Évaluation et Rapport de situation sur la Paruline de Kirtland au Canada 2000

  1. Table des Matières
  2. Sommaire de l’évaluation
  3. Résumé du Rapport de situation de 1999
  4. Introduction
  5. Taille et tendances de la population
  6. Habitat
  7. Évaluation et statut proposé
  8. Remerciements
  9. Personne-ressource
  10. Ouvrages cités
  11. L’auteur

Les rapports de situation du COSEPAC sont des documents de travail servant à déterminer le statut des espèces sauvages que l’on croit en péril. On peut citer le présent rapport de la façon suivante :

Nota : Toute personne souhaitant citer l’information contenue dans le rapport doit indiquer le rapport comme source (et citer l’auteur); toute personne souhaitant citer le statut attribué par le COSEPAC doit indiquer l’évaluation comme source (et citer le COSEPAC). Une note de production sera fournie si des renseignements supplémentaires sur l’évolution du rapport de situation sont requis.

COSEPAC 2000. Évaluation et Rapport de situation sur la Paruline de Kirtland (Dendroica kirtlandii) au Canada - Mise à jour. Comité sur la situation des espèces en péril au Canada. Ottawa. v + 10 p.

JAMES, R.D. 1999. Rapport de situation du COSEPAC sur la Paruline de Kirtland (Dendroica kirtlandii) au Canada Mise à jour. Comité sur la situation des espèces en péril au Canada. Ottawa. Pages 1-10.

Rapports précédents :

CHAMBERLAIN, D. 1979. COSEWIC status report on the Kirtland's Warbler Dendroica kirtlandii in Canada. Comité sur le statut des espèces menacées de disparition au Canada. Ottawa. 22 p.

Also available in English under the title COSEWIC assessment and update status report on the Kirtland’s Warbler Dendroica kirtlandii in Canada .

Illustration de la couverture :

Paruline de Kirtland – Ross D. James, Gateways Centre, R.R. n° 3, Sunderland (Ontario) L0C 1H0

©Ministre de Travaux publics et Services gouvernementaux Canada, 2002
No de catalogue CW69-14/86-2002F-IN
ISBN 0-662-86779-3

Nom commun : Paruline de Kirtland

Nom scientifique : Dendroica kirtlandii

Statut : Espèce en voie de disparition

Justification de la désignation : Cette espèce est en voie de disparition à l’échelle mondiale. Il n’existe aucune donnée récente de reproduction au Canada, mais on observe parfois des mâles chanteurs dans des habitats convenables de reproduction en Ontario.

Répartition : Ontario

Historique du statut : Espèce désignée « en voie de disparition » en avril 1979. Réexamen et confirmation du statut en avril 1999 et en mai 2000. L’évaluation de mai 2000 est fondée sur de nouveaux critères quantitatifs que l’on a appliqués à de l’information provenant du rapport de situation de 1999.

La Paruline de Kirtland est une espèce en péril à l'échelle mondiale, qui se reproduit dans les jeunes peuplements de pins gris de régénération et se limite principalement à six comtés de la basse péninsule du Michigan. Apparemment, elle se reproduisait autrefois en Ontario et peut-être au Québec, et a continué de visiter le Canada, les mâles y établissant parfois des territoires dans des parcelles d’habitat disponible.

Étant donné que la population totale de Parulines de Kirtland était d’environ 200 couples en 1971, des efforts intenses ont été déployés afin d’empêcher la disparition de cette espèce. La lutte contre les Vachers à tête brune a alors débuté. En effet, les vachers parasitaient plus de 70 % des nids de parulines, réduisant ainsi la productivité à moins d’un oisillon par couple par année. Des projets de création d'habitats ont également été entrepris. Cependant, les jeunes parulines dispersantes à la recherche d’habitats constitués de peuplements des premiers stades de la succession végétale ont probablement été incapables de trouver un partenaire sexuel. Par conséquent, les populations sont demeurées peu élevées jusqu’en 1990.

Depuis lors, la population connaît une lente remontée et compte maintenant entre 700 et 800 couples. Une nouvelle population de faible taille a également commencé à s’établir dans la haute péninsule du Michigan où l’on a noté la présence de 19 mâles chanteurs en 1979.

