples) dont l’effectif est demeuré stable au cours des 15 dernières années est celle des îles Brothers, en Nouvelle-Écosse. Par ailleurs, deux nouvelles colonies relativement importantes, soit celles des îles Country et Grassy, ont été découvertes en 1987 et en 1993, respectivement. À elles seules, ces trois grosses colonies constituent jusqu’à 94 p. 100 de la population canadienne. Au Nouveau-Brunswick, l’île Machias Seal, le seul site de nidification connu, n’accueille chaque année qu’un ou deux couples nicheurs. Enfin, moins de cinq couples nichent aux îles de la Madeleine, seul site de nidification connu au Québec.

Aux États-Unis, le nombre de couples nicheurs s’accroît lentement depuis 1988. En 1997, 3 382 couples y ont niché. Actuellement, 93 p. 100 de la population américaine niche dans les cinq plus grandes colonies, et 78 p. 100 niche dans les deux plus grandes. Cette concentration rend l’espèce très vulnérable aux perturbations; il s’agit là de la principale raison pour laquelle la Sterne de Dougall a été déclarée en voie de disparition (endangered) aux États-Unis.

Facteurs limitatifs

La prédation dans les colonies nicheuses s’avère le principal facteur restreignant la répartition et la productivité de la Sterne de Dougall au Canada. Les principaux prédateurs dans les colonies canadiennes sont le Goéland argenté (Larus argentatus) et le Goéland marin (L. marinus). Par contre, aux États-Unis, où des mesures contre la prédation sont prises dans la plupart des colonies, le principal facteur limitant la taille de la population est probablement la mortalité chez les adultes durant la migration ou dans les aires d’hivernage. Au Guyana, on a pratiqué un piégeage intensif des Sternes de Dougall de 1968 à 1981 pour des marchés locaux, mais il semble que cette activité ait cessé depuis. Des études devront être menées pour préciser les causes de la mortalité hivernale. Il se pourrait qu’une pénurie de mâles limite la productivité de l’espèce dans certaines colonies du Nord-Est de l’Amérique du Nord. Dans l’une de ces colonies, 20 p. 100 des femelles adultes n’arrivent pas à trouver de partenaire mâle. Ces femelles forment donc des couples entre elles et produisent des couvées de trois à quatre œufs, soit de taille supérieure à la normale. Ces femelles copulent avec des mâles de la colonie pour assurer la fécondation de leurs œufs, mais le nombre de jeunes qui atteignent l’âge de l’envol par femelle dans les couples constitués de deux femelles est de 75 p. 100 inférieur à celui obtenu dans les couples mâle-femelle. Par conséquent, la productivité moyenne de la colonie s’en trouve réduite d’environ 16 p. 100.

Habitat

Au Canada, la Sterne de Dougall a presque complètement abandonné l’île de Sable et, presque certainement à cause de la prédation par les goélands, l’île Country. En l’absence de prédation, ces deux îles offrent des sites de nidification de grande qualité, surtout parce qu’elles se trouvent loin de la terre ferme (160 km et 5 km, respectivement); les colonies y sont donc moins exposées aux prédateurs terrestres et aux perturbations anthropiques. Au Canada, à l’heure actuelle, la Sterne de Dougall niche généralement dans de petits sites près de la terre ferme. Les colonies jugées essentielles au maintien de l’espèce au Canada doivent être surveillées annuellement et protégées contre l’installation des goélands. Actuellement, des goélands nichent dans trois des six sites canadiens abritant une colonie de Sterne de Dougall. Aux États-Unis, 97 p. 100 de la population de Sterne de Dougall niche dans des sites qui sont gérés et protégés par des biologistes et des gardiens. La gestion des prédateurs est absolument essentielle à la survie de la Sterne de Dougall.

Le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) détermine le statut, au niveau national, des espèces, des sous-espèces, des variétés et des populations sauvages canadiennes importantes qui sont considérées comme étant en péril au Canada. Les désignations peuvent être attribuées à toutes les espèces indigènes des groupes taxinomiques suivants : mammifères, oiseaux, reptiles, amphibiens, poissons, lépidoptères, mollusques, plantes vasculaires, mousses et lichens.

Le COSEPAC est composé de membres de chacun des organismes fauniques des gouvernements provinciaux et territoriaux, de quatre organismes fédéraux (Service canadien de la faune, Agence Parcs Canada, ministère des Pêches et des Océans, et le Partenariat fédéral sur la biosystématique, présidé par le Musée canadien de la nature), de trois membres ne relevant pas de compétence, ainsi que des coprésident(e)s des sous-comités de spécialistes des espèces et des connaissances traditionnelles autochtones. Le Comité se réunit pour étudier les rapports de situation des espèces candidates.

Espèce: Toute espèce, sous-espèce, variété ou population indigène de faune ou de flore sauvage géographiquement définie.

Espèce disparue (D): Toute espèce qui n'existe plus.

Espèce disparue du Canada (DC): Toute espèce qui n'est plus présente au Canada à l'état sauvage, mais qui est présente ailleurs.

Espèce en voie de disparition (VD)*: Toute espèce exposée à une disparition ou à une extinction imminente.

Espèce menacée (M): Toute espèce susceptible de devenir en voie de disparition si les facteurs limitatifs auxquels elle est exposée ne sont pas renversés.

Espèce préoccupante (P)**: Toute espèce qui est préoccupante à cause de caractéristiques qui la rendent particulièrement sensible aux activités humaines ou à certains phénomènes naturels.

Espèce non en péril (NEP)***: Toute espèce qui, après évaluation, est jugée non en péril.

Données insuffisantes (DI)****: Toute espèce dont le statut ne peut être précisé à cause d'un manque de données scientifiques.

* Appelée « espèce en danger de disparition » jusqu'en 2000.
** Appelée « espèce rare » jusqu'en 1990, puis « espèce vulnérable » de 1990 à 1999.
*** Autrefois « aucune catégorie » ou « aucune désignation nécessaire ».
**** Catégorie « DSIDD » (données insuffisantes pour donner une désignation) jusqu'en 1994, puis « indéterminé » de 1994 à 1999.

Le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) a été créé en 1977, à la suite d’une recommandation faite en 1976 lors de la Conférence fédérale-provinciale sur la faune. Le comité avait pour mandat de réunir les espèces sauvages en péril sur une seule liste nationale officielle, selon des critères scientifiques. En 1978, le COSEPAC (alors appelé CSEMDC) désignait ses premières espèces et produisait sa première liste des espèces en péril au Canada. Les espèces qui se voient attribuer une désignation lors des réunions du comité plénier sont ajoutées à la liste.

Environnement Environment
Canada Canada

Service canadien Canadian Wildlife
de la faune Service

Le Service canadien de la faune d’Environnement Canada assure un appui administratif et financier complet au Secrétariat du COSEPAC.

Introduction
Résumé du premier rapport sur la situation de la Sterne de Dougall (Kirkham et Nettleship, 1985)

La Sterne de Dougall (Sterna dougallii) se reproduit sur six continents et niche en colonies sur de petites îles marines généralement dépourvues de prédateurs terrestres (Gochfeld, 1983). En Amérique du Nord, la Sterne de Dougall niche sur la côte atlantique dans deux régions. La population du Nord-Est du continent niche depuis les îles de la Madeleine, dans le golfe du Saint-Laurent, jusqu’à New York. Les membres de cette population nichent toujours en association avec d’autres espèces de sternes, particulièrement la Sterne pierregarin (S. hirundo; Nisbet, 1981). L’autre population niche depuis la Floride et les Bahamas jusqu’aux Petites Antilles (Cramp, 1985). Les deux populations hivernent en Amérique du Sud, depuis la Colombie jusque dans l’Est du Brésil (Nisbet, 1984; Hays et al., 1997).

En 1986, la Sterne de Dougall a été désignée « menacée » par le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC, qui portait à l’époque le nom de Comité sur le statut des espèces menacées de disparition au Canada). Cette désignation reposait sur le fait que la population du Nord-Est a chuté, passant de 8 500 couples dans les années 1930 à 2 600 couples en 1976 (Kress et al., 1983). Ce déclin a aussi été accompagné d’une réduction de l’aire de répartition de l’espèce et du nombre de sites de nidification, ainsi que de la concentration de plus de 90 p. 100 de la population dans une petite région s’étendant de Long Island (New York) à Cape Cod (Massachusetts) (Nisbet, 1981).

La population canadienne de Sterne de Dougall a été estimée à 101-125 couples dans la période de 1982 à 1985, et niche presque entièrement en Nouvelle-Écosse (Kirkham et Nettleship, 1985). Elle constituait alors 3 p. 100 de la population du Nord-Est du continent (~ 3 100 couples; Kress et al., 1983). Les effectifs de la Sterne de Dougall ont probablement toujours été faibles au Canada, mais il semble qu’ils aient chuté depuis les années 1930, selon les données historiques sur le nombre d’oiseaux nicheurs à l’île de Sable, en Nouvelle-Écosse (Kirkham et Nettleship, 1985). Le déclin le plus rapide à cet endroit a été observé entre 1971 (130 couples) et 1976 (18 oiseaux). Parallèlement, on observait aussi aux États-Unis un important déclin de l’espèce, de 4 800 couples en 1972 à 2 600 couples en 1976 (Kress et al., 1983). La plus grosse colonie canadienne de Sterne de Dougall à l’époque du premier rapport sur la situation de l’espèce se trouvait aux îles Brothers (Nouvelle-Écosse), qui comptait alors de 55 à 60 couples nichant en association avec plusieurs centaines de Sternes arctiques et de Sternes pierregarins (Kirkham et Nettleship, 1985).

