Rat kangourou d'Ord (Dipodomys ordii) évaluation et mise à jour du rapport de situation du COSEPAC : chapitre 9

Taille et tendances des populations

Activités de recherche

Depuis 1995, beaucoup de recherche a été faite sur le cycle vital, la physiologie et l’écologie du paysage des rats kangourous d’Ord au Canada. Toutefois, la surveillance de la population n’a pas été une priorité. Le taux élevé de renouvellement des sous-populations tend à fausser les estimations démographiques ponctuelles qui pourraient être faites parallèlement à d’autres recherches (Kenny, 1989; Gummer et Robertson, 2003b). Il est donc difficile d’estimer la taille et les tendances générales de la population. Ainsi est-on probablement mieux en mesure de déduire les tendances générales de l’effectif de la population par l’examen des tendances quant au nombre et à la qualité des habitats.

Ces lacunes mises à part, Kenny (1989) a estimé la taille de la population de rats kangourous des Great Sand Hills, des Burstall Sand Hills et des Cramersburg Sand Hills en 1985, en combinant les résultats des pièges pour capture vivante (densités) avec l’interprétation de l’habitat potentiel total à partir de photographies aériennes. Les estimations de Kenny représentent probablement 50 p. 100 de l’habitat canadien total à ce moment-là. Comme il est peu probable que toutes les parcelles aient été occupées en même temps, les estimations de Kenny (1989) sont sans doute généreuses. Gummer (1997b) a estimé la population des Middle Sand Hills d’après les données de marquage et de recapture en 1995. Ces estimations représentent environ 40 p. 100 de l’habitat à ce moment-là, mais elles s’accompagnent de larges intervalles de confiance liés au succès relativement faible des recaptures.

Les importantes fluctuations de population sont une caractéristique fondamentale de la population canadienne de rats kangourous d’Ord. Ces fluctuations ont été déduites des taux de survie des individus dans des zones d’étude relativement petites (Kenny, 1989; Gummer, 1997a; Gummer et Robertson, 2003b; Gummer et Robertson, 2003c; Gummer, données inédites) et supposent que les fluctuations de population documentées dans les Middle Sand Hills (p. ex. Gummer, 1997a) sont représentatives de l’aire de répartition canadienne.


Abondance

Kenny (1989) a estimé à 1 370 individus la population maximale des Great Sand Hills, des Cramersburg Sand Hills et des Burstall Sand Hills, avec des intervalles de confiance à 95 p. 100 de 1 120 et 1 690. Si ce chiffre représente 50 p. 100 de la population canadienne, l’estimation de la population totale serait de 2 740 individus (de 2 240 à 3 380). D’après l’estimation de survie hivernale (25 p. 100) de Kenny (1989), la population totale au printemps subséquent, qui est le creux saisonnier, aurait été d’environ 685 individus (de 560 à 845). Kenny (1989) a suggéré que la faible abondance du rat kangourou pendant cette étude s’expliquait par la sécheresse alors en cours.

En 1995, Gummer (1997b) a estimé à 3 000 individus (de 2 180 à 4 160) la population des Middle Sand Hills à son niveau saisonnier maximal. L’estimation correspondante de la population totale serait de 7 500 (de 5 450 à 10 400). Selon l’estimation de survie hivernale (10 p. 100) de Gummer (1997a), la population totale au printemps subséquent aurait compté environ 750 individus (de 545 à 1 040), ce qui est semblable à l’estimation de Kenny (1989). Il est donc probable qu’au moins pendant quelques années, la population canadienne de rats kangourous d’Ord a compté moins de 1 000 individus au début du printemps.


Fluctuations et tendances

La population canadienne de rats kangourous d’Ord subit des fluctuations saisonnières liées à l’efficacité élevée de la reproduction estivale et à la faible survie hivernale (Kenny, 1989; Gummer, 1997a; Gummer et Robertson, 2003b). La population peut chuter d’un ordre de grandeur pendant l’hiver (survie ≤10 p. 100) (Gummer, 1997a). On constate également de fréquentes disparitions locales (dunes, segments de route; Kenny, 1989; Gummer et Robertson, 2003b), autre signe de l’ampleur des fluctuations de population. Outre les fluctuations saisonnières qui surviennent pendant l’année, il est fort possible que d’importantes fluctuations interannuelles de la population se produisent également, bien qu’elles soient difficiles à quantifier. À l’heure actuelle, on ne dispose pas de données suffisantes pour évaluer les variations interannuelles ou les tendances à long terme de la taille de la population. La perte de la population près de Hilda (voir la section Répartition) pourrait être représentative du déclin général de la population canadienne.

Il existe des preuves assez concluantes que l’habitat naturel des rats kangourous a subi de profondes modifications au cours des dernières décennies. Il est raisonnable de penser que la population décline depuis longtemps, entraînée par les pertes historiques de zones sablonneuses naturelles. Comme les rats kangourous colonisent les habitats façonnés par l’humain, le taux de perte des habitats naturels n’égale pas nécessairement le taux de déclin de la population totale en soi, mais il suggère fortement une réduction de la qualité des habitats.


Effet d'une immigration de source externe

La possibilité d’une immigration de source externe est minimale. La population conspécifique la plus près se trouve à plus de 270 km au sud, ce qui est au-delà de la capacité de dispersion des rats kangourous. Il est peu probable que la translocation d’individus de localités plus au sud soit efficace ou appropriée, parce que la population canadienne pourrait être endémique.

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