La Paruline de Kirtland continue de visiter le Canada, où l’on a pu observer un ou deux individus par année durant les années 1990. Il est possible que d’autres individus aient été présents, mais soient passés inaperçus. Le but de l'équipe américaine de rétablissement est d’obtenir une population autonome d’au moins 1 000 couples de Parulines de Kirtland. Si la population continue d’augmenter, il est possible que quelques couples recommencent à chercher des endroits pour se reproduire au Canada. Des habitats propices sont disponibles en Ontario et pourraient être utilisés par cette espèce. En effet, la Paruline a démontré, et démontre encore aujourd'hui, sa capacité de s’étendre vers de nouvelles aires.

Le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) détermine le statut, au niveau national, des espèces, des sous-espèces, des variétés et des populations sauvages canadiennes importantes qui sont considérées comme étant en péril au Canada. Les désignations peuvent être attribuées à toutes les espèces indigènes des groupes taxinomiques suivants : mammifères, oiseaux, reptiles, amphibiens, poissons, lépidoptères, mollusques, plantes vasculaires, mousses et lichens.

Le COSEPAC est composé de membres de chacun des organismes fauniques des gouvernements provinciaux et territoriaux, de quatre organismes fédéraux (Service canadien de la faune, Agence Parcs Canada, ministère des Pêches et des Océans, et le Partenariat fédéral sur la biosystématique, présidé par le Musée canadien de la nature), de trois membres ne relevant pas de compétence, ainsi que des coprésident(e)s des sous-comités de spécialistes des espèces et des connaissances traditionnelles autochtones. Le Comité se réunit pour étudier les rapports de situation des espèces candidates.

Espèce : Toute espèce, sous-espèce, variété ou population indigène de faune ou de flore sauvage géographiquement définie.

Espèce disparue (D) : Toute espèce qui n’existe plus.

Espèce disparue du Canada (DC) : Toute espèce qui n’est plus présente au Canada à l'état sauvage, mais qui est présente ailleurs.

Espèce en voie de disparition (VD)* : Toute espèce exposée à une disparition ou à une extinction imminente.

Espèce menacée (M) : Toute espèce susceptible de devenir en voie de disparition si les facteurs limitatifs auxquels elle est exposée ne sont pas renversés.

Espèce préoccupante (P)** : Toute espèce qui est préoccupante à cause de caractéristiques qui la rendent particulièrement sensible aux activités humaines ou à certains phénomènes naturels.

Espèce non en péril (NEP)*** : Toute espèce qui, après évaluation, est jugée non en péril.

Données insuffisantes (DI)**** : Toute espèce dont le statut ne peut être précisé à cause d’un manque de données scientifiques.

* : Appelée « espèce en danger de disparition » jusqu’en 2000.

** : Appelée « espèce rare » jusqu’en 1990, puis « espèce vulnérable » de 1990 à 1999.

*** : Autrefois « aucune catégorie » ou « aucune désignation nécessaire ».

**** : Catégorie « DSIDD » (données insuffisantes pour donner une désignation) jusqu’en 1994, puis « indéterminé » de 1994 à 1999.

Le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) a été créé en 1977, à la suite d’une recommandation faite en 1976 lors de la Conférence fédérale-provinciale sur la faune. Le comité avait pour mandat de réunir les espèces sauvages en péril sur une seule liste nationale officielle, selon des critères scientifiques. En 1978, le COSEPAC (alors appelé CSEMDC) désignait ses premières espèces et produisait sa première liste des espèces en péril au Canada. Les espèces qui se voient attribuer une désignation lors des réunions du comité plénier sont ajoutées à la liste.

Environment Canada Environnement Canada

Canadian Wildlife Service Service canadien de la faune

Le Service canadien de la faune d’Environnement Canada assure un appui administratif et financier complet au Secrétariat du COSEPAC.

La Paruline de Kirtland a déjà été évaluée en 1979 (Chamberlain, 1978). Elle a été classée l’une des espèces d’oiseaux les plus en voie de disparition au monde, car elle se reproduit presque uniquement dans six comtés dans le nord de la basse péninsule du Michigan. La population avait décliné à environ 200 couples en 1971 et s’est maintenue à ce niveau, malgré les efforts pour limiter le parasitisme par le Vacher à tête brune (Molothrus ater) et pour créer de nouveaux habitats.

