Bouleau flexible (Betula lenta) programme de rétablissement 2016 : partie 2

Partie 2 – Programme de rétablissement du bouleau flexible (Betula lenta) en Ontario, préparé par C. Zoladeski et K. Hayes pour le ministère des Richesses naturelles de l'Ontario

Série de Programmes de rétablissement de l’Ontario
Programme de rétablissement préparé en vertu de la Loi de 2007 sur les espèces en voie de disparition
Bouleau flexible (Betula lenta) en Ontario

Programme de rétablissement du bouleau flexible (Betula lenta) en Ontario - 2013

Partie 2 – Programme de rétablissement du bouleau flexible (Betula lenta) en Ontario
Illustration de la couverture : © Lynk Media

À propos de la Série de Programmes de rétablissement de l'Ontario

Cette série présente l'ensemble des programmes de rétablissement préparés ou adoptés à l'intention du gouvernement de l'Ontario en ce qui concerne l'approche recommandée pour le rétablissement des espèces en péril. La province s'assure que la préparation des programmes de rétablissement respecte son engagement de rétablir les espèces en péril en vertu de la Loi de 2007 sur les espèces en voie de disparition (LEVD 2007) et de l'Accord pour la protection des espèces en péril au Canada.

Qu'est-ce que le rétablissement?

Le rétablissement des espèces en péril est le processus par lequel le déclin d'une espèce en voie de disparition, menacée ou disparue du pays est arrêté ou inversé et par lequel les menaces qui pèsent sur cette espèce sont éliminées ou réduites de façon à augmenter la probabilité de survie à l'état sauvage.

Qu'est-ce qu'un programme de rétablissement?

En vertu de la LEVD 2007, un programme de rétablissement fournit les meilleures connaissances scientifiques disponibles quant aux mesures à prendre pour assurer le rétablissement d'une espèce. Un programme de rétablissement présente de l'information sur les besoins de l'espèce en matière d'habitat et sur les types de menaces à la survie et au rétablissement de l'espèce. Il présente également des recommandations quant aux objectifs de protection et de rétablissement, aux méthodes à adopter pour atteindre ces objectifs et à la zone qui devrait être prise en considération pour l'élaboration d'un règlement visant l'habitat. Les paragraphes 11 à 15 de la LEVD 2007 présentent le contenu requis et les délais pour l'élaboration des programmes de rétablissement publiés dans cette série.

Après l'inscription d'une espèce sur la Liste des espèces en péril en Ontario, des programmes de rétablissement doivent être préparés dans un délai d'un an pour les espèces en voie de disparition et de deux ans pour les espèces menacées. Une période de transition de cinq ans (jusqu'au 30 juin 2013) est prévue pour l'élaboration des programmes de rétablissement visant les espèces menacées et en voie de disparition qui figurent aux annexes de la LEVD 2007. Des programmes de rétablissement doivent obligatoirement être préparés pour les espèces disparues de l'Ontario si leur réintroduction sur le territoire de la province est jugée réalisable.

Et ensuite?

Neuf mois après l'élaboration d'un programme de rétablissement, un énoncé de réaction est publié. Il décrit les mesures que le gouvernement de l'Ontario entend prendre en réponse au programme de rétablissement. La mise en œuvre d'un programme de rétablissement dépend de la collaboration soutenue et des mesures prises par les organismes gouvernementaux, les particuliers, les collectivités, les utilisateurs des terres et les partenaires de la conservation.

Pour plus d'information

Pour en savoir plus sur le rétablissement des espèces en péril en Ontario, veuillez visiter la page Web des espèces en péril du ministère des Richesses naturelles à l'adresse : Espèces en péril site Web

Référence recommandée

Zoladeski, C. et K. Hayes. 2013. Programme de rétablissement du bouleau flexible (Betula lenta) en Ontario. Série de Programmes de rétablissement de l'Ontario, document préparé pour le ministère des Richesses naturelles de l'Ontario, Peterborough (Ontario), vi + 13 p.

Illustration de la couverture : Lynk Media

Le contenu du présent document (sauf l'illustration de la couverture) peut être utilisé sans permission, sous réserve d'une mention pertinente de la source.

Auteurs

Christopher Zoladeski, Savanta Inc.

Kate Hayes, Savanta Inc.

Remerciements

Donald Kirk, ministère des Richesses naturelles

Susan Fox, Guelph Arboretum

Corey Burant, Niagara Restoration Council

Robert Ritchie, auparavant à l'emploi de la Commission des parcs du Niagara

Déclaration

Le programme de rétablissement du bouleau flexible a été élaboré conformément aux exigences de la Loi sur les espèces en voie de disparition (LEVD). Il a été préparé à l'intention du gouvernement de l'Ontario, d'autres autorités responsables et des nombreuses parties qui pourraient participer au rétablissement de l'espèce.

