Alouette hausse-col de la sous-espèce strigata (Eremophila alpestris strigata) programme de rétablissement : chapitre 2


1. Contexte

Le présent programme de rétablissement, qui vise l'Alouette hausse-col de la sous-espèce strigata et le Bruant vespéral de la sous-espèce affinis, propose une approche plurispécifique. Une planification du rétablissement qui s'appuie sur une approche plurispécifique représente aussi une occasion d'utiliser efficacement les ressources disponibles pour la conservation.

1.1 Information sur l'espèce par le COSEPAC

Alouette hausse-col de la sous-espèce strigata

Date de l'évaluation : Novembre 2003

Nom commun : Alouette hausse-col de la sous-espèce strigata

Nom scientifique : Eremophila alpestris strigata

Statut selon le COSEPAC : En voie de disparition

Présence au Canada : Colombie-Britannique

Justification de la désignation : Bien que cette espèce ait toujours été rare au Canada, ses effectifs ont diminué de façon constante au cours des 50 dernières années dans toute son aire de répartition, et elle est maintenant presque disparue du Canada.

Historique du statut selon le COSEPAC : Espèce désignée « en voie de disparition » en novembre 2003. Évaluation fondée sur un nouveau rapport de situation.

Bruant vespéral de la sous-espèce affinis

Date de l'évaluation : Avril 2006

Nom commun : Bruant vespéral de la sous-espèce affinis

Nom scientifique :Pooecetes gramineus affinis

Statut selon le COSEPAC : En voie de disparition

Présence au Canada : Colombie-Britannique

Justification de la désignation : Cet oiseau chanteur, une sous-espèce du Bruant vespéral, n'est présent au Canada que dans les terres herbeuses des régions côtières de l'extrême sud-ouest de la Colombie-Britannique, où il se reproduit désormais à un seul site où la population compte environ cinq couples. Le taxon est également en déclin aux États-Unis, où sa répartition est restreinte à la partie ouest de l'État de Washington et de l'Oregon. La perte d'habitat constitue la plus importante menace, tant par la destruction directe de l'habitat au profit de l'urbanisation que par l'envahissement de plantes exotiques.

Historique du statut selon le COSEPAC : Espèce désignée « en voie de disparition » en avril 2006. Évaluation fondée sur un nouveau rapport de situation.

1.2 Description

Alouette hausse-col de la sous-espèce strigata

L'Alouette hausse-col (Eremophila alpestris) est le seul représentant de la famille des Alaudidés (Alaudidae) en Amérique du Nord. C'est un passereau effilé qui gîte sur le sol des terrains dégagés. Le mâle adulte se distingue par un masque facial foncé et une bande foncée sur la poitrine qui contrastent avec la gorge et la face plus pâles. Les « cornes » sont des aigrettes minuscules, de couleur noire, qui ne se voient que de près. La queue est carrée et noirâtre avec des plumes centrales pâles et des bordures blanchâtres visibles au vol. La sous-espèce strigata est de plus petite taille que les autres sous-espèces d'Alouette hausse-col. Les parties supérieures du corps sont brun foncé et la nuque est châtain-brun. L'oiseau a une gorge et une bande oculaire de couleur jaune et ses parties inférieures sont de couleur jaunâtre (Beason, 1995). Sur le terrain, les fortes rayures brunes, présentes de chaque côté de la poitrine du mâle permettent de le distinguer des mâles des autres sous-espèces d'Alouette hausse-col (Sibley, 2000). Enfin, la plus longue tectrice sus-caudale est distinctement marquée de rayures (Pyle, 1997). Les femelles adultes sont semblables aux mâles, mais sont plus ternes, plus petites et n'ont pas de « cornes ». Il n'est pas possible de distinguer les femelles des différentes sous-espèces sur le terrain. Les juvéniles des deux sexes sont habituellement plus ternes que les femelles adultes (Sibley, 2000).

Bruant vespéral de la sous-espèce affinis

Le Bruant vespéral (Pooecetes gramineus) est un bruant de taille moyenne à grosse (longueur approximative de 16 cm) arborant des épaulettes de couleur châtain (petites sus-alaires), des rectrices externes blanches et un anneau blanchâtre autour de l'œil (Sibley, 2000). Les deux sexes sont semblables. Les juvéniles ressemblent aux adultes, mais sont plus ternes et ils ne portent pas habituellement les petites sus-alaires de couleur châtain (Pyle, 1997).

Les trois sous-espèces canadiennes du Bruant vespéral (P. g. confinis, P. g. gramineus et P. g. affinis) présentent beaucoup de similitudes et ne peuvent être distinguées avec certitude sur le terrain car seules certaines nuances et mensurations les distinguent. La sous-espèce affinis a le dessus du corps de coloration brun moyen grisâtre et le dessous blanc teinté de chamois. La sous-espèce confinis, commune dans le centre de la Colombie-Britannique, présente un dessus brun grisâtre et un dessous crémeux. Par ailleurs, la sous-espèce affinis est légèrement plus petite que la sous-espèce confinis et elle possède une queue plus courte (Pyle, 1997).

1.3 Populations et répartition

Les populations actuelles et historiques des deux taxons au Canada, avec celles des États-Unis, constituent probablement une seule métapopulation.

Alouette hausse-col de la sous-espèce strigata

L'Alouette hausse-col est présente dans une bonne partie de l'Amérique du Nord et de l'Eurasie. Cependant, l'aire de reproduction de la sous-espèce strigata se limite au bassin de Georgia/Puget Trough, à la côte de l'État de Washington et aux îles du cours inférieur du fleuve Columbia (Beason, 1995; Rogers, 2000; Pearson et Altman, 2005; Stinson, 2005) (voir figure 1). Le centre de son aire de reproduction est situé dans les prairies d'épandage fluvioglaciaire de la région du sud de Puget Sound de l'ouest de l'État de Washington (Rogers, 2000). La population canadienne est extrêmement petite, et pourrait être disparue du pays; la dernière observation de l'Alouette-hausse-col au Canada remonte à 2002 (COSEPAC, 2003). Les chercheurs américains ont évalué que la population des États de Washington et de l'Oregon se chiffre probablement à moins de 1 000 individus (une estimation de 774 individus qui s'appuie sur des inventaires récents effectués en période de reproduction et d'hivernage; Pearson et Altman, 2005).