On a toutefois trouvé des indications que la Paruline de Kirtland se reproduisait autrefois au moins en Ontario, et qu’elle a continué à visiter la province assez régulièrement, les mâles établissant parfois des territoires dans des parcelles dispersées d’habitat, non seulement en Ontario, mais aussi une fois au Québec. Étant donné sa situation mondiale précaire et sa présence régulière au Canada, cette espèce a été placée, en 1971, sous la protection de la Loi sur les espèces en voie de disparition de l’Ontario. En 1979, elle a été désignée « espèce en voie de disparition » par le COSEPAC.

C’est en 1951 qu’on a mené la première étude exhaustive sur la Paruline de Kirtland, puis on a répété le dénombrement en 1961 et en 1971. En 1971, on a découvert que la population avait diminué de 50 % en 10 ans, pour atteindre un effectif d’à peine plus de 200 couples reproducteurs (tableau 1). On a alors conclu que, si aucune mesure d’intervention directe n’était prise, l’espèce allait probablement disparaître. Même si les habitats disponibles avaient diminué de 40% entre 1961 et 1971, on croyait qu’il existait encore des habitats propices (Mayfield, 1983). Le problème majeur semble avoir été le parasitisme des couvées par le Vacher à tête brune.

Tableau 1. Effectifs de mâles chanteurs dénombrés au Michigan entre 1951 et 1998 (Austen et al.,1993; P. Aird et H. Dewar, comm. pers.).

1951 - 432 1983 - 215
1984 - 215
1961 - 502 1985 - 216
1986 - 210
1971 - 201 1987 - 167
1972 - 200 1988 - 207
1973 - 216 1989 - 212
1974 - 167 1990 - 265
1975 - 179 1991 - 347
1976 - 200 1992 - 397
1977 - 218 1993 - 485
1978 - 196 1994 - 633 (dont 2 dans la haute péninsule)
1979 - 210 1995 - 765 (dont 8 dans la haute péninsule)
1980 - 242 1996 - 692 (dont 14 dans la haute péninsule)
1981 - 232 1997 - 728 (dont 19 dans la haute péninsule)
1982 - 207 1998 - 804 (dont 14 dans la haute péninsule)
(H. Dewar, comm. pers.)
Figure 1. Effectifs de mâles chanteurs dénombrés au Michigan entre 1951 et 1998 (données du tableau 1).

Figure 1. Effectifs de mâles chanteurs dénombrés au Michigan entre 1951 et 1998 (données du tableau 1).

Les vachers n’ont gagné le territoire des Parulines de Kirtland qu’au cours du siècle dernier, et leur population n’a pas cessé d’augmenter. Plus de 70 % des nids de paruline ont été parasités, ce qui a réduit la productivité des parulines à moins d’un oisillon par couple par année (Ryel, 1981). La lutte contre les vachers a débuté en 1972 et a réduit le parasitisme des couvées à environ 3 %, un niveau négligeable (Kelly et DeCapita, 1982).

Une fois ce facteur limitatif éliminé, la population de paruline est demeurée stable, à environ 200 couples, jusqu’en 1989 (tableau 1). Elle n’a toutefois pas augmenté, comme l’on s’y attendait. L’un des facteurs responsables semble être la rareté de la paruline, combinée aux caractéristiques comportementales de l’espèce (Mayfield, 1983). Tandis que les oiseaux adultes sont très fidèles à leur aire de nidification, les jeunes d’un an se dispersent généralement, à la recherche d’un nouvel habitat, ce qui est un comportement approprié pour une espèce qui a besoin d’un habitat de début de stade de la succession végétale (voir sous « Habitat », plus bas). Les mâles chanteurs dispersés avaient peu de chance de se trouver une partenaire, puisqu’il restait si peu d’oiseaux. On avait de plus en plus d’indications suggérant que le manque d’habitat disponible limitait probablement aussi les populations (Probst, 1991).

La population a commencé à remonter récemment (tableau 1) grâce à la lutte soutenue contre les vachers et aux efforts déployés pour créer de nouveaux habitats. L’effectif des mâles chanteurs a atteint un nouveau sommet en 1994 et est demeuré au-dessus de ce niveau depuis. Même si la population n’a pas augmenté de manière constante au cours des dernières années, une nouvelle aire de nidification a été établie dans la haute péninsule du Michigan, et on a signalé la première reproduction à cet endroit en 1995 (tableau 1). La population y est certes de faible taille, mais elle augmente de façon constante et les oiseaux bagués commencent à y retourner pour nicher (P. Aird, comm. pers.).

