Bouche coupante (Acrocheilus alutaceus) évaluation et rapport de situation du COSEPAC : chapitre 11

Importance de l'espèce

Le bouche coupante est une espèce endémique de l’Ouest du Canada et du nord-ouest pacifique des États-Unis, et c’est la seule espèce existante dans son genre. L’espèce n’est pas en péril à l’échelle mondiale. Du point de vue morphologique et écologique, le bouche coupante est unique au Canada parce que c’est la seule espèce de l’ouest exclusivement adaptée à un régime herbivore au stade adulte. Sur le plan écologique, il se distingue des Cyprinidés herbivores de l’est (par exemple le genre Campostoma) en raison de sa taille beaucoup plus grande, de sa lèvre inférieure en forme de ciseau et de son mode d’alimentation. Le bouche coupante a une fonction écologique particulière dans les cours d’eau qu’il occupe (c’est un herbivore benthique), mais d’autres espèces de poissons (par exemple, le meunier à grandes écailles, le meunier de l’ouest) pourraient jouer un rôle similaire, ce qui demeure un peu hypothétique. Il n’est pas clairement établi que le bouche coupante a une incidence clé sur le cycle des éléments nutritifs ou sur les interactions trophiques aux endroits où il est présent (par exemple, réduction de la biomasse des algues benthiques et des invertébrés).

Les populations canadiennes de bouche coupante vivant près de la périphérie de l’aire de répartition de l’espèce (par exemple, dans le bassin du Fraser) sont probablement un peu distinctes des populations de la partie sud (États-Unis) de l’aire de répartition sur le plan écologique et génétique. La répartition discontinue du bouche coupante (en particulier dans le cas des populations isolées du nord du bassin du Fraser) donne à penser que les populations septentrionales plus petites et de faible densité sont probablement uniques à la fois sur le plan génétique et écologique et qu’elles sont plus vulnérables aux effets des activités humaines ou aux perturbations naturelles dues à des événements stochastiques.

En général, le public connaît peu le bouche coupante parce que ce n’est pas une espèce sportive que l’on récolte; il n’y a donc pas de fortes pressions qui s’exercent pour ou contre la protection de cette espèce.

Les espèces qui ressemblent le plus au bouche coupante sont la sauvagesse du nord et le méné deux-barres. Comme ces trois espèces sont considérées comme des poissons communs et sont souvent dénigrées ou tuées par les pêcheurs à la ligne qui ne les apprécient pas, il serait utile d’éduquer le public pour faire apprécier aux pêcheurs à la ligne les caractéristiques biologiques uniques et fascinantes de cette espèce.

 

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