Figure 1. Sites de reproduction actuels et historiques de l'Alouette hausse-col de la sous-espèce strigata et emplacements historiques possibles de nidification ou emplacements incertains de présence durant la saison de reproduction (information tirée d'Altman, 1999; Rogers, 2000; Pearson et Hopey, 2005; Stinson, 2005. Tous les sites de reproduction actuels se trouvent dans les États de Washington et de l'Oregon.

Figure 1. Sites de reproduction actuels et historiques de l'Alouette hausse-col de la sous-espèce strigata et emplacements historiques possibles de nidification ou emplacements incertains de présence durant la saison de reproduction

Au Canada, la répartition de la sous-espèce strigata se limite au sud-ouest de la Colombie-Britannique où sa présence historique se limitait au sud-est de l'île de Vancouver et à la vallée du bas Fraser, de Chilliwack jusqu'à l'embouchure du fleuve Fraser vers l'ouest (Campbell et al., 1997). Aucune reproduction n'a été signalée sur l'île de Vancouver ou sur les îles Gulf, situées plus au sud. Toutefois, il est possible que cette sous-espèce se soit autrefois reproduite sur ces îles car l'habitat convenable y était probablement disponible à cette époque et parce que l'oiseau a été signalé dans cette région (Munro et Cowan, 1947; Beauchesne, 2003; COSEPAC, 2003). Le centre-est de l'île de Vancouver représente probablement la limite septentrionale de l'habitat convenable et de l'aire de répartition de cette sous-espèce. Bien que la plupart des mentions historiques de la sous-espèce sur l'île de Vancouver ne proviennent pas de la période de pointe de la saison de reproduction, il est probable que ces observations portaient sur des oiseaux reproducteurs car ils se trouvaient dans l'habitat de nidification présumé. On sait que la sous-espèce strigata s'est déjà reproduite dans la vallée du bas Fraser. Les données de reproduction se concentrent près de l'embouchure du fleuve Fraser sur les îles Sea, Iona et Lulu. Les autres emplacements historiques de reproduction confirmés sont ceux de la University of British Columbia à Point Grey ainsi que celui près de Chilliwack (Campbell et al., 1997). Les populations historiques de l'île de Vancouver et de la vallée du bas Fraser étaient vraisemblablement très petites et localement réparties. Si effectivement ces zones représentent la limite septentrionale de l'aire de répartition géographique de ce taxon, ce ne sont vraisemblablement pas tous les habitats convenables disponibles qui étaient utilisés.

NatureServe (2006) octroie à l'Alouette hausse-col de la sous-espèce strigata la cote mondiale de « sous-espèce en péril d'une espèce globalement commune » (imperilled subspecies of a globally common species) (G5T2). Au niveau national la sous-espèce est cotée « en péril » (imperilled) (N2) aux États-Unis et « présumée disparue » (presumed extirpated) au Canada. Pour les États de Washington et de l'Oregon respectivement, la cote de NatureServe est « gravement en péril » (critically imperilled) (S1B) et « en péril » (S2B) (B référant à une population reproductrice). En Colombie-Britannique, la cote est « présumée disparue » (SX). Le British Columbia Conservation Data Centre (2006) a inscrit l'Alouette hausse-col de la sous-espèce strigata sur la Liste rouge. 

Bruant vespéral de la sous-espèce affinis

Les Bruants vespéraux sont très répandus dans l'habitat approprié de l'ensemble de l'Amérique du Nord. La sous-espèce affinis est une population isolée du Pacific Northwest qui est séparée des populations intérieures (c'est-à-dire des sous-espèces gramineus, confinis et altus) par la chaîne des Cascades. L'aire de reproduction de cette sous-espèce s'étend du sud-est de l'île de Vancouver et de la vallée du bas Fraser vers le sud à travers l'ouest des États de Washington et de l'Oregon jusqu'à l'extrême nord-ouest de la Californie (figure 2). La sous-espèce affinis est la seule sous-espèce du Bruant vespéral retrouvée à l'ouest de la chaîne des Cascades (AOU, 1957; Pyle, 1997; Cannings, 1998; Rogers, 2000; Campbell et al., 2001; Jones et Cornely, 2002; Altman, 2003). Au Canada, on estime que la population du sud-est de l'île de Vancouver se compose de six à dix couples (Beauchesne, 2006).

Figure 2. Aire de reproduction du Bruant vespéral de la sous-espèce affinis, montrée en vert pâle; le point rouge indique le site de l'aéroport de Nanaimo. La sous-espèce intérieure du Bruant vespéral (P. g. confinis) se reproduit dans les zones de prairies indiquées dans l'image satellite en chamois, celles-ci sont séparées des prairies côtières par de hautes montagnes (vert foncé et blanc).

Figure 2. Aire de reproduction du Bruant vespéral de la sous-espèce affinis, montrée en vert pâle; le point rouge indique le site de l'aéroport de Nanaimo.

Aujourd'hui, au Canada, on sait que la sous-espèce affinis se reproduit sur l'île de Vancouver à un seul emplacement : l'aéroport de Nanaimo, situé près de Cassidy (Beauchesne, 2002a, 2003, 2004a). Dans le passé, elle a été signalée durant la saison de reproduction sur l'île de Vancouver, de l'estuaire de la rivière Englishman dans le nord, jusqu'à Cobble Meadows et Mill Bay vers le sud. La sous-espèce était également un reproducteur local dans les basses terres du Fraser situées sur la côte sud-ouest du continent, en Colombie-Britannique. La dernière mention de reproduction confirmée pour cette région date de 1968 (Campbell et al., 2001). La taille historique de la population est inconnue, mais il est probable que la sous-espèce n'a jamais été commune au Canada car elle n'a jamais été signalée en grands nombres ou à plus que quelques emplacements.