Le programme de rétablissement ne représente pas nécessairement les opinions de toutes les personnes qui ont prodigué des conseils ou participé à sa préparation, ni la position officielle des organisations auxquelles ces personnes sont associées.

Les buts, les objectifs et les méthodes de rétablissement présentés dans le programme se fondent sur les meilleures connaissances disponibles et pourraient être modifiés au fur et à mesure que de nouveaux renseignements deviennent disponibles. La mise en œuvre du programme est assujettie aux crédits et contraintes budgétaires ainsi qu'aux priorités des autorités responsables et des organisations participantes.

La réussite du rétablissement de l'espèce se fonde sur l'engagement et la coopération des nombreuses parties qui participeront à la mise en œuvre des orientations énoncées dans le programme.

Autorités responsables

Ministère des Richesses naturelles de l'Ontario
Environnement Canada – Service canadien de la faune, Ontario

Sommaire

Le bouleau flexible est un arbre à feuilles caduques, de taille moyenne, qui pousse habituellement sur des sols humides et bien drainés. Il semble en exister une seule population sauvage au Canada, située dans la région du Niagara, en Ontario, à l'ouest de St. Catharines. Malgré plusieurs recherches ciblées dans les milieux naturels le long des rives du lac Ontario et dans la vallée de la rivière Niagara, aucun autre spécimen de bouleau flexible n'a été découvert dans cette région. La population la plus proche se situe à environ 70 km à l'est, dans l'État de New York.

Le bouleau flexible est largement répandu dans l'est des États-Unis. Son aire de répartition s'étend depuis le Maine, le New Hampshire et le Vermont vers le sud, en passant par les montagnes Appalaches, jusqu'au nord de l'Alabama et de la Géorgie; elle comprend en outre des occurrences isolées dans le Mississippi et l'ouest du Kentucky.

En Ontario, on estime que le bouleau flexible est une espèce ayant toujours constitué une composante mineure de la forêt, à ses emplacements historiques et existants; cependant, sa population a décliné de 72 %, passant de 50 arbres observés en 1967, à 14 arbres, en 2005. À l'heure actuelle, il n'existe que deux sites, à proximité l'un de l'autre, hébergeant probablement ensemble au plus 18 individus, dont près de la moitié sont des semis plantés sur la pelouse d'une résidence. À l'autre emplacement, où de jeunes arbres croissent en milieu forestier naturel, les individus semblent en bonne santé et produisent des semences, mais peu de choses sont connues sur le succès de reproduction.

On estime que la perte et la dégradation de l'habitat, notamment par l'érosion des rives, constituent la menace la plus importante pour la survie de l'espèce. L'incapacité apparente du bouleau flexible à s'établir dans de nouveaux sites pourrait s'expliquer par la dépression de consanguinité et la perte de valeur adaptative dues à l'endogamie et à unisolement prolongé par rapport à l'aire de répartition principale de l'espèce.

Le but du rétablissement est d'assurer la persistance continue du bouleau flexible dans les sites connus en Ontario sans nouveau déclin de la taille de la population à court terme et avec une augmentation de la taille de la population à long terme. Les objectifs de protection et de rétablissement sont :

  • de maintenir la population existante d'individus matures avec un nombre d'individus stable ou en croissance;
  • d'exercer un suivi des gaules et des semis de bouleau flexible et d'examiner les possibilités de transfert dans un habitat naturel;
  • de repérer, de protéger et de remettre en état des habitats convenables potentiels et de réintroduire des populations selon les possibilités, plus particulièrement dans des sites historiques;
  • d'acquérir une meilleure compréhension des besoins en matière d'habitat, de la génétique, du cycle vital et des tendances de la population.

La seule mesure de rétablissement importante récemment mise en œuvre a été la plantation de plusieurs douzaines de semis, cultivés à partir de semences recueillies sur des individus croissant sur la pelouse d'une propriété résidentielle et dans la forêt adjacente.

En plus des mesures d'intendance, les stratégies proposées pour le rétablissement du bouleau flexible comprennent un suivi de la population d'individus matures, un suivi des semis plantés, un examen de la faisabilité de la transplantation de semis dans des milieux naturels avoisinants, la culture de semis additionnels en pépinière et le lancement d'un programme de recherche rigoureux sur la génétique, la biologie des populations et les besoins en matière d'habitat du bouleau flexible.

Il semble que l'espèce n'a pas besoin de grandes parcelles d'habitat pour sa conservation; toutefois, à l'heure actuelle, on ne connaît pas la superficie minimale d'habitat requise. Dans le cadre d'une approche prudente, il est recommandé de désigner dans un règlement sur l'habitat des parcelles du type précis de forêt où croissent déjà naturellement des semis ou des individus matures de bouleau flexible.

