Omble à tête plate (Salvelinus confluentus) évaluation et rapport de situation du COSEPAC 2012 : chapitre 3

COSEPAC
Résumé

Omble à tête plate
Salvelinus confluentus

Populations des rivières Saskatchewan et Nelson
Populations de la côte sud de la Colombie-Britannique
Populations de l'ouest de l'Arctique
Populations du Pacifique
Populations de la partie supérieure du bassin versant du fleuve Yukon

Description et importance de l’espèce sauvage

L’omble à tête plate est un gros salmonidé dont la tête et la gueule très développées par rapport à d’autres espèces de salmonidés lui ont valu le nom commun anglais de « Bull Trout ». Il se distingue de la plupart des autres salmonidés qui lui ressemblent par son corps vert olive à gris-bleu parsemé de taches rondes pâles sur les flancs et le dos, mais il est nécessaire de recourir à des mesures détaillées ou à des analyses génétiques pour l’identifier avec certitude partout où il partage l’habitat du Dolly Varden. Étant donné ses exigences très particulières en matière d’habitat, ce poisson-gibier est très sensible aux changements apportés à son habitat; il est donc considéré comme une espèce indicatrice de la santé générale de l’écosystème. L’analyse génétique et l’étude de la fragmentation de l’aire de répartition de cette espèce entre les diverses zones biogéographiques nationales d’eau douce ont conduit à reconnaître cinq unités désignables réparties entre deux lignées génétiques : lignée 1 (populations de la côte sud de la Colombie-Britannique) et lignée 2 (populations de l’ouest de l’Arctique, de la partie supérieure du bassin versant du fleuve Yukon, des rivières Saskatchewan et Nelson, et du Pacifique).

Répartition

L’omble à tête plate est originaire de l’ouest du Canada et de la côte nord-ouest des États-Unis. Son aire de répartition s’étend depuis la frontière Oregon-Californie et le nord du Nevada jusqu’au sud du Yukon et au sud-ouest des Territoires du Nord-Ouest, en passant par la Colombie-Britannique et l’Alberta. La plus grande partie de cette aire de répartition (environ 80 %) se trouve cependant dans l’ouest du Canada. L’habitat de l’espèce se limite d’une manière générale aux bassins versants de l’intérieur, mais il rejoint la côte du Pacifique dans le sud-ouest de la Colombie-Britannique et le nord-ouest de l’État de Washington. L’espèce se concentre à l’ouest de la ligne continentale de partage des eaux, mais on l’observe également à l’est de cette ligne dans l’ensemble des principaux bassins versants albertains. L’aire de répartition s’est rétrécie au cours du siècle dernier, surtout aux États-Unis et en Alberta, où les populations sont devenues plus fragmentées et isolées. La Colombie-Britannique, le Yukon et les Territoires du Nord-Ouest sont les dernières entités territoriales où l’omble à tête plate reste largement répandu.

Habitat

Les exigences très strictes en matière d’habitat de cette espèce d’eaux froides varient d’un stade vital à l’autre. L’omble à tête plate a besoin, pour maintenir ses populations, d’un habitat froid, non pollué, complexe et désenclavé. L’habitat à structure complexe procure à ce poisson les abris dont il a besoin et les conditions propices à sa reproduction et à l’élevage des jeunes, et sa connectivité permet aux espèces migratoires de se déplacer entre les divers milieux dont elles ont besoin pour boucler leur cycle vital.

Biologie

L’omble à tête plate est un prédateur vorace qui se nourrit d’autres poissons lorsqu’il en a l’occasion. Il affiche une diversité considérable en ce qui a trait aux caractéristiques du cycle vital, présentant notamment quatre grands types aux comportements migratoires distincts : une forme sédentaire; une forme migratrice fluviale, qui grandit en eau courante; une forme migratrice lacustre, qui grandit dans les lacs; une forme anadrome, qui migre vers la mer. Les ombles de chacun de ces quatre types se reproduisent en eaux d’amont ou dans les affluents situés en altitude, mais les milieux qu’ils occupent pendant les autres étapes de leur cycle vital varient. Les trois premières formes sont communes partout dans l’aire de répartition canadienne, mais les populations anadromes sont limitées à la portion sud-ouest de la Colombie-Britannique.

