Tortue de l'ouest (Clemmys marmorata) évaluation et rapport de situation du COSEPAC : chapitre 2

COSEPAC Résumé

Tortue de l'Ouest
Clemmys marmorata

Information sur l'espèce

La tortue de l'Ouest (Clemmys marmorata) est l'une des quatre espèces du genre Clemmys, de la famille des Émydidés. L'espèce elle-même est subdivisée en deux sous-espèces : une sous-espèce septentrionale, le C. m. marmorata, et une sous-espèce méridionale, le C. m. pallida. Sa dossière olive, brun foncé ou noire, plus ou moins marbrée, atteint une longueur de 9 à 18 cm chez les adultes. Le plastron est jaunâtre avec des taches foncées, et la peau, grise. Les jeunes se distinguent des adultes par leur dossière carénée et leur queue relativement plus longue. (Voir la note sur les éventuels changements taxinomiques à la section « Information sur l'espèce »).

Répartition

L'aire de répartition historique du Clemmys marmorata s'étendait sur l'ensemble de la côte Ouest de l'Amérique du Nord depuis le Sud de la Colombie-Britannique jusqu'en Basse-Californie, et, à l'intérieur des terres, jusqu'au Nevada. Aujourd'hui, l'aire de répartition de l'espèce se limite à la côte de la Californie et de la Basse-Californie, avec, dans l’intérieur, quelques populations isolées dans le Washington, l'Oregon et le Nevada, et le long de la rivière Mojave en Californie. On n'a plus observé la tortue de l'Ouest au Canada depuis 1959.

Habitat

Le C. marmorata, espèce avant tout riveraine, fréquente les cours d'eau à débit lent, les grandes rivières, les faux chenaux et parfois les eaux saumâtres. On le trouve dans des masses d’eau à fond aussi bien rocheux que boueux, et il préfère les endroits renfermant une végétation émergente. Quand il est exposé aux sécheresses saisonnières qui frappent dans certaines portions de son aire de répartition, il arrive apparemment à survivre en migrant vers les étangs et en estivant dans la boue. La tortue de l’Ouest aménage ses nids dans des lieux secs et dégagés, et hiverne tant dans les zones boisées que sous l'eau.

Biologie

L'espèce atteint la maturité vers l'âge de 8 à 10 ans, ou lorsque sa dossière atteint une longueur de 13,5 à 14 cm. La ponte a lieu entre mai et août; il arrive que les nouveau-nés issus de couvées pondues tard dans la saison hivernent ou que les embryons entrent en diapause jusqu'au retour de conditions favorables au printemps suivant. La tortue de l'Ouest se nourrit de toutes sortes d'aliments d'origine végétale ou animale, et même de charogne. Son âge maximal varie énormément selon les estimations, mais elle peut certainement vivre plus de 20 ans à l'état sauvage.

Taille et tendances des populations

La tortue de l'Ouest était peut-être commune dans les étangs et les lacs du Sud de la Colombie-Britannique et de l'île de Vancouver au milieu du XIXe siècle, mais on ne l'a plus vue au Canada depuis 1959. À la suite d'un projet intensif de rétablissement d'une durée de 10 ans, les populations de l’État de Washington ne totalisent pourtant aujourd'hui que de 450 à 500 individus. Les populations de l'Oregon, qui ont chuté à moins de 10 p. 100 de leur effectif original, sont estimées à 2 000 individus au total. On ne possède par ailleurs aucune estimation des populations pour cette espèce en Californie ou en Basse-Californie, et on pense qu'elle a disparu du Nevada.

Facteurs limitatifs et menaces

L'espèce, comestible, a fait l'objet d'une récolte commerciale massive à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle, ce qui a entraîné un déclin prononcé de l'effectif total. Ses habitats ont depuis été altérés ou détruits par suite de l’exploitation agricole et urbaine, phénomène qui persiste encore de nos jours en Amérique du Nord. Dans les populations de l’État de Washington, le recrutement est fortement entravé par la prédation soutenue des jeunes par le ouaouaron (espèce introduite originaire de l'Est de l'Amérique du Nord) et par le raton laveur.

