Micocoulier rabougri (Celtis tenuifolia) évaluation et mise à jour du rapport de situation du COSEPAC : chapitre 6

Biologie

Généralités

Le micocoulier rabougri est un arbuste ou petit arbre qui résiste à la sécheresse et pousse dans des forêts claires, notamment dans les sables littoraux et les alvars. L’espèce est anémophile, et ses fruits sont dispersés par les oiseaux. Le micocoulier rabougri est consommé par un certain nombre d’insectes, souvent rares, dont il est le seul hôte.

Reproduction

Le micocoulier rabougri est monoïque. Les fleurs sont unisexuées, isolées ou en groupes de 2 ou 3, pollinisées par le vent. La floraison survient à la fin mai ou au début juin. Le fruit est une drupe à graine unique et à chair sucrée, qui arrive à maturité à la fin de l'été; il est principalement dispersé par les oiseaux, mais certains mammifères consomment les fruits de micocoulier (Cypher et Cypher, 1999). Un individu isolé poussant dans le jardin du contractuel, à Guelph, a permis de confirmer que l’espèce est autocompatible. Selon Elais (1970), certaines espèces de Celtis pourraient être apomictiques, mais ce mode de reproduction n'a jamais été confirmé. Aucune autre forme de reproduction asexuée n'a été observée. Trois des populations ontariennes du micocoulier rabougri poussent en mélange avec le micocoulier occidental, également indigène; comme des formes intermédiaires sont présentes dans ces sites, il semble que les deux espèces peuvent s'hybrider.

Survie

On peut supposer que chaque individu peut vivre plusieurs décennies. Dunster (1992) a déterminé l'âge des 16 plus grands individus poussant à Northville (faisant partie de la population de Grand Bend) et à la pointe Pelée et a constaté que leur âge variait de 40 à 64 ans (âge ajusté selon la hauteur de prélèvement de la carotte). Dans les milieux dynamiques, il est probable que les arbres vivent moins longtemps; en effet, sur la rive ouest de la pointe Pelée et à la pointe Fish, des pertes ont été causées par des changements dans le niveau du lac et par de grosses tempêtes. Pendant les deux années où elle a effectué ses observations, Dunster (1992) a constaté un taux élevé d'infestation par des scolytes, entraînant une mortalité annuelle de 10 % à la pointe Pelée. Elle a également observé un taux de survie très faible chez les semis de 1 à 3 ans.

Physiologie

Le micocoulier rabougri, espèce vivace ligneuse, pousse principalement au sud des limites de la dernière glaciation, exception faite des populations isolées de la région des Grands Lacs. On pourrait s'attendre à ce que les individus composant ces populations soient limités à certains microclimats modérés et localisés. Or, en culture, l’espèce vient bien dans des localités situées beaucoup plus au nord, notamment à Ottawa et à Guelph. Dans cette dernière localité, des semis issus d'un seul et même parent ont pu s’établir facilement sur des terres en friche avoisinantes. Par conséquent, ces conditions climatiques beaucoup plus fraîches que celles de l’aire de répartition naturelle de l’espèce ne constituent pas un facteur limitatif, même pendant les premiers stades du développement. La plupart des milieux où pousse l'espèce sont secs et calcaires et ont donc un pH élevé. Au nombre des exceptions figurent quelques sites situés sur les dunes de la région de Grand Bend, où les sols sont légèrement acides (Dunster, 1992), bien que Wagner (1974) y ait mesuré des pH de 8 ou plus. Certains mécanismes d'adaptation permettent au micocoulier rabougri de maintenir un rendement photosynthétique relativement élevé pendant les sécheresses prolongées, malgré une conductance stomatique réduite (Kubiske et Adams, 1993).

Dispersion

Le micocoulier rabougri est anémophile. Les oiseaux frugivores (qui mangent le fruit entier et en rejettent la graine avec leurs excréments) sont probablement les agents de dispersion les plus efficaces, mais les mammifères assurent sans doute une certaine dispersion à l'échelle locale. Dunster (1992, figure 2) a indiqué sur une même carte la position des populations isolées de la région des Grands Lacs ainsi que la voie migratoire du Mississippi (empruntée par les oiseaux migrateurs), et on peut constater une concordance élevée entre ces deux données. Par ailleurs, on a pu constater que le raton laveur (Procyon lotor) ingère les fruits du Celtis occidentalis, mais que le taux de germination des graines excrétées par cet animal est significativement plus faible que celui de graines témoins non ingérées (Cypher et Cypher, 1999); il est cependant admis que les avantages de la dispersion peuvent compenser une réduction du taux de germination.

Nutrition et relations interspécifiques

Le micocoulier rabougri vient bien dans les milieux secs et souvent calcaires. Les conditions locales peuvent contribuer au maintien de milieux boisés clairs et ainsi réduire le développement d'un couvert dense dont l’ombre causerait vraisemblablement un déclin de l'espèce.

Le micocoulier rabougri est l'hôte d'un certain nombre de papillons de jour, d'insectes galligènes, d'une cochenille, de perceurs des rameaux et de scolytes. Nombre de ceux-ci ont peu d'impact, mais certains, notamment les scolytes (Bright et al., 1994), sont associés à un taux de mortalité appréciable (Dunster, 1992); on a déjà observé un gastéropode qui broutait les semis avec voracité (Dunster, 1992).

Adaptabilité

Le micocoulier rabougri tolère les milieux dynamiques périodiquement perturbés, la sécheresse ainsi que les sols calcaires pauvres pierreux ou sablonneux. L’espèce est facile à cultiver, et il ne devrait pas être difficile de transplanter des sujets cultivés, aux fins de réintroduction, si une telle stratégie de rétablissement était jugée viable.

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