L’otarie de Steller (Eumetopias jubatus) évaluation et rapport de situation du COSEPAC : chapitre 2

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COSEPAC
Résumé

Otarie de Steller
Eumetopias jubatus

Information sur l’espèce

L’otarie de Steller (Eumetopias jubatus Schreber 1776) est le plus gros membre de la famille des Otariidés (ordre des Carnivores, sous-ordre des Caniformes). L’espèce présente un important dimorphisme sexuel. Les femelles adultes mesurent en moyenne de 2,1 à 2,4 m de long et pèsent de 200 à 300 kg. Les mâles adultes sont nettement plus gros, atteignant une longueur de 2,7 à 3,1 m et une masse de 400 à 800 kg. Les petits, qui naissent entre la fin de mai et le début de juillet, pèsent de 16 à 23 kg à la naissance.

Répartition

L’otarie de Steller vit dans le Pacifique Nord dans les eaux côtières fraîches tempérées et subarctiques depuis le sud de la Californie jusqu’au détroit de Béring, puis vers l’ouest et le sud-ouest le long de la côte asiatique jusqu’au Japon. On distingue deux populations d’otaries de Steller sur la base de la différenciation génétique de l’ADN mitochondrial : la population de l’Est (de la Californie au sud-est de l’Alaska) et la population de l’Ouest (golfe d’Alaska, mer de Béring, îles Aléoutiennes et Russie). Au Canada, l’otarie de Steller n’est présente qu’en Colombie-Britannique, où se trouvent trois aires de reproduction principales : 1) au large de la pointe nord-ouest de l’île de Vancouver (roqueries sur les îles Maggot, Sartine et Triangle); 2) au large de l’extrémité sud des îles de la Reine-Charlotte (roqueries sur les îles Kerouard); 3) au large de la portion nord de la côte (roqueries sur les rochers North Danger). Une autre aire de reproduction au large de la portion centrale de la côte (roqueries sur les rochers Virgin, Pearl et Watch) a disparu au cours des années 1920 et 1930 en raison de programmes intensifs de lutte contre les prédateurs. Aucune nouvelle roquerie ne s’est établie en Colombie-Britannique depuis plus d’un siècle, mais en Alaska, des otaries de Steller ont commencé à se reproduire à plusieurs nouveaux sites.

En mer, ces animaux se tiennent généralement à moins de 60 km du rivage en été et peuvent s’éloigner jusqu’à 200 km du rivage en hiver. L’otarie de Steller n’est pas migratrice, mais les individus peuvent se disperser jusqu’à une distance considérable des sites de reproduction.

Habitat

L’otarie de Steller fréquente trois types de sites terrestres : 1) les roqueries, où les animaux se rassemblent de mai à août pour mettre bas, s’accoupler et allaiter les petits; 2) les échoueries permanentes, généralement occupées continuellement toute l’année; 3) les échoueries hivernales, occupées plus sporadiquement et principalement pendant la période internuptiale. Aucune nouvelle roquerie n’a été colonisée en Colombie-Britannique depuis un siècle. Les animaux vont régulièrement à terre toute l’année et tendent à y être très grégaires, formant des groupes compacts pratiquement sans espace entre les individus.

On connaît mal le mode de vie de l’otarie de Steller en milieu aquatique. En général, la plupart des otaries de Steller semblent se nourrir sur la plate-forme continentale et le long de son rebord. On observe généralement ces animaux à moins de 60 km des côtes, dans des eaux d’une profondeur inférieure à 400 m, mais ils peuvent s’aventurer à plusieurs centaines de kilomètres au large ou au delà de la plate-forme continentale.

Biologie

L’otarie de Steller est un reproducteur polygyne. La femelle met bas un seul petit, qu’elle allaite généralement pendant un peu moins d’un an, bien qu’il arrive que l’allaitement dure de 2 à 3 ans. La longévité est d’environ 14 ans pour les mâles et de 22 ans pour les femelles, et la durée de génération est de 10 ans. L’otarie de Steller va régulièrement à terre, sur des roqueries et des échoueries établies, entre ses sorties d’alimentation. Ses proies préférées en Colombie-Britannique sont le hareng, le merlu, le lançon, les saumons, l’aiguillat, l’eulakane, la sardine, les sébastes, les poissons plats, les raies, les calmars et les pieuvres.

Taille et tendances des populations

On observe une croissance des populations en Colombie-Britannique depuis que l’otarie de Steller est protégée, soit depuis 1970. La croissance annuelle moyenne s’établit à 3,2 p. 100, ce qui a fait doubler la taille de la population d’animaux reproducteurs. Cette croissance s’est produite principalement au cours des deux dernières décennies. Au total, environ 3 400 petits sont nés en Colombie-Britannique en 2002. Selon les estimations, la population totale d’animaux habitant les eaux côtières de Colombie-Britannique à l’époque de la reproduction se situe entre 18 400 et 19 700 individus (ce qui comprend les animaux non reproducteurs associés aux roqueries du sud-est de l’Alaska). On compte environ 7 600 animaux sexuellement matures (40 p. 100 de la population).

Facteurs limitatifs et menaces

Les menaces pesant sur l’otarie de Steller sont l’abattage, les prises accidentelles dans les engins de pêche, les débris dans lesquels elle peut se prendre, les accidents catastrophiques, les contaminants environnementaux et le déplacement hors de ses habitats ou la dégradation de ceux-ci. L’espèce est également sujette aux fluctuations des populations de proies, à la prédation par l’épaulard et à la maladie.

Importance particulière de l’espèce

L’otarie de Steller est la plus grosse espèce d’otarie et le seul Otariidé qui vit à l’année et se reproduit dans les eaux canadiennes. Elle est une composante importante de l’écosystème marin côtier et contribue à une industrie touristique florissante. Les roqueries de Colombie-Britannique comprennent aujourd’hui deux des plus grands rassemblements de reproducteurs au monde. En raison du déclin récent de l’espèce dans la portion occidentale de son aire de répartition, où elle est considérée comme en voie de disparition, et vu les conséquences que cette désignation pourrait avoir sur les pêches commerciales, l’otarie de Steller est depuis quelque temps l’objet de plusieurs recherches sur les facteurs influant sur les populations. L’otarie de Steller pourrait servir d’espèce indicatrice de l’état de l’écosystème côtier étant donné sa vaste aire de répartition, sa longévité élevée et sa position proche du sommet des chaînes alimentaires marines.

Protection actuelle et autres désignations

Depuis 1970, les otaries sont protégées par divers règlements pris aux termes de la Loi sur les pêches et mis en application par le ministère des Pêches et des Océans. La roquerie du cap St. James est protégée en vertu de la Loi sur les parcs nationaux et les roqueries des îles Scott font partie d’une réserve écologique de la Colombie-Britannique. L’otarie de Steller a été inscrite sur la liste rouge du centre des données sur la conservation du gouvernement de la Colombie-Britannique. Aux États-Unis, la population de l’Est, répartie depuis la Californie jusqu’au sud-est de l’Alaska (ce qui comprend la Colombie-Britannique) est désignée menacée (threatened), et la population de l’Ouest, présente dans le golfe d’Alaska et aux îles Aléoutiennes, est désignée en voie de disparition (endangered) aux termes de la US Endangered Species Act des États-Unis.

 

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