Dans le premier rapport, on estimait que les deux principaux facteurs limitant la répartition et l’abondance de la Sterne de Dougall dans le Nord-Est de l’Amérique du Nord étaient le piégeage des adultes dans les aires d’hivernage pour la vente dans des marchés locaux (Hamilton, 1981), et la prédation et le déplacement par les goélands dans les aires de nidification (Nisbet, 1981). L’accroissement des effectifs du Goéland argenté (Larus argentatus) et du Goéland marin (L. marinus) en Amérique du Nord (Kadlec et Drury, 1968) était étroitement lié au déclin des effectifs de sternes (Kress et al., 1983). Il est bien établi que les goélands se nourrissent d’œufs de sternes, ainsi que d’oisillons et parfois d’adultes (p. ex. Hatch, 1970), et qu’ils chassent les sternes de leurs sites de nidification habituels (Nisbet, 1981). Cependant, à l’époque du premier rapport, on connaissait peu les effets des goélands sur la biologie ou le succès de la reproduction de la Sterne de Dougall au Canada.

Raison d’être de la présente mise à jour

Après l’attribution à la Sterne de Dougall du statut d’espèce menacée au Canada en 1986, l’Équipe de rétablissement de la Sterne de Dougall et des participants au programme RESCAPÉ (Rétablissement des espèces canadiennes en péril) ont élaboré le Plan de rétablissement de la Sterne de Dougall (Lock et al., 1993), dont les deux objectifs étaient les suivants : 1) accroître la population canadienne de Sterne de Dougall à 200 couples d’ici 2010; 2) maintenir la productivité des colonies à plus d’un jeune atteignant l’âge de l’envol par couple par année. Pour atteindre ces objectifs, on prévoyait assurer un nombre suffisant de sites de nidification dépourvus de prédateurs pour la Sterne de Dougall, la Sterne arctique et la Sterne pierregarin, protéger la Sterne de Dougall dans ses aires d’hivernage, et réduire à long terme les populations de goélands.

Depuis la première désignation attribuée par le COSEPAC, diverses études (p. ex. D’Eon, 1991-1997; Boates et al., 1993; Boates et Sam, 1996; Whittam, 1997) ont apporté de nouveaux renseignements sur la population canadienne de Sterne de Dougall. Aux États-Unis, on a entrepris en 1987 le « Cooperative Long-Term Roseate Tern Metapopulation Project », auquel participent des chercheurs du Massachusetts, du Connecticut et de l’État de New York (voir l’annexe). Ces chercheurs ont coordonné des études détaillées sur la croissance des oisillons, la productivité, la dispersion, le recrutement, la survie, l’alimentation et le comportement de l’espèce dans le Nord-Est des États-Unis au cours des dix dernières années (résultats présentés dans Nisbet et Spendelow, 1998). De plus, le segment américain de la population du Nord-Est du continent a été déclaré en voie de disparition en 1987 (U. S. Fish and Wildlife Service, 1987).

Dans le présent rapport, j’examine l’information récente sur la taille de la population, la répartition et l’habitat de la Sterne de Dougall dans le Nord-Est de l’Amérique du Nord. Je fais également état des résultats du Plan canadien de rétablissement de la Sterne de Dougall à ce jour, et réévalue le statut d’espèce menacée attribué à cet oiseau au Canada.

Taille et tendances de la population

Au Canada, la Sterne de Dougall se trouve à la limite septentrionale de son aire de répartition dans le Nord-Est de l’Amérique du Nord. Pour déterminer les tendances de la taille et de la répartition de cette population, il faut donc examiner, en plus des données canadiennes, celles recueillies aux États-Unis.

États-Unis

Le nombre de couples nicheurs dans la période de pointe et pour la saison entière a lentement augmenté aux États-Unis depuis 1988, sauf entre 1991 et 1992, où il a chuté de 17 p. 100 (tableau 1). En 1997, 3 382 couples ont niché aux États-Unis durant la période de pointe. Le nombre de couples pour la saison entière, estimé à 3 980 en 1997, est généralement supérieur de 10 à 20 p. 100 à celui des couples présents dans la période de pointe (U.S. Fish and Wildlife Service, 1998), et comprend probablement les cas d’échec de la nidification et de nidification tardive.

Depuis 1988, la Sterne de Dougall a niché dans 44 colonies réparties du Maine jusqu’à New York (U.S. Fish and Wildlife Service,1998). Cependant, seulement de 16 à 20 de ces sites sont utilisés d’une année à l’autre par la Sterne de Dougall. Certains sites sont fréquentés chaque année, tandis que d’autres ne sont utilisés qu’occasionnellement par de petits nombres de Sternes de Dougall. Depuis 1988, certains anciens sites des États-Unis ont été recolonisés (p. ex. rocher Eastern Egg, ME; Kress, 1983; île Ram, MA; Nisbet et Spendelow, 1998), tandis que d’autres sont moins fréquentés (p. ex. Nauset-île New, MA) ou ont été complètement abandonnés (p. ex. île East Inlet, NY; plage Cedar, NY). Actuellement, les cinq plus grosses colonies américaines sont celles de l’île Great Gull, NY (1 455 couples en 1997), de l’île Bird, MA (1 179 couples en 1997), de l’île Ram, MA (253 couples en 1997), du rocher Eastern Egg, ME (138 couples en 1997) et de l’île Falkner, CT (136 couples en 1997). Les effectifs ont diminué aux îles Bird et Falkner, sont demeurés stables à l’île Great Gull et ont augmenté au rocher Eastern Egg et à l’île Ram au cours des dix dernières années (U.S. Fish and Wildlife Service, 1998).

À l’heure actuelle, 93 p. 100 de la population américaine niche dans les cinq plus grandes colonies, et 78 p. 100 niche dans les deux plus grandes (tableau 1). Cette concentration rend l’espèce très vulnérable aux perturbations; il s’agit là de la principale raison pour laquelle la Sterne de Dougall a été déclarée en voie de disparition (endangered) aux États-Unis (U.S. Fish and Wildlife Service, 1987, 1998).

Tableau 1. Estimations du nombre de couples nicheurs de Sterne de Dougall dans la période de pointe dans le Nord-Est des États-Unis par État, de 1988 à 1997 (tiré de U.S. Fish and Wildlife Service, 1998).
Voir le texte pour les noms et les emplacements des cinq plus grosses colonies. Les effectifs pour l’ensemble de la saison sont généralement de 10 à 20 p. 100 supérieurs à ceux de la période de pointe; ils sont indiqués dans U.S. Fish and Wildlife Service (1998).
État 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997
Maine 68 77 102 123 119 141 142 152 161 237
Massachusetts 1656 1576 1585 1778 1413 1355 1341 1480 1743 1454
Connecticut 149 106 150 149 107 130 124 125 135 136
New York 1122 1074 1159 1380 1104 1149 1265 1345 1131 1555
Nbre total de couples 2995 2833 2996 3430 2743 2775 2872 3102 3170 3382
Nbre total de sites utilisés 19 20 16 18 16 19 17 18 17 20
Concentration dans les plus grosses colonies
% dans 2 colonies 86 86 86 85 85 85 83 74 65 78
% dans 5 colonies 96 94 96 95 94 94 92 90 96 93
Canada

Selon les estimations du nombre de couples nicheurs effectuées au Canada en 1996 et en 1997, la population canadienne compterait entre 88 et 137 couples nichant à six endroits (tableau 2). Ces estimations sont fondées sur une combinaison des effectifs pour la saison entière aux îles Brothers et à l’île Country, d’une part, et des effectifs dénombrés principalement lors d’une visite unique pour tous les autres sites, d’autre part. Le résultat est semblable à celui obtenu par Kirkham et Nettleship (1985), soit de 101 à 125 couples nichant à neuf endroits. Ainsi, la population canadienne de Sterne de Dougall est demeurée stable depuis 1985 (tableau 2). Actuellement, 3 p. 100 de la population du Nord-Est du continent niche au Canada.

La répartition de la Sterne de Dougall au Canada a changé depuis le début des années 1980 (tableau 2, figure 1). L’espèce niche actuellement dans seulement trois des neufs sites indiqués dans le premier rapport sur sa situation, soit dans l’île de Sable (N.-É.), les îles Brothers (N.-É.), et les îles de la Madeleine (Qc) (tableau 2). Plusieurs nouveaux sites ont par ailleurs été colonisés (tableau 2). Les changements dans la répartition de l’espèce sont présentés ci-dessous par province.

