Morse de l'Atlantique (Odobenus rosmarus rosmarus) programme de rétablissement : chapitre 1

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Le morse est un grand mammifère marin grégaire, qui se distingue de tous les autres mammifères marins par ses défenses, qui sont des canines supérieures hypertrophiées, et par sa moustache composée de vibrisses en aiguillons.Sa taille et son poids vont respectivement jusqu’à environ 315 cm et 1 100 kg chez le mâle, et jusqu’à 280 cm et 800 kg chez la femelle. Celle-ci atteint la maturité à l’âge de  5  à  10 ans, tandis que le mâle parvient à ce stade à l’âge de 7 à 13 ans. Le morse peut vivre au-delà de 35 ans.  

Le morse se nourrit surtout d’organismes vivant sur le fond marin, comme les myes et les oursins, mais on sait qu’il mange aussi à l’occasion des poissons, des encornets et même des phoques annelés et des phoques barbus. En matière d’habitat, les morses recherchent les eaux peu profondes (de 80 m tout au plus) dont le substrat de fond renferme une communauté productive de mollusques, la présence rassurante d’eaux libres au-dessus des aires d’alimentation et les échoueries, sur la glace ou la terre ferme à proximité, où ils peuvent se hisser, parfois en vastes troupeaux.

L’aire de répartition du morse de l’Atlantique s’étendait historiquement depuis le centre de l’Arctique canadien jusqu’à la mer de Kara (en Russie) vers l’est, à Svalbard au nord et à la Nouvelle-Écosse au sud. La population de morses de l’est de l’Arctique qui existe encore dans les eaux canadiennes (et qui a été subdivisée par le ministère des Pêches et des Océans (MPO) en quatre populations pour des raisons de gestion [COSEPAC 2006]) occupe la région qui s’étend depuis l’île de Bathurst et l’île du Prince-de-Galles, à l’ouest, au détroit de Davis, à l’est, et de la baie James, au sud, au bassin Kane, au nord. Une cinquième population de l’Atlantique Nord-Ouest occupait la région qui s’étend le long de la côte du Labrador jusqu’au golfe du Saint-Laurent, à Terre-Neuve et à la Nouvelle-Écosse. Le présent Programme de rétablissement repose sur la séparation des populations établie dans le rapport original du COSEPAC (sous presse), qui, aux fins de désignation, identifie deux populations canadiennes, soit une population canadienne de l’est de l’Arctique qui existe encore et une population de l’Atlantique Nord-Ouest qui est disparue du pays. C’est cette population de l’Atlantique Nord-Ouest qui est inscrite sur la Liste des espèces en péril (annexe 1 de la LEP) établie par le gouvernement fédéral et que vise le présent Programme de rétablissement.

La population de l’Atlantique Nord-Ouest, dont on pensait initialement qu’elle se chiffrait à des dizaines de milliers d’individus, a été lourdement exploitée pendant au moins cent ans aux XVIIe et XVIIIsiècles, si bien qu’elle avait disparu du pays dès la fin du XVIIIsiècle. La principale menace pour la population de morses encore existante est la chasse de subsistance pratiquée par les Autochtones. Le bruit et les perturbations dus aux navires, aux aéronefs et aux activités humaines, comme la prospection pétrolière et gazière, la contamination par les déversements d’hydrocarbures, l’empêtrement dans les engins de pêche et la perturbation ou la capture des proies, représentent des menaces possibles à une population de morses qui serait reconstituée dans le sud-est du Canada. Il est peu probable que la chasse nuirait à une population de l’Atlantique Nord-Ouest reconstituée.

Pour le moment, le rétablissement de la population de morses de l’Atlantique Nord-Ouest disparue du pays est jugéimpossible sur les plans tant technique que biologique. On observe épisodiquement des individus dans l’aire de répartition historique de l’espèce dans la région, qui proviennent probablement de la population de l’est de l’Arctique, au nord, mais ces individus égarés n’ont pas jusqu’ici contribué à un rétablissement naturel.Pour ce qui est de réintroduire des individus venant d’ailleurs afin d’établir une population viable, il y a peut-être un habitat convenable à cette fin, mais il serait nécessaire de réduire les interactions avec les humains par un choix d’endroits propices ou par une bonne gestion. Les menaces pourraient probablement être atténuées. Il n’est pas certain qu’on puisse prélever un nombre suffisant d’individus adultes dans les populations existantes pour soutenir la reconstitution de la population disparue. De plus, les problèmes que pose le transport d’animaux vivants des régions nordiques éloignées où ils se trouvent à d’autres régions éloignées situées dans le sud du Canada sont tels qu’ils rendent le rétablissement impossible sur le plan technique. Par ailleurs, il est peu probable que la reproduction en captivité soit une option viable pour contribuer à la reconstitution de la population.

Bien qu’il n’y ait pas eu de rétablissement à partir des individus ayant migré depuis la population contiguë de l’est de l’Arctique, il subsiste une faible possibilité de rétablissement par la migration naturelle. Les mesures de conservation axées sur le maintien de milieux marins sains dans le sud-est du Canada, associées aux interdictions de tuer des individus de la population visée ici, qui est considérée comme « disparue du pays » aux termes de la Loi sur les espèces en péril, ou de nuire à ces individus, viendraient accroître la possibilité d’un rétablissement naturel. La faisabilité d’un rétablissement sera réévaluée au besoin en fonction des changements dans les conditions ou les connaissances et systématiquement tous les cinq ans dans le cadre du rapport obligatoire sur la mise en œuvre du Programme de rétablissement.

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