1.0 Renseignements généraux

1.1 Évaluation et classification de l'espèce

Nom commun :
Bouleau flexible
Nom scientifique :
Betula lenta
Statut selon la Liste des espèces en péril en Ontario (EEPEO) :
en voie de disparition
Historique du statut selon la Liste des EEPEO :
en voie de disparition (2008)
Historique des évaluations du COSEPAC :
en voie de disparition (2006)
Annexe 1 de la Loi sur les espèces en péril (LEP) :
en voie de disparition (2007)
Cotes de conservation :
Cote G :
G5
Cote N :
N1
Cote S :
S1

La signification des abréviations apparaissant ci-dessus est fournie dans le glossaire, à la fin du présent rapport.

1.2 Description et biologie de l'espèce

Description de l'espèce

Le bouleau flexible est un arbre de taille moyenne, qui peut atteindre 25 m de hauteur et 95 cm de diamètre (COSEWIC, 2006). Les feuilles sont simples et alternes, et leurs bords sont dentés. L'écorce est d'abord lisse, de couleur rouge cerise foncé ou presque noire, avec des lenticelles horizontales apparentes; avec l'âge, elle tourne au brun cendré et se divise en grandes plaques dont les bords ne s'enroulent pas comme chez la plupart des bouleaux (Farrar, 1995; Fernald, 1950). Le bouleau flexible ressemble au bouleau jaune (Betula alleghaniensis), espèce assez commune dans les forêts de la région du Niagara et souvent confondue avec le bouleau flexible.

Biologie de l'espèce

Le bouleau flexible est un arbre qui peut vivre jusqu'à 200 ans ou même davantage. Comme la majorité des membres de sa famille, l'espèce est monoïque; chaque individu produit des fleurs mâles et des fleurs femelles, mais celles-ci sont sont réunies en chatons distincts. La floraison a lieu au début du printemps, avant l'apparition des feuilles. Les individus isolés peuvent produire des fruits, ce qui indique l'auto-compatibilité. Les semences se développent au cours de l'été et sont disséminées vers la fin de l'automne ou en hiver. Elles portent de petites ailes, sont dispersées par le vent et peuvent germer sans stratification à froid, mais elles ont besoin de lumière (Ontario Ministry of Natural Resources [OMNR], 2000; Burns et Honkala, 1990). C'est sous ombre légère que les semis croissent le mieux ; dans les peuplements naturels, ils profitent des petites ouvertures du couvert et des endroits où la densité des cimes est modérée (Burns et Honkala, 1990).

Comme les autres feuillus, le bouleau flexible peut être brouté par les grands herbivores. Toutefois, il semble que l'herbivorie n'ait pas d'incidence sur les individus matures (COSEWIC, 2006).

1.3 Répartition, abondance et tendances des populations

Le bouleau flexible est relativement répandu dans l'est des États-Unis. Son aire de répartition s'étend depuis le sud du Maine, le New Hampshire, le Vermont et l'État de New York jusqu'à l'est de l'Ohio et, vers le sud en passant par les Appalaches, jusqu'au nord de l'Alabama et de la Géorgie. Il croît à des altitudes très diverses, depuis la côte de la Nouvelle-Angleterre jusqu'à 1 370 m dans le sud des Appalaches (Burns et Honkala, 1990). Des populations isolées ont été répertoriées dans le Mississippi et l'ouest du Kentucky. Certaines mentions existent pour le Québec, mais elles sont généralement considérées comme erronées (COSEWIC, 2006; Marie-Victorin, 1935).

Une seule population sauvage confirmée de bouleau flexible est établie au Canada, à l'ouest de St. Catharines, près des rives du lac Ontario, à l'embouchure des ruisseaux Fifteen Mile et Sixteen Mile (figure 1). À l'heure actuelle, cette population est formée d'individus qui croissent dans deux sites adjacents. La population la plus proche est située à une distance d'environ 70 km à l'est, dans l'État de New York. En 1967, la population canadienne comptait environ 50 arbres. En 2005, seulement 14 arbres étaient confirmés pour les deux sites, dont six produisaient des semences (COSEWIC, 2006).

Figure 1 . Aire de répartition historique et actuelle du bouleau flexible en Ontario. Carte établie d'après COSEWIC (2006) ainsi que les relevés effectués pour le présent rapport.
Aire de répartition historique et actuelle du bouleau flexible en Ontario
Description longue pour la partie 2 figure 1

La partie 2 figure 1 montre l'emplacement de deux mentions récentes (2010) et d'une mention historique (1992-1998) du bouleau flexible près de St. Catharines, en Ontario.