Tableau 2. Nombre estimé de couples nicheurs de Sterne de Dougall au Canada entre 1982 et 1985 (tiré de Kirkham et Nettleship, 1985) et en 1997 (voir le tableau 3 pour les sources).
La présence ou l’absence de goélands nicheurs à chaque site est également indiquée.
Site Estimation pour 1982-1985 Estimation pour 1997 Nids de goélands
Plusieurs colonies aux îles de la Madeleine, Qc 1 - 5 1 - 5 oui
Île Machias Seal, N.-B. 0 1 - 2 non; les goélands sont chassés
Île Peter’s, N.-É. 1 0 oui
Îles Brothers, N.-É. 55 - 60 54 non; les nids sont détruits
Île Mud, N.-É. 2 0 oui
Île Tusket, N.-É. 15 - 20 0 ?
Île Westhaver, N.-É. 8 0 ?
Île Grassy, N.-É. 0 12 - 30 non
Île Wedge, N.-É. 6 0 oui
Île Sambros, N.-É. 3 0 ?
Complexe de l’île Country*, N.-É. 0 18 - 45 oui
Île de Sable, N.-É. 10 - 20 1 oui
TOTAL 101 - 125 87 - 137
* Comprend les oiseaux nichant sur l’île Country, à l’anse Charlos, à la baie Fisherman’s et à l’île Inner West Bird en 1997 (voir le texte).
Nouvelle-Écosse

Au moins 95 p. 100 (de 86 à 130 couples) de la population canadienne de Sterne de Dougall niche en Nouvelle-Écosse. L’espèce s’y reproduit à quatre endroits, dont deux (île de Sable et îles Brothers) étaient mentionnés dans le rapport de Kirkham et Nettleship de 1985 (tableau 2). La Sterne de Dougall est aujourd’hui presque disparue de l’île de Sable, tandis qu’elle niche en nombre comparable à celui estimé en 1982 aux îles Brothers (tableau 3). Ainsi, la colonie des îles Brothers est la seule grosse colonie canadienne (plus de 20 couples) dont l’effectif est demeuré stable au cours des 15 dernières années (tableau 3).

Deux nouvelles colonies relativement importantes, soit celles des îles Country et Grassy, ont été découvertes en 1987 et en 1993, respectivement (notes de terrain d’Erskine, 1992; Boates et al., 1993). On a établi que ces deux colonies abritaient chacune un tiers de la population canadienne de Sterne de Dougall (tableau 3). L’île Grassy pourrait s’avérer un site de nidification stable, mais on a besoin de plus d’information sur la taille de la population et la productivité des sternes à cet endroit. L’effectif de l’île Country a considérablement fluctué depuis la découverte de la colonie : en 1987 il comptait 25 couples, mais un seul couple a été observé en 1997 (tableau 3). On pense que certains des oiseaux ayant abandonné l’île Country en 1997 sont allés dans trois autres sites où la nidification de l’espèce n’avait jusqu'alors pas été confirmée, soit l’anse Charlos, la baie Fisherman’s et l’île Inner West Bird (Whittam, 1997). Je n’ai pas considéré ces sites comme des colonies établies (dans le tableau 2) parce qu’on ne sait pas si les oiseaux continueront de les utiliser ou retourneront plutôt à l’île Country. Ces trois sites, avec celui de l’île Country, sont désignés sous le terme de « complexe de l’île Country » (tableau 2) étant donné la probabilité que les oiseaux qui y nichent proviennent de la même grosse colonie de l’île Country (Whittam, 1997). Il est intéressant de noter qu’en 1987, plusieurs couples semblent avoir niché sur l’une des îles Bird de même que dans deux sites de la baie Tor (îles Cooks et Hog; tableau 3 et figure 1), ce qui laisse penser que le « complexe de l’île Country » pourrait exister depuis un certain temps.

Figure 1. Emplacements des colonies récentes de Sterne de Dougall au Canada, incluant les sites occupés en 1997 (points noirs) et les sites occupés au moins une fois dans les années 1980 ou 1990 (cercles). Les détails, dont les noms des colonies, sont présentés au tableau 3. Voir Kirkham et Nettleship (1985, figure 2) pour les colonies occupées avant 1980.


Kirkham et Nettleship (1985) avaient mentionné les îles Peter’s, Mud, Wedge et Sambro comme sites de nidification de la Sterne de Dougall, mais depuis, ces îles ont été abandonnées par toutes les espèces de sternes (Lock et al., 1993; Boates et Sam, 1996; D. Currie - Nova Scotia Bird Society - comm. pers.). On a signalé la présence de huit couples à l’île Westhaver, également en Nouvelle-Écosse, en 1985 (Kirkham et Nettleship, 1985), mais aucune Sterne de Dougall n’y a niché depuis. Environ 168 couples de Sterne arctique et de Sterne pierregarin ont niché à cet endroit en 1997 (Gregoire, 1998), et des Sternes de Dougall ont été observées en train de s’alimenter dans le secteur, mais on n’a pas pu établir avec certitude si elles nichaient sur cette île (D. Currie, comm. pers.). L’île Grassy ne se trouve qu’à 16 km de l’île Westhaver, de sorte que les sternes qui s’alimentaient près de cette dernière pouvaient avoir niché à l’île Grassy.

Nouveau-Brunswick

L’île Machias Seal est le seul site de nidification connu de la Sterne de Dougall au Nouveau-Brunswick, et seulement un ou deux couples y nichent chaque année.

La nidification de l’espèce y a été observée en 1979 pour la première fois, puis de nouveau en 1982, mais aucune Sterne de Dougall ne s’y est reproduite de 1983 à 1985 (Kirkham et Nettleship, 1985). Un seul couple a été observé en 1988, et un nid a été identifié en 1994. Dans la période de 1995 à 1997, des comportements de parade nuptiale et de vol de parade ont laissé croire que deux nidifications pourraient avoir eu lieu, mais elles n’ont pas pu être confirmées (K. Amey, comm. pers.).

Québec

Les îles de la Madeleine sont le seul lieu de nidification connu de la Sterne de Dougall au Québec. Moins de cinq couples y nichent chaque année (Shaffer et Laporte, 1996). La présence de la Sterne de Dougall a été signalée pour la première fois sur les îlots au large de Pointe-aux-Loups, puis au bout de la dune du Sud et à la baie du Havre-aux-Basques, mais ces deux derniers sites n’ont pas été occupés depuis le début des années 1970 et le début des années 1980, respectivement (Shaffer et Robert, 1996). Depuis 1987, on a confirmé la nidification de la Sterne de Dougall en petits nombres (de 1 à 3 couples) dans trois colonies, soit sur l’île aux Cochons, sur l’un des îlots au large de Pointe-aux-Loups (Deuxième Îlot), et sur un îlot artificiel (îlot C) au large de Grande-Entrée. Ces colonies ne sont pas toutes occupées tous les ans (Shaffer et Robert, 1996; Shaffer et Laporte, 1996).

Facteurs limitatifs
Prédation pendant la saison de nidification

La prédation au sein des colonies de nidification semble être le principal facteur limitant la répartition et la productivité de la Sterne de Dougall au Canada. Le renard roux (Vulpes vulpes) est un important prédateur d’œufs de sternes aux îles de la Madeleine (Shaffer et Laporte, 1996), alors que le Grand Corbeau (Corvus corax) et la Corneille d’Amérique (Corvus brachyrhynchos) sont reconnus pour détruire des œufs de sternes (dont ceux des Sternes de Dougall) dans plusieurs colonies de la Nouvelle-Écosse (Whittam, 1997; D’Eon, 1997). Aux États-Unis, le Grand-duc d'Amérique (Bubo virginianus) constitue une menace importante pour les Sternes de Dougall adultes, les oisillons et les juvéniles (revue de la documentation dans Nisbet et Spendelow, 1998). En chassant, les hiboux forcent les sternes adultes à abandonner leur nid pendant la nuit, exposant ainsi les œufs et les oisillons à divers dangers, notamment à une plus forte prédation par des espèces nocturnes, telles que le Bihoreau gris (Nycticorax nycticorax) et les fourmis (Nisbet et Spendelow, 1998). À la baie Pubnico, en Nouvelle-Écosse, on a signalé la prédation de Sternes pierregarins adultes par le Grand-duc d’Amérique (D’Eon, 1997), mais on ignore si ce rapace attaque aussi les Sternes de Dougall. On ignore aussi le risque de prédation par le Bihoreau gris ou les fourmis pour la Sterne de Dougall au Canada. Il y a peu de colonies de Bihoreaux gris au Canada atlantique, et aucune ne se trouve à proximité des colonies de Sterne de Dougall (D. Amirault, comm. pers.).

Dans les colonies canadiennes, les principaux prédateurs de sternes sont le Goéland argenté (Larus argentatus) et le Goéland marin ( L. marinus). Ces espèces s’attaquent aux œufs des Sternes de Dougall, aux oisillons et aux adultes (Hatch, 1970; Nisbet, 1981). Dans une étude récente sur la colonie de sternes de l’île Country, on présente de l’information détaillée sur la prédation par les goélands à cet endroit (Whittam, 1997). En 1996, l’île Country abritait près de la moitié de la population canadienne de Sterne de Dougall (c.-à-d. 45 couples; tableau 3). En 1997, un seul couple y faisait son nid, et l’œuf a été abandonné après dix jours d’incubation. Les Sternes arctiques et les Sternes pierregarins ont aussi vu leur nombre combiné diminuer de plus de la moitié de 1996 (500 couples) à 1997
(220 couples).

