Gentiane de Victorin évaluation et mise à jour du rapport de situation du COSEPAC : chapitre 2

Résumé

Gentiane de Victorin
Gentianopsis procera macounii var. victorinii

Information sur l’espèce

La gentiane de Victorin (Gentianopsis procera ssp. macounii var. victorinii) est une plante annuelle ou bisannuelle de la famille des Gentianacées. Elle a subi plusieurs changements taxinomiques depuis sa description par Fernald. Gillett la place dans le genre Gentianella,tandis qu’Iltis estime que les gentianes frangées appartiennent au genre Gentianopsis. La gentiane de Victorin est la seule gentiane que l’on retrouve dans les milieux estuariens du fleuve Saint-Laurent.

Répartition

La gentiane de Victorin se rencontre exclusivement au Canada, où elle est considérée comme une espèce endémique de l’estuaire fluvial du Saint-Laurent. Elle ne pousse que dans les zones intertidales d’eau douce et légèrement saumâtre du fleuve Saint-Laurent. Elle a été répertoriée jusqu’à présent dans 43 localités. La limite sud-ouest se situe à Deschambault et Lotbinière, tandis que la limite nord-est se situe à Saint-Roch-des-Aulnaies et à l’Île aux Oies.

Habitat

L’habitat de la gentiane de Victorin pousse dans une herbaçaie à spartine pectinée dense et haute et parfois sur des affleurements rocheux surélevés. Elle se retrouve à l’interface de l’hydrolittoral supérieur et moyen ou près d’ouvertures dans la végétation de l’hydrolittoral supérieur de la zone intertidale estuarienne d’eau douce et légèrement saumâtre. Une végétation plus basse lui permet de recevoir plus de lumière que dans l’hydrolittoral supérieur où la strate herbacée est plus haute. La gentiane de Victorin préfère les dépôts de surface épais (plus de 15 cm) de texture fine ou mixte (rarement grossière), dont la pierrosité est nulle ou très faible (rarement très pierreuse). Cette zone est couverte d’eau durant deux ou trois heures par jour lors des marées hautes d’équinoxe, mais les marées basses et les basses marées hautes l’atteignent rarement.

Biologie

La gentiane de Victorin est une plante annuelle ou bisannuelle dont la période de floraison s’étend de la mi-juillet à la mi-septembre. Les fleurs sont soumises à des mouvements de sommeil périodiques. Elles restent fermées lors des jours sombres et lorsque la marée les submerge (Rousseau, 1932). La pollinisation est effectuée par des insectes. La fructification débute en août et se poursuit jusqu’en octobre. Les graines sont dispersées par l’eau.

Taille et tendances des populations

Aujourd’hui, la gentiane de Victorin est connue dans 28 localités existantes; on connaît au total 43 sites, dont huit historiques et sept disparus du Canada. Le nombre total de plantes en fleurs en 2003 est estimé entre 1 700 et 6 000.

Facteurs limitatifs et menaces

Il existe un certain nombre de menaces réelles ou potentielles pour les populations de la gentiane de Victorin. Son habitat limité l’empêche de coloniser d’autres sites en dehors de la zone interditale d’eau douce et légèrement saumâtre; la prédation des fruits peut affecter négativement le recrutement; la tonte des lits herbeux et la cueillette des fleurs empêchent la reproduction; l’affouillement glaciel et la débâcle printanière des glaces sont des événements naturels qui arrachent des parties du rivage contenant des banques de semences mais qui peuvent également avoir des incidences positives en ouvrant des habitats pour la germination des graines (on ne sait pas si de tels impacts ont changé depuis les temps historiques anciens avant l’altération des rives); les plantes peuvent se retrouver enfouies sous les débris en raison de la qualité et du niveau de l’eau; le remblayage des rives provoque une perte de l’habitat; les déversements pétroliers pourraient détruire des populations. Les menaces les plus graves pour l’espèce sont le piétinement anthropique et la circulation des véhicules récréatifs (VTT).

Importance de l’espèce

La gentiane de Victorin intéresse les scientifiques car elle soulève tous les problèmes de l’origine et de la diversification de la flore endémique des rives estuariennes du fleuve Saint-Laurent.

La beauté de cette plante lui permet d’être un symbole de la conservation des milieux estuariens et de la protection des espèces menacées ou vulnérables.

Protection actuelle ou autre désignations

En 1987, le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) a attribué le statut d’« espèce préoccupante » à la gentiane de Victorin. L’organisme NatureServe a attribué à la gentiane de Victorin la cote mondiale G2, la cote canadienne N2 et la cote québécoise S2 (NatureServe, 2001).

