Caribou de Peary et caribou de la Toundra évaluation et rapport de situation du COSEPAC : chapitre 13
Résumé du rapport de situation
Sous-espèces et répartition
Le caribou de Peary est distinct du caribou de la toundra, et aucune forme intermédiaire n’est identifiable au niveau de la sous-espèce. Cependant, des variations phénotypiques et génotypiques ont été documentées dans les populations examinées dans le présent rapport, et préserver cette diversité devrait être un des buts premiers de la conservation et de la gestion. Le caribou de Peary occupe les îles Reine-Élisabeth, l’île Banks, le coin nord-ouest de l’île Victoria, l’île Prince-de-Galles, l’île Somerset, de nombreuses îles plus petites et la péninsule de Booth (ainsi que, de façon saisonnière ou irrégulière, des régions du continent au sud de la rivière Hayes).
Le caribou du troupeau de Dolphin-et-Union occupe le reste de l’île Victoria et les régions adjacentes du continent; il est phénotypiquement et génétiquement distinct tant du caribou de la toundra que du caribou de Peary.
Situation actuelle de la population
La situation actuelle des principales populations de caribou de Peary, à l’exclusion des faons, est présentée à la figure 18. Les données proviennent de Gunn et Dragon (2002) pour le complexe insulaire Melville; de Ferguson et al. (2001) et M. Ferguson, Service de la faune du Nunavut (comm. pers., 19 novembre 2002) pour l’île Bathurst; de l’équipe de rétablissement du caribou de Peary 2001 pour l’est des îles Reine-Élisabeth; de Nagy (données non publiées) pour l’île Banks et le nord-ouest de l’île Victoria; et de Gunn et Dragon (1998) pour les populations du complexe Prince-de-Galles – Somerset et de la péninsule de Booth. (La population de Prince-de-Galles – Somerset a été portée à 60 ± 20 individus, comme on l’a mentionné plus haut, et les barres correspondant aux populations du nord-ouest de Victoria et de Booth ont été réduites de moitié pour en exclure respectivement les caribous de Dolphin-et-Union et les caribous de la toundra.)
La meilleure estimation actuelle pour l’effectif total (faons inclus) de caribou de Peary est de 7 890 individus, et la plage d’estimations du nombre total de caribous, à partir des mesures d’erreur (soit erreur-type ou IC 95 p. 100) des recensements originaux avec les modifications décrites à la section Taille et tendances des populations est de 5 971 à 9 146.
Figure 18. Nombre de caribous adultes dans chaque population au moment du dernier recensement, sauf pour la péninsule de Booth, où il s’agit du nombre total d’individus (voir les sources de données dans le texte).
Tendances récentes de la population
Pour déterminer les tendances récentes de la population, on a comparé les estimations les plus récentes avec celles de 1980, ce qui représente de façon nominale trois générations de caribou (sept ans/génération = 21 ans). Les populations les plus récentes ont aussi été comparées à la première estimation indiquée, pour donner une mesure du changement par rapport aux niveaux historiques. Les données utilisées pour ces calculs sont présentées à l’annexe 1, tableaux 5 à 10 .
Les quatre populations de caribou de Peary ont toutes connu de graves déclins. Dans les cas où on disposait de séries chronologiques pluri-annuelles, on a vu que certains des déclins ont été plus ou moins graduels, de l’ordre de -5 p. 100 à -22 p. 100, sauf pour la population locale du complexe de l’île Bathurst. C’est en effet elle qui a connu, par deux fois (de 1973 et 1974 et de nouveau de 1994 à 1997), les déclins les plus marqués et les plus rapides. On a également documenté des augmentations pluri-annuelles dans les populations du complexe insulaire de Bathurst (de 1974 à 1994), de la péninsule de Booth (de 1975 à 1995) et de l’île Banks – nord-ouest de l’île Victoria (de 1998 à 2001), et dans le troupeau de Dolphin-et-Union (de 1980 à 1998). Ce dernier est apparemment passé de 3 424 têtes en 1980 à environ 27 800 en 1997, mais des doutes pèsent sur l’estimation de 1980; la population réelle pouvait être beaucoup plus élevée. Selon le savoir traditionnel autochtone, il y a aussi eu des augmentations avant les recensements scientifiques de la population de l’île Banks – nord-ouest de l’île Victoria et de la population du complexe Prince-de-Galles – Somerset et péninsule de Booth. La population de l’est des îles Reine-Élisabeth a également augmenté, d’après les Inuits de Resolute Bay et de Grise Fiord, mais n’a été recensée qu’en 1961.
