Couleuvre d'eau du lac Érié évaluation et mise à jour du rapport de situation du COSEPAC : chapitre 2

Résumé

Couleuvre d'eau du lac Érié
Nerodiasipedon insularum

Information sur l’espèce

La couleuvre d’eau du lac Érié (Nerodia sipedon insularum) est l’une des deux sous-espèces de la couleuvre d’eau (Nerodia sipedon) de la famille des Colubridés que l’on rencontre au Canada. Sa couleur varie du gris uniforme (souvent teinté de verdâtre ou de brunâtre terne) dépourvu de tout motif à un agencement régulier de taches dorsales et latérales foncées. Les écailles ventrales, généralement blanches ou blanc jaunâtre, sont souvent parsemées de tavelures foncées. Le corps est modérément trapu. La grosse tête est couverte de larges écailles lisses et le corps, d’écailles carénées, avec une crête au milieu. Cette couleuvre n’est pas venimeuse, mais est prompte à mordre lorsqu’on la manipule. Le mâle adulte mesure en moyenne de 59 à 71 cm du museau au cloaque et la femelle adulte, de 80 à 88 cm.

Répartition

De toutes les couleuvres de l’Amérique du Nord, la couleuvre d’eau du lac Érié a l’une des aires de répartition les moins étendues. Dans son aire canadienne, on ne la rencontre que sur quatre petites îles du bassin occidental du lac Érié (les îles Sister East, Hen, Middle et Pelée). Aux États-Unis, on la trouve sur un petit segment de rivage continental en Ohio ainsi que dans 11 îles de l’État, à l’extrémité ouest du lac Érié.

Habitat

Durant la saison active, la couleuvre d’eau du lac Érié fréquente les rivages rocheux ou sableux, de même que les plateformes et les corniches de calcaire ou de dolomite fissurées et diversement végétalisées. Elle utilise aussi les talus empierrés, naturels et artificiels. Elle se nourrit dans l’eau, mais s’éloigne alors rarement à plus de 50 m du rivage. On la rencontre par ailleurs rarement à plus de 100 m à l’intérieur des terres durant la saison active, et la distance qu’elle parcourt dépend du couvert et des proies, des prédateurs, et de la présence de zones propices pour se chauffer au soleil ou se cacher. La couleuvre d’eau du lac Érié utilise surtout les sites de l’intérieur des terres pour hiberner. Ces sites d’hibernation, habituellement des cavités ou des crevasses, ont en général un substrat sableux ou rocheux.

Biologie

La couleuvre d’eau du lac Érié peut vivre jusqu’à 12 ans à l’état sauvage. Les femelles atteignent la maturité sexuelle à l’âge de 3 ans et les mâles, à l’âge de 2 ans. La parade nuptiale comporte une compétition « en mêlée » au cours de laquelle plusieurs mâles courtisent une même femelle. Certaines femelles se reproduisent chaque année. La femelle donne naissance à des petits vivants. La taille de la portée atteint en moyenne 23 couleuvreaux et est positivement corrélée à la taille de la mère. Le fouille-roche (Percina caprodes) et autres dards, anciennes proies de la couleuvre d’eau du lac Érié, ont aujourd’hui largement été remplacés par le gobie arrondi (Neogobius melanostomus), qui a récemment envahi le lac Érié.

Taille et tendances des populations

Entre le début du XIXe siècle et le début des années 1960, les couleuvres d’eau du lac Érié étaient très nombreuses dans plusieurs îles de l’ouest du lac Érié, mais leurs populations ont par la suite abruptement diminué dans l’ensemble de l’aire de répartition. L’aire restreinte de l’espèce sur les îles de l’ouest du lac Érié et son faible taux de dispersion entre les îles rendent les populations très vulnérables aux phénomènes stochastiques. Par ailleurs, comme de plus en plus de gens vivent dans les îles, la mortalité attribuable à la circulation automobile, aux persécutions et à la disparition de l’habitat augmente.

Facteurs limitatifs et menaces

À cause de son aire géographique extrêmement limitée, de son insularité et de la petite taille de sa population, la couleuvre d’eau du lac Érié est encore plus vulnérable face aux dangers qui menacent également de nombreux autres reptiles au Canada. L’aménagement des rives et des terres de l’intérieur des îles, que ce soit à des fins récréatives ou touristiques ou pour la construction de chalets, détruit et dégrade de plus en plus l’habitat de la couleuvre. La mortalité routière et les prédateurs contribuent aussi à la mortalité, mais la principale menace qui pèse sur les populations est sans doute encore la persécution par les humains. Par ailleurs, on étudie actuellement les concentrations de contaminants et leurs effets sur la couleuvre d’eau du lac Érié. En effet, la teneur en contaminants pourrait être un problème pour cette couleuvre dont la principale proie, le gobie arrondi, se nourrit de moules zébrées et quaggas (Dreissena polymorpha et Dreissena bugensis, respectivement), qui sont des organismes filtreurs qui vivent dans les eaux contaminées de l’ouest du lac.