En 1919, Paul Harrington et Fred Starr, en poste à la base militaire de Petawawa en Ontario, ont remarqué que la présence de la Paruline de Kirtland n’était pas « rare » sur une « assez grande superficie » dans les pins gris (Pinus banksiana) des plaines sablonneuses de la région. Les deux hommes, ornithologues amateurs et collectionneurs d’œufs passionnés, étaient certains que les oiseaux se reproduisaient dans la région. Lorsqu’il y est retourné en 1939, Harrington a encore une fois observé des Parulines de Kirtland mais, cette fois, il a seulement rencontré un individu seul à deux reprises (Harrington, 1939).

La Paruline de Kirtland nichait probablement régulièrement dans la région de Petawawa dans les années 1800 et au début des années 1900, et peut-être ailleurs au pays. Toutefois, la seule véritable mention de reproduction au Canada est l’observation d’un couple avec au moins un oisillon dans la région de Barrie, en Ontario, en 1945 (James, 1984; Speirs, 1984).

Outre les observations à Petawawa et la mention d’activités de reproduction à Barrie, on a par la suite signalé la présence de mâles chanteurs dans des peuplements de pins des premiers stades de la succession végétale en Ontario à au moins sept occasions (tableau 2). À l’été 1978, on a aussi rencontré un mâle chanteur du côté québécois de la rivière des Outaouais, près de Petawawa. D’autres oiseaux peuvent être passés inaperçus dans les parcelles souvent inaccessibles d’habitats disponibles.

Tableau 2. Observations de mâles chanteurs dans des peuplements de pins des premiers stades de la succession végétale en Ontario et au Québec depuis 1945

1958 - Péninsule Bruce, 8-30 juin (Mayfield, 1960; Wormington, 1985)
1961 - Pointe au Baril, 17 Juin (Curry, 1991)
1964 - Barrie, 16-21 mai (Devitt, 1967)
1977 - Petawawa, 9 juin-14 juillet (Wormington, 1986)
1978 - Petawawa, 2 juin-18 juillet (Wormington, 1986)
- Québec, près de Petawawa (Chamberlain, 1978)
1985 - près d’Orillia, ? juin - début juillet (Aird et Pope, 1987)
1990 - Péninsule Bruce, 26 mai (Curry, 1991)

Entre 1900 et le moment de la rédaction du rapport du COSEPAC en 1978, il y a eu au moins 34 observations de la Paruline de Kirtland en Ontario (voir Chamberlain, 1978). Depuis 1990, avec l’accroissement de la population au Michigan, il y a eu une augmentation notable du nombre d’observations en Ontario, en moyenne plus d’une par année (tableau 3). La Paruline de Kirtland a aussi fréquenté assez régulièrement le Wisconsin, à raison d’au moins une fois par an depuis 1989; en 1997, il y a eu cinq observations de l’espèce dans cet État.

Tableau 3. Observations de Parulines de Kirtland en Ontario depuis 1990.

1990 - Cabot Head (Curry, 1991) - mâle, 26 mai
- Port Hope (Curry, 1991) - mâle, 31 mai
1991 - Toronto (Bain, 1992) - ?, 22 mai
1993 - Pointe Pelée (Pittaway, 1995) - mâle, 9 mai
1994 - Rondeau (Pittaway, 1995) - ?, 18-20 mai
1995 - Pointe Pelée (Dobos, 1996) - femelle, 21 mai
1996 - Pointe Pelée (Dobos, 1997) - mâle, 10 mai
- Stoney Point (Dobos, 1998) - ?, 14 mai
- Pointe Pelée (Dobos, 1998) - ?, 16 mai
1997 - St. Williams (Dobos, 1998) - ?, 24 mai

- Région de Thessalon (B. Knudsen, comm. pers. à H. Dewar) -

mâle, 4 juillet.

