Salamandre à nez court (Ambystoma texanum) évaluation et rapport de situation du COSEPAC : chapitre 4

Répartition

Des renseignements récents sur la répartition et l’habitat de l’A. texanum sont présentés dans Petranka (1998). L’espèce est retrouvée dans la plaine côtière depuis l’est du Texas jusqu’à l’ouest de l’Alabama, en passant par la Louisiane et le Mississippi et de là, vers le nord, jusque dans l’extrême sud-est du Michigan, le nord de l’Ohio et l’île Pelée, en Ontario. Les populations retrouvées à l’extérieur de la plaine côtière fréquentent habituellement les forêts de feuillus des hautes terres bordant des étangs printaniers, quoique certaines populations comprennent des adultes néotènes portant des branchies vivant dans des étangs permanents ou semi-permanents. Les salamandres à nez court retrouvées au Canada, limitées dans leur répartition à des étangs printaniers et à des terres humides inondées, n’occupent qu’une minime partie de l’aire de répartition totale de l’espèce (moins de 1 p. 100). 

Île Pelée

Les spécimens d’Ambystoma capturés à divers endroits de l’île Pelée de 1983 à 1995 (figure 1; annexe 1) ont servi à vérifier diverses hypothèses comparatives concernant la génétique et la variation d’éléments de la valeur adaptative des polyploïdes et des diploïdes. Plusieurs documents publiés ont présenté les résultats de ces expériences, qui ne tenaient toutefois pas compte de la répartition précise de l’A. texanum. Les hybrides polyploïdes et diploïdes étant beaucoup plus communs dans l’île Pelée que l’A. texanum ou l’A. laterale, un grand échantillon était nécessaire pour estimer l’occurrence et la fréquence de l’A. texanum dans les populations de l’île. Au départ, des adultes ayant atteint la maturité sexuelle ont été capturés, puis, par la suite, des oeufs et des larves ont été recueillis. Les larves issues de ces oeufs et les larves capturées dans la nature ont été élevées en laboratoire jusqu’à la métamorphose afin de pouvoir établir leur sexe et leur génotype. Les méthodes détaillées d’élevage des larves et de mise à mort et de préparation des salamandres métamorphosées aux fins de détermination du génotype et de la ploïdie sont exposées dans les études de Bogart (1982), Bogart et al. (1985, 1987) et Bogart et Licht (1986).

Nous avons recueilli des données (de 1984 à 1991) sur quelque 1 200 larves provenant des six lieux de reproduction repérés lors de nos collectes antérieures. Nous avons soumis les échantillons de tissus de tous les individus à une analyse des isoenzymes par électrophorèse sur gel d'amidon et établi la ploïdie par mesure de la surface des érythrocytes et observation de la densité des bandes d’alloenzymes sur le gel et, lorsque ces méthodes se révélaient inconcluantes, par examen des caryotypes. Seuls six lieux de reproduction d’Ambystomaont été trouvés dans l’île Pelée, l’A. texanum y ayant déjà été trouvé à cinq de ceux-ci. Nous avons aussi calculé les fréquences des génotypes aux fins de comparaison (tableau 1).

Tableau 1. Fréquence et occurrence des génotypes de l’Ambystoma texanum, de l’Ambystoma laterale et de leurs hybrides à six endroits dans l’île Pelée (1984-1991).
Localité Génome nucléaire 2n
LL
Génome nucléaire 2n
TT
Génome nucléaire 2n
LT
Génome nucléaire 3n
LLT
Génome nucléaire 3n
LTT
Génome nucléaire 3n
LLLT
Génome nucléaire 4n
LLTT
Génome nucléaire 4n
LTTT
Génome nucléaire 4n
N
Carrière 81 0 64 335 2 13 3 0 498
(mâles) (39)   (1) (13)   (2)      
Bois North End 0 15 2 1 1 0 0 0 19
(mâlesNote de bas de pagea)   (1)              
Étang 1 5 98 109 108 9 14 7 351
(mâlesNote de bas de pagea)   (3) (7)   (4)        
Chemin Stone 1 56 20 4 15 0 0 0 96
(aucun mâle!)                  
Étang des
Guides
0 38 5 2 4 0 0 0 49
(mâles)   (1)              
Pointe
Mosquito
0 77Note de bas de pageb 83 23 79 0 0 12 274
(mâles)   (24)   (2) (2)        
Total 83 191 272 474 209 22 17 19 1 287
Pourcentage 6,45 14,84 21,13 36,83 16,24 1,71 1,32 1,48  

Les hybrides constituaient 78 p. 100 des salamandres capturées à l’île Pelée et, parmi les deux espèces pures, l’A. texanum était plus commun et plus nombreux que l’A. laterale. Les données (tableau 1) révèlent en outre que chacune des populations est distincte pour ce qui est de la fréquence des espèces pures en comparaison de la fréquence des divers types génomiques retrouvés chez les hybrides. L’A. lateralea été retrouvé presque seulement dans le secteur de la carrière, situé dans la partie nord de l’île, tandis que la plus forte densité d’A. texanum a été retrouvée à l’extrémité opposée de l’île, dans le bois de la pointe Mosquito (figure 1). Les hybrides étaient plus nombreux que les individus des espèces pures dans ces deux populations. Par contre, chez les populations du côté est de l’île (étang des Guides, chemin Stone et bois North End), l’A. texanum l’emportait en nombre sur les hybrides. L’Étang était le seul endroit où l’A. laterale, l’A. texanum et tous les types d’hybrides, coexistaient. 

Autres îles du lac Érié

L’A. texanum coexiste avec l’A. tigrinum, l’A. opacum et une gamme d’hybrides nucléaires unisexuée dans l’île Kelleys, en Ohio, située au sud de l’île Pelée, dans le lac Érié (Bogart et al., 1987). Seuls des groupes unisexués d’hybrides nucléaires unisexuels ont été retrouvés dans les îles Bass, situées aussi dans le lac Érié (Downs, 1978). Downs (1978) a supposé que ces salamandres se reproduisent par parthénogenèse (mâles non nécessaires). Par contre, un spermatozoïde a été retrouvé dans le cloaque d’une femelle d’un groupe unisexué dans l’île Middle Bass, en Ohio (Bogart, 2003). L’identité du mâle est inconnue mais, du fait que cette femelle était un individu LTT, un A. texanum était probablement le donneur de sperme.

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