Le caribou de Peary et le caribou de Dolphin-et-Union ont continué à décliner par rapport aux niveaux historiques (tableau 3). Les estimations actuelles de la population dans l’est des îles Reine-Élisabeth et la péninsule de Booth présentent une forte incertitude.
Population | Premier dénombrement | 1980 | 2001 | Changement depuis 1980 | Changement depuis le premier dénombrement |
---|---|---|---|---|---|
îles Reine-Élisabeth |
25 802
|
3 326
|
2 100
|
-37 %
|
-92 %
|
Banks/Nord-ouest de Victoria |
16 610
|
15 751
|
2 401
|
-85 %
|
-86 %
|
Prince-de-Galles – Somerset |
5 516
|
6 043
|
60
|
-99 %
|
-99 %
|
Booth |
556
|
3 022
|
3 329
|
10 %
|
498 %
|
Total - Peary |
48 484
|
28 142
|
7 890
|
-72 %
|
-84 %
|
Dolphin-et-Union |
100 000
|
3 424
|
27 786
|
712 %
|
-72 %
|
Les données proviennent de l’annexe 1, tableaux 5 à 10.
Menaces
Les caribous de Peary et de Dolphin-et-Union sont l’objet des menaces suivantes (tableau 4) :
- Une succession d’hivers rigoureux peut décimer les populations entre 1 et 3 ans. Le caribou de Peary a la capacité, par migration inter-insulaire, de recoloniser des territoires abandonnés.
- Les activités industrielles, dont l’exploration sismique et la navigation maritime, pourraient nuire à l’utilisation de l’habitat et à la migration inter-insulaire, pour le caribou de Peary, et à la migration entre les îles et le continent, pour le caribou de Dolphin-et-Union.
- Le changement climatique pourrait avoir des effets néfastes, dont une augmentation des accumulations de neige et de la variabilité de l’épaisseur et de la dureté de la neige. Ce dernier aspect est la plus grave menace pour le caribou de Peary, et pourrait mener à la disparition de la sous-espèce.
- Certaines populations pourraient être en dessous du « seuil de population efficace », en termes de diversité génétique, à cause des étranglements génétiques qui suivent les mortalités massives.
Conservation et rétablissement
- Après des déclins des populations, le rétablissement peut atteindre, chez le caribou de Peary, 19 p. 100 par an à court terme; à long terme (>10 ans), il est plutôt de l’ordre de 13 p. 100 s’il n’y a pas de mortalité massive due aux conditions météorologiques. De son côté, le troupeau de Dolphin-et-Union a augmenté à raison de 24 p. 100 par an sur de courtes périodes (p. ex. 1994–1997).
- En raison de la petite taille des populations et des différences génétiques et phénotypiques subspécifiques qui les séparent (et qui peuvent représenter des adaptations uniques à des environnements particuliers), il est impératif de conserver la totalité de la diversité génétique entre ces populations.
Autres évaluations de la situation
L’Union mondiale pour la nature a classé le caribou de Peary EN (en danger) en 1996, sur la base (1) de la baisse de population de 50 p. 100 au cours des 10 années précédentes, et (2) du fait que la population est inférieure de 2 500 et qu’on estime que le déclin se poursuivra à raison de 20 p. 100 dans les cinq ans à venir.
Détails de la page
- Date de modification :