On attribue cet abandon massif de l’île Country à la prédation des œufs de sternes par les corvidés, et à la prédation des adultes, des jeunes et des œufs par les goélands. On a observé un Goéland marin qui s’attaquait à une Sterne de Dougall adulte, et les goélands ont pris plus de la moitié des oisillons des sternes éclos dans cette colonie en 1996 (c.-à-d. environ 600 oisillons). Cette année-là, chez les Sternes de Dougall, seulement 0,08 oisillon par nid, soit environ cinq oisillons au total, ont survécu jusqu’à l’envol. Ce taux de reproduction est bien inférieur au taux nécessaire pour maintenir la colonie à sa taille actuelle (Whittam, 1997).

Survie des adultes en hiver

La mortalité des adultes au cours de la migration ou dans les aires d’hivernage est sans doute le principal facteur limitant la taille des populations aux États-Unis, où les prédateurs sont chassés de la plupart des colonies de nidification (Nisbet et Spendelow, 1998). Le taux de survie annuel moyen des Sternes de Dougall adultes dans quatre des principales colonies américaines est d’environ 81 p. 100 à 84 p. 100, ce qui est peu élevé par rapport aux autres oiseaux marins (Spendelow et Nichols, 1989; Spendelow et al., 1995). Dans les années 1980, seules les colonies de l’île Bird et de l’île Great Gull ont généré suffisamment d’oisillons pour compenser la mortalité des adultes (Ratcliffe, 1997). Comme la mort d’adultes est rarement observée dans les colonies de nidification, on suppose que les Sternes de Dougall meurent surtout au cours de la migration ou dans leurs aires d’hivernage. Au Guyana, de 1968 à 1981, on capturait massivement des Sternes de Dougall pour les vendre sur des marchés de la région, mais il semble que cette pratique ait cessé depuis (Nisbet, 1984). Des données supplémentaires sont nécessaires pour déterminer les causes de la mortalité hivernale (Spendelow et al., 1995).

Conditions météorologiques extrêmes

Les grosses tempêtes, comme l’ouragan « Bob », qui a traversé la principale halte de migration des Sternes de Dougall au cours du mois d’août 1991, peuvent freiner le rétablissement de la population (Nisbet et Spendelow, 1998). Certains indices permettent d’attribuer à « Bob » la responsabilité de la brusque diminution de la population américaine de Sterne de Dougall entre 1991 et 1992 (tableau 1). Le taux de mortalité des adultes est passé de 17 à 33 p. 100 de 1991 à 1992. De plus, 80 p. 100 des jeunes sternes élevées en 1991 n’ont pas survécu (Nisbet et Spendelow, 1998). L’ouragan « Bob » est la seule tempête pour laquelle il existe des données démographiques concernant les sternes. Pour mieux cerner le rôle joué par les conditions météorologiques extrêmes dans l’effondrement des populations, il faut documenter davantage de cas (Nisbet et Spendelow, 1998).

Rapport des sexes inégal

Un nombre de mâles insuffisant pourrait limiter la productivité des Sternes de Dougall dans certaines colonies du Nord-Est du continent (Nisbet et Hatch, sous presse). La proportion des sexes des oiseaux nicheurs à l’île Bird (MA) est de 127 femelles pour 100 mâles. Vingt pour cent des femelles reproductrices ne se trouvent pas de partenaire mâle, et forment plutôt des couples de femelles, produisant des « super-couvées » de trois à quatre œufs. Les œufs sont fécondés par copulation hors-couple. Les couples de femelles produisent 75 p. 100 moins de jeunes atteignant l’âge de l’envol par femelle que les couples mâle-femelle. La productivité moyenne de la colonie de l’île Bird se trouve donc réduite d’environ 16 p. 100, si on la compare à celle attendue si toutes les femelles avaient eu un partenaire mâle (Nisbet et Hatch, sous presse). On ignore si la proportion des sexes est inégale dès l’éclosion ou à l’envol, ou bien si elle est attribuable à une mortalité ultérieure plus élevée des mâles (Nisbet et Hatch, sous presse).

Sommaire

La population de Sterne de Dougall du Nord-Est de l’Amérique du Nord augmente lentement depuis 1987, mais elle est concentrée à plus de 90 p. 100 dans cinq sites où la prédation est contrôlée aux États-Unis. De 3 à 4 p. 100 de la population du Nord-Est du continent niche au Canada, qui ne compte actuellement que trois colonies importantes regroupant jusqu’à 94 p. 100 de la population canadienne. Ces colonies sont celles des îles Brothers, de l’île Grassy et du complexe de l’île Country (tableau 2, figure 1). À notre connaissance, la seule colonie nicheuse stable est celle des îles Brothers. Une telle concentration de la population est préoccupante, car toute perturbation de ces sites, qu’elle soit due à une contamination environnementale, à l’activité humaine, à une forte tempête ou à une augmentation de la pression liée à la prédation, pourrait entraîner la disparition de la Sterne de Dougall au Canada.

Habitat
Habitat d’alimentation de la Sterne de Dougall durant la saison de nidification

Les Sternes de Dougall cherchent habituellement leur nourriture dans les eaux peu profondes du littoral, près des hauts-fonds et des remous de la marée (Safina, 1990). Dans certaines colonies, elles peuvent parcourir jusqu’à 30 km aller-retour pour trouver leur nourriture (Heinemann, 1992). Les Sternes pierregarins peuvent s’alimenter dans des milieux plus divers et sont également moins limitées par les caractéristiques physiques de l’océan (Safina, 1990). Ainsi, les Sternes de Dougall pêchent un nombre limité d’espèces de poisson, alors que les Sternes pierregarins ont un régime alimentaire plus varié (Richards et Schew, 1989; Safina et al., 1990). La spécificité de l’habitat d’alimentation de la Sterne de Dougall explique sans doute en partie sa faible abondance et sa répartition restreinte par rapport à de la Sterne pierregarin (Safina, 1990; Nisbet et Spendelow, 1998). De plus, comme les Sternes de Dougall de certaines colonies ne pêchent principalement qu’une ou deux espèces de poisson, toute perturbation environnementale pouvant affecter ces poissons touchera également ces oiseaux (Safina et al., 1988, 1990).

Tableau 3. Sites de nidification de la Sterne de Dougall occupés depuis le début des années 1980. Les entrées en caractères gras proviennent du rapport de situation initial (Kirkham et Nettleship, 1985).
Site de nidification Année Observations Source
QUÉBEC
1. Îles de la Madeleine
* = nidification confirmée
1972-1983 1-5 couples Kirkham et Nettleship, 1985
1987 2 adultes* Shaffer et Robert, 1996
1988 6 adultes* Shaffer et Robert, 1996
1989 3 adultes* Shaffer et Robert, 1996
1990 5 adultes Fradette, 1990
1991 4 adultes Shaffer et Laporte, 1996
1992 2 adultes* Shaffer et Laporte, 1996
1993 7 adultes* Shaffer et Laporte, 1996
1994 2 adultes Shaffer et Laporte, 1996
1995 4 adultes Shaffer et Laporte, 1996
1996 3 adultes Shaffer et Laporte, 1996
1997 2 adultes* F. Shaffer, comm. pers.
NOUVEAU-BRUNSWICK
2. Île Machias Seal 1982 1 couple Kirkham et Nettleship, 1985
1983-1985 absence Kirkham et Nettleship, 1985
1988 1 couple Kennedy, 1988
1992 absence Anonyme, 1992
1993 14 adultes P. Dooley, données inédites
1994 1 nid, deuxième nid présumé K. Amey, comm. pers.
1995 2 nids présumés K. Amey, comm. pers.
1996 2 nids présumés K. Amey, comm. pers.
1997 5 adultes J. Hudson, comm. pers.
NOUVELLE-ÉCOSSE
3. Île Peter’s 1981 1-2 adultes Kirkham et Nettleship, 1985
1982 1 couple Kirkham et Nettleship, 1985
1988 1-2 couples J. Cohrs, comm. pers.
1995 1 couple Boates et Sam, 1996
1996 absence D. Currie, comm. pers.
1997 absence D. Currie, comm. pers.
4. Île Holmes 1991 1 adulte D’Eon, 1991
1993 1 adulte Boates et al., 1993
1994-1997 absence D’Eon, 1994-1997
5. Île Tusket 1983 15-20 couples Kirkham et Nettleship, 1985
1997 absence D’Eon, 1997
6. Île Chesapeake 1996 2 couples, douteux D’Eon, 1996
1997 absence D’Eon, 1997
7. Îles Brothers 1982 55-60 couples Kirkham et Nettleship, 1985
1984 36+ couples T. D’Eon, données inédites
1991 20 couples D’Eon, 1991
1992 23 couples D’Eon, 1992
1993 30 couples D’Eon, 1993
1994 34 couples D’Eon, 1994
1995 33 couples D’Eon, 1995
1996 48 couples D’Eon, 1996
1997 54 couples D’Eon, 1997
8. Île Mud 1982 2-3 adultes Kirkham et Nettleship, 1985
1991 absence D’Eon, 1991
1995 absence Boates et Sam, 1996
9. Île Westhaver 1982 8 couples Kirkham et Nettleship, 1985
1997 adultes s’alimentant à proximité D. Currie, comm. pers.
10. Île Grassy 1993 40 adultes Boates et al., 1993
1994 15-20 couples Dickie, 1994
1995 30 couples Boates et Sam, 1996
1997 12 couples P. Mills, comm. pers.
11. Île Wedge 1985 6 couples Kirkham et Nettleship, 1985
1995 absence Boates et Sam, 1996
12. Île Sambro 1982 6 adultes Kirkham et Nettleship, 1985
1995 absence Boates et Sam, 1996
13. Plage Fisherman’s 1982 7 couples Kirkham et Nettleship, 1985
1983 absence Kirkham et Nettleship, 1985
14. Île Inner West Bird** 1987 probable Erskine, 1992
1997 8 couples Whittam, 1997
15. Île Thrumcap 1982 2 couples Kirkham et Nettleship, 1985
1995 absence Boates et Sam, 1996
16. Flèche au large de la
baie Fisherman’s*
1997 5 couples Whittam, 1997
17. Île Country 1987 25 couples Notes de terrain d’Erskine, 1992
1995 30 couples Boates et Sam, 1996
1996 45 couples Whittam, 1997
1997 1 couple Whittam, 1997
18. Île sans nom au large de l’anse Charlos* 1997 4 couples Whittam, 1997
19. Île Hog 1987 plusieurs couples, nidification présumée Notes de terrain d’Erskine, 1992
20. Île Cooks 1987 plusieurs couples, nidification présumée Notes de terrain d’Erskine, 1992
1997 absence Données inédites du NSDNR (relevé aérien)
21. Île de Sable 1985 10-20 couples Kirkham et Nettleship, 1985
1993 4 couples Z. Lucas, comm. pers.
1994 3 couples Z. Lucas, comm. pers.
1995 2 couples Z. Lucas, comm. pers.
1997 1 couple Z. Lucas, comm. pers.