Le but du plan américain de rétablissement de la Paruline de Kirtland est d’avoir une population autonome d’au moins 1 000 couples (Probst, 1991). Si ce but est atteint, ce qui semble maintenant faisable, on peut s’attendre non seulement à des visites régulières de l’espèce au Canada, mais aussi à la possibilité que quelques couples commencent à y chercher des aires de reproduction. La Paruline a réussi à établir une nouvelle colonie dans la haute péninsule du Michigan, ce qui indique que la population est maintenant capable de s’étendre à un habitat propice éloigné de la population principale.

La Paruline de Kirtland est une espèce spécialiste qui ne se reproduit que dans de grands peuplements homogènes de jeunes pins gris. Cet habitat est une phase transitoire naturelle de la succession forestière consécutive à des feux de forêts et, sous une autre forme, aux coupes et au reboisement. De tels habitats étaient probablement plus répandus dans les années 1880 et 1890, au Michigan, en Ontario, au Wisconsin et au Minnesota, lorsque l’exploitation forestière y était à son plus haut niveau, et que les feux de forêts étaient fréquents et non contrôlés (Mayfield, 1960). Au cours du XXe siècle, la lutte contre les feux de forêts a réduit considérablement les habitats propices à l’espèce. La Paruline de Kirtland a besoin de grandes zones forestières d’au moins 32 hectares et, idéalement, de plus de 80 hectares (Anderson et Storer, 1976; Mayfield, 1993). Le déclin des habitats a entraîné celui des populations de Parulines de Kirtland (Mayfield, 1983; Probst, 1991). Declines in habitat have corresponded to population declines of Kirtland's Warbler (Mayfield 1983, Probst 1991).

Actuellement, l’aire de reproduction de la Paruline de Kirtlandse limite encore essentiellement à six comtés du nord de la basse péninsule du Michigan, où l’espèce niche dans des habitats créés grâce aux programmes de gestion des habitats du gouvernement fédéral et de l’État. L’habitat d’été disponible à cet endroit semble être plus que suffisant pour satisfaire aux besoins de la population entière de Parulines de Kirtland (Mayfield, 1983; Probst, 1991). Toutefois, si la population continue d’augmenter à son rythme actuel, elle aura bientôt besoin de nouvelles aires de reproduction.

En ce qui concerne les aires d’hivernage, la paruline semble préférer les zones de végétation basse et clairsemée des Bahamas (Mayfield, 1996). Le centre des îles a été peu modifié par l’activité humaine. Ces terres y étant infertiles et couvertes de broussailles, peu de gens y habitent, préférant se tourner vers la mer pour assurer leur subsistance (Mayfield, 1983, 1996). Les aires d’hivernage de la Paruline de Kirtland ne risquent donc pas d’être un facteur limitatif pour l’instant.

Il existe en Ontario de nombreux habitats constitués de pins gris que la Paruline de Kirtland pourrait exploiter. On les retrouve principalement dans le sud de l’Ontario, de la péninsule Bruce et du district de Parry Sound jusque dans la région de Petawawa. On n’a toutefois pas tenter de déterminer l’étendue de l’habitat optimal disponible ni l’endroit où il se trouve dans la province (Austen et al., 1993). Il est possible qu’une grande partie de ces territoires soient inaccessibles et que si la Paruline de Kirtland y était présente, elle pourrait ne pas être détectée, du moins durant un certain temps, sans prospection poussée.

La population mondiale de la Paruline de Kirtland demeure inférieure à 800 couples, et son aire de reproduction se limite essentiellement à seulement quelques comtés de la basse péninsule du Michigan. La survie de cette espèce dépend des mesures de gestion soutenue prises par les équipes de rétablissement et visant la création d’habitats propices à l’espèce, formés de jeunes peuplements de pins gris. Le but du plan de rétablissement américain est de créer un habitat suffisant pour une population d’au moins 1 000 couples de cette espèce spécialiste.

La survie des Parulines de Kirtland dépend aussi de la lutte contre les Vachers à tête brune dans leurs aires de nidification. Grâce à ces mesures et à la création de nouveaux habitats, la population de parulines a pu augmenter lentement (d’environ 200 à plus de 700 couples) au cours de la dernière décennie. Cela dit, une fois l’objectif de rétablissement atteint, il est impossible de savoir si la Paruline de Kirtland pourra continuer à prospérer sans gestion permanente.

