Lupin des ruisseaux (Lupinus rivularis) : évaluation et mise à jour du rapport de situation du COSEPAC : chapitre 2

Résumé

Lupin des ruisseaux

Lupinus rivularis

Information sur l’espèce

Le lupin des ruisseaux (Lupinus rivularis Dougl. ex Lindl.) est une plante érigée atteignant de 40 à 60 cm de hauteur. C’est une espèce particulièrement attrayante avec ses fleurs bleu lavande, qui apparaissent de mai à septembre. Bien qu’il règne une confusion certaine dans la classification et la nomenclature des lupins d’Amérique du Nord, le lupin des ruisseaux est facile à identifier sur le terrain si on tient compte, en plus de ses caractères morphologiques, de l’altitude et des caractéristiques de l’habitat où il pousse. Dans son aire canadienne, le lupin des ruisseaux se distingue aisément des autres lupins par ses feuilles délicates, son port érigé, sa floraison hâtive et sa présence à faible altitude.

Répartition

La répartition mondiale du lupin des ruisseaux est restreinte à la côte ouest de l’Amérique du Nord, depuis le Sud-Ouest de la Colombie-Britannique jusqu’au Nord-Ouest de la Californie. À ce jour, on a seulement confirmé la présence de l’espèce dans l’extrême Sud-Ouest de la Colombie-Britannique avec seulement cinq sites dans la vallée du bas Fraser et un dans l’île de Vancouver. 

Habitat

Le lupin des ruisseaux se rencontre sur les rives de cours d’eau de la côte pacifique, à faible altitude, où il pousse sur des terrains sableux ou graveleux humides et vulnérables aux  inondations (crues périodiques avant la construction des digues), à végétation généralement très clairsemée, parfois sous un couvert forestier clairsemé. Comme tous les lupins, leL. rivularismontre une préférence marquée pour les sols pauvres et perturbés, mais non envahis par les mauvaises herbes.

Biologie

Le lupin des ruisseaux est une vivace des sols pauvres, essentiellement herbacée, à longue racine pivotante portant des nodosités. Comme de nombreux lupins d’Amérique du Nord, le lupin des ruisseaux a la capacité de se croiser avec d’autres espèces, et il se croise notamment avec le L. arboreus, espèce exotique envahissante, et avec d’autres lupins indigènes, dont le L. littoralis. Il semble produire, comme tous les lupins, une grande quantité de graines grosses et lourdes qui peuvent être projetées jusqu’à une distance de 26 pi (8 m) lorsque la gousse éclate.

Taille et tendances des populations

Il n’y a que six populations naturelles confirmées de Lupinus rivularis au Canada (Colombie-Britannique), dont l’effectif varie entre 100 individus (un site) et un seul (un site). Toutes les populations signalées pour la vallée du bas Fraser à la fin des années 1980 et au début des années 1990 existent toujours. On pense que l’espèce était plus répandue dans les régions côtières de la vallée du bas Fraser avant le développement industriel des plaines inondables et la construction du vaste réseau de digues fluviales.

Facteurs limitatifs et menaces

La répartition mondiale du Lupinus rivularis est restreinte à la côte ouest de l’Amérique du Nord, et les populations canadiennes de l’espèce se trouvent à la limite nord de cette aire. On peut donc penser que l’espèce a toujours été rare au Canada et qu’elle est vulnérable aux fluctuations du climat. Dans son aire canadienne, le lupin des ruisseaux ne se rencontre que sur les berges de cours d’eau ou à proximité, dans les plaines inondables. Or, ces habitats ont été profondément transformés par la construction d’un vaste réseau de digues fluviales dans la vallée du bas Fraser, ainsi que par l’exploitation industrielle des plaines inondables, que les digues protègent contre les inondations. Le lupin des ruisseaux a probablement perdu ainsi une grande partie de son habitat.

Plusieurs facteurs compromettent la survie à long terme du lupin des ruisseaux au Canada comme dans l’ensemble de son aire : hybridation et infiltration génétique par le Lupinus arboreus; broutage par des invertébrés envahissants; mesures d’entretien du terrain, notamment l’épandage d’herbicide, dans plusieurs sites; cueillette de fleurs sauvages (celles du lupin des ruisseaux sont particulièrement attrayantes et sont maintenant convoitées pour leur huile essentielle).

