Jonc du New Jersey (Juncus caesariensis) évaluation et mise à jour du rapport de situation du COSEPAC : chapitre 6

Biologie

Généralités

Le jonc du New Jersey est une plante herbacée vivace qui produit de grandes quantités de graines. Cependant, les semis sont rarement observés sur le terrain aux États-Unis (Schuyler, 1990), et aucun n’a jamais été identifié sur le terrain en Nouvelle-Écosse. L’espèce peut également se multiplier par voie asexuée, au moyen de ses rhizomes. La pollinisation est assurée par le vent (Knuth, 1909). La floraison a lieu en juillet et août, et la fructification débute en août (Kral, 1983).

Reproduction

On ne connaît pas l’importance relative de l’autopollinisation et de la pollinisation croisée chez le jonc du New Jersey (Schuyler, 1990).

Selon les expériences de germination de Ware (comm. pers., 1991), les graines germent facilement et rapidement (en quelques jours) lorsqu’elles sont placées sur de la sphaigne humide, dans un sac ziplock ensuite laissé en serre pendant une courte période.

Survie 

Les changements du régime hydrologique et la succession vers une végétation ligneuse ont une incidence sur la survie de l’espèce. 

Strong et Sheridan (1991) ont découvert neuf nouveaux sites du Juncus caesariensis en Virginie, dont sept étaient situés sur l’emprise de lignes de transport d’électricité. Schuyler (1990) signale que l’espèce pousse dans des parterres de coupe au New Jersey et en Virginie. Ces observations semblent indiquer que le J. caesariensis peut persister à l’état végétatif, pendant un certain temps, lorsque la formation d’un couvert dense rend le milieu peu propice à l’espèce, puis recommencer à produire de nouvelles pousses, lorsque des agents naturels ou artificiels viennent éliminer ce couvert (Schuyler, 1990).

Physiologie

L’espèce est fortement dépendante d’un régime hydrologique particulier mais peut tolérer un peu d’ombre (Schuyler, 1990). Elle pousse bien en terrain acide et est souvent observée parmi les sphaignes. Elle se rencontre toujours en terrain humide, mais elle ne tolère pas les eaux stagnantes permanentes.

En juillet 1991, le pH de l’eau et l’épaisseur de la tourbe ont été mesurés dans cinq tourbières des environs de Point Michaud (Newell et Newell, 1992). Le pH se situait entre 4,07 et 5,52.

L’espèce peut tolérer un peu d’ombre, puisqu’aux États-Unis elle se rencontre dans des marécages boisés à Chamaecyparis thyoides. En Nouvelle-Écosse, elle pousse souvent sous ombre légère produite par des arbustes, au bord de tourbières. Cependant, la présence d’un couvert dense semble nuire à la plante. Comme l’espèce est réapparue dans des parterres de coupe et sur l’emprise de lignes de transport d’électricité aux États-Unis, on estime qu’elle est capable de persister à l’état végétatif en présence d’un couvert dense, puis de recommencer à produire des graines lorsque ce couvert est enlevé. Cependant, on ne sait pas combien de temps la plante peut ainsi survivre à l’état végétatif..

Déplacement et dispersion

Il n’existe pas de données sur la dispersion des graines, mais certaines observations faites au passage semblent indiquer que les propagules peuvent être transportées par les animaux ou par les eaux de crue.

Nutrition et relations interspécifiques

Le Juncus caesariensis appartient à la flore de la plaine côtière de l’Atlantique. La plupart des espèces de cette flore ont une faible capacité de compétition mais peuvent tolérer certaines sources naturelles de stress, comme l’inondation, l’abrasion glacielle, l’action des vagues et la stérilité du sol (Keddy et Wisheu, 1989). Ces plantes sont donc souvent confinées à des milieux où les espèces plus compétitives mais moins tolérantes au stress ne peuvent pas survivre. Le jonc du New Jersey, à tout le moins en Nouvelle-Écosse, se rencontre généralement dans la partie périphérique de tourbières relativement peu fertiles. C’est également cette partie des tourbières qui subit une inondation saisonnière.

En août 2002, un pourcentage élevé des individus poussant dans un des sites de Gracieville (site 4a) étaient fortement infectés par une rouille. La maladie n’a été observée dans aucune des autres sites visités jusqu’à présent par la rédactrice du présent rapport.

Comportement et adaptabilité

L’habitat du jonc du New Jersey est exposé à un envahissement par les plantes ligneuses. Par conséquent, tout facteur naturel ou humain qui peut retenir la succession végétale à un stade peu avancé semble favoriser l’espèce. En Virginie, Strong et Sheridan (1991) ont trouvé plusieurs populations saines de Juncus caesariensis qui poussaient sur l’emprise récemment déboisée de lignes de transport d’électricité. Il semble que le fauchage régulier de ce milieu soit bénéfique pour le J. caesariensis, en réduisant la végétation ligneuse de seconde venue et en gardant le milieu dégagé. Ware (comm. pers., 1991) a observé une réduction du nombre des individus dans un des sites de Virginie et imputait ce déclin à l’envahissement par un arbuste, le clèthre à feuilles d’aulne (Clethra alnifolia). À l’île du Cap-Breton, en Nouvelle-Écosse, le J. caesariensis est fréquemment associé aux pistes produites par le passage des animaux ou par une circulation légère de véhicules tout-terrain. Il semble donc que l’espèce peut tolérer une perturbation juste assez intense pour garder le milieu dégagé et a peut-être même besoin d’une telle perturbation pour sa survie.

Lorsque les semis obtenus en serre par Ware (comm. pers., 1991) ont atteint une hauteur de 30 cm, ils ont été repiqués au bord d’un étang, dans un milieu riche en sphaignes où avait déjà poussé le Juncus caesariensis. Au bout de deux ans, tous les semis étaient morts. Cette mortalité a été imputée à de trop longues périodes d’inondation durant lesquelles les jeunes plants étaient recouverts par des eaux peu profondes.

Tout facteur modifiant le régime hydrologique des sites du Juncus caesariensis peut nuire aux populations de cette espèce.

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