Taille et tendances des populations

Représentant d’ordinaire moins de 5 % des prises totales des relevés faunistiques généraux, les populations d’ombles à tête plate adultes devraient être plus petites que celles de la plupart des autres salmonidés d’eau douce. Une masse considérable de données qualitatives et quantitatives permet d’estimer la taille des populations passées et actuelles de cette espèce en Alberta et, dans une moindre mesure, en Colombie-Britannique. Cependant, les ensembles de données à long terme qui permettraient de quantifier l’abondance de l’omble à tête plate sont rares, et les connaissances actuelles sur les tendances des populations s’appuient sur des avis qualitatifs d’experts. Au cours des récentes décennies, les populations d’ombles à tête plate ont connu un déclin de l’abondance dans certaines portions de l’aire de répartition, en particulier aux États-Unis et en Alberta. Par ailleurs, certaines populations sont désormais incapables de compléter l’ensemble des étapes de leur cycle vital. Cette tendance historique se reflète dans le déclin à court terme observé chez 57 % des populations albertaines, tandis que 29 % de ces populations restent stables et que 8 % affichent une croissance. On en sait moins sur les populations du reste de l’aire de répartition canadienne, mais on juge néanmoins qu’elles seraient stables ou en baisse en Colombie-Britannique. Rien ne laisse croire par ailleurs qu’elles seraient en baisse au Yukon ou dans les Territoires du Nord-Ouest. En Alberta et en Colombie-Britannique, certaines populations semblent en voie de se rétablir des effets de menaces passées.

Menaces et facteurs limitatifs

Les besoins particuliers de l’omble à tête plate en matière d’habitat constituent leurs facteurs limitatifs les plus importants. Cependant, les perturbations causées par les activités humaines constituent les menaces les plus graves. On peut songer en particulier à la dégradation et à la fragmentation de l’habitat causées par la foresterie commerciale, la production hydroélectrique, la mise en valeur des ressources pétrolières, gazières et minières, l’agriculture, l’urbanisation et l’aménagement des routes qui accompagne ces activités, ainsi que le changement climatique. Les interactions avec d’autres espèces influent fortement sur la répartition et l’abondance locales de l’omble à tête plate. La dégradation de l’habitat risque d’exacerber la sensibilité de l’espèce à l’éviction et/ou à l’hybridation et de la rendre ainsi vulnérable à l’invasion d’espèces non indigènes, comme l’omble de fontaine. Enfin, la tendance à confondre l’omble à tête plate avec d’autres espèces d’ombles et de truites contribue à accroître la pression exercée par la pêche sur cette espèce déjà vulnérable à la surexploitation.

Protection, statuts et classements

L’habitat de l’omble à tête plate est protégé par des lois provinciales et fédérales. Comme il s’agit d’un poisson-gibier, les populations font l’objet de règlements provinciaux et de règlements sur les parcs nationaux qui prévoient diverses mesures de protection des stocks. L’omble à tête plate figure à l’heure actuelle sur la « liste bleue » des espèces préoccupantes (« Species of Special Concern ») en Colombie-Britannique, et elle jouit du même statut en Alberta. La Situation générale des espèces au Canada lui a attribué la cote N3 (vulnérable à l’échelle du Canada). En Colombie-Britannique, la lignée de l’intérieur est cotée S3S4. L’espèce est cotée S3 en Alberta et au Yukon, et S2 (potentiellement en péril) dans les Territoires du Nord-Ouest. Les populations des États-Unis sont jugées menacées (« threatened ») aux termes de l’Endangered Species Act. Le réseau de programmes du patrimoine naturel (Natural Heritage Network) et la Liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) lui attribuent la cote G3 (vulnérable).

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