Tortue molle à épines (Apalone spinifera) évaluation et mise à jour du rapport de situation du COSEPAC : chapitre 6

Biologie

Renseignements généraux

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Reproduction

Selon de récentes (1994-2000) études réalisées en Ontario, la taille des couvées varie de 6 à 36 œufs, et il peut arriver, lorsque l’été est long et chaud, qu’il y ait deux pontes (Fletcher, 1999). Bien que les tortues-molles pondent normalement en solitaire, la pénurie de sites de nidification fera qu’un grand nombre d’individus devront pondre leurs œufs dans des aires communes. Ces aires doivent être dégagées, couvertes de sable ou de gravier et proches de l’eau. Le long des rivières, ces sites consistent généralement en des dépôts de sable qui se forment dans les méandres ou sur des îles. Dans les lacs, les tortues semblent privilégier les endroits où une étroite bande de sable sépare le lac d’un étang ou d’un plan d’eau calme, comme une baie. Bien que les tortues soient restées assez fidèles à ces sites durant la période de sécheresse qui a marqué la fin des années 1990, des individus ont commencé à nicher dans des zones qui auraient normalement été immergées (Fletcher, 1998). Quelques nids ont été détruits en 1996 (Fletcher, 1996) et en 1997 (Fletcher, 1997), et la presque totalité ont été détruits durant l’année de crue de 2000 (Fletcher, obs. pers.). Le sexe-ratio à l’éclosion est de 1:1. Le taux et les causes de mortalité des œufs varient d’un site à l’autre, mais les principales causes sont la déprédation des nids par le raton laveur ou le renard, l’infestation des nids par des asticots de sarcophagidés (diptères), l’infécondité des œufs ainsi que la collecte des œufs par les humains. La prédation des œufs pourrait devenir un facteur déterminant pour la survie des sous-populations locales, car la totalité des nids de tortues-molles qui n’avaient pas été protégés par l’équipe de recherche ont été la proie de prédateurs, de même que plus de 650 nids d’autres espèces de tortues
(Fletcher, 1999).

Les tortues-molles à épines semblent avoir besoin de zones de gravier fin ou de sable grossier exemptes de végétation pour la nidification. Elles pourraient être bien adaptées à ce type de substrat du fait que, contrairement à d’autres espèces de tortues du Canada, leurs œufs ont une coquille dure relativement imperméables (voir p. ex. Packard et al., 1979), ce qui leur permettrait de nicher dans des zones sablonneuses sèches, impropres à d’autres tortues. Cependant, ces plages sablonneuses sont également très prisées pour les activités récréatives.

Survie

Peu de facteurs autres que la mort accidentelle causée par les collisions avec des bateaux et la capture associée à la pêche sportive et commerciale ont une incidence sur la survie des adultes. Il est probable que chez la tortue-molle à épines, les taux de survie selon l’âge soient semblables à ceux établis par Congdon et al. (1993) pour la tortue mouchetée (Emydoidea blandingii), et selon lesquels le taux de survie est très faible durant les premiers stades de vie, mais devient très élevé chez les pré-adultes et les adultes. Dans le cas de la population de tortues-molles de l’Ontario, le recrutement pourrait être insuffisant pour compenser la mortalité naturelle des adultes. De fait, lors des relevés effectués le long de la rivière Sydenham, en particulier, seuls des adultes ont été observés, pour la plupart de grande taille – donc sans doute assez âgés (Fletcher et Gillingwater, 1994). Dans l’ensemble, les relevés intensifs effectués pendant six ans en Ontario font état de très peu de tortues-molles de moins de cinq ans et d’encore moins de jeunes adultes (Fletcher, 1999). Le taux de prédation des nids est assez élevé dans certaines régions, ce qui n’a rien d’anormal, mais comme s’ajoute à cela le fait que les populations de certaines régions se composent essentiellement d’adultes plutôt âgés avec peu ou pas de jeunes, l’avenir de ces populations paraît incertain. De fait, des modèles pour des espèces à longévité élevée ont montré qu’il peut y avoir effondrement des populations quand la distribution par âge est aussi asymétrique que celle observée chez la tortue-molle (***), et un effondrement est d’autant plus probable si le taux de mortalité des adultes est accru par l’activité humaine (collisions avec des embarcations, piégeage accidentel, etc.)

Physiologie

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Déplacements

Selon des études radiotélémétriques effectuées dans l’ensemble de l’aire de répartition canadienne, les tortues-molles à épines peuvent parcourir dans une même année entre leurs sites de nidification et leurs sites d’hibernation (Fletcher, 1996; Galois, 1997). Peu de temps a été consacré à déterminer les caractéristiques des sites d’hibernation fréquentés par la population de tortues de l’Ontario, mais les travaux menés au lac Champlain montrent que les tortues abandonnent le lac pour aller hiberner dans certains de ses affluents (Galois, 1997). Le même phénomène pourrait se produire dans les lacs de l’Ontario car, selon l’information qui a été communiquée à l’auteur par un trappeur, des tortues-molles ont été capturées dans des pièges qui avaient été mis en place pour la chélydre serpentine dans certains affluents de la région de la baie Rondeau, en octobre.

Sur la Thames, deux barrages dans la ville de London entravent les déplacements de l’espèce. Or on trouve des tortues en amont et en aval de ces barrages (une partie de cette population se trouve entre les deux barrages), et il est probable qu’il y aurait davantage de migration et d’interaction au sein de cette population si ce n’était de ces obstacles. Parmi les autres facteurs susceptibles de nuire aux déplacements de l’espèce, mentionnons les grands projets de construction le long de la rivière, comme des ponts et des pipelines de franchissement qui, même s’ils ne bloquent pas complètement la voie, peuvent empêcher les tortues de passer à cause du niveau de bruit et d’activité élevé.

Alimentation et interactionsentre espèces

On ne possède aucune nouvelle information sur l’alimentation de l’espèce. Il est toutefois important de souligner que les tortues-molles à épines se nourrissent abondamment d’écrevisses et de mollusques, deux taxons eux-mêmes en déclin dans le Sud du Canada (Campbell et al., 1985; McCoy, 1982). La diminution des ressources alimentaires de l’espèce pourrait donc constituer pour elle un problème.

Comportement et adaptabilité

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