NatureServe (2006) octroie au Bruant vespéral de la sous-espèce affinis la cote mondiale de « sous-espècevulnérable d'une espèce globalement commune » (a vulnerable subspecies of a globally common species) (G5T3). Au niveau national, pour les États-Unis et le Canada, la sous-espèce n'est pas encore reçu de cote (NNR). Pour les États de Washington et de l'Oregon respectivement, les cotes NatureServe sont respectivement de « gravement en péril » (S1B) et « en péril » (S2B) (B référant à une population reproductrice). En Colombie-Britannique, la cote est « gravement en péril » (S1B). Le British Columbia Conservation Data Centre (2006) a inscrit le Bruant vespéral de la sous-espèce affinis sur la Liste rouge.

1.4 Besoins en matière d'habitat et besoins écologiques de l'Alouette hausse-col de la sous-espèce strigata et du Bruant vespéral de la sous-espèce affinis

Alouette hausse-col de la sous-espèce strigata

L'Alouette hausse-col de la sous-espèce strigata est un passereau qui niche au sol. Dans leur aire de répartition, les Alouettes hausse-col sont des oiseaux des terrains ouverts caractérisés par une végétation courte et de faible densité (Beason, 1995). Les besoins en matière d'habitat de la sous-espèce strigata sont semblables à ceux des autres sous-espèces. En Colombie-Britannique, les alouettes utilisent les champs agricoles, les aéroports, les plages, les dunes, les terrains de jeux à pelouse courte, les bords des routes et d'autres terrains caractérisés par un pourcentage élevé de sol dénudé. L'habitat de reproduction documenté se limite aux champs de graminées courtes situés dans des zones agricoles, des aéroports et des estuaires ainsi qu'aux plages sableuses à végétation clairsemée le long du bas Fraser (Butler et Campbell, 1987; Campbell et al., 1997). Considérant ses besoins en matière d'habitat, la sous-espèce strigata pourrait avoir utilisé les écosystèmes du chêne de Garry, en particulier ceux résultant de récents brûlages effectués par les Premières nations, mais aucune documentation n'existe à ce sujet.

Dans l'État de Washington, l'Alouette hausse-col de la sous-espèce strigata se reproduit principalement dans les prairies d'épandage fluvioglaciaire du sud de Puget Sound. Ces prairies sont des vestiges de terres herbeuses qui se sont vraisemblablement développées peu de temps après la dernière période glaciaire. Les changements climatiques régionaux subséquents, qui ont débuté il y a environ 6 000 ans, ont entraîné un changement vers des conditions plus humides dont le résultat typique est la succession vers des écosystèmes forestiers. Cependant, dans certaines régions, les conditions caractéristiques aux prairies ont été maintenues en raison d'une forte fréquence de feux de faible intensité, la plupart allumés par les Premières nations (Crawford et Hall, 1997). Les sols de ces prairies sont épais, pauvres en éléments nutritifs et se drainent rapidement. Ces caractéristiques, tout comme les fréquents feux d'origine humaine, ont aussi aidé au maintien des conditions de prairies herbeuses.

D'autres sites de reproduction dans les États de Washington et de l'Oregon incluent les terrains d'aviation, les îles composées de débris de dragage du fleuve Columbia, les plages côtières sableuses et les terrains perturbés des bases d'entraînement militaire (Rogers, 2000; Pearson et Altman, 2005). En Oregon, dans la Willamette Valley, la sous-espèce strigata se reproduit dans les champs agricoles, choisissant généralement les champs en jachère à végétation clairsemée (Pearson et Altman, 2005). On croit que la majorité de la population mondiale de l'Alouette hausse-col de la sous-espèce strigata hiverne le long du cours inférieur du fleuve Columbia ainsi que dans la Willamette Valley (Pearson et Altman, 2005).

Tous les sites de reproduction se caractérisent par une végétation courte et clairsemée dominée par des graminées et des latifoliées, peu ou pas d'arbres et d'arbustes ainsi qu'un pourcentage relativement élevé de sol dénudé (c'est-à-dire sans végétation) (Pearson et Altman, 2005). La taille de la parcelle d'habitat semble aussi importante. Les sites de prairies doivent vraisemblablement être très grands pour être fonctionnels. Aux États-Unis, les parcelles d'habitat des prairies des Puget Lowlands utilisées par la sous-espèce strigata ont une superficie variant de 131 à 390 hectares. Dans les régions côtières, la sous-espèce strigata se reproduit dans le voisinage immédiat des grandes étendues d'eau et, sous ces conditions, elle utilise des parcelles d'habitat pouvant être aussi petites que 10 hectares (S. Pearson, comm. pers.).

Au Canada, la disponibilité de grandes parcelles d'habitat de reproduction convenable peu perturbé durant la période de nidification semble limiter la répartition actuelle de cette sous-espèce. Dans plusieurs régions qui pourraient offrir un habitat convenable, les activités de la machinerie, des humains, du bétail ou des animaux domestiques peuvent détruire ou piller directement les nids. De plus, les perturbations anthropiques peuvent forcer les oiseaux en nidification à fuir leur nid fréquemment, entraînant ainsi l'abandon des nids et une augmentation du taux de prédation des nids (Pearson et Altman, 2005).

Bruant vespéral de la sous-espèce affinis

Le Bruant vespéral de la sous-espèce affinis est aussi un passereau qui niche au sol. Comme l'Alouette hausse-col de la sous-espèce strigata, le principal facteur limitatif pour cette sous-espèce semble être la disponibilité d'habitat convenable offrant un faible niveau de dérangement pendant la période de nidification. Les Bruants vespéraux sont des oiseaux des prés qui préfèrent les terrains ouverts secs caractérisés par une couverture végétale courte de graminées ou autres herbacées clairsemées (Campbell et al., 2001; Dechant et al., 2001; Jones et Cornely, 2002). Toutefois, une diversité de la structure végétale est importante : la végétation plus élevée, tels les arbustes et les arbres clairsemés ou en lisière, est utilisée comme couvert de fuite et comme perchoir pour chanter alors que les superficies de végétation plus courte sont utilisées pour l'alimentation et la nidification (Davis et Duncan, 1999; Beauchesne, 2002a, 2003, 2004). Dans les aires d'alimentation de l'ouest de l'État de Washington, la sous-espèce affinis utilise des sites ayant un couvert moyen de 32 % de sol dénudé, le pourcentage restant est constitué de graminées et de latifoliées (Rogers, 2000). Les poteaux de clôtures, les clôtures en grillage et d'autres constructions humaines peuvent également servir de perchoirs pour chanter (Beauchesne, 2002b). La sous-espèce semble préférer une combinaison de couverture végétale de graminées courtes et d'autres herbacées, de terre dénudée et de végétation plus élevée et clairsemée (voir les nombreuses références dans Dechant et al., 2001).