En 2010, lors d'une visite sur le terrain des deux propriétés, Zoladeski et Hayes ont confirmé la présence de seulement 9 jeunes individus dans le premier emplacement. À une distance d'environ 400 m, au deuxième emplacement, tous les individus avaient disparu sous l'effet de l'érosion du littoral. Une gaule a été découverte à cet emplacement dans un boisé de feuillus, mais il semble que cet individu provenait d'un semis planté à cet endroit en 1998 (propriétaire, comm. pers. 2010) et provenant de semences recueillies sur des arbres présents sur le site à ce moment. Environ 70 semis de bouleaux flexibles, cultivés à partir de semences recueillies sur des individus indigènes, ont également plantés à cet emplacement en 2008. La visite sur le terrain a révélé qu'environ seulement 8 semis avaient survécu. En 2010, il semble qu'un total de 18 individus de bouleau flexible croissaient dans les deux sites.

1.4 Besoins en matière d'habitat

Le bouleau flexible préfère les sols humides bien drainés, mais croît également sur des sols minces et rocheux à texture grossière. Dans la population de l'État de New York, l'espèce pousse dans des sols de loam argileux pierreux, de loam argileux riche en matière organique et de sable, généralement neutres à acides (COSEWIC, 2008). En Ontario, l'emplacement où les 9 individus ont été observés en 2010 est une pente faisant face au nord, à sol de loam argileux généralement alcalins, étant associés à un substrat de calcaire. Au deuxième emplacement, jusqu'à tout récemment, des individus matures croissaient aussi dans des bandes boisées étroites et semi-ouvertes, au sommet d'une falaise, le long du lac Ontario.

En Ontario, la forêt où on a observé le bouleau flexible en 2010 se compose de chêne rouge (Quercus rubra), d'érable à sucre (Acer saccharum), de cerisier tardif (Prunus serotina) et d'ostryer de Virginie (Ostrya virginiana). Par comparaison,  dans la population de l'ouest de l'État de New York, le bouleau flexible est associé à l'érable rouge (Acer rubrum), au hêtre à grandes feuilles (Fagus grandifolia), à la pruche du Canada (Tsuga canadensis), au cerisier tardif et, occasionnellement, aux espèces suivantes : tulipier de Virginie (Liriodendron tulipifera), bouleau jaune (Betula alleghaniensis), bouleau à papier (Betula papyrifera) et chêne châtaignier (Quercus prinus) (COSEWIC, 2006).

Dans l'État de New York, on a observé que des semis s'établissaient sous les ouvertures du couvert forestier, dans le  gravier fin, mais non dans les secteurs couverts d'humus. Certains des arbres observés avaient des racines en échasse, ce qui suggère qu'ils pourraient s'être enracinés à l'origine sur une souche en décomposition ou une grume-abri.

En Ontario, l'aire de répartition du bouleau flexible est extrêmement limitée. Aucune autre population n'a été découverte dans la région du Niagara, malgré les nombreuses recherches menées. Plusieurs autres forêts décidues pourtant de qualité élevée, comme dans la réserve naturelle de Niagara Glen et à l'île Navy, ne semblent pas héberger le bouleau flexible.

1.5 Menaces pour la survie et le rétablissement

En Ontario, la perte et la dégradation de l'habitat constituent les plus grandes menaces pour la survie du bouleau flexible. Dans le passé, le défrichage des terres aux fins de l'agriculture a vraisemblablement causé directement la destruction d'individus de bouleau flexible et de leur habitat. La construction résidentielle actuelle se fait à grande échelle dans la zone entourant la population restante. Le couvert forestier naturel subsiste uniquement sur les pentes escarpées proches du ruisseau Fifteen Mile et dans les fonds de vallée associés.

En plus des pertes d'origine anthropique, certains phénomènes naturels, comme l'érosion intense des rives du lac Ontario, mettent en péril la population existante de bouleau flexible. L'érosion des falaises causée par les tempêtes de 2004 et de 2005 a entraîné la perte de tous les individus matures du deuxième emplacement. Les neuf arbres restants du premier emplacement subsistent au moins en partie parce que le site est à l'abri et éloigné de l'action de vagues.

Certaines observations indiquent que le bouleau flexible possède une tolérance intermédiaire à la sécheresse (Burns et Honkala, 1990), un facteur qui pourrait avoir nui aux populations du sud de l'Ontario. Les phénomènes hivernaux, principalement les tempêtes de verglas, qui endommagent les branches et favorisent l'entrée d'agents de la pourriture du bois, peuvent contribuer directement à réduire le volume du houppier. Cependant, le bouleau flexible n'est probablement pas très sujet à la mortalité hivernale (Burns et Honkala, 1990).

