Gentiane de Victorin évaluation et mise à jour du rapport de situation du COSEPAC : chapitre 3

Information sur l'espèce

Nom et classification

Nom scientifique :
Gentianopsis procera (Th.Holm) Ma ssp. macounii (Th. Holm) Iltis var. victorinii (Fern.) Iltis
Synonymes pertinents :
Gentiana victorinii Fern; Gentianella crinita (Froel.) G. Don ssp. victorinii (Fern.) J. M. Gillett; Gentianopsis victorinii (Fernald) Iltis
Noms français :
Gentiane de Victorin, gentianopsis de Victorin, gentianopsis élancé variété de Victorin
Noms anglais :
Victorin's fringed gentian, Victorin’s Gentian
Nom de la famille :
Gentianacées

La gentiane de Victorin a subi plusieurs changements taxinomiques depuis sa description par Fernald (1923). Gillett (1957, 1963) la place dans le genre Gentianella, distinct de Gentiana au sens strict. Il définit tous les taxons du nord-est de l’Amérique du Nord comme des sous-espèces du Gentianella crinita et crée la sous-espèce victorinii (Fern.) Gillett. Il se base surtout sur son habitat exceptionnel, ses caractères morphologiques étant considérés comme intermédiaires entre les sous-espèces procera, macounii et crinita. En 1963, Gillett décrit plus précisément les différences morphologiques entre les membres du complexe Gentianella crinita et, dans sa clé, la sous-espèce victorinii est associée à la sous-espèce macounii. Scoggan (1979) adopte la taxinomie de Gillett. Iltis (1965) estime que les gentianes frangées appartiennent au genre Gentianopsis de Ma (1951), ce que corroborent les études phylogénétiquement moléculaires de Yuan et Kupfer (1995). Comme Ma n’avait pas effectué tous les transferts taxinomiques, Iltis a créé les combinaisons manquantes dans le genre Gentianopsis, dont Gentianopsis victorinii (Fern.) Iltis. Iltis suggère de ne retenir que deux espèces dans le premier groupe : Gentianopsis crinita et le très variable Gentianopsis procera. Iltis considère que les différences entre les populations des taxons qu’il associe au Gentianopsis procera sont mineures par rapport aux différences avec le Gentianopsis crinita. Selon lui, le Gentianopsis victorinii ne diffère pas de façon marquée du Gentianopsisprocera, bien qu’il montre une plus grande uniformité pour les caractères mesurés et que son port semble différent. Mason et Iltis (1965) créent une combinaison qui reflète mieux cette opinion taxinomique : Gentianopsisprocera (Th. Holm) Ma ssp. macounii (Th. Holm) Iltis var. victorinii (Fern.) Iltis. Kartesz (1994) ignore les travaux d’Iltis et reconnaît le Gentianopsis victorinii comme un taxon valide. Dans le présent rapport, tout comme dans la province de Québec, la position est de suivre la classification de Mason et Iltis (1965) en attendant que des études plus approfondies soient effectuées pour clarifier la situation.

Le Gentianopsis procera (ssp. procera) typique se trouve principalement dans la région des Grands Lacs et dans les États du Mid-West américain, depuis l’État de New York vers le sud jusqu’à l’Illinois et vers l’ouest jusqu’au Dakota du Sud et au Dakota du Nord, avec une enclave au Colorado. Son classement est à l’étude dans six États, dangereusement en péril dans l’État de New York, en péril au Dakota du Sud et vulnérable dans l’Iowa et le Wisconsin. Au Canada, on le trouve en Ontario et au Manitoba où il est apparemment stable (NatureServe, 2004). La sous-espèce macounii est un taxon répandu aux États-Unis, principalement dans les États du Mid-West de l’Iowa, du Dakota du Nord et du Dakota du Sud où son classement est à l’étude; il est inclassable au Minnesota et au Nebraska et inclassable au Nevada dans le sud-ouest des États-Unis. Au Canada, cette sous-espèce s’étend du Québec à la Colombie-Britannique et possiblement dans les Territoires du Nord-Ouest et au Yukon. Elle est dangereusement en péril au Québec, mais apparemment stable en Ontario, au Manitoba et possiblement en Saskatchewan, et elle est entre vulnérable et dangereusement en péril en Colombie-Britannique, tandis que son statut est inclassable en Alberta, au Yukon et dans les Territoires du Nord-Ouest. Globalement, en raison de son aire de répartition primaire et de son statut relativement stable depuis l’Ontario jusqu’à la Saskatchewan au Canada, la sous-espèce est vraisemblablement en péril de façon limitée. La variété victorinii est une entité distincte au sein de la sous-espèce macounii, qui est reconnue par certains auteurs au niveau d’une espèce endémique à l’habitat intertidal de l’estuaire du Saint-Laurent.

Description

Plante herbacée annuelle ou bisannuelle, mesurant de 10 à 50 cm de hauteur, issue d’une petite racine pivotante, peu ramifiée (figure 1). Tige glabre, cylindrique à la base, devenant hexagonale au milieu, simple ou ramifiée d’une à deux fois. Feuilles de la tige semi-charnues, linéaires-lancéolées, asymétriques, à sommet aigu, sessiles, opposées et mesurant de 1 à 6 cm de longueur; feuilles de la base spatulées, en une à quatre paires disposées en rosette. Fleurs 1 à 30, sur un pédoncule quadrangulaire et cannelé; calice herbacé, formé de quatre sépales soudés sur près de la moitié de leur longueur, deux lancéolés et les deux autres ovés et plus courts; corolle mesurant de 3,5 à 4,5 cm de longueur à maturité, formée de quatre pétales violacés, soudés sur les 3/5 de leur longueur et terminés par un lobe; lobes enroulés en cornet à la préfloraison, s’étalant par la suite, finement dentelés au sommet et très légèrement lacérés à la marge. Fruit : une capsule mesurant de 3 à 3,8 cm de longueur et s’ouvrant à maturité. Graines brunes, environ 400 par fruit (Coursol, 2001).

Figure 1. Photographie de la gentiane de Victorin dans son habitat à Saint-Augustin-de-Desmaures

Figure 1. Photographie de la gentiane de Victorin dans son habitat à Saint-Augustin-de-Desmaures

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