Pèlerin, Pacifique (Cetorhinus maximus) : évaluation et rapport de situation du COSEPAC : chapitre 2

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COSEPAC
Résumé

Pèlerin
Cetorhinus maximus
Population du Pacifique

Information sur l’espèce

Le pèlerin doit son nom à son comportement évident de quête (plus précisément d'alimentation) à la surface de l'eau. Le pèlerin se distingue des autres requins par sa grande taille (il vient au deuxième rang, dans le monde, pour ce qui est des très gros poissons), ses fentes branchiales allongées, son museau pointu, sa large bouche à petites dents et sa nageoire caudale en forme de croissant. Le pèlerin est généralement de noirâtre à brun-gris. Les pores branchiaux présentent des branchicténies proéminentes.

Bien qu’aucune recherche n'ait été menée sur la génétique ou la structure de la population de pèlerins, la population du Pacifique est traitée comme une seule unité désignable (UD) en raison de sa séparation biogéographique des pèlerins de la population de l’Atlantique. Il n'y a aucune preuve de mouvements transocéaniques, ni à partir du Pacifique Nord, ni à partir de l'Atlantique Nord.

 

Répartition

Partout dans le monde, les pèlerins occupent les eaux tempérées des plateaux côtiers, mais sont présents de manière localisée. Les enregistrements canadiens dans les eaux de l'Atlantique et du Pacifique montrent que les pèlerins occupent pratiquement toutes les eaux côtières tempérées. Les études par marquage conventionnelles n'ont permis de recapturer aucun pèlerin. Les pèlerins ont été observés, par le passé, le long de la côte du Pacifique en divers endroits au large de la Californie, en hiver et au printemps, et dans des secteurs particuliers, au large de la Colombie-Britannique, en été et en automne, ce qui indique également une migration latitudinale. Il n’existe qu’un nombre très limité de données d’observation sur les prises accessoires de cette espèce dans les eaux du Pacifique, le pèlerin n'ayant été que rarement observé dans les eaux de cet océan au cours des 30 dernières années. Cependant, dans le passé, d'importants regroupements de pèlerins ont été observés dans les eaux littorales de la côte ouest de l'île de Vancouver et à un endroit le long de la côte centrale de la Colombie-Britannique.

 

Habitat

Le pèlerin semble préférer les secteurs où des événements océanographiques ont concentré le zooplancton. Ces secteurs sont généralement des fronts où les masses d'eau se rencontrent ou des caps et des zones de fortes marées autour des îles et dans les baies. Des données plus récentes semblent indiquer que le pèlerin utilise peut-être également des habitats de plus de 1 000 m de profondeur. La qualité de l'habitat d'alimentation varie rapidement dans le temps et dans l'espace, au gré des conditions océanographiques.

 

Biologie

Les premiers stades du cycle vital de cette espèce sont mal connus. Des animaux de moins de 3 m sont rarement observés. À leur naissance, les requins mesurent probablement de1,5 à 2 m. Une seule portée de six animaux d'une même femelle a pu être observée. On pense que les mâles parviennent à maturité à l’âge de 12 à 16 ans et que les femelles l’atteignent à l’âge de 16 à 20 ans. Les données provenant des pêches de surface montrent une ségrégation prononcée des sexes. La période de gestation serait de 2,6 à 3,5 années, soit la plus longue de tous les animaux, et la période entre les portées, de 2 à 4 années. La durée de vie du pèlerin est probablement d'environ 50 ans et la taille maximale rapportée est de 12,2 m de longueur. La productivité annuelle estimée est la plus faible productivité connue de tous les requins. La durée d'une génération est de 22 à 33 ans.

Les pèlerins adultes n'ont pas de prédateurs connus, mais les jeunes sont sans doute vulnérables à d'autres grosses espèces de requins. Les pèlerins sont principalement planctophages et ainsi cherchent des zones où le zooplancton est abondant. Une étude de modélisation donne à penser que l'espèce devrait pouvoir obtenir un gain énergétique net en s'alimentant dans des zones de concentrations modérées de zooplanctons.

 

Taille et tendances des populations

Il n'existe aucune estimation de l'abondance portant sur les populations de pèlerins au Canada dans les eaux du Pacifique. Les connaissances sur la taille et les tendances des populations proviennent principalement des enregistrements historiques.

La population des eaux canadiennes du Pacifique a pratiquement disparu. Les enregistrements historiques laissent croire que cette population était autrefois abondante et répandue. Les prises ciblées historiques (commerciales et récréatives), les prises accessoires et un programme d'éradication ciblée, mené par le ministère des Pêches et des Océans, notamment au moyen d'un bateau équipé d'une lame, sont les principaux facteurs responsables de la disparition du pèlerin. Il n'y a eu que six enregistrements confirmés de pèlerins dans les eaux canadiennes du Pacifique depuis 1996, dont quatre individus capturés dans des chaluts. De manière générale, la population actuelle ne représente qu'une petite fraction de son abondance et de sa répartition historique.

 

Facteurs limitatifs et menaces

La mortalité continue causée par les activités de pêche et les collisions avec les bateaux sont sans doute les facteurs qui menacent le plus les populations de pèlerins. Le pèlerin semble être le requin le plus vulnérable aux répercussions anthropiques. Parmi les caractéristiques qui rendent les pèlerins vulnérables, mentionnons une arrivée tardive à maturité, un faible taux de fécondité, une longue période de gestation (apparemment la plus longue de tous les vertébrés), de longues périodes entre les gestations, une faible productivité, une ségrégation des sexes, des habitats qui chevauchent des secteurs de pêche commerciale, des habitats situés à proximité du littoral, une présence à la surface de l'eau, l’absence de crainte par rapport aux bateaux et des populations naturellement petites.

 

Importance de l’espèce

Le pèlerin est la seule espèce de sa famille. Le plus ancien fossile de pèlerin est vieux de 29 à 35 millions d'années. L'espèce peut être associée à la « mégafaune charismatique » en raison de sa grande taille (deuxième plus gros poisson au monde) et de ses activités évidentes à la surface de l'eau. Sur la côte du Pacifique, les pèlerins sont certainement l'explication la plus plausible aux présumées observations de serpents de mer, de monstres marins et du Cadborosaurus (Caddy). La grande valeur des nageoires de pèlerin a encouragé un commerce lucratif vers les pays asiatiques. L'inscription récente du pèlerin à l'Annexe II de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction (CITES) vise à réglementer ce commerce. Le pèlerin est peut-être plus vulnérable aux répercussions anthropiques que tout autre poisson marin.

 

Protection actuelle

Au Canada, l'espèce est de facto protégée par des réglementations générales qui interdisent le commerce des nageoires de toute espèce de requin. Puisqu'il n'y a pas de marché pour toute autre partie du pèlerin au Canada, l'espèce n'est pas directement exploitée. La capture des pèlerins est interdite dans les pays de l'Union européenne, aux États-Unis et en Nouvelle-Zélande. Divers statuts ont été accordés à l'espèce. Le pèlerin est inscrit à la Liste rouge de l'UICN à titre d'espèce vulnérable (Vulnerable) à l'échelle mondiale, d'espèce en péril (Endangered) dans l'Atlantique Nord-Est et dans le Pacifique Nord, et même d'espèce gravement en péril (Critically Endangered) dans la baie Barkley.

 

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