Un groupe important d'agents biotiques peuvent nuire aux individus de bouleau flexible, dont les champignons causant la carie blanche du tronc (Phellinus igniarius), la carie brune madrée (Pholiota limonella) et le chancre nectrien (Nectria galligena), ce dernier représentant la pire menace. En outre, parmi les insectes se nourrissant des feuilles du bouleau flexible, on retrouve la pyrale tubicole du bouleau (Acrobasis betulella), la squeletteuse du bouleau (Bucculatrix canadensisella), la tordeuse orientale (Cnidocampa flavescens), la spongieuse (Lymantria dispar) et la tenthrède à tête noire du bouleau (Croesus latitarsus) (Burns et Honkala, 1990).

Compte tenu du faible nombre d'individus existants et de leur isolement, la dépression de consanguinité peut aussi présenter une menace potentielle. Tous les semis plantés en 1998 et en 2008 au deuxième emplacement provenaient des semences d'individus matures qui croissaient à cet endroit auparavant (propriétaire, comm. pers., 2010). Toutefois, il semble que les semis ont fait l'objet d'un taux élevé d'herbivorie par les lapins et les souris. Parmi les 70 semis plantés sur la pelouse, seulement 8 ont survécu. La tonte mécanique, le piétinement et l'entreposage de véhicules à cet endroit pourraient aussi avoir joué un rôle dans leur disparition, mais il est impossible de déterminer avec certitude dans quelle mesure ces activités pourraient avoir eu, par inadvertance, des effets négatifs sur la survie des semis. Il est probable que la majorité des semis plantés dans le boisé adjacent en 2008, sinon tous, ont été consommés par des herbivores. L'individu planté en 1998 dans le boisé - aujourd'hui une gaule de trois mètres de haut - semble bien se porter.

1.6 Lacunes dans les connaissances

On possède des renseignements de base sur les besoins en matière d'habitat et la biologie du bouleau flexible (COSEWIC, 2006). De plus, les menaces qui pèsent sur l'espèce, historiquement et à l'heure actuelle, plus particulièrement celles qui concernent les pratiques d'utilisation des terres ainsi que la dégradation et la perte d'habitat, ont été cernées et sont généralement bien comprises. Pourtant, il manque des renseignements potentiellement essentiels, notamment en ce qui concerne la population d'Ontario.

Les populations très petites poussant à l'intérieur de sites limités souffrent souvent des effets de l'isolement. Les points énumérés plus bas pourraient être des lacunes dans les connaissances. La collecte d'information à ce sujet nous permettrait de comprendre ce qui favorise la vigueur et la pérennité du bouleau flexible, dans ses sites tant existants que potentiels, dans la région du Niagara :

  • la génétique, plus précisément les signes de régression et de perte de plasticité en raison du risque d'endogamie;
  • les taux de production de semences et de germination;
  • les taux de recrutement et de survie des semis en milieu naturel;
  • le mode d'enracinement;
  • les besoins en matière d'habitat de la progéniture recrutée de façon naturelle, p.ex. type de sol, humidité et drainage, relief, nature et fermeture du couvert forestier, espèces du sous-étage et niveaux d'éclairement;
  • la superficie minimale d'habitat requise pour assurer l'existence de populations autosuffisantes.

1.7 Mesures déjà achevées ou en cours

Le bouleau flexible est une espèce protégée en vertu de la Loi de 2007 sur les espèces en voie de disparition (LEVD). Les mesures générales de protection de l'habitat devaient entrer en vigueur pour l'espèce au plus tard le 30 juin 2013, à moins qu'un règlement sur l'habitat soit d'abord adopté. Les deux sites existants sont situés sur des propriétés privées, dont les propriétaires sont au courant de la présence de l'espèce et semblent accorder leur soutien à sa conservation.

Les mesures de rétablissement suivantes ont été achevées :

  • Réalisation de relevés dans la région du Niagara en 1984, en 1992 et 2004-2005 par Ambrose et Thompson, qui ont permis de découvrir un nouveau site en 2005 (COSEWIC, 2006).
  • Relevé dans la réserve naturelle de Niagara Glen en 2006 et en 2007 par M.J. Oldham, mais ne visant pas spécifiquement le bouleau flexible (Ritchie, comm. pers., 2010).
  • Relevé à l'île Navy en 2006 et en 2007 par M.J. Oldham, mais ne visant pas spécifiquement le bouleau flexible (R. Ritchie, comm. pers. 2010).
  • Plantation de bouleaux flexibles dans la réserve naturelle de Niagara Glen en 1998, mais non documentée.
  • Plantation de 70 semis de bouleau flexible dans des parcelles d'habitat voisines de  populations existantes par le Niagara Restoration Council, en 2008 (Burant, comm. pers., 2010).
  • Plantation non confirmée de semis dans l'éco-parc Malcolmson, à St. Catharines (propriétaire foncier, comm. pers., 2010).
  • Relevés ciblés dans les deux sites existants, en 2010, par Zoladeski et Hayes, qui ont permis de confirmer la présence de l'espèce dans le site initialement découvert en 2005 (COSEWIC, 2006) et de corroborer la perte de six individus matures dans le deuxième site. De plus, le relevé a permis d'établir la survie d'environ 8 semis parmi ceux qui avaient été plantés en 2008 par le Niagara Restoration Council et la présence d'une gaule en santé, plantée en 1998 par les propriétaires (ces individus provenaient de semences recueillies sur le site où croissaient des individus à l'état indigène).