On a des indications raisonnables que la Paruline de Kirtland se reproduisait autrefois au Canada. Elle continue de visiter régulièrement le pays et, occasionnellement, on peut entendre le chant territorial de mâles durant plusieurs semaines consécutives en été. Si la population du Michigan continue de s’accroître, il est possible qu’une population reproductrice réapparaisse ici, comme c’est le cas présentement dans la haute péninsule du Michigan.

Aucune protection particulière n’est accordée aux habitats propices à la Paruline de Kirtland en Ontario, et rien n’est fait pour en créer de nouveaux (Austen et al., 1993). Cependant, il ne semble pas indiqué pour le moment de se préoccuper de créer de nouveaux habitats. Il y a déjà de l’habitat pour les visiteurs occasionnels, et il faudra probablement quelques années avant que l’on connaisse la vitesse de croissance de la population et que l’on sache s’il est possible qu’une population reproductrice tente de s’établir au Canada. La vitesse de succession des habitats peut être lente sur des sites sablonneux ou rocheux, mais il semble y en avoir assez pour abriter les premières Parulines de Kirtland qui s’établiront au Canada. Si la paruline devait recommencer à se reproduire au Canada, il serait nécessaire de réévaluer la situation et de mettre en œuvre les recommandations du plan de rétablissement (Austen et al., 1993) en ce qui concerne la création de nouveaux habitats.

Néanmoins, puisque l’espèce est en voie de disparition et qu’elle est régulièrement présente au Canada, il est essentiel de continuer à fournir un maximum de protection à la Paruline de Kirtland lorsqu’elle se trouve sur le territoire canadien. Il serait particulièrement important de la protéger si un ou plusieurs couples tentaient de nicher ici. On recommande au COSEPAC de conserver la désignation « espèce en voie de disparition » pour la Paruline de Kirtland au Canada.

Je remercie Colleen Hyslop pour m’avoir donné l’occasion de rédiger ce rapport et m’avoir fourni les documents nécessaires; le Service canadien de la faune d’Environnement Canada pour avoir financé ce rapport; Paul Aird pour m’avoir fourni les données sur les populations et de précieux commentaires; George Peck pour m’avoir donné des renseignements. Je remercie aussi les nombreux bénévoles qui ont contribué à des programmes comme l’Ontario Bird Records Committee, les relevés de la Paruline de Kirtland et l’Ontario Rare Breeding Bird Program, ainsi qu’aux organismes qui soutiennent ces programmes.

Paul Aird, Faculté de foresterie, Université de Toronto, Toronto (Ontario) M5J 3B3. (416) 978-8660

Aird, P., et D. Pope. 1987. Kirtland's Warbler, dans Cadman, M.D., P.F.J. Eagles et F.M. Helleiner (éd.). Atlas of the breeding birds of Ontario. University of Waterloo Press, Waterloo. p. 388-389.

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Austen, M., R. Pratt, I. Bowman et M. Cadman. 1993. Plan de rétablissement national de la Paruline de Kirtland.RESCAPÉ, Ottawa.

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Ross James est un associé du département d’ornithologie et un ex-conservateur d’ornithologie au Musée royal de l’Ontario, à Toronto. Il a étudié les comportements de recherche de nourriture des viréos dans le sud de l’Ontario, et l’écologie et le comportement du Viréo à tête bleue et du Viréo à gorge jaune pour son mémoire de maîtrise et sa thèse de doctorat à l’Université de Toronto. Il a mené des études sur les populations d’oiseaux dans la forêt boréale, dans les terrains boisés et dans les milieux humides du sud de l’Ontario. Il s’intéresse à la situation et à la répartition des oiseaux en Ontario, et est auteur d’une liste annotée des oiseaux de l’Ontario et co-auteur de deux livres sur les oiseaux nicheurs de l’Ontario. Il était membre du comité et collaborateur de l’Atlas of Breeding Birds of Ontario, et co-auteur de Ontario Birds at Risk. Il a rédigé deux comptes rendus pour Birds of North America, et publié plus de 80 articles sur les oiseaux. Il a été président et vice-président du sous-comité des oiseaux du COSEPAC pendant plus de dix ans. La rédaction du présent rapport a ainsi été facilitée par sa connaissance des rapports de situation antérieurs et du statut de la Paruline de Kirtland.

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