Importance de l'espèce

Le Clemmys marmorata est la seule espèce du genre Clemmys présente dans l'Ouest de l'Amérique du Nord (Ernst et al., 1994). Les trois autres espèces de Clemmys (la tortue des bois, Clemmys insculpta, la tortue de Muhlenberg, Clemmys muhlenbergii et la tortue ponctuée, Clemmys guttata) sont, à des degrés divers, également menacées de disparition au Canada ou aux États-Unis.

Protection actuelle et autres statuts

Le C. marmorata figure sur la liste rouge de l'Union mondiale pour la nature à titre d'espèce vulnérable (site Web de l’UICN). L'espèce est également considérée comme préoccupante (special concern) aux États-Unis en vertu de la Endangered Species Act (site Web du USFWS). Elle est désignée menacée (threatened) dans l’État de Washington, vulnérable (sensitive) en Oregon et préoccupante (special concern) en Californie. Elle pourrait par ailleurs avoir disparu du Nevada, et figure sur la liste rouge de la Colombie-Britannique à titre d'espèce disparue.

Mandat du COSEPAC

Le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) détermine le statut, au niveau national, des espèces, des sous-espèces, des variétés et des populations sauvages  canadiennes importantes qui sont considérées comme étant en péril au Canada. Les désignations peuvent être attribuées à toutes les espèces indigènes des groupes taxinomiques suivants : mammifères, oiseaux, reptiles, amphibiens, poissons, lépidoptères, mollusques, plantes vasculaires, mousses et lichens.

Composition du COSEPAC

Le COSEPAC est composé de membres de chacun des organismes fauniques des gouvernements provinciaux et territoriaux, de quatre organismes fédéraux (Service canadien de la faune, Agence Parcs Canada, ministère des Pêches et des Océans, et le Partenariat fédéral sur la biosystématique, présidé par le Musée canadien de la nature), de trois membres ne relevant pas de compétence, ainsi que des coprésident(e)s des sous-comités de spécialistes des espèces et des connaissances traditionnelles autochtones. Le Comité se réunit pour étudier les rapports de situation des espèces candidates.

Définitions

Espèce
Toute espèce, sous-espèce, variété ou population indigène de faune ou de flore sauvage géographiquement définie.

Espèce disparue (D)
Toute espèce qui n’existe plus.

Espèce disparue du Canada (DC)
Toute espèce qui n’est plus présente au Canada à l'état sauvage, mais qui est présente ailleurs.

Espèce en voie de disparition (VD)Note de bas de pagea
Toute espèce exposée à une disparition ou à une extinction imminente.

Espèce menacée (M)
Toute espèce susceptible de devenir en voie de disparition si les facteurs limitatifs auxquels elle est exposée ne sont pas renversés.

Espèce préoccupante (P)Note de bas de pageb
Toute espèce qui est préoccupante à cause de caractéristiques qui la rendent particulièrement sensible aux activités humaines ou à certains phénomènes naturels.

Espèce non en péril (NEP)Note de bas de pagec
Toute espèce qui, après évaluation, est jugée non en péril.

Données insuffisantes (DI)Note de bas de paged
Toute espèce dont le statut ne peut être précisé à cause d’un manque de données scientifiques.

 

Le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) a été créé en 1977, à la suite d’une recommandation faite en 1976 lors de la Conférence fédérale-provinciale sur la faune. Le comité avait pour mandat de réunir les espèces sauvages en péril sur une seule liste nationale officielle, selon des critères scientifiques. En 1978, le COSEPAC (alors appelé CSEMDC) désignait ses premières espèces et produisait sa première liste des espèces en péril au Canada. Les espèces qui se voient attribuer une désignation lors des réunions du comité plénier sont ajoutées à la liste.

 

Service canadien de la faune

Le Service canadien de la faune d’Environnement Canada assure un appui administratif et financier complet au Secrétariat du COSEPAC.

 

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