2.0 Rétablissement

2.1 But du rétablissement

Le but du programme de rétablissement est d'assurer la persistance continue du bouleau flexible dans les sites connus en Ontario sans nouveau déclin de la taille de la population à court terme et avec une augmentation de la taille de la population à long terme.

2.2 Objectifs de protection et de rétablissement

Tableau 1. Objectifs de protection et de rétablissement
No Objectif de protection ou de rétablissement
1 Maintenir la population existante d'individus matures avec un nombre d'individus stable ou en croissance.
2 Exercer un suivi des gaules et des semis de bouleau flexible et examiner les possibilités de leur transfert dans un habitat naturel.
3 Repérer, protéger et remettre des habitats convenables potentiels et réintroduire des populations selon les possibilités, plus particulièrement dans des sites historiques.
4 Acquérir une meilleure compréhension des besoins en matière d'habitat, de la génétique, du cycle vital et des tendances de la population.

2.3 Stratégies de rétablissement

Tableau 2. Stratégies pour le rétablissement du bouleau flexible en Ontario
Stratégies Priorité relative Échéancier relatif Volet du rétablissement Stratégie de rétablissement Menaces ou lacunes dans les connaissances visées
1. Maintenir la population existante d'individus matures avec un nombre d'individus stable ou en croissance. Critique En cours Intendance 1.1 Poursuivre le travail de collaboration avec les propriétaires fonciers privés des sites existants et historiques pour promouvoir l'intendance et la conservation du bouleau flexible.
  • Toutes les menaces.
1. Maintenir la population existante d'individus matures avec un nombre d'individus stable ou en croissance. Nécessaire Court terme Communications 1.2 Collaborer avec le Niagara Restoration Council et d'autres partenaires pour promouvoir les mesures coordonnées d'intendance et de sensibilisation et/ou d'éducation liées au bouleau flexible.
  • Toutes les menaces.
2. Exercer un suivi des gaules et des semis de bouleau flexible et examiner les possibilités de leur transfert dans un habitat naturel. Critique En cours Suivi et évaluation 2.1 Évaluer le taux de survie ainsi que l'état de santé des semis et des gaules sur une base annuelle.
  • Herbivorie
  • Tonte de la pelouse
  • Piétinement
  • Véhicules
2. Exercer un suivi des gaules et des semis de bouleau flexible et examiner les possibilités de leur transfert dans un habitat naturel. Nécessaire Court terme Suivi et évaluation 2.2 Examiner la faisabilité de transplanter les 8 individus survivants, depuis la pelouse vers l'intérieur du milieu forestier adjacent, pour réduire les menaces que constituent la tonte mécanique, les véhicules et le piétinement.
  • Herbivorie
  • Tonte de la pelouse
  • Piétinement
  • Véhicules
2. Exercer un suivi des gaules et des semis de bouleau flexible et examiner les possibilités de leur transfert dans un habitat naturel. Nécessaire Long terme Suivi et évaluation 2.3 Assurer l'existence de sources indépendantes de progéniture pour des plantations à l'intérieur du milieu naturel local.
  • Herbivorie
  • Tonte de la pelouse
  • Piétinement
  • Véhicules
3. Repérer, protéger et remettre en état des habitats convenables potentiels et réintroduire des populations selon les possibilités, plus particulièrement dans des sites historiques. Nécessaire Long terme Suivi et évaluation 3.1 Réaliser des inventaires d'autres parcelles d'habitat convenable en vue de la protection de l'espèce dans la région, y compris les sites historiques, et mettre en œuvre en même temps des mesures de sensibilisation destinées aux propriétaires fonciers pour confirmer la présence de tout autre individu.
  • Érosion du sol.
  • Habitat de prédilection.
3. Repérer, protéger et remettre en état des habitats convenables potentiels et réintroduire des populations selon les possibilités, plus particulièrement dans des sites historiques Nécessaire Long terme Recherche 3.2 Chercher dans les herbiers canadiens des mentions historiques, afin de repérer et de valider d'autres sites qui pourraient exister en dehors de l'Ontario.
  • Habitat de prédilection.
3. Repérer, protéger et remettre en état des habitats convenables potentiels et réintroduire des populations selon les possibilités, plus particulièrement dans des sites historiques Nécessaire Long terme Suivi et évaluation 3.3 Lancer un programme de réintroduction dans les sites retenus.
  • Habitat de prédilection.
4. Acquérir une meilleure compréhension des besoins en matière d'habitat, de la génétique, du cycle vital et des tendances de la population. Nécessaire Long terme Suivi et évaluation 4.1 Exercer un suivi des caractéristiques de l'habitat dans les deux sites existants.
  • Érosion du sol.
  • Herbivorie.
4. Acquérir une meilleure compréhension des besoins en matière d'habitat, de la génétique, du cycle vital et des tendances de la population. Nécessaire Long terme Recherche 4.2 Déterminer la taille de la population et la répartition des classes d'âge, particulièrement en ce qui concerne les individus nouvellement recrutés dans les  sites existants.
  • Herbivorie.
  • Niveau critique de la population.
4. Acquérir une meilleure compréhension des besoins en matière d'habitat, de la génétique, du cycle vital et des tendances de la population. Nécessaire Long terme Recherche 4.3 Prélever des échantillons de tissus pour mener des recherches sur la génétique; déterminer le succès reproducteur et les caractéristiques de l'habitat.
  • Dépression de consanguinité.
  • Niveau critique de la population.
  • Habitat de prédilection.
4. Acquérir une meilleure compréhension des besoins en matière d'habitat, de la génétique, du cycle vital et des tendances de la population. Nécessaire Long terme Recherche 4.4 Désigner une unité de recherche gouvernementale ou universitaire chargée de mener des études sur le cycle vital et les populations du bouleau flexible.
  • Dépression de consanguinité.
  • Niveau critique de la population.
  • Habitat de prédilection.
Texte d'appui