Plusieurs études indiquent que les Bruants vespéraux évitent les pâturages permanents et les prairies de fauche (voir Campbell et al., 2001; Jones et Cornely, 2002) de même que les terrains où les arbustes ont été complètement enlevés pour planter des graminées (Castrale, 1982). En Saskatchewan, les Bruants vespéraux sont présent dans les prairies de fauche (McMaster et al., 2005). Cependant, les bruants ont entrepris la nidification dans des habitats qui, jusqu'à la mi-juin, présentait des massifs de végétation courte avec une quantité importante de terre dénudée et où par la suite la végétation en place a poussé en hauteur et s'est densifiée. Dans le sud-est de l'île de Vancouver, les prairies de fauche ont tendance à supporter une végétation élevée et dense au début de la saison de reproduction ce qui nuit à la nidification de la sous-espèce affinis. Les territoires de reproduction de l'aéroport de Nanaimo se trouvent dans des terres adjacentes aux terres utilisées pour la production de foin, mais jamais dans celles-ci (Beauchesne, 2002a, 2003, 2004a).

La taille des parcelles d'habitat pourrait aussi être importante (Kershner et Bollinger, 1996; Rogers, 2000). Par exemple, dans l'État de Washington, la sous-espèce affinis se retrouve actuellement surtout dans les secteurs de grandes prairies, mais non dans les petites parcelles d'habitat similaire (S. Pearson, comm. pers.). Cependant, dans l'est de l'Oregon, des Bruants vespéraux ont été signalés se reproduisant dans des superficies de moins de 4 hectares (Jones et Cornely, 2002) tandis que sur l'île de Vancouver, la seule population actuelle se trouve dans un secteur d'habitat convenable d'environ 10 hectares (Beauchesne, 2002a). Les populations du Bruant vespéral de la sous-espèce affinis peuvent donc persister dans des parcelles d'habitat plus petites que celles exigées par l'Alouette hausse-col de la sous-espèce strigata. Toutefois, la taille minimale de la parcelle d'habitat requise pour la sous-espèce affinis est actuellement incertaine.

Sur l'île de Vancouver, la communauté végétale du site de reproduction connu inclut à la fois des espèces indigènes et des espèces non indigènes. Les oiseaux utilisent fréquemment les massifs de Genêt à balai (Cytisus scoparius), une espèce introduite, comme perchoirs pour chanter et couverts de fuite. Ils se nourrissent au sol dans les terrains ouverts adjacents caractérisés par un sol graveleux et un couvert clairsemé de latifoliées et de graminées (Beauchesne, 2002a, 2003, 2004a). Deux des trois nids trouvés à l'aéroport de Nanaimo étaient situés dans un secteur mélangeant des latifoliées et des graminées qui était dissimulé dans un massif de Plantain lancéolé (Plantago lanceolata), une espèce non indigène. Le troisième nid était dans un secteur rocheux, situé à flanc d'une touffe de genêts fauchés (Beauchesne, 2006).

Gestion plurispécifique de l'habitat

Étant donné les exigences similaires des deux sous-espèces en matière d'habitat, il est possible de gérer l'habitat d'un site pour le Bruant vespéral de la sous-espèce affinis et l'Alouette hausse-col de la sous-espèce strigata. Toutefois, à des fins de gestion, il est important de tenir compte du fait que les Bruants vespéraux exigent un certain couvert arbustif dans des terrains ouverts alors que les alouettes évitent les couverts arbustifs. Dans bon nombre d'habitats ouverts, l'alouette peut nicher au centre d'un secteur ouvert de plus grande superficie tandis que le bruant peut utiliser les lisières là où la végétation de petite et de grande taille sont toutes deux disponibles. Cette façon d'utiliser l'habitat a été observée dans des sites à l'étude de l'État de Washington où les deux sous-espèces sont présentes (Rogers, 2000). Le présent programme de rétablissement ne recommande pas que tous les sites soient gérés en fonction des deux sous-espèces car les sites candidats actuellement les plus convenables pour l'une ou l'autre des deux sous-espèces ne se chevauchent probablement pas au niveau géographique.

1.5 Menaces pesant sur l'Alouette hausse-col de la sous-espèce strigata et sur le Bruant vespéral de la sous-espèce affinis

1.5.1 Perte et dégradation de l'habitat

Perte de l'habitat

La perte de l'habitat de reproduction de bonne qualité est considérée comme le principal facteur limitatif pour les deux sous-espèces. L'étendue de l'habitat de reproduction de l'Alouette hausse-col de la sous-espèce strigata dans le bassin de Géorgie a toujours été limitée mais la région a perdu les habitats ouverts convenables, y compris 95 % des écosystèmes du chêne de Garry et des écosystèmes associés (Fuchs, 2001), en raison des aménagements industriel, commercial et résidentiel ainsi qu'en raison de la construction de digues. Avant la colonisation européenne, les écosystèmes du chêne de Garry, les prairies associées et les autres zones à végétation clairsemée ou brûlées auraient été les habitats ouverts clés utilisés par le Bruant vespéral de la sous-espèce affinis pour se reproduire. L'expansion urbaine, les pratiques agricoles modernes et l'envahissement de la plupart des espaces ouverts restants par les arbustes exotiques ont entraîné la perte de cet habitat.

Le manque en habitat d'hivernage convenable dans les territoires d'hivernage connus, soit le long du cours inférieur du fleuve Columbia et dans la vallée Willamette, est aussi préoccupant pour l'Alouette hausse-col de la sous-espèce strigata. Très peu des sites utilisés par la sous-espèce strigata pour la reproduction ou l'hivernage sont protégés ou gérés dans l'intérêt spécifique des alouettes (Pearson et Altman, 2005). 