Importance de l’espèce

Le polymorphisme de coloration de la couleuvre d’eau du lac Érié constitue une rare illustration d’un changement microévolutif mettant en jeu les effets de la sélection, du flux génétique, de l’hérédité et de l’histoire de la population. La sous-espèce se caractérise en effet par des adaptations locales à la vie dans des habitats insulaires à couvert végétal réduit, ce qui la différencie génétiquement et écologiquement de la couleuvre d’eau du Nord (N. s. sipedon).

Protection actuelle

NatureServe cote le taxon couleuvre d’eau du lac Érié comme en péril à l’échelle mondiale (cote G5T2) ainsi qu’en Ontario (cote S2). L’UICN n’a pas évalué le N. s. insularum. Au Canada, le N. s. insularum a été désignée, en 1991, comme une espèce en voie de disparition par le COSEPAC. En Ontario, cette couleuvre est une espèce réglementée en vertu de la Loi sur les espèces en voie de disparition de la province et est un reptile bénéficiant d’une protection particulière en vertu de la Loi de 1997 sur la protection du poisson et de la faune. Aux États-Unis, l’espèce figure parmi les espèces menacées sur la liste fédérale des espèces sauvages en danger ou menacées (Federal List of Endangered and Threatened Wildlife), et est considérée comme en danger par l’État de l’Ohio et la division des parcs et des loisirs de l’État (Ohio Division of Parks and Recreation).

Historique du COSEPAC

Le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) a été créé en 1977, à la suite d’une recommandation faite en 1976 lors de la Conférence fédérale-provinciale sur la faune. Le Comité a été créé  pour satisfaire au besoin d’une classification nationale des espèces sauvages en péril qui soit unique et officielle et qui repose sur un fondement scientifique solide. En 1978, le COSEPAC (alors appelé Comité sur le statut des espèces menacées de disparition au Canada) désignait ses premières espèces et produisait sa première liste des espèces en péril au Canada. En vertu de la Loi sur les espèces en péril (LEP) promulguée le 5 juin 2003, le COSEPAC est un comité consultatif qui doit faire en sorte que les espèces continuent d’être évaluées selon un processus scientifique rigoureux et indépendant.

Mandat du COSEPAC

Le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) évalue la situation, au niveau national, des espèces, des sous-espèces, des variétés ou d’autres unités désignables qui sont considérées comme étant en péril au Canada. Les désignations peuvent être attribuées aux espèces indigènes comprises dans les groupes taxinomiques suivants : mammifères, oiseaux, reptiles, amphibiens, poissons, arthropodes, mollusques, plantes vasculaires, mousses et lichens.

Composition du COSEPAC

Le COSEPAC est composé de membres de chacun des organismes responsable des espèces sauvages des gouvernements provinciaux et territoriaux, de quatre organismes fédéraux (le Service canadien de la faune, l’Agence Parcs Canada, le ministère des Pêches et des Océans et le Partenariat fédéral d’information sur la biodiversité, lequel est présidé par le Musée canadien de la nature), de trois membres scientifiques non gouvernementaux et des coprésidents des sous-comités de spécialistes des espèces et du sous-comité des connaissances traditionnelles autochtones. Le Comité se réunit au moins une fois par année pour étudier les rapports de situation des espèces candidates.

Définitions (2006)

Espèce sauvage:
Espèce, sous-espèce, variété ou population géographiquement ou génétiquement distincte d'animal, de plante ou d'une autre organisme d'origine sauvage (sauf une bactérie ou un virus) qui est soit indigène du Canada ou qui s'est propagée au Canada sans intervention humaine et y est présente depuis au moins cinquante ans.

Disparue (D):
Espèce sauvage qui n'existe plus.

Disparue du pays (DP):
Espèce sauvage qui n'existe plus à l'état sauvage au Canada, mais qui est présente ailleurs.

En voie de disparition (VD)Note de bas de pagea:
Espèce sauvage exposée à une disparition de la planète ou à une disparition du pays imminente.

Menacée (M):
Espèce sauvage susceptible de devenir en voie de disparition si les facteurs limitants ne sont pas renversés.

Préoccupante (P)Note de bas de pageb:
Espèce sauvage qui peut devenir une espèce menacée ou en voie de disparition en raison de l'effet cumulatif de ses caractéristiques biologiques et des menaces reconnues qui pèsent sur elle.

Non en péril (NEP)Note de bas de pagec:
Espèce sauvage qui a été évaluée et jugée comme ne risquant pas de disparaître étant donné les circonstances actuelles.

Données insuffisantes (DI)Note de bas de paged, Note de bas de pagee:
Une catégorie qui s'applique lorsque l'information disponible est insuffisante (a) pour déterminer l'admissibilité d'une espèce àl'évaluation ou (b) pour permettre une évaluation du risque de disparition de l'espèce.

 

Service canadien de la faune

Le Service canadien de la faune d’Environnement Canada assure un appui administratif et financier complet au Secrétariat du COSEPAC.

 

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