Stratégie 1.1 : Les gaules plantées sur la pelouse d'un propriétaire foncier sont, à l'heure actuelle, les seuls descendants vivants des arbres qui étaient présents à cet emplacement. Même si le propriétaire manifeste beaucoup d'enthousiasme à l'égard de l'espèce, il faudrait lui offrir de l'aide pour protéger les semis contre la pression des herbivores (p.ex. maintien des tubes de protection) et les dommages mécaniques (p.ex. un meilleur signalement de la présence des individus au moyen de piquets, de drapeaux, etc.).

Stratégies 2.2 et 2.3 : Dans deux ou trois ans, lorsque les semis seront devenus plus grands et plus vigoureux, ils devraient être transplantés à l'intérieur des boisés adjacents tout en leur offrant le même niveau de protection (tubes de protection) contre l'herbivorie. Entre-temps, il est proposé de créer une autre source indépendante de descendants, constituée de semences recueillies sur des arbres locaux, et de faire germer ces semences dans une pépinière approuvée, en vue d'une plantation dans un habitat naturel (forêt de feuillus dans un ravin) à proximité de la pelouse.

Stratégie 4.3 : S'il est établi que l'endogamie est un facteur limitatif, il faudra accorder une attention à la diversification de la constitution génétique en utilisant du matériel provenant des populations avoisinantes de l'État de New York.

2.4 Mesures de rendement

Les principales mesures de rendement des stratégies de rétablissement devraient être le doublement de la taille de la population et la reproduction naturelle viable du bouleau flexible en milieu naturel. Les mesures secondaires de rendement devraient être la réussite de la multiplication et de la transplantation de l'espèce en milieu naturel.

2.5 Aires à considérer dans l'élaboration d'un règlement sur l'habitat

En vertu de la LEVD, le programme de rétablissement doit comporter une recommandation au ministre des Richesses naturelles concernant l'aire qui devrait être prise en considération lors de l'élaboration d'un règlement sur l'habitat. Un tel règlement est un instrument juridique qui prescrit une aire qui sera protégée à titre d'habitat de l'espèce. La recommandation énoncée ci-après par les auteurs sera l'une des nombreuses sources prises en compte par le ministre lors de l'élaboration d'un règlement sur l'habitat pour cette espèce.