Importance de l’espèce

Les populations canadiennes de lupin des ruisseaux comptent peut-être parmi les dernières populations génétiquement « pures » de l’espèce, ce qui leur conférerait une importance certaine. La question doit cependant être vérifiée. En outre, l’intérêt croissant que suscitent les lupins comme plantes alimentaires indique que le bassin génétique de chaque espèce est appelé à revêtir une grande importance en agriculture.

Sommaire du rapport de situation

Au Canada, il ne reste qu’un tout petit nombre de populations et d’individus de l’espèce, qui se distinguent par leur « pureté » génétique. Or, leur survie à long terme est fortement menacée par la présence dans leur aire du L. arboreus. De plus, le risque de voir disparaître en peu de temps la majeure partie, voire la totalité, des individus canadiens de l’espèce par suite des mesures d’entretien du terrain où ils poussent (fauche, épandage d’herbicide) ou de la cueillette des fleurs, est très réel et demande une attention immédiate.

Mandat du COSEPAC

Le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) détermine le statut, au niveau national, des espèces, des sous-espèces, des variétés et des populations sauvages  canadiennes importantes qui sont considérées comme étant en péril au Canada. Les désignations peuvent être attribuées à toutes les espèces indigènes des groupes taxinomiques suivants : mammifères, oiseaux, reptiles, amphibiens, poissons, lépidoptères, mollusques, plantes vasculaires, mousses et lichens.

Composition du COSEPAC

Le COSEPAC est composé de membres de chacun des organismes fauniques des gouvernements provinciaux et territoriaux, de quatre organismes fédéraux (Service canadien de la faune, Agence Parcs Canada, ministère des Pêches et des Océans, et le Partenariat fédéral sur la biosystématique, présidé par le Musée canadien de la nature), de trois membres ne relevant pas de compétence, ainsi que des coprésident(e)s des sous-comités de spécialistes des espèces et des connaissances traditionnelles autochtones. Le Comité se réunit pour étudier les rapports de situation des espèces candidates.

Définitions

Espèce
Toute espèce, sous-espèce, variété ou population indigène de faune ou de flore sauvage géographiquement définie.

Espèce disparue (D)
Toute espèce qui n’existe plus.

Espèce disparue du Canada (DC)
Toute espèce qui n’est plus présente au Canada à l'état sauvage, mais qui est présente ailleurs.

Espèce en voie de disparition (VD)*
Toute espèce exposée à une disparition ou à une extinction imminente.

Espèce menacée (M)
Toute espèce susceptible de devenir en voie de disparition si les facteurs limitatifs auxquels elle est exposée ne sont pas renversés.

Espèce préoccupante (P)**
Toute espèce qui est préoccupante à cause de caractéristiques qui la rendent particulièrement sensible aux activités humaines ou à certains phénomènes naturels.

Espèce non en péril (NEP)***
Toute espèce qui, après évaluation, est jugée non en péril.

Données insuffisantes (DI)****
Toute espèce dont le statut ne peut être précisé à cause d’un manque de données scientifiques.

* Appelée « espèce en danger de disparition » jusqu’en 2000.
** Appelée « espèce rare » jusqu’en 1990, puis « espèce vulnérable » de 1990 à 1999.
*** Autrefois « aucune catégorie » ou « aucune désignation nécessaire ».
**** Catégorie « DSIDD » (données insuffisantes pour donner une désignation) jusqu’en 1994, puis « indéterminé » de 1994 à 1999.

Le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) a été créé en 1977, à la suite d’une recommandation faite en 1976 lors de la Conférence fédérale-provinciale sur la faune. Le comité avait pour mandat de réunir les espèces sauvages en péril sur une seule liste nationale officielle, selon des critères scientifiques. En 1978, le COSEPAC (alors appelé CSEMDC) désignait ses premières espèces et produisait sa première liste des espèces en péril au Canada. Les espèces qui se voient attribuer une désignation lors des réunions du comité plénier sont ajoutées à la liste.

Le Service canadien de la faune d’Environnement Canada assure un appui administratif et financier complet au Secrétariat du COSEPAC.

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