* Les Sternes de Dougall présentes dans ces sites y auraient immigré depuis l’île Country en 1997 (Whittam, 1997).

** Erskine (1992) a noté que la nidification de Sternes de Dougall dans le carré 20TNE56 était « probable ». Les îles Bird se trouvent dans ce carré. Cependant, il faudrait consulter les notes de terrain originales (non disponibles au moment de la rédaction du présent rapport) pour juger de ce qu’il en est exactement de cette observation.

La population de Sterne de Dougall du Nord-Est du continent se divise en deux groupes, fondés sur des différences relatives à l’océanographie et au régime alimentaire, à savoir : a) le groupe des eaux chaudes, qui niche principalement entre Long Island (New York) et Cape Cod (Massachusetts) et se nourrit surtout de lançon d’Amérique (Ammodytes americanus) mais aussi, en plus petite quantité, de tassergal (Pomatomus saltatrix), de maquereau bleu (Scomber scombrus) et d’anchois (Anchoa spp.); b) le groupe des eaux froides, qui niche dans le Nord du golfe du Maine et le Sud-Est du Canada et se nourrit surtout de hareng atlantique (Clupea harengus harengus) et de merluche blanche (Urophycis tenuis) (Nisbet et Spendelow, 1998).

Bien qu’aucune étude exhaustive n’ait été menée sur la sélection des proies par les Sternes de Dougall au Canada, certaines données ont été recueillies. Ainsi, à l’île Country, le lançon et la merluche blanche constituent, dans des proportions à peu près égales, les principales proies des Sternes de Dougall, qui pêchent aussi le stromaté à fossettes (Peprilus triacanthus) et la lompe (Cyclopterus lumpus) (Whittam et Leonard, données inédites). Elles pêchent souvent des lançons à l’île de Sable (I. McLaren, comm. pers.). Aux îles Brothers, on a observé des Sternes de Dougall pêchant la capucette (Menidia menidia), le stromaté à fossettes et le hareng atlantique (D’Eon, 1994, 1996).

Haltes de migration et habitat d’hivernage

Après avoir quitté le nid, au début du mois d’août, les Sternes de Dougall juvéniles de la population du Nord-Est du continent s’envolent avec leurs parents vers diverses haltes de migration réparties de Long Island à Nantucket et Cape Cod, ainsi que dans le golfe du Maine (p. ex. l’île Stratton; Shealer et Kress, 1994). À ces endroits, les sternes vont pêcher au large, où elles trouvent des lançons en abondance, et reviennent se reposer pour la nuit (Shealer et Kress, 1994).

Ces sternes migrent vers le sud à la fin du mois d’août et au début du mois de septembre. Elles arrivent en Amérique du Sud en octobre, où elles ont été observées le long de la côte Nord du continent, de l’Ouest de la Colombie à l’Est du Brésil, entre 11° et 18° de latitude Sud (Nisbet, 1984; Hays et al., 1997). À Mangue Seco, dans l’État de Bahia au Brésil, on a découvert, en 1997, une importante concentration d’environ 10 000 sternes, dont plus de 3 000 Sternes de Dougall (Hays et al., sous presse). Cette population comprenait des Sternes de Dougall baguées provenant de chacune des principales colonies de nidification des États-Unis (Hays et al., sous presse). Nous ne savons presque rien de l’écologie et du comportement hivernaux des Sternes de Dougall de la population du Nord-Est (Nisbet et Spendelow, 1998).

Habitat de nidification

Les Sternes de Dougall nichent en colonies presque exclusivement sur de petites îles, souvent garnies d’ammophiles et d’autres plantes herbacées (Nisbet, 1981). Dans le Nord-Est de l’Amérique du Nord, les Sternes de Dougall nichent toujours en compagnie de Sternes pierregarins et de Sternes arctiques. Les sternes requièrent des sites de nidification relativement exempts de prédateurs; elles abandonneront d’ailleurs les sites où elles ont connu une saison de forte prédation (Nisbet, 1981). Les Sternes de Dougall nichant en Amérique du Nord sont donc limitées par le nombre de sites de nidification exempts de prédateurs (ou de sites où l’on élimine les prédateurs) disponibles, et offrant aussi une bonne source de nourriture à proximité.

À l’intérieur d’une colonie, les emplacements des nids des Sternes de Dougall sont mieux protégés que ceux des Sternes arctiques ou des Sternes pierregarins (Burger et Gochfeld, 1988; Ramos et del Nevo, 1995; Whittam, 1997; Whittam, données inédites). Les Sternes de Dougall nichent habituellement à l’abri d’une végétation dense, ou encore de rochers, de planches ou de bois de grève éparpillés (Nisbet, 1981; Spendelow, 1982). Elles nichent aussi dans des boîtes, des pneus à moitié ensevelis ou tout autre abri laissé par les humains (Spendelow, 1982). On a observé un taux de nidification plus élevé dans les abris artificiels que dans les sites naturels (Spendelow, 1996). Le tableau 4 présente de l’information sur les types d’habitat de nidification utilisés par les principales colonies canadiennes. On trouve des descriptions semblables des sites de nidification des colonies américaines dans Nisbet (1981, 1989).

Tableau 4. Habitat de nidification utilisé par la Sterne de Dougall au Canada.
Endroit Habitat Sites de nidification Source
Îles Brothers Deux îles rocheuses de 1/3 ha distantes de 600 m, garnies de graminées basses. 60 % des nids dissimulés près ou en-dessous d’abris divers : casiers à homard, nichoirs, pneus, coques de doris et panneaux de contreplaqué; végétation; 20 % en milieu dégagé. D’Eon, 1997
Île Grassy Île rocheuse de 1/3 ha bordée d’une plage de galets étroite. Nids dissimulés sous des abris et sous des touffes de plantes herbacées. Centre de l’île couvert de graminées et autres végétaux, particulièrement des carex et des plantes herbacées maritimes. P. Mills, comm. pers.
Île Country Île rocheuse de 19 ha avec plantes herbacées, particulièrement des carex, et des petits taillis d’épinettes blanches. Plupart des nids dissimulés sous des touffes de végétation. Certains nids à l’abri de rochers; un nid sous un nichoir en 1997. Whittam, 1997
Île de Sable Île de 40 km de longueur et de 1,5 km de largeur. Dunes couvertes d’ammophiles et de plantes herbacées. Habituellement dans des touffes d’ammophiles. Kirkham et Nettleship, 1985

Effet des goélands sur l’habitat de nidification de la Sterne de Dougall

De nombreuses colonies de sternes ont été abandonnées durant le XXe siècle à cause de la présence de goélands (Crowell et Crowell, 1946; Kress, 1983; Howes et Montevecchi, 1993). Au Canada, la Sterne de Dougall a presque complètement abandonné l’île de Sable et, presque certainement à cause de la prédation par les goélands, l’île Country (Whittam, 1997). En l’absence de prédation, ces deux îles offrent des sites de nidification de grande qualité, principalement parce qu’elles sont situées loin de la terre ferme (160 km et 5 km, respectivement), d’où une moins forte exposition aux prédateurs terrestres et aux perturbations anthropiques (Lock et al., 1993; Whittam 1997).

