Salamandre pourpre (Gyrinophilus porphyriticus) évaluation et rapport de situation du COSEPAC : chapitre 7

Habitat

Définition

L’espèce Gyrinophilus porphyriticus est principalement associée aux ruisseaux frais et clairs des forêts de montagne (Weller, 1977). On la trouve également dans divers autres endroits : ruisseaux des zones ouvertes, étangs, rivages de lacs, tourbières et cavernes (Brandon, 1967c; DeGraaf et Rudis, 1983).

Les ruisseaux permanents sont nécessaires au développement des larves, qui ont besoin d’une eau bien oxygénée permettant leur respiration aquatique (Hairston, 1987). Les adultes sont terrestres et ont besoin pour se nourrir de milieux humides et frais; en effet, ils sont dépourvus de poumons et respirent par la peau, ce qui limite leur tolérance à la dessiccation (Spotila, 1972; Feder, 1983). Les objets formant une couverture constituent donc un micro-habitat important pour eux (Bonin, 1991a). En été, on les trouve généralement sur les rives des ruisseaux, sous les grosses roches plates situées près de l’eau (Barbour, 1971; obs. pers.).

Les habitats d’hibernation sont probablement les cavités souterraines humides (Bishop, 1941) ou les sources qui ne gèlent pas (obs. pers. de larves). À notre latitude, les ruisseaux peuvent geler en profondeur s’ils ne sont pas alimentés par des sources souterraines. La tolérance de cette espèce à la congélation n’a pas été documentée (K. Storey,comm. pers.).

Le couvert forestier constitue un habitat essentiel (Bonin, 1991a) parce qu’il offre assez de protection et d’humidité aux adultes lorsqu’ils se nourrissent près des ruisseaux. Il projette également une ombre qui empêche l’échauffement des cours d’eau. Il contribue aussi à filtrer les eaux d’écoulement et protège ainsi de l’envasement les ruisseaux où les larves de salamandre se nourrissent (Bury, 1980, Bonin, 1991a).

On trouve généralement le Gyrinophilus porphyriticus dans les secteurs d’amont (Bonin, 1991a); on trouve les plus grands nombres d’individus dans les sources d’amont et les tronçons de ruisseaux qui coulent sur des roches plates, notamment de calcaire (obs. pers.; Bishop, 1941). Les petits ruisseaux d’amont exempts de poissons prédateurs abritent de plus grandes populations de salamandre pourpre (Resetarits, 1995). Les sources des zones d’affleurement rocheux constituent peut-être aussi des milieux adéquats pour l’hibernation. De plus, il est possible que les crevasses formées par le calcaire forment des refuges pour les jeunes larves, leur permettant d’échapper aux poissons prédateurs et aux larves plus grosses qui sont cannibales (Resetarits, 1995).

Tendances

Dans une grande partie des basses terres du Sud du Québec, la forêt a disparu et on a modifié le drainage pour faciliter l’agriculture. Cela a pu avoir des répercussions sur les populations qui vivaient dans les collines situées en bordure de l’aire de répartition de l’espèce. Dans les régions montagneuses où se trouve la majorité des sites actuels, la coupe forestière est la principale cause de modification de l’habitat. Il est possible que cette activité n’entraîne aucune perte de l’habitat comme tel, mais elle a pu toucher la qualité du milieu et la survie des populations. Au cours des dernières décennies, la construction de projets domiciliaires (chalets, condominiums) et d’installations de loisirs (stations de ski, terrains de golf) s’est accrue dans la partie québécoise des Appalaches. Cela a probablement eu des répercussions sur la qualité de l’habitat dans plusieurs régions, notamment dans les secteurs des monts Shefford, Brome, Orford et Sutton.

Protection

La réglementation provinciale sur les pratiques forestières prévoit l’aménagement d’une zone tampon de 20 m de chaque côté des cours d’eau (anonyme, 1986). Cependant les exploitants forestiers ignorent souvent les habitats de grande qualité que sont les petits cours d’eau d’amont.

Dans la chaîne des Appalaches, l’habitat de l’espèce est protégé dans le parc provincial du Mont Orford (5 840 ha). On a une mention en provenance du parc provincial de la Yamaska (1 290 ha), mais il existe peu d’habitats adéquats dans les limites de ce parc. Une mention en provenance du lac situé sur le mont Shefford se trouve dans la zone protégée entourant un réservoir d’eau exploité par la municipalité de Granby. On a également constaté la présence du Gyrinophilus porphyriticus au voisinage des terres de la fiducie foncière de la Vallée Ruiter, une aire de conservation privée de 170 ha englobant des habitats adéquats dans les monts Sutton.

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