Le Bruant vespéral de la sous-espèce affinis semble hiverner en Californie (AOU, 1957). Cependant, l'emplacement exact de l'habitat d'hivernage et l'étendue de la menace qui pèse sur celui-ci ne sont pas connus.

Pour les deux sous-espèces, la perte de l'habitat est une menace connue, courante, continue et généralisée dans l'ensemble de leur aire de répartition historique.

Dégradation de l'habitat

Bon nombre des territoires d'habitat potentiel des deux sous-espèces, ont été dégradés en raison du dérangement occasionné par l'augmentation des activités humaines, les changements dans les pratiques agricoles et le recrutement par la végétation indigène et non indigène (Campbell et al., 2001). La plupart des secteurs ouverts toujours existants (p. ex. les parcs urbains, les terrains de golf, les arrière-cours et les jardins) contiennent des arbustes, des surfaces gazonnées et des graminées non indigènes qui sont inappropriés pour les oiseaux qui nichent au sol (Jones et Bock, 2002). En Colombie-Britannique, les activités d'aménagement ont fragmenté ou détruit la majeure partie de l'habitat convenable (Campbell et al., 1997) et les pressions continues de ces activités vont vraisemblablement détruire l'habitat subsistant (Dawe et al., 2001).

À l'aéroport de Nanaimo, la population reproductrice existante du Bruant vespéral de la sous-espèce affinis utilise un territoire qui est loin des édifices et de l'activité humaine. Toutefois, l'habitat situé dans ce territoire est vulnérable à de futures activités potentielles, telles l'expansion de l'aéroport (nouvelles pistes ou pistes plus longues), la construction de nouvelles infrastructures aéroportuaires (édifices aéroportuaires, hangars d'avion, aires de stationnement pour les véhicules et l'équipement) et à l'expansion des activités commerciales secondaires (expansion des ventes de véhicules de plaisance, nouveaux commerces). Comme ce site constitue le seul site de reproduction de la sous-espèce au Canada, les activités de développement futures pourraient représenter une menace à la persistance de la sous-espèce au Canada. La mesure dans laquelle tout aménagement particulier proposé pourrait avoir un effet négatif sur le Bruant vespéral de la sous-espèce affinis ou son habitat dépendrait de la nature et de l'emplacement précis de l'aménagement en question.

Fragmentation de l'habitat

Les activités humaines dans la région ont entraîné des modifications de la taille et de la configuration spatiale des parcelles d'habitat convenable. La taille minimale des parcelles pour l'Alouette hausse-col de la sous-espèce strigata varie possiblement en fonction du type de paysage. La sous-espèce strigata pourrait se contenter de parcelles de 5 à 10 hectares dans un paysage ouvert (p. ex. les dunes, les habitats des îles ou des prairies côtières) mais, si elle était entourée de forêt, d'édifices ou d'autres grandes structures réduisant la visibilité, la parcelle d'habitat convenable devrait probablement être plus étendue. De façon générale, les données provenant des États-Unis suggèrent que les parcelles plus petites sont appropriées seulement dans les habitats directement contigus à la côte alors que les parcelles situées à l'intérieur des terres doivent être plus grandes (S. Pearson et B. Altman, comm. pers.).

Le Bruant vespéral de la sous-espèce affinis semble tolérer de plus petites superficies d'habitat convenable (B. Altman, comm. pers.). Par exemple, à l'aéroport de Nanaimo, la population se reproduit dans un territoire de superficie inférieure à 10 hectares (Beauchesne, 2004a). Il semble cependant y avoir un manque de parcelles d'habitat convenable de taille similaire situées à proximité immédiate de la population existante, ce qui pourrait réduire la possibilité que la population actuelle s'étende aux sites avoisinants (Beauchesne, 2003, 2004a).

Conséquemment, pour les deux sous-espèces, la menace que représente la fragmentation de l'habitat est suspectée, mais non connue bien que la fragmentation de l'habitat soit continue et généralisée dans l'ensemble de leur aire de répartition historique.

Pratiques agricoles

L'agriculture pratiquée à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle a probablement avantagé les deux sous-espèces en créant des habitats ouverts de graminées courtes dont certains auraient été convenables pour la reproduction (COSEPAC, 2003). Toutefois, l'intensification de l'agriculture, typique de la dernière moitié du XXe siècle, a réduit le caractère convenable de certaines régions agricoles antérieurement utilisées pour la nidification. Les pratiques agricoles qui nécessitent des procédés mécanisés (p. ex. le labourage et le fauchage) peuvent détruire les nids actifs, réduisant de façon significative le succès de reproduction des oiseaux qui nichent au sol. Les « améliorations » de l'agriculture moderne, qui comportent une croissance plus rapide ainsi qu'une récolte plus hâtive et plus fréquente, amplifient ce risque sur les oiseaux qui nichent au sol. Pour le Bruant vespéral de la sous-espèce affinis, les pratiques de la l'agriculture moderne « propre », qui implique l'enlèvement des haies-clôtures d'arbustes, élimine une caractéristique structurale importante de l'habitat, réduisant ainsi le caractère convenable de certains habitats de pâturages (Rodenhouse et al., 1993; Sauer et al., 2004). De plus, les pratiques de l'agriculture industrielle dépendent de plus en plus des produits chimiques, ce qui a probablement des conséquences négatives sur la plupart des espèces d'oiseaux (Gard et al., 1993). 

Le pâturage intensif, où le bétail est concentré, réduit le caractère convenable de l'habitat si le broutement est trop important. De plus, ceci accentue la possibilité de piétinement ou de prédation des nids (Bock et al., 1999; Nack et Ribic, 2005). Il est reconnu que les espèces des prairies se reproduisent avec succès dans les pâturages broutés de l'intérieur de la Colombie-Britannique mais la concentration de bétail généralement plus élevée dans les régions côtières, entraîne potentiellement un risque plus important de destruction des nids par le piétinement.

Finalement, la manipulation des niveaux d'eau pour l'agriculture pourrait aussi constituer une menace car les inondations pendant la saison de reproduction peuvent entraîner un échec de la nidification.