En général, au Canada, la Sterne de Dougall niche actuellement dans des sites de petite taille, à proximité de la terre ferme. Par exemple, seulement 600 mètres séparent les îles Brothers du littoral. De plus, il semble que les Sternes de Dougall qui ont abandonné l’île Country en 1997 ont colonisé trois sites dont l’un (celui de la baie Fisherman’s) était relié à la terre ferme et l’autre était située très proche du littoral (celui de l’anse Charlos). Aux États-Unis, les goélands ont forcé les sternes à gagner des sites se trouvant près des côtes, qui renferment aujourd’hui la majorité des colonies nicheuses de Sterne de Dougall (U.S. Fish and Wildlife Service, 1989; Nisbet et Spendelow, 1998).

Il serait précieux de savoir si la population de goélands s’accroît ou diminue dans l’Est du Canada. En 1987, on a estimé que 30 000 couples de Goéland marin et 28 000 couples de Goéland argenté nichaient en Nouvelle-Écosse (Lock, 1987). Selon Lock et al. (1993, p. 16), les populations de goélands ne devraient pas s’accroître beaucoup dans l’avenir, mais elles ne devraient pas non plus diminuer considérablement au cours des prochaines décennies. Malheureusement, aucun relevé des effectifs de goélands n’a été effectué au Canada atlantique au cours des dix dernières années. La seule donnée récente dont nous disposons provient du parc national du Gros-Morne, à Terre-Neuve, où la population de goélands sur l’île Stearing, de nulle qu’elle était en 1976, est passée à 615 couples en 1992 (Howes et Montevecchi, 1993). La population a cependant chuté à 282 couples en 1993, probablement à cause du moratoire de 1992 sur la pêche à la morue (Deichmann, 1993).

Protection de l’habitat de nidification

La présence du Goéland argenté et du Goéland marin dans les colonies de nidification est la plus importante menace pesant sur la Sterne de Dougall au Canada. Le fait d’acquérir des habitats propices à la Sterne de Dougall et de leur attribuer le statut d’aires protégées pourrait certes contribuer au rétablissement de l’espèce, mais ne suffirait pas à régler le problème. On doit surveiller annuellement les colonies jugées essentielles à la survie de la Sterne de Dougall au Canada et y empêcher la nidification des goélands. Des goélands nichent actuellement dans trois des six colonies canadiennes de Sterne de Dougall (table 2). Aux États-Unis, 97 p. 100 de la population de Sterne de Dougall niche dans des endroits gérés et protégés par des biologistes et des gardiens; au nombre des mesures de gestion, on compte la destruction des nids de goélands, le harcèlement des goélands adultes et l’enlèvement des prédateurs persistants (goélands et autres espèces; voir Nisbet et Spendelow, 1998). La gestion des prédateurs est absolument nécessaire à la survie de la Sterne de Dougall (Nisbet, 1981, 1989).

Colonies de nidification essentielles

On dresse ci-dessous la liste des colonies essentielles (ou core colonies, définies dans Lock et al., 1993) de la Sterne de Dougall au Canada, en indiquant à qui appartient actuellement le terrain où elles se trouvent, leur degré de protection et les menaces pesant sur les sternes. On fait aussi brièvement état de ce que l’on sait actuellement du succès reproducteur des sternes dans chacune des colonies. Les chiffres apparaissant entre parenthèses après les noms des colonies désignent leur emplacement indiqué à la figure 1. Les descriptions générales des habitats de chacun des sites sont données au tableau 4.

Îles Brothers, Nouvelle-Écosse (7)

Ces îles ont récemment été acquises par le gouvernement provincial de la Nouvelle-Écosse (S. Boates, comm. pers.). T. D’Eon effectue sur chacune des deux îles deux ou trois relevés à chaque saison de nidification; il y a compté le nombre de nids depuis 1991 (tableau 3) et établi la taille des couvées depuis 1996 (tableau 5). La colonie semble productive, car de jeunes Sternes de Dougall ayant atteint l’âge de l’envol y ont été observées en 1996 et en 1997 (D’Eon, 1996, 1997). La productivité de cette colonie a été estimée à au moins 0,62 jeune atteignant l’âge de l’envol par nid en 1997 (données de D’Eon, 1997, et calcul effectué par Whittam, 1997). On doit cependant souligner que la taille moyenne annuelle des couvées de la Sterne de Dougall à cet endroit (tableau 5) est très inférieure à celle de la colonie de l’île Country (tableau 6), ainsi qu’à celle de la plupart des colonies américaines (1,5 à 1,8 œuf; Nisbet, 1981).

Tableau 5. Nombre de nids (n) et taille moyenne des couvées des Sternes de Dougall nichant aux îles Brothers en 1996 et en 1997 (D’Eon, 1996, 1997).
Année n Taille des couvées (± 1 erreur-type)
1996 48 1,29 ± 0,07
1997 54 1,30 ± 0,06
Tableau 6. Sommaire des données sur la nidification de la Sterne de Dougall sur l’île Country en 1996 (tiré de Whittam, 1997).
Paramètres de la nidification Données

Couvées d’un œuf

Couvées de deux œufs

15

30

Taille moyenne des couvées

Date modale de début de la couvaison

1,6

10 juin

Durée moyenne de l’incubation (jours) 23,4

Taux d’éclosion (œufs éclos/nid)

Œufs éclos (%)

Œufs détruits (%)

Œufs non éclos (%)

1,04

47 (63)

18 (24)

10 (13)

Nids dans lesquels au moins un œuf a éclos (%) 29 (64)
Taux d’envol (jeunes ayant quitté le nid/oisillons éclos) 0,07
Productivité (jeunes ayant quitté le nid/nid) 0,08

D’Eon aménage aussi des abris pour la nidification et détruit les nids et les œufs de Goéland argenté et de Goéland marin sur les îles Brothers. Le ministère des Richesses naturelles a installé un panneau d’avertissement indiquant la présence de la colonie de sternes sur l’île Nord pour la protéger contre toute perturbation anthropique. En 1994, une exploitation piscicole a été établie à 60 mètres du rivage nord de l’île Nord (Boates et Sam, 1996). On a alors craint que des goélands soient attirés dans le secteur par cette installation et menacent les sternes nichant à proximité, ou encore que l’activité humaine associée à l’exploitation perturbe le comportement reproducteur des sternes. Selon les observations faites jusqu’après la nidification de 1997, il ne semble pas que la pisciculture ait eu un impact négatif sur les sternes (Boates et Sam, 1996; T. D’Eon, comm. pers.). Cependant, s’il y avait expansion de l’exploitation piscicole, les îles Brothers pourraient ne plus être propices à la nidification de la Sterne de Dougall.

Île Grassy, Nouvelle-Écosse (10)

Cette île appartient au gouvernement provincial de la Nouvelle-Écosse. On a découvert en 1993 que la Sterne de Dougall y nichait, mais cette colonie n’a pas fait l’objet d’une surveillance étroite. La productivité de cette colonie doit être établie, de même que les facteurs pouvant influer sur ce paramètre, comme la prédation. Les goélands ne nichent pas sur l’île Grassy, mais ils le font sur de nombreuses îles voisines (P. Mills, comm. pers.). En 1994, des abris de nidification ont été installés pour favoriser la reproduction des sternes, et le ministère des Richesses naturelles a posé un panneau d’avertissement pour empêcher toute perturbation anthropique. Le gouvernement de la Nouvelle-Écosse prévoit attribuer le statut de zones de gestion de la faune à l’île Grassy et aux îles Brothers, y compris les eaux dans lesquelles elles baignent jusqu’à une distance de 250 mètres (S. Boates, comm. pers.).

Île Country, Nouvelle-Écosse (17)

Cette île est la propriété du ministère des Pêches et des Océans et relève de la Garde côtière canadienne. Environnement Canada envisage de créer un refuge d’oiseaux migrateurs à cet endroit. Si le ministère des Pêches et des Océans se défaisait de cette île, Environnement Canada tenterait d’en acquérir la propriété. L’île pourrait alors recevoir le statut de réserve nationale de la faune, ce qui assurerait la protection tant des sternes que de leur habitat (Boyne, 1998).

Comme on l’a mentionné plus haut, on sait que la Sterne de Dougall a niché sur l’île Country en nombre relativement élevé en 1987, en 1995 et en 1996 (tableau 3), mais un nombre infime de jeunes y a été produit en 1996 (tableau 6). De plus, le seul couple qui y a niché en 1997 a abandonné son œuf après dix jours d’incubation (Whittam, 1997).

