Lupin des ruisseaux (Lupinus rivularis) : évaluation et mise à jour du rapport de situation du COSEPAC : chapitre 9

Importance de l'espèce

Il est fort possible que les populations canadiennes de lupin des ruisseaux soient les plus pures génétiquement de toute l’aire de l’espèce en Amérique du Nord (Sholars, 2001, comm. pers.). Selon Sholars (2001, comm. pers.), les populations américaines de l’espèce sont toutes fortement infiltrées par le Lupinus arboreus, et la plupart des individus possèdent des traits de ce dernier. Les populations pures sont peut-être très rares aux États-Unis. Nous sommes du même avis, puisque moins de 25 p. 100 des spécimens des États-Unis que nous avons examinés répondaient à notre définition du L. rivularis, la plupart ne présentant pas l’ensemble des caractères distinctifs de l’espèce.

Contrairement aux populations américaines, les six populations canadiennes naturelles semblent plutôt pures, sauf pour un ou deux individus qui présentent des caractères pouvant appartenir à une autre espèce de lupin indigène (Lupinus littoralis) et un individu isolé qui présente un caractère pouvant appartenir au Lupinus arboreus (dans un des sites de L. rivularis, nous avons observé un individu odorifère, expression possible de gènes du L. arboreus). Cependant, ces caractères s’inscrivent peut-être dans la diversité génétique de l’espèce, ce que les études taxinomiques réalisées actuellement par Sholars et d’autres chercheurs devraient élucider.

On ne peut préjuger de la stabilité génétique des populations canadiennes de lupin des ruisseaux. Dans la vallée du bas Fraser, nous avons observé trois populations cultivées de lupins présentant des caractères hybrides, ainsi qu’un individu naturel qui semble être un hybride entre le L. rivularis et le L. arboreus. À l’île de Vancouver, les services de voirie sèment le Lupinus arboreus le long des routes (Fraser, 2001, comm. pers.), et nous en avons observé une population très importante envahissant la côte près de Sooke, non loin de l’unique site de L. rivularis de l’île. En outre, on trouve des sachets de semences de Lupinus arboreus dans tous les points de vente d’articles horticoles de la vallée du bas Fraser, y compris au jardin botanique de la University of British Columbia.

Le lupin des ruisseaux se trouve au Canada à la limite nord de son aire. En plus d’être demeurées génétiquement pures, les populations canadiennes présentent un intérêt particulier du point de vue génétique et écologique du fait qu’elles sont séparées des populations principales de l’espèce.

Voilà à peu près l’étendue renseignements publiés sur le lupin des ruisseaux. Il existe par contre une foule de données sur les principaux usages des lupins en général et de plusieurs espèces en particulier.

Partout dans le monde, les légumineuses sont utilisées pour l’alimentation humaine et animale, comme source de combustible et pour l’enrichissement des sols en azote (O’Dell et Trappe, 1992). Aujourd’hui, les lupins sont cultivés comme plantes alimentaires (Aniszewski, 1988, 1993), suscitent un intérêt pour leurs propriétés insecticides (Sas-Piotrowska et al., 1997; Wyrostkiewicz et al., 1997), sont prisés comme plantes d’ornement et sont utilisés comme plantes médicinales. Davila-Ortiz et al. (1998) mentionnent un projet d’élaboration d’un succédané du lait de vache à partir de lupins, et ils se sont intéressés à la fabrication d’un produit de genre yaourt dérivé de ces plantes. On peut voir que le bassin génétique de chaque espèce est appelé à revêtir une grande importance en agriculture.

Nous avons effectué une recherche documentaire poussée pour trouver de l’information sur les usages traditionnels du lupin des ruisseaux chez les Autochtones. Nous avons trouvé deux documents mentionnant l’usage du lupin par les Thompson de Colombie-Britannique (Moerman, 1998; Teit et Steedman, 1930). Toutefois, d’après les indications géographiques et la description de l’habitat, il ne peut s’agir du lupin des ruisseaux.

Nous avons également communiqué avec plusieurs membres des Premières Nations et nous en avons rencontré deux en personne (voir ci-dessous) pour obtenir de l’information sur les usages traditionnels du lupin des ruisseaux. Aucun n’était en mesure de nous renseigner sur cette question. On pense que l’espèce était peu commune ou rare en Colombie-Britannique avant même la destruction massive des habitats susceptibles de l’abriter et que les Autochtones n’en faisaient pas un usage très important. La situation géographique des populations actuelles et leur effectif ne portent pas à croire à un usage très répandu. Il semble par contre que le Lupinus littoralis ait été utilisé comme denrée alimentaire.

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