Les pratiques agricoles ont déjà entraîné la perte et la dégradation de l'habitat pour les deux sous-espèces mais pour le moment, on ne connaît pas de sites convenables existants ou potentiels qui soient menacés par les activités agricoles.

1.5.2 Changements aux dynamiques écologiques ou aux processus naturels

Suppression des feux

Pour les deux sous-espèces, l'habitat convenable du bassin de Géorgie pourrait avoir été plus important dans le passé en raison des feux plus fréquents, qu'ils aient été d'origine naturelle ou allumés volontairement par les Premières nations. La suppression des feux a entraîné la colonisation d'habitats autrefois convenables par des végétaux indigènes tels que le Douglas taxifolié (Pseudotsuga menziesii) et la symphorine blanche (Symphoricarpos albus). Dans une récente expérience de brûlage dirigé effectuée aux États-Unis, l'Alouette hausse-col de la sous-espèce strigata était plus abondante dans les parcelles brûlées que dans les parcelles témoins durant la période post-reproductive (Pearson et Hopey, 2005). Les brûlis de fin d'été semblent être les plus avantageux pour la sous-espèce strigata car à ce moment, la régénération de la végétation est moins vigoureuse, ce qui permettrait aux oiseaux de localiser et de capturer plus facilement les invertébrés qui leur servent de proie.

Les impacts reliés à la suppression des feux sont suspectés, ils ne sont pas connus. La suppression des feux a causé la perte d'habitat convenable dans le passé, et demeure une préoccupation, surtout dans les écosystèmes du chêne de Garry et les écosystèmes associés.

Construction de digues

Dans la deuxième moitié du XXe siècle, l'amélioration des techniques de construction de digues dans le delta du fleuve Fraser a réduit la proportion de berges sableuses à végétation clairsemée des rives du fleuve Fraser. Dans l'État de Washington, les dunes côtières sont un habitat de reproduction important pour l'Alouette hausse-col de la sous-espèce strigata (S. Pearson, comm. pers.) et en Colombie-Britannique, ces dunes de sable côtières constituaient l'un des habitats de reproduction connus (Campbell et al., 1997).

La construction de digues est une menace connue, mais historique, qui a réduit l'habitat disponible pour l'Alouette hausse-col de la sous-espèce strigata le long du bas Fraser.

Prédation

Les effets de la prédation pourraient aussi limiter les deux sous-espèces. Dans la plupart des sites étudiés des Puget Lowlands, de la côte de l'État de Washington, du fleuve Columbia et de la Willamette Valley, la prédation s'est révélée être la cause principale des échecs de nidification pour l'Alouette hausse-col de la sous-espèce strigata (n=166 nids : Altman 1999; Pearson et Hopey, 2005). Les chercheurs qui étudient le Bruant vespéral ont démontré que la prédation est une cause majeure de l'échec de nidification, avec des taux aussi élevés que 63 % (voir les nombreuses études citées dans Jones et Cornely, 2002).

Les prédateurs connus des oiseaux des prés, adultes ou immatures, incluent les corvidés, les oiseaux de proie, les serpents et les petits mammifères. La Corneille d'Amérique (Corvus brachyrhynchos) et les serpents du genre Thamnophis (Thamnophis sp.) ont été observés à piller des nids de l'Alouette hausse-col de la sous-espèce strigata (Pearson et Hopey, 2005). Le mâle reproducteur de cette espèce pourrait être plus vulnérable aux prédateurs aériens que le mâle du Bruant vespéral en raison de son vol caractéristique au moment de la parade nuptiale. Pour les deux sous-espèces, l'urbanisation et les autres activités humaines ont tendance à augmenter la pression de prédation par les prédateurs introduits, particulièrement les chats domestiques et féraux (George, 1974; Cooper, 1993; Coleman et al., inédit). Aucune donnée n'est disponible sur la prédation des nids dans la population du Bruant vespéral de la sous-espèce affinis de l'aéroport de Nanaimo, mais des chats domestiques et féraux ont été observés sur le site (S. Beauchesne, comm. pers.).

La prédation des nids est une menace connue et continue pour les deux sous-espèces, peu importe où elles se trouvent. La proximité entre les sites convenables potentiels ou convenables connus et les territoires urbanisés augmente le risque de prédation par des prédateurs introduits et ce, pour les deux espèces.

Colonisation des habitats ouverts par les arbustes et les graminées exotiques

La suppression des feux constitue une politique courante autour des régions aménagées. Dans le passé, certains écosystèmes brûlaient fréquemment, mais les pratiques actuelles ont permis à la succession végétale naturelle de coloniser les habitats ouverts, autrefois maintenus par les feux. L'introduction de plantes envahissantes, telles le genêt à balai, l'ajonc d'Europe (Ulex europaeus), la ronce discolore (Rubus discolor), ainsi que de hautes graminées non indigènes a exacerbé la situation car ces espèces sont bien adaptées pour coloniser rapidement les espaces ouverts. Pour l'Alouette hausse-col de la sous-espèce strigata, ce changement dans la structure de végétation a réduit le caractère convenable de la plupart des habitats qui subsistaient dans les vieux champs abandonnés, dans les chênaies de Garry et dans les dunes (Fraser et al., 1999).

Puisque le Bruant vespéral de la sous-espèce affinis exige une combinaison de végétation courte, de sol dénudé et de couvert arbustif, cette sous-espèce tolère une certaine colonisation par les espèces envahissantes, telles le genêt à balai et utilisera même cette plante comme perchoir pour chanter et comme couvert de fuite et de nidification (Beauchesne, 2002a, 2003, 2004a). Le Bruant vespéral ne fréquente cependant pas les secteurs où les arbustes dominent complètement les terrains ouverts (Jones et Cornely, 2002). En l'absence de gestion, le genêt à balai peut dégrader d'anciens habitats ouverts au point de les rendre non convenables. D'autres espèces de plantes envahissantes peuvent créer des structures de végétation similaires à celles des espèces indigènes et ainsi être avantageuses pour les oiseaux reproducteurs des deux sous-espèces. Par exemple, les nids du Bruant vespéral de la sous-espèce affinis, retrouvés au site de l'aéroport de Nanaimo, ont été établis directement à côté du plantain lancéolé (Beauchesne, 2006).