Deux localités (anse Saint-Vallier et Grosse-Île) sont situées dans les limites d’aires protégées, à savoir le refuge d’oiseaux migrateurs de Saint-Vallier et le lieu historique national du Canada de la Grosse-Île-et-le-Mémorial-des-Irlandais. D’autres populations historiques imprécises peuvent se retrouver dans les limites d’autres territoires protégés : les refuges d’oiseaux migrateurs de L'Islet, de Cap-Saint-Ignace et de Trois-Saumons. En outre, l’organisme Conservation de la nature Québecest propriétaire d’une partie du site sur lequel se trouve la population de la pointe de Saint-Vallier à Saint-Vallier.

Au Québec, la gentiane de Victorin a été désignée « espèce menacée » en février 2001 et elle est maintenant protégée en vertu de la Loi sur les espèces menacées ou vulnérables du Québec. Son habitat est également protégé contre les impacts de la principale menace à sa survie par le Règlement sur la circulation de véhicules motorisés dans certains milieux fragiles (L.R.Q., c. Q-2, r.2.2). De plus, la politique du Québec concernant la protection des rives, du littoral et des plaines inondables vise à maintenir et à améliorer la qualité de l’eau en accordant une protection minimale adéquate au littoral.

Historique du COSEPAC

Le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) a été créé en 1977, à la suite d’une recommandation faite en 1976 lors de la Conférence fédérale-provinciale sur la faune. Le Comité a été créé  pour satisfaire au besoin d’une classification nationale des espèces sauvages en péril qui soit unique et officielle et qui repose sur un fondement scientifique solide. En 1978, le COSEPAC (alors appelé Comité sur le statut des espèces menacées de disparition au Canada) désignait ses premières espèces et produisait sa première liste des espèces en péril au Canada. En vertu de la Loi sur les espèces en péril (LEP) promulguée le 5 juin 2003, le COSEPAC est un comité consultatif qui doit faire en sorte que les espèces continuent d’être évaluées selon un processus scientifique rigoureux et indépendant.

Mandat du COSEPAC

Le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) évalue la situation, à l’échelle nationale, des espèces, sous-espèces, variétés ou autres unités désignables qui sont considérées comme étant en péril au Canada. Les désignations peuvent être attribuées aux espèces indigènes et incluant les groupes taxinomiques suivants : mammifères, oiseaux, reptiles, amphibiens, poissons, arthropodes, mollusques, plantes vasculaires, mousses et lichens.

Composition du COSEPAC

Le COSEPAC est formé de membres de chacun des organismes provinciaux et territoriaux responsables des espèces sauvages, de quatre organismes fédéraux (Service canadien de la faune, Agence Parcs Canada, ministère des Pêches et des Océans et Partenariat fédéral en biosystématique, présidé par le Musée canadien de la nature) et de trois membres ne relevant pas de compétence, ainsi que des coprésidents des sous-comités de spécialistes des espèces et du sous-comité de connaissances traditionnelles autochtones. Le Comité se réunit pour examiner les rapports de situation sur les espèces candidates.

Définitions (depuis mai 2004)

Espèce
Toute espèce, sous-espèce, variété ou population indigène de faune ou de flore sauvage géographiquement définie.

Espèce disparue (D)
Toute espèce qui n’existe plus.

Espèce disparue du Canada (DC)
Toute espèce qui n’est plus présente au Canada à l'état sauvage, mais qui est présente ailleurs.

Espèce en voie de disparition (VD) *
Toute espèce exposée à une disparition ou à une extinction imminente.

Espèce menacée (M)
Toute espèce susceptible de devenir en voie de disparition si les facteurs limitatifs auxquels elle est exposée ne sont pas renversés.

Espèce préoccupante (P)**
Toute espèce qui est préoccupante à cause de caractéristiques qui la rendent particulièrement sensible aux activités humaines ou à certains phénomènes naturels.

Espèce non en péril (NEP) ***
Toute espèce qui, après évaluation, est jugée non en péril.

Données insuffisantes (DI)****
Toute espèce dont le statut ne peut être précisé à cause d’un manque de données scientifiques.

* Appelée « espèce en danger de disparition » jusqu’en 2000.
** Appelée « espèce rare » jusqu’en 1990, puis « espèce vulnérable » de 1990 à 1999.
*** Autrefois « aucune catégorie » ou « aucune désignation nécessaire ».
**** Catégorie « DSIDD » (données insuffisantes pour donner une désignation) jusqu’en 1994, puis « indéterminé » de 1994 à 1999.

Le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) a été créé en 1977, à la suite d’une recommandation faite en 1976 lors de la Conférence fédérale-provinciale sur la faune. Le comité avait pour mandat de réunir les espèces sauvages en péril sur une seule liste nationale officielle, selon des critères scientifiques. En 1978, le COSEPAC (alors appelé CSEMDC) désignait ses premières espèces et produisait sa première liste des espèces en péril au Canada. Les espèces qui se voient attribuer une désignation lors des réunions du comité plénier sont ajoutées à la liste.

Le Service canadien de la faune d’Environnement Canada assure un appui administratif et financier complet au Secrétariat du COSEPAC.

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