Il semble que le bouleau flexible n'a pas besoin de grandes parcelles d'habitat pour survivre, tant dans ses sites existants que dans ses sites historiques. En fait, dans un de ces sites, des individus matures ont persisté à l'intérieur d'une bande de végétation au bord de la falaise, près des rives du lac (propriétaire foncier, comm. pers., 2010). La population d'individus matures existante est située sur une pente boisée stable et étroite. Cependant, on ne connaît pas la superficie minimale d'habitat requise en deçà de laquelle le bouleau flexible ne peut survivre. Dans le cadre d'une approche prudente, il est recommandé que soient prescrites comme habitat, dans un règlement sur l'habitat, des parcelles d'habitat du type de forêt précis où le bouleau flexible est déjà naturellement établi (à l'état d'arbre ou de gaule). Les milieux temporaires où l'espèce est cultivée en vue de sa multiplication ne devraient pas être protégés. Par ailleurs, les parcelles d'habitat du type de forêt précis où le bouleau flexible indigène a été planté devraient aussi être considérées aux fins du règlement.

Glossaire

Comité de détermination du statut des espèces en péril en Ontario (CDSEPO) :
Comité, créé en vertu de l'article 3 de la Loi de 2007 sur les espèces en voie de disparition, qui est responsable de l'évaluation et du classement des espèces en péril en Ontario.
Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) :
Comité responsable de l'évaluation et du classement des espèces en péril au Canada.
Cote de conservation :
Classement attribué à une espèce ou à une communauté écologique, qui indique essentiellement le degré de rareté de cette espèce ou de cette communauté aux échelles mondiale (G), nationale (N) ou infranationale (S). Le statut de conservation d'une espèce ou d'un écosystème est désigné par un nombre de 1 à 5, précédé par les lettres G, N ou S indiquant l'échelle géographique de l'évaluation. Les significations des nombres sont les suivantes :
  • 1 = gravement en péril
  • 2 = en péril
  • 3 = vulnérable
  • 4 = apparemment non en péril
  • 5 = non en péril.
Lenticelles :
fentes ou zones liégeuses de l'écorce des rameaux et des branches des plantes ligneuses, qui servent de pores permettant les échanges gazeux entre l'air et les tissus de la plante.
Liste des espèces en péril en Ontario (Liste des EEPEO) :
Règlement, passé en vertu de l'article 7 de la Loi de 2007 sur les espèces en voie de disparition, qui établit le statut de conservation officiel des espèces en péril en Ontario. Cette liste a d'abord été publiée en 2004 à titre de politique, puis est devenue un règlement en 2008.
Loi de 2007 sur les espèces en voie de disparition (LEVD 2007) :
Loi provinciale qui fournit une protection aux espèces en péril en Ontario.
Loi sur les espèces en péril (LEP) :
Loi fédérale qui fournit une protection aux espèces en péril au Canada. Dans cette loi, l'annexe 1 constitue la liste légale des espèces sauvages en péril auxquelles s'appliquent les dispositions de la LEP. Les annexes 2 et 3 renferment des listes d'espèces qui, au moment où la Loi est entrée en vigueur, devaient être réévaluées. Une fois réévaluées, les espèces des annexes 2 et 3 jugées en péril sont soumises au processus d'inscription à l'annexe 1 de la LEP.
Monoïque :
se dit des plantes dont les unités reproductrices femelles et mâles (p.ex. les fleurs) sont réunies sur le même pied.
Stratification à froid :
processus visant à soumettre des semences à des conditions froides et humides pour permettre leur germination.

Références

Burant, C., comm. pers. 2010. Gestionnaire de l'environnement, Niagara Restoration Council. Discussion avec Kate Hayes, le 2 février 2010.

Burns, Russell M., et Barbara H. Honkala, tech. coords. 1990. Silvics of North America: 1. Conifers; 2. Hardwoods. Agriculture Handbook 654. U.S. Department of Agriculture, Forest Service, Washington, D.C. vol. 2, 877 p.

Committee on the Status of Endangered Wildlife in Canada (COSEWIC). 2006. COSEWIC assessment and status report on the Cherry Birch Betula lenta in Canada. COSEWIC, Ottawa vi + 16 pp. (Registre public des espèces en péril). (Également disponible en français : Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC). 2006. Évaluation et Rapport de situation du COSEPAC sur le bouleau flexible (Betula lenta) au Canada. COSEPAC, Ottawa, vi + 20 p.)

Farrar, J.L. 1995. Trees in Canada. Fitzhenry and Whiteside Ltd. Markham, Ontario. (Également disponible en français : Les arbres du Canada. 1996. Québec, Fides, 500 p.)

Fernald, M.L. 1950. Gray's Manual of Botany. American Book Company.

Marie-Victorin, Fr. 1935. Flore laurentienne, 3e éd. [1995]. Les Presses de l'Université de Montréal, Montréal.

OMNR, 2000. A Silvicultural Guide to Managing Southern Ontario Forests, Version 1.1. Ontario Ministry of Natural Resources, Toronto.

Ritchie, R. comm. pers. 2010. Retraité, ancien naturaliste de parc à l'emploi de la Commission des parcs du Niagara. Discussion avec Kate Hayes, le 4 février 2010

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