Crapet rouge (Lepomis auritus) évaluation et rapport de situation du COSEPAC : chapitre 3

Information sur l'espèce

Nom et classification

Classe

Actinopterygii

Ordre

Perciformes

Famille

Centrarchidae

Genre

Lepomis

Espèce

Lepomis auritus (Linnaeus, 1758)

Nom commun

Français

crapet rouge (Scott et Crossman, 1998)

Anglais

redbreast sunfish (Nelson et al., 2004)

Autres noms

Yellowbelly sunfish, longear sunfish, redbreast bream

Description morphologique

Le crapet rouge (figure 1) est un poisson relativement petit au corps haut et latéralement comprimé. Selon Scott et Crossman (1998), sa longueur totale (LT) varie de 130 à 180 mm.

Figure 1. Crapet rouge (Lepomis auritus) mâle adulte du lac Oromocto (N.-B.), 2005. Canadian Rivers Institute (CRI) - Freshwater Fishes of New Brunswick; en anglais seulement.

Figure 1. Crapet rouge (Lepomis auritus) mâle adulte du lac Oromocto (N.B.), 2005.www.unb.ca/cri - Freshwater Fishes of New Brunswick; en anglais seulement.

Sa couleur varie de l’olive foncé au brun-bronze sur le dos, pâlit sur les flancs et devient jaune ou rouge sur le ventre, d’où le nom crapet rouge. Les flancs présentent habituellement des taches rougeâtres et des rayures bleuâtres (McClane, 1978; Scott et Crossman, 1998; Schultz, 2004). Le crapet rouge possède deux nageoires dorsales unies, la première à rayons épineux et la seconde à rayons mous. Les nageoires pectorales sont hautes sur les flancs, sont courtes et présentent des bords arrondis (Schultz, 2004; Scott et Crossman, 1998). Il se distingue des autres crapets par ses volets operculaires longs et étroits (pas plus larges que les yeux) sans bordure colorée. Cette apparence est caractéristique des adultes, mais il est souvent impossible de distinguer les jeunes de moins de 5 cm de longueur (habituellement les jeunes de l’année ou d’un an, voir figure 6) des crapets-soleil (Lepomisgibbosus) de la même taille (Scott et Crossman, 1998; Schultz, 2004).

Description génétique

On ignore la structure génétique des populations du crapet-soleil au Canada.

Unités désignables 

Au Canada, les seules populations de crapets rouges se trouvent dans le sud-ouest du Nouveau-Brunswick. On ignore la structure des populations, et aucune observation n’appuie l’identification d’une unité désignable de niveau inférieur à l’espèce.

Admissibilité 

Selon Gilbert (rapport inédit du United States Geological Survey), l’aire de répartition naturelle du crapet rouge se restreint essentiellement à la côte atlantique, depuis la rivière Penobscot, au Maine, jusqu’à la péninsule de la Floride, et l’espèce aurait été introduite au Nouveau-Brunswick. Nelson et al. (2004) ont aussi soulevé la possibilité que l’espèce ne soit pas indigène au Nouveau-Brunswick, mais sans présenter de données ou de références à l’appui, ni se pencher davantage sur la question. À cet égard, l’argumentation de Gilbert repose sur les points suivants : 1) Kendall (1914) a donné comme limite nord de l’aire de répartition les réseaux hydrographiques des rivières Penobscot, Kennebec et Androscoggin, au Maine, 2) il y a confusion quant à l’identité du crapet dans le rapport de Cox (1896), et 3) l’espèce n’a pas été trouvée en Nouvelle-Écosse (Livingstone, 1953) – si l’espèce était indigène au Nouveau-Brunswick, on pourrait s’attendre à la trouver en Nouvelle-Écosse.

Gilbert, toutefois, se trompe en affirmant que l’ouvrage de Kendall (1914) donne le Maine comme limite nord de l’aire de répartition de l’espèce. En effet, l’ouvrage indique clairement « du Nouveau-Brunswick à la Floride et à la Louisiane, abondant à l’est des montagnes Allegheny »[traduction]) (Kendall, 1915: 50). Selon Scott et Crossman (1959 et 1998), l’enregistrement de l’espèce au Nouveau-Brunswick effectué par Cox (1896) pourrait être erroné et correspondre plutôt au Lepomis gibbosus plus commun. Ils considèrent un individu capturé dans la rivière Canaan en 1948 comme le premier enregistrement fiable, sans préciser s’il s’agit de la limite nord de l’aire de répartition indigène ou si l’espèce a été introduite au Nouveau-Brunswick. Houston (1990) considérait apparemment l’espèce comme indigène au Nouveau-Brunswick; la question a été soulevée lorsque le COSEPAC a évalué l’espèce à sa réunion d’évaluation des espèces en avril 1989 et l’a acceptée comme indigène au Nouveau-Brunswick (R. Campbell, coprésident du Sous-comité de spécialistes des poissons d'eau douce du COSEPAC, Ottawa, comm. pers.). Enfin, il n’y a aucune raison de s’attendre à ce qu’une espèce soit présente en Nouvelle-Écosse simplement parce qu’elle l’est au Nouveau-Brunswick.

La question de l’origine des populations à la périphérie de l’aire de répartition de l’espèce est difficile à résoudre. Dans l’est du pays, très peu de campagnes d’échantillonnage ont été menées dans les premières décennies du XXe siècle pour vérifier l’exactitude des premiers enregistrements notés par des scientifiques comme Cox (1896) ou Kendall (1914). Il n’est donc pas surprenant de ne pas avoir d’enregistrement du crapet rouge ayant fait l’objet d’une vérification, au Nouveau-Brunswick, avant 1948 (Scott et Crossman, 1959 et 1998). S’ajoutent à la confusion, la rareté naturelle de l’espèce, le manque d’intérêt qu’elle suscite et sa confusion possible avec le crapet-soleil plus commun (Houston, 1990). La réponse à la question à savoir si la population canadienne est indigène ou introduite dépend de son aire de répartition indigène dans les États américains adjacents, surtout le Maine. Schmidt (1986), dans sa synthèse de la zoogéographie des poissons d’eau douce du nord des Appalaches, a traité l’espèce comme étant indigène jusque dans le réseau fluvial de la rivière Saint-Jean au nord, ce qui correspond à l’étude de Kendall (1914). Cette répartition est logique au plan zoogéographique étant donné l’existence d’un refuge côtier dans le nord-est (Schmidt, 1986), laquelle explique la présence dans la région d’un certain nombre d’espèces de poissons qui n’auraient pu s’y établir par dispersion (D. E. McPhail, University of British Columbia, Vancouver, C.-B., comm. pers.).

En conclusion, le crapet rouge est une espèce reconnue (Nelson et al., 2004), et rien n’indique qu’il aurait été introduit au Nouveau-Brunswick où il forme des populations reproductrices connues à au moins 15 endroits éloignés les uns des autres.

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