Le Service canadien de la faune (SCF) a conçu un plan de rétablissement des sternes pour l’île Country avec l’aide de l’Équipe canadienne de rétablissement de la Sterne de Dougall, du ministère des Richesses naturelles de la Nouvelle-Écosse et de la Garde côtière canadienne. Une étude pilote biennale, lancée en avril 1998, examinera si la lutte contre les goélands et les corvidés, sans abattage de ces oiseaux, permettrait de rétablir la Sterne de Dougall et d’autres espèces de sternes à cet endroit (Boyne, 1998). L’Eider à duvet (Somateria mollissima) et l’Océanite cul-blanc (Oceanodroma leucorhoa) nichent également sur l’île Country (obs. pers.), et on croit qu’une telle gestion des prédateurs leur serait aussi bénéfique (Boyne, 1998). Actuellement, de 60 à 90 couples de Goéland argenté, 20 couples de Goéland marin, deux couples de Corneille d’Amérique et un couple de Grand Corbeau nichent sur l’île Country (Whittam, 1997).

La prédation est la menace la plus directe pour cette colonie, mais il existe aussi une autre menace, moins directe : la construction du gazoduc du Projet énergétique extracôtier de l'île de Sable (PEEIS). Ce gazoduc transportera du gaz naturel depuis les champs gazifères sous-marins situés à proximité de l’île de Sable jusqu’à la baie Country, en Nouvelle-Écosse. Comme ce gazoduc passera à moins de cinq ou six kilomètres de l’île Country, on a fait remarquer que sa construction pourrait chasser les poissons dont se nourrissent les oiseaux dans la région et ainsi perturber l’alimentation des sternes. De plus, l’accroissement du trafic maritime, du bruit et éventuellement de la pollution pourrait avoir une incidence sur le comportement reproducteur des oiseaux (Whittam et Leonard, 1996). Par conséquent, il a été convenu que les travaux de construction du segment du gazoduc qui passe à moins de 20 kilomètres de l’île Country devaient être réalisés en dehors de la saison de nidification, c’est-à-dire seulement de septembre à avril (Fournier et al., 1997).

Île de Sable, Nouvelle-Écosse (21)

Cette île est administrée par le ministère des Pêches et des Océans et relève de la Garde côtière canadienne. Le SCF lui a donné le statut de refuge d’oiseaux migrateurs pour protéger les populations d’oiseaux migrateurs qui y nichent, particulièrement des sternes et une sous-espèce du Bruant des prés (le Bruant d’Ipswich, Passerculus sandwichensis princeps). L’accès à l’île est limité en vertu d’un règlement de la Garde côtière (Lock et al., 1993).

La Sterne de Dougall niche depuis longtemps à l’île de Sable, et de 10 à 20 couples nicheurs y ont été signalés en 1985 (Kirkham et Nettleship, 1985). Actuellement, seulement un ou deux couples y nichent, et on ne dispose d’aucune donnée sur leur succès reproducteur. En 1995, environ 2 570 Sternes pierregarins et 286 Sternes arctiques nichaient sur l’île dans 20 colonies (Z. Lucas, données inédites).

Au début des années 1970, environ 2 800 couples de Goéland argenté et 1 200 couples de Goéland marin nichaient sur l’île (Lock, 1973). Z. Lucas y a dénombré les goélands en 1997, mais les résultats de ce relevé ne sont pas encore publiés. Durant cette même année, elle a également évalué les effets potentiels de la prédation par les goélands sur le succès reproducteur des sternes de l’île. Elle a observé qu’il y avait prédation à seulement une des cinq colonies qu’elle a étudiées (Z. Lucas, données inédites). Bien qu’elle n’ait pas étudié spécifiquement la colonie où niche la Sterne de Dougall (celle du phare de l’Est), elle y a tout de même observé qu’il ne semble pas y avoir de prédation par les goélands dans cette colonie (Z. Lucas, comm. pers.).

Le PEEIS pourrait déranger les sternes et d’autres oiseaux nichant sur l’île de Sable. Selon ce qu’on en sait, l’île de Sable ne devrait être abordée qu’occasionnellement par des personnes travaillant sur ce projet, et un code de pratique régira ces visites (Fournier et al., 1997). De plus, les instances responsables du PEEIS devront assurer la réalisation d’un programme de suivi des effets sur l’environnement d’au moins cinq ans, qui évaluera les incidences éventuelles du projet sur les oiseaux de l’île de Sable (Fournier et al., 1997).

Un organisme voué à la protection de l’île de Sable est en train de se constituer. Il s’agit du Sable Island Conservancy, un partenariat à but non lucratif regroupant des intérêts industriels privés, le gouvernement et des groupes écologiques locaux et qui vise à préserver l’intégrité de la flore et de la faune de l’île. S’il obtient des fonds du gouvernement fédéral, cet organisme pourrait contribuer à la gestion et à la conservation des sternes de l’île de Sable (I. McLaren, comm. pers.).

En plus des sites de nidification susmentionnés, on compte également deux sites secondaires où la Sterne de Dougall a niché en petits nombres durant au moins cinq ans.

Le premier de ces sites est celui de l’île Machias Seal (2), laquelle constitue un refuge d’oiseaux migrateurs. On y trouve 67 p. 100 de toutes les sternes nichant dans la baie de Fundy (Lock et al., 1994), et un ou deux couples de Sterne de Dougall y nichent depuis 1979 (Kirkham et Nettleship, 1985; K. Amey, comm. pers.). On ne sait rien de la productivité de ces oiseaux. Un gardien qui réside sur l’île empêche les goélands d’y nicher et contrôle l’accès des personnes.

Le deuxième endroit est les îles de la Madeleine (1). La Sterne de Dougall y niche actuellement dans trois colonies : le site de la colonie de l’île aux Cochons se trouvant sur une propriété privée, le Deuxième îlot appartenant à la Couronne, et l’îlot C étant de propriété inconnue (F. Shaffer, comm. pers.). La prédation par le Goéland marin y constitue un problème, mais aucune mesure de gestion de ce prédateur n’a été prévue (F. Shaffer, comm. pers.). Par ailleurs, la prédation par les renards étant aussi très préoccupante. On a donc installé en 1994 des clôtures électriques autour de deux importantes colonies de sternes pour empêcher les renards d’y accéder (F. Shaffer, comm. pers.).

Évaluation des mesures du plan de rétablissement

Bon nombre des mesures décrites dans le Plan de rétablissement (voir la figure 2 dans Lock et al., 1993) ont été mises en œuvre au cours des trois dernières années, et il est impératif qu’elles continuent de l’être chaque année. Par exemple :

Le ministère des Richesses naturelles de la Nouvelle-Écosse a mis à jour les données sur les effectifs (mesure 1.1.1; Boates et Sam, 1996);

Le succès de la nidification a été évalué (mesure 1.1.3.1) dans deux colonies essentielles, soit celle des îles Brothers (D’Eon, 1991-1997) et celle de l’île Country (Whittam, 1997);

Certaines (17) Sternes de Dougall adultes de l’île Country ont été munies de bagues colorées et de bagues spéciales « lisibles sur le terrain » (Whittam, 1997) pour qu’on puisse déterminer les profils de dispersion et de migration de la population canadienne (mesures 1.1.2 et 1.1.3.3);

Le ministère des Richesses naturelles de la Nouvelle-Écosse a amélioré l’habitat de nidification (mesure 3.1.1) en installant des nichoirs sur les îles Brothers de même que sur les îles Grassy et Country. L’installation de nichoirs est une façon simple d’offrir aux Sternes de Dougall un abri convenable pour leurs nids, et il a été établi que le degré de couverture du nid influe sur la prédation des œufs (Whittam, 1997). Par ailleurs, la Nova Scotia Bird Society et des naturalistes locaux ont installé des nichoirs sur les îles Holmes, Westhaver, Wedge et Peter’s, offrant ainsi un habitat de nidification propice aux Sternes de Dougall qui pourraient éventuellement recoloniser ces endroits (Boates et Sam, 1996).

Cependant, bon nombre de mesures hautement prioritaires décrites dans le Plan de rétablissement n’ont pas été mises en œuvre. Par exemple :

On ne sait toujours pas quelle est la productivité des Sternes de Dougall nichant à l’île Grassy (mesure 1.1.3.1), alors qu’il s’agit peut-être de l’une des deux seules colonies stables au Canada;

On sait encore peu de choses concernant la disponibilité et la sélection des proies aux îles Brothers, à l’île Grassy et à l’île de Sable, et on ne sait pas où s’alimentent les Sternes de Dougall des trois plus importantes colonies canadiennes (mesures 2.1.3 et 3.1.2.2);

On ne dispose d’aucune donnée sur les changements récents dans la population de goélands du Canada atlantique (mesure 2.4.1);

Aucun plan d’urgence n’a été élaboré en cas de perturbations majeures, liées par exemple à la prédation par les goélands, à l’effondrement des populations de proies ou aux effets de contaminants présents dans l’environnement (mesures 3.1.2.1, 3.1.2.2 et 3.1.2.3);

Très peu d’efforts ont été déployés pour offrir à la Sterne de Dougall des sites de nidification exempts de prédateurs, sauf aux îles Brothers (mesure 3.1.2a). La gestion des goélands qui devait être entreprise en 1993 à l’île de Sable n’a pas pu être mise en œuvre à cause de l’opinion publique, et aucun autre plan de gestion visant cette colonie n’a été élaboré. La gestion des goélands n’a pas été entreprise aux îles de la Madeleine (F. Shaffer, comm. pers.). Comme nous l’avons mentionné plus haut, le SCF a conçu un plan de rétablissement des sternes de l’île Country, dont la mise en œuvre est prévue pour le printemps 1998. C’est le premier projet du genre à être entrepris depuis la publication du Plan de rétablissement il y a cinq ans.