1.5.3 Dérangement

Dérangement par l'humain

À l'intérieur de l'aire de répartition des deux sous-espèces en Colombie-Britannique, la croissance rapide de la population humaine a augmenté l'utilisation récréative des quelques secteurs possédant encore de l'habitat convenable. La plupart de ces territoires sont de petite superficie. Les petits territoires à usages multiples ne sont généralement pas compatibles avec les oiseaux qui nichent au sol. Des chercheurs américains rapportent que l'Alouette hausse-col de la sous-espèce strigata s'enfuira si elle est approchée à moins de 30 mètres par des humains ou des chiens (S. Pearson et B. Altman, comm. pers.). Les activités récréatives telles que la randonnée pédestre, la promenade de chiens, l'observation des oiseaux, l'équitation, la bicyclette, les feux d'artifice, l'utilisation de véhicules tout-terrain ou l'enlisement de toute forme de véhicule peuvent entraîner la destruction des nids ou causer des dérangements qui, lorsque trop fréquents, peuvent mener à l'échec de la nidification (Rogers, 2000; Pearson et Altman, 2005). 

Des chercheurs du Colorado ont démontré que bien que l'habitat compris dans les secteurs urbains, ou à proximité, semble convenable, le Bruant vespéral tend à être présent en plus faible densité que dans les territoires plus éloignés des secteurs urbains où le dérangement humain est possiblement moins important (Bock et. al., 1999). Ailleurs, des chercheurs ont démontré que cette sous-espèce était significativement plus abondante dans les transects témoins éloignés du dérangement, que dans les transects établis le long de sentiers à vocation récréative (voir Miller et al., 1998 dans Jones et Cornely, 2002).

La préférence pour de faibles niveaux de dérangement semble expliquer, du moins en partie, la persistance du Bruant vespéral de la sous-espèce affinis à l'aéroport de Nanaimo. Les oiseaux se trouvent presque tous dans une zone d'accès restreint où ils sont soumis au bruit des avions, mais à très peu de circulation de véhicules et de piétons. Bien que les avions et les hélicoptères soient très bruyants, ils n'entrent pas en contact direct avec les oiseaux et ne provoquent pas leur fuite. Toutefois, ces oiseaux fuient lorsqu'ils sont approchés par les chercheurs se déplaçant à pied ou s'ils se trouvent aux abords d'une route et qu'un véhicule passe (S. Beauchesne, comm. pers.). Cependant, les Bruants vespéraux semblent moins enclins à fuir que les Alouettes hausse-col, et des chercheurs ont indiqué que le Bruant vespéral fuit son nid uniquement lorsque celui-ci est approché à moins de quelques mètres (S. Beauchesne et P. Krannitz, comm. pers.).

Le dérangement humain est une menace bien documentée et courante pour les deux sous-espèces dans leur aire de répartition mondiale. Ce dérangement cause la destruction de nids et des échecs de nidification. Toutefois, la population du Bruant vespéral de la sous-espèce affinis présente à l'aéroport de Nanaimo semble ne subir que de faibles niveaux de dérangement par l'humain.

1.5.4 Mortalité accidentelle

Collisions

Des rapports de l'armée américaine indiquent que les Alouettes hausse-col sont, parmi toutes les espèces d'oiseaux, celles qui sont le plus fréquemment victimes de collisions avec les avions (BASH, 2006). Le comportement de vol de l'Alouette hausse-col, notamment sa tendance à voler à une altitude considérable durant la parade nuptiale, l'expose probablement à un risque plus grand de collision que les autres espèces d'oiseaux des prés. Des spécimens de la sous-espèce strigata ont été retrouvés morts le long des pistes de l'aéroport militaire de l'État de Washington situés près de leurs territoires de reproduction (Pearson et Altman, 2005). Durant la saison de reproduction, la sous-espèce strigata est aussi vulnérable aux collisions avec les automobiles car les sites de nidification se trouvent souvent sur les routes de gravier ou à proximité immédiate de celles-ci (S. Pearson et B. Altman, comm. pers.).

Le Bruant vespéral de la sous-espèce affinis n'est pas reconnu pour fréquenter les habitats situés aux abords de route, le risque de collision avec les automobiles est donc probablement plus faible. En dépit de sa présence à l'aéroport de Nanaimo, les collisions avec des avions sont aussi moins probables car les Bruants vespéraux ne volent pas à d'aussi hautes altitudes que les Alouettes. De plus, sur ce site, ils ont tendance à fréquenter les terrains éloignés des pistes car les arbustes sont enlevés sur une bande de 100 mètres de chaque côté des pistes.

La mortalité par collision de l'Alouette hausse-col de la sous-espèce strigata a été démontrée ailleurs dans son aire de répartition, mais dans le cas du Bruant vespéral de la sous-espèce affinis, cette menace n'est qu'une menace potentielle suspectée et ce, en dépit de la proximité qui existe entre cette population et les avions.

Petite population et effets de la répartition

Dans une récente évaluation de la taille de la population de l'Alouette hausse-col de la sous-espèce strigata réalisée auxÉtats-Unis en s'appuyant sur des inventaires de reproduction et d'hivernage, les chercheurs américains ont évalué la population à approximativement 774 individus (Pearson et Altman, 2005). Une analyse génétique préliminaire suggère que les oiseaux qui restent possèdent une faible diversité génétique. En effet, les spécimens échantillonnés partageaient tous le même haplotype, alors que les autres sous-espèces de l'Alouette hausse-col montraient de multiples haplotypes (Drovetski et al., 2005). Il n'existe actuellement aucune  donnée génétique pour le Bruant vespéral de la sous-espèce affinis. Par ailleurs, les modèles de différenciation génétique chez d'autres espèces de prairies côtières suggèrent que cette sous-espèce serait génétiquement distincte et isolée des sous-espèces présentes ailleurs en Amérique du Nord (Ruegg et Smith, 2002; Drovetski et al., 2005).  La petite taille de la population et la faible diversité génétique rendent ces sous-espèces vulnérables aux évènements stochastiques, tels les phénomènes météorologiques violents ou les épidémies. Étant donné que les populations sources de l'Alouette hausse-col de la sous-espèce strigata en Colombie-Britannique, sont maintenant éloignées (les populations les plus proches sont dans le sud de Puget Sound, dans l'État de Washington), la probabilité d'une recolonisation après un événement catastrophique serait extrêmement faible. La population des États-Unis la plus proche pour le Bruant vespéral de la sous-espèce affinis se situe sur l'archipel de San Juan mais cette population a connu d'importants déclins et on croit qu'il ne subsisterait que quelques individus. La population de la sous-espèce affinis de la vallée Willamette, dans l'État de l'Oregon, est comparable à la population de l'Alouette hausse-col de la sous-espèce strigata présente au même endroit (c'est-à-dire d'environ 400 individus) (B. Altman, comm. pers.). Cependant, comme la sous-espèce affinis est plus abondante dans l'extrémité sud de son aire de répartition, on évalue que la population totale de cette sous-espèce est plus importante que celle de l'Alouette hausse-col de la sous-espèce strigata.

