Potamot de Hill (Potamogeton hillii) évaluation et rapport de situation du COSEPAC : chapitre 7

Taille et tendances des populations

Selon le Natural Heritage Information Centre (CIPN) de l’Ontario, le potamot de Hill a été observé dans vingt-quatre sites (annexe 1), dont neuf nouveaux, depuis la publication du dernier rapport de situation (Brownell, 1986). On pense que l’espèce a disparu de deux sites : Little Eagle Harbour (site  22) sur la péninsule Bruce et St. Thomas (site nº 03) dans le comté d’Elgin. Une visite à Little Eagle Harbour a permis de confirmer l’absence d’habitat adéquat dans la région.

Une mention erronée provenait du lac Fish dans les comtés de Lennox et d’Addington. L’espèce a d’abord été identifiée comme Potamogeton hillii par M. Bristow en 1979, puis comme P. pusillus var. pusillus par Brownell et Catling en 1982 (Brownell, 1986).

Les 20 sites mentionnés dans la base de données du CIPN ont été visités durant une période de cinq jours, soit du 18 au 23 août 2003. Chacun a été prospectés pendant une demi-heure ou une heure, selon la taille du marais ou du ruisseau. Une espèce qui semblait être du potamot de Hill a été trouvée dans 12 sites. Des échantillons ont été récoltés, mais huit d’entre eux n’ont pas produit de fruit, ce qui a diminué la certitude concernant l’identification. Le Dr Paul Catling d’Agriculture et Agroalimentaire Canada (DAO) a examiné les échantillons et ceux qui ont produit des fruits ont été placés dans l’Herbier des plantes vasculaires d’Agriculture et Agroalimentaire Canada à Ottawa (dont l’acronyme officiel est DAO).

Tout comme de nombreuses plantes aquatiques, le potamot de Hill pousse en touffes épaisses d’individus entrelacés, ce qui rend le dénombrement extrêmement difficile en l’absence d’un échantillonnage destructif. Comme l’indique le site Web de NatureServe (2005) :

Les populations peuvent être difficiles à surveiller en raison de leur habitat aquatique, surtout si elles sont grandes. Des clones individuels peuvent couvrir une surface de 0,5 mètre de diamètre et, s’ils sont nombreux, la distinction peut se révéler difficile, voire impossible.

Les chiffres fournis au sujet des populations ne représentent donc que des estimations du nombre d’individus, surtout si l’on tient compte que seul un échantillon in situ était disponible dans une petite touffe de 10 x 10 cm, dans laquelle on peut compter 20 individus différents (site nº 06). L’extrapolation de ce chiffre donnerait 2 000 individus par touffe de 1 m². Dans tous les autres sites où l’espèce a été trouvée, la taille de la population a été calculée en estimant le nombre de mètres carrés de la zone. Les estimations constituent donc des chiffres grossiers, puisqu’il pourrait y avoir un écart de densité de plus ou moins 30 à 50 p. 100. Le fait que l’espèce pousse en relation avec d’autres potamots semblables, qu’il serait difficile de différencier à moins que chaque spécimen porte des fruits, peut aussi expliquer l’incertitude des chiffres avancés.

Comme aucune plante fructifère n’a été trouvée dans certains sites, les chiffres relatifs aux populations confirmées, c’est-à-dire dont l’identification est certaine, sont présentés séparément de ceux des populations soupçonnées, c’est-à-dire dont l’identification est incertaine en raison de l’absence de fruits. On a avancé un chiffre de 55 000 individus confirmés de potamot de Hill dans quatre sites (selon les collectes de Makkay), occupant une superficie de 17,7 ha, et de 64 600 individus soupçonnés, occupant une superficie de 2 ha. La population totale de tous les sites s’élève à 119 600 individus, qui occupent environ 19,7 ha de marais, de ruisseaux et d’étangs. On pourra consulter l’annexe 1 pour obtenir les chiffres propres à chaque site. De l’information supplémentaire au sujet du site nº 04 est devenue disponible après la rédaction de ce rapport en raison d’une visite effectuée sur le terrain le 2 octobre 2003 par un employé du ministère des Richesses naturelles de l’Ontario : un grand nombre de plantes fructifères ont été observées dans la partie est du lac, mais aucune tentative de dénombrement n’a été faite comme telle. On comptait donc cinq sites connus en 2003. La superficie supplémentaire du site nº 04 dans lequel l’employé du Ministère a observé les plantes fructifères vient ajouter 7,5 ha à la zone d’occupation totale, qui passe à environ 27 ha.

Parmi les huit sites où l’espèce n’a pas été trouvée, on doutait, dans trois cas (15, 20, 21), que l’endroit prospecté était bien celui où l’espèce avait été signalée auparavant. Dans les cinq autres sites (01, 05, 08, 12, 13), les rapports précédents dataient tous d’au moins 20 ans. Les causes du déclin ou de la disparition peuvent inclure la concurrence d’autres espèces, particulièrement l’Elodea canadensis, des modifications à l’habitat ou la perte de celui-ci. On ne connaît pas les facteurs qui pourraient avoir une incidence sur la population, puisqu’on sait peu de chose à propos de la biologie de l’espèce.

Il est difficile de dégager des tendances générales à long terme des populations de potamot de Hill. L’espèce a longtemps passée inaperçue, comme c’est le cas de nombreuses plantes aquatiques, et la plupart des activités de documentation de son occurrence remontent à plusieurs décennies. À part la récolte réalisée par Macoun en 1901, la première mention provient du comté d’Elgin en 1951 (site nº 03). Vingt-et-un sites ont été découverts depuis 1974; peu d’entre eux ont depuis été visités de façon régulière.

En 1983, C. B. Hellquist a entamé une recherche systématique du potamot de Hill (spécimens cités dans Brownell, 1986) et trouvé 10 sites sur la péninsule Bruce et l’île Manitoulin (sites nos 01, 02, 04, 05, 07, 09, 10, 11, 12, 13). Tous ces sites ont été visités en 2003. On a confirmé la présence de l’espèce dans l’un d’entre eux (nº 10) et récolté des spécimens stériles dans quatre autres (nos 02, 04, 07, 09). On a trouvé un habitat adéquat dans tous les sites sauf un, qui semblait avoir été dégradé par du bétail (nº 12).

Selon les résultats obtenus lors des recherches sur le terrain, il semble évident que le potamot de Hill connaît un déclin, malgré le peu de changements survenus dans son habitat. La répartition des espèces aquatiques tend toutefois à être dynamique (données inédites provenant d’un projet de cinq ans réalisé par l’auteur Lynn Gillespie du Musée canadien de la nature, qui avait pour but de surveiller les lots permanents de plantes aquatiques dans la rivière Rideau à Ottawa). On ignore au juste si les populations de potamots de Hill ont tendance à fluctuer. Une surveillance régulière à long terme serait nécessaire pour répondre à cette question.

D’autres sites qui semblaient être des habitats adéquats pour l’espèce ont aussi été prospectés, surtout le long de l’escarpement du Niagara. Deux récoltes d’une espèce de potamot semblable au Potamogeton hillii ont été faites, mais aucune n’a produit de fruit, ce qui a rendu l’identification impossible à confirmer. La première récolte provenait de la rivière Styx, à l’est de l’autoroute 6, et la seconde de la rivière Mallet, au nord de l’autoroute 9.

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