En conclusion, peu de progrès importants ont été réalisés en ce qui concerne les objectifs du Plan de rétablissement de la Sterne de Dougall (Lock et al., 1993). On n’a observé entre 1985 et 1997 aucune augmentation du nombre de Sternes de Dougall nichant au Canada, et les données recueillies aux îles Brothers (0,62 jeune atteignant l’âge de l’envol/nid) et à l’île Country (0,08 jeune atteignant l’âge de l’envol/nid) laissent penser que la productivité de la Sterne de Dougall au Canada est très inférieure à l’objectif visé, soit un jeune atteignant l’âge de l’envol par couple par année. Pour atteindre les objectifs, on doit dès maintenant mettre en œuvre les mesures de rétablissement décrites ci-dessus.

Évaluation et statut proposé

Je recommande que soit attribué à la Sterne de Dougall, actuellement considérée comme « menacée », le statut d’espèce « en voie de disparition » au Canada pour les raisons suivantes :

1. La population de Sterne de Dougall est faible au Canada. Seulement de 88 à 137 couples y nichent.

2. Quatre-vingt-quatorze pour cent de la population canadienne de Sterne de Dougall est concentrée dans seulement trois sites principaux en Nouvelle-Écosse, ce qui la rend extrêmement vulnérable aux menaces environnementales existantes. Toute perturbation majeure de ces sites pourrait entraîner la disparition de l’espèce au Canada.

3. Parmi les trois principales colonies nicheuses, celles des îles Brothers et de l’île Grassy sont situées près du littoral et sont donc exposées aux perturbations anthropiques et aux prédateurs terrestres. La troisième colonie, celle de l’île Country, n’est ni productive ni stable à cause de la forte prédation des œufs et des oisillons par les corvidés et les goélands. La productivité de l’espèce n’y a été que de 0,08 jeune atteignant l’âge de l’envol par nid en 1996, et seulement un couple y est retourné pour nicher en 1997 (Whittam, 1997).

4. L’aire de répartition nord-américaine de la Sterne de Dougall est limitée par le nombre de sites propices à la nidification où des efforts de lutte contre les prédateurs sont déployés, et situés à proximité de bons sites d’alimentation. Au Canada, il y a perte d’habitat de nidification de haute qualité, comme celui de l’île Country, à cause de la présence de Goélands argentés et de Goélands marins qui font fuir les Sternes de Dougall. La quantité d’habitat propice à la nidification de la Sterne de Dougall ne pourra augmenter au Canada que si on effectue une gestion des prédateurs.

5. La mortalité durant la migration ou dans les aires d’hivernage limite le taux de survie des adultes. Parmi toutes les espèces d’oiseaux marins dont le taux de survie a été mesuré, la Sterne de Dougall a le taux de survie le plus bas (Spendelow et al., 1995).

6. Les Sternes de Dougall nichant au Canada constituent de 3 à 4 p. 100 de la population du Nord-Est de l’Amérique du Nord et se trouvent à la limite septentrionale de l’aire de nidification de cette population. Aux États-Unis, on a attribué en 1987 le statut de population en voie de disparition au reste (de 96 à 97 p. 100) de la population du Nord-Est du continent, et cette désignation sera maintenue jusqu’à ce que soient satisfaits les critères permettant de passer à la catégorie de risque inférieur (voir U.S. Fish and Wildlife Service, 1998). Les autorités responsables de la population américaine de la Sterne de Dougall sont d’avis que la population canadienne devrait aussi être considérée comme en voie de disparition en raison de sa petite taille et de sa répartition limitée (I. C. T. Nisbet et J. Spendelow, comm. pers.).

7. Dans son examen récent de la situation des oiseaux marins de l’Est du Canada, Nettleship (1998) indique que la Sterne de Dougall est une espèce en péril « hautement prioritaire ». De plus, selon le même auteur (comm. pers.), la Sterne de Dougall satisfaisait aux critères d’attribution du statut d’espèce en voie de disparition en 1985; le statut d’espèce menacée a cependant été recommandé (Kirkham et Nettleship, 1985), principalement pour maintenir l’accès aux principaux sites de nidification de l’espèce. Ce faisant, on pouvait continuer d’évaluer la situation de l’espèce sans être soumis aux contraintes réglementaires régissant l’accès aux sites de nidification des espèces en voie de disparition. Avec les nouvelles données dont on dispose aujourd’hui sur la Sterne de Dougall, il paraît pleinement justifié d’attribuer à cet oiseau le statut d’espèce en voie de disparition au Canada (D. N. Nettleship, comm. pers.).

Remerciements

La rédaction du présent rapport a été financée par le bureau de la Région de l’Atlantique du Service canadien de la faune d’Environnement Canada, et je remercie Diane Amirault de m’avoir attribué ce contrat. Krista Amey, Diane Amirault, Sherman Boates, Andrew Boyne, Dave Currie, Ted D’Eon, Sheila Eddy, A. Erskine, Stefen Gerriets, Andrew Hebda, Andy Horn, Zoe Lucas, Colin MacKinnon, Ian McLaren, Pam Mills, Dave Nettleship, Ian Nisbet, François Shaffer et Jeff Spendelow m’ont fourni des données inédites, des manuscrits ou des tirés à part, ou ont répondu à d’importantes questions. Je tiens aussi à remercier Diane Amirault, Sherman Boates, Andrew Boyne, Ken Davidson, Mark Elderkin, Andy Horn, Marty Leonard, Ian McLaren, Ian Nisbet, Jeff Spendelow et Bob Whittam, qui ont révisé des versions antérieures de ce rapport.

Ouvrages cités

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L'auteur

Rebecca Whittam a obtenu en 1995 un baccalauréat spécialisé en sciences à l’Université Queen’s, à Kingston (Ontario), où elle a étudié les variations dans le chant de la Paruline jaune sous la direction de Bob Montgomerie. Elle a ensuite déménagé à Halifax pour étudier la Sterne de Dougall sous la direction de Marty Leonard, à l’Université Dalhousie. Son mémoire de maîtrise, qui portait sur les effets de la prédation sur la Sterne de Dougall, la Sterne arctique et la Sterne pierregarin à l’île Country, a été la première étude approfondie sur la Sterne de Dougall au Canada. Elle a aussi documenté le premier cas connu d’hybridation entre la Sterne de Dougall et la Sterne arctique. Mme Whittam a obtenu son diplôme de l’Université Dalhousie en mai 1998, puis a été embauchée par le Service canadien de la faune à titre de coordonnatrice du programme de rétablissement des sternes de l’île Country.

Annexe 1.
Personnes-ressources pouvant fournir de l’information supplémentaire
Équipe canadienne de rétablissement de la Sterne de Dougall

Sherman Boates (Ph.D.) (président)
Gestionnaire - Wildlife Resources
Nova Scotia Department of Natural Resources
136, rue Exhibition
Kentville (Nouvelle-Écosse) B4N 4E5

Diane Amirault
Biologiste de la faune - Espèces en péril
Service canadien de la faune - Région de l'Atlantique
C.P. 6227
Sackville (Nouveau-Brunswick) E4L 1G6

T. C. D'Eon
C.P. 100
West Pubnico (Nouvelle-Écosse) B0W 3S0

Michel Hunt
Environnement et Faune Québec
Direction de la faune et des habitats
150, boulevard René-Lévesque Est
5e étage
Québec (Québec) G1R 4Y1

Pierre Laporte
Service canadien de la faune
1141, route de l'Église, C.P. 10100
Ste-Foy (Québec) G1V 4H5

Tony Lock (Ph.D.)
Service canadien de la faune - Région de l'Atlantique
Queen Square
45, promenade Alderney
Dartmouth (Nouvelle-Écosse) B2Y 2N6

Marty Leonard (Ph.D.)
Professeur de biologie
Université Dalhousie
Halifax (Nouvelle-Écosse) B3H 4J1

Chercheurs participant au U.S. Cooperative Roseate Tern Metapopulation Project

Joanna Burger (Ph.D.)
Department of Biological Sciences
Rutgers University
Piscataway (New Jersey)

Michael Gochfeld (Ph.D.)
Environmental and Community Medicine,
UMDNJ-Robert Wood Johnson Medical School
Piscataway (New Jersey)

Jeremy Hatch (Ph.D.)
Department of Biology
University of Massachusetts
Boston (Massachusetts)

Helen Hays
Great Gull Island Project
American Museum of Natural History
Central Park West at 79th St.
New York (New York)

Ian Nisbet (Ph.D.)
150 Alder Lane
North Falmouth (Massachusetts)

David Shealer (Ph.D.)
Department of Biology
Colgate University
Hamilton (New York)

Jeffrey Spendelow (Ph.D.)
USGS - Patuxent Wildlife Research Center
11510 American Holly Drive
Laurel (Maryland)

Jim Zingo
Massachusetts Cooperative Fish and Wildlife Research Unit
Department of Forestry and Wildlife Management
University of Massachusetts
Amherst (Massachusetts)

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