Le Bruant vespéral de la sous-espèce affinis n'étant présent qu'en petit nombre dans un seul site au Canada, cette population est particulièrement vulnérable à disparaître du pays. Un seul événement catastrophique sur les terrains de l'aéroport ou des conditions météorologiques défavorables dans les aires d'hivernage ont le potentiel d'éliminer la totalité de la population reproductrice.

Le risque de disparition du pays en raison d'évènement stochastiques est une menace connue et courante qui touche les sous-populations existantes et à venir des deux sous-espèces.

1.6 Actions achevées ou en cours

  1. Un accord d'intendance avec l'aéroport régional de Nanaimo, visant à promouvoir la protection de l'habitat de nidification du Bruant vespéral, a été mis en place, mais il est maintenant échu (Beauchesne, 2002c).
  2. Le Nanaimo Area Land Trust a élaboré un programme d'intendance avec certains des propriétaires fonciers locaux des terres adjacentes à l'aéroport régional de Nanaimo.
  3. L'Équipe de rétablissement des écosystèmes du chêne de Garry coordonne les mesures de conservation et de rétablissement des écosystèmes du chêne de Garry en Colombie-Britannique. Le Groupe de mise en œuvre du rétablissement des vertébrés en péril de l'Équipe de rétablissement des écosystèmes du chêne de Garry coordonne les mesures de rétablissement pour cinq espèces d'oiseaux associées à ces écosystèmes, incluant l'Alouette hausse-col de la sous-espèce strigata et le Bruant vespéral de la sous-espèce affinis (Beauchesne, 2004b).
  4. Des travaux de remise en état de l'habitat sont en cours dans un certain nombre d'aires protégées de l'aire de répartition de l'Alouette hausse-col de la sous-espèce strigata et du Bruant vespéral de la sous-espèce affinis. Certains de ces travaux seront favorables à ces deux espèces ainsi qu'à d'autres oiseaux qui nichent au sol.
  5. À l'aéroport de Nanaimo, des recherches sont en cours pour mieux documenter l'habitat de reproduction utilisé par le Bruant vespéral de la sous-espèce affinis (Beauchesne 2002a, 2003, 2004a, 2006).
  6. En 2005, à l'aéroport de Nanaimo, les méthodes d'inventaire de la population reproductrice et des habitats utilisés par les individus du Bruant vespéral ont été améliorées par le baguage en couleur des adultes et des oisillons.

1.7 Lacunes dans les connaissances

En plus des lacunes dans les connaissances empêchant la désignation de l'habitat essentiel, décrites à la section 2.6.1, d'autres lacunes ne touchant pas directement la désignation de l'habitat essentiel ont été identifiées.

Pour les deux sous-espèces, la faisabilité d'une réintroduction, soit passive, soit active, est indéterminée. Pour l'une ou l'autre des deux sous-espèces, la possibilité d'une introduction passive dans l'habitat convenable, à partir de populations existantes des États-Unis ou du Canada, et par les mécanismes de dispersion naturelle, est indéterminée. Il serait utile de connaître les distances de dispersion pour déterminer les distances optimales inter-parcelles au moment de la sélection de nouveaux sites potentiels pour le Bruant vespéral de la sous-espèce affinis. Pour l'Alouette hausse-col de la sous-espèce strigata, une meilleure connaissance des distances de dispersion pourrait aider à la prise de décision concernant les investissements dans la remise en état de l'habitat des sites situés dans le nord de Puget Sound (s'il cela se révèle réalisable) plutôt que des sites canadiens. De plus, les techniques d'introduction active pour les espèces d'oiseaux des prés n'ont pas encore été élaborées.

Pour le Bruant vespéral de la sous-espèce affinis, la taille minimum de parcelle requise est essentiellement inconnue. Cette connaissance aiderait à déterminer le potentiel convenable des sites pour les mesures de protection et de remise en état. On manque également de données sur la productivité, la survie et la mortalité de la population de l'aéroport de Nanaimo. Ces données pourraient être utilisées pour élaborer un modèle de population qui, en retour, pourrait aider à déterminer les facteurs limitatifs clés. La mesure dans laquelle la population peut répondre et s'adapter aux futurs changements de l'habitat au site existant, et la possibilité d'utiliser des techniques telles que l'enregistrement du cri afin d'encourager les individus à s'établir dans des aires qui ne sont pas considérées pour un aménagement futur sont également inconnues. Les événements survenant aux aires d'hivernage pourraient aussi être limitatifs pour la sous-espèce affinis, mais on ne sait rien sur les emplacements d'hivernage utilisés par la population canadienne.

La prédation des nids a été identifiée comme la cause principale d'échec de la nidification des populations de l'Alouette hausse-col de la sous-espèce strigata aux État-Unis mais les principaux prédateurs de nids n'ont pas été identifiés (Pearson et Altman, 2005). Cette sous-espèce étant migratrice, les événements survenant dans les aires d'hivernage (principalement dans la vallée Willamette) pourraient également limiter les populations. On ne sait rien de l'importance relative des événements survenant durant l'hivernage par rapport à ceux survenant durant la reproduction sur l'équilibre des populations des alouettes des États-Unis.

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