Terrassier à six lignes (Acantholumpenus mackayi) évaluation et rapport de situation du COSEPAC : chapitre 6

Biologie

Généralités

Le terrassier à six lignes est un poisson marin tolérant les habitats estuariens. Les jeunes passent probablement le début de leur vie à la dérive entre deux eaux, à l’état de larves planctoniques, avant de s’établir au fond pour se nourrir d’invertébrés benthiques (Ratinsky, 1983). L’espèce est adaptée aux eaux froides salines se trouvant sous la glace de mer en hiver ainsi qu’à la vie près des estuaires et dans l’eau de mer, dans l’halocline ou dans les couches en dessous. On ne connaît pas son degré de tolérance aux intrusions d’eaux douces et d’eaux diluées.

Les mâles vivent plus longtemps et deviennent plus gros que les femelles : ils atteignent environ 500 mm de long et vivent jusqu’à 16 ans, alors que les femelles atteignent 470 mm de long et vivent jusqu’à 14 ans. Dans le port de Tuktoyaktuk, les larves nouvellement écloses et les juvéniles mesurent entre 15,8 et 21,5 mm de long (Ratynski, 1983).

Reproduction

On a affirmé que les terrassiers à six lignes « cherchent » des eaux plus froides et plus salées pour se reproduire (Espèces en péril, 16 mai 2002). Par ailleurs, à Tuktoyaktuk, les terrassiers à six lignes frayent probablement en automne ou en hiver alors que les températures sont déjà faibles, que l’halocline est beaucoup moins profonde et que les eaux près de la surface sont plus salées qu’au printemps ou en été (périodes de crues du Mackenzie). Il reste à prouver que les individus de cette espèce cherchent activement des eaux plus froides et plus salées.

L’âge moyen de la reproduction chez le terrassier à six lignes se situe à environ 9,5 ans pour les mâles et les femelles (calcul extrapolé à partir de Hopky et Ratynski, 1983). En août, on a trouvé des femelles dont les ovules mesuraient de 1,0 à 1,4 mm de diamètre (McAllister, 1975), alors qu’en septembre, les ovules étaient presque parvenus à maturité (Ratynski, 1983).

La variation entre la taille des classes d’âge d’année en année (Hopky et Ratynski, 1983) aura une incidence sur la taille de la population et le recrutement. Une récolte effectuée en 1981 dans le port de Tuktoyaktuk a montré une dominance des classes d’âge de 3, de 6 et de 13 ans.

Tableau 2. Répartition des longueurs, par sexe, dans les diverses classes d’âge des sous-échantillons d’Acantholumpenus mackayi provenant des captures effectuées en 1981 dans le port de Tuktoyaktuk (Hopky et Ratynski, 1983)
Longueur (mm) 2 ans
I
3 ans
I
4 ans
I
4 ans
M
4 ans
F
6 ans
M
6 ans
F
7 ans
M
9 ans
F
10 ans
M
10 ans
F
11 ans
F
12 ans
M
13 ans
M
13 ans
F
14 ans
M
14 ans
F
15 ans
M
16 ans
M
0 à 25                                      
26 à 50                                      
51 à 75                                      
76 à 100 2                                    
101 à 125 1 3                                  
126 à 150   7                                  
151 à 175   4                                  
176 à 200   2 1                                
201 à 125     1                                
226 à 250     1   1   2                        
251 à 275       1   1 4                1        
276 à 300             9                        
301 à 325           4 2   1                    
326 à 350           5   1     1        2        
351 à 375           3                  1   3    
376 à 400           1   1   1       1 4   1    
401 à 425                       2      1        
426 à 450                   2       2 1 1      
451 à 475                         1 6 1 1   1  
476 à 500                         1 2   1     1

Survie

On ne sait rien sur les facteurs qui limitent la survie de l’espèce. 

Physiologie

Les caractéristiques physiologiques particulières de l’espèce sont inconnues, mais on suppose que ce poisson possède des adaptations physiologiques lui permettant de supporter des eaux froides et de survivre pendant de longues périodes sous la glace et dans l’obscurité en hiver. Sa présence près de régions où prévalent des conditions estuariennes donne à penser que l’espèce peut s’ajuster aux changements de salinité; cependant, sa répartition globale et les circonstances de sa capture indiquent qu’elle ne serait pas adaptée à la vie en eau douce.

Déplacements et dispersion 

La dispersion s’effectue probablement en réaction aux changements dans les gradients de salinité, de turbidité et de température sous l’eau ainsi qu’aux chargements de luminosité en été et d’obscurité en hiver. Ainsi, les poissons changent de profondeur, se déplaçant entre les eaux moins profondes et les eaux plus profondes selon les conditions. Schetninnikov (1983) et Houston (1988) ont défini le terrassier à six lignes comme une espèce non grégaire. Doug Chiperzak (comm. pers., 10 déc. 2001) pense que les déplacements font partie d’une migration entre les eaux plus profondes et moins profondes. 

Alimentation et interactions interspécifiques 

Lacho (1991) a trouvé les organismes suivants dans des estomacs de terrassiers à six lignes (en ordre décroissant d’occurrence) :

Nombre de poissons anadromes ou estuariens fréquentent les eaux peu profondes où les terrassiers à six lignes migrent. Les poissons marins qui occupent l’habitat benthique constituant le principal milieu de vie des terrassiers à six lignes comprennent les suivants :

Toutes ces espèces tolèrent les conditions de vie des estuaires, mais les quatre dernières sont plus souvent associées aux habitats benthiques. On présume qu’elles recherchent toutes les parties les plus salines des estuaires, en particulier dans l’halocline et les couches en dessous.

Comportement et adaptabilité

À part leurs rassemblements en agrégats et leurs déplacements sur les sédiments meubles du fond, on possède peu d’information sur le comportement des terrassiers à six lignes. Les gros terrassiers à six lignes ont une tête relativement grosse, à museau élevé et à lèvres épaisses qui donnent à penser qu’ils ont des comportements spéciaux de reproduction, de recherche de nourriture ou de compétition. Leurs yeux sont gros et bien en évidence, ce qui pourrait leur être utile dans la lumière tamisée des couches sous l’halocline pendant les périodes où les eaux de surface sont couvertes de glace ou troublées par l’apport de limon fluvial. Par contre, certaines espèces spécialisées de terrassiers adaptées à la vie dans la zone intertidale ou dans les rochers de la zone sublittorale ont un aspect physique indiquant qu’elles sont de meilleures nageuses (p. ex. Lumpenus sagitta; Peden, obs. pers. – voir aussi les comptes rendus sur cette espèce dans Hart [1973] et Mecklenburg [2002]).

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