Antennaire stolonifère (Antennaria flagellaris) évaluation et rapport de situation du COSEPAC : chapitre 2

COSEPAC Résumé

Antennaire stolonifère
Antennaria flagellaris

Information sur l’espèce

La présence de l’Antennaria flagellaris au Canada a été signalée dans une publication pour la première fois en 1998. La plante est vivace quelques années et se propage au moyen de stolons à partir d’une souche à racines fasciculées. Les stolons peuvent mesurer jusqu’à 10 cm de longueur, et les quelques tiges florifères centrales, jusqu’à 3,5 cm de hauteur. Les feuilles basilaires présentent une pubescence laineuse-soyeuse. Elles sont nombreuses, contrairement aux feuilles caulinaires. Le capitule est terminal et entièrement constitué de fleurs soit pistillées, soit staminées. Le fruit est un akène.

Répartition

Au Canada, l’Antennaria flagellaris n’a été vu que dans la vallée de la Similkameen, au sud-ouest de Princeton, dans le sud-ouest de la Colombie-Britannique. L’aire de répartition de l’Antennaria flagellaris s’étend depuis le sud-ouest de la Colombie-Britannique jusqu’à l’Idaho, le Wyoming, le Nevada et la Californie, dans l’ouest des États-Unis. Le site connu situé le plus près des populations de Colombie-Britannique se trouve à environ 190 km au sud, dans le centre du Washington, le long de la rivière Naches.

Habitat

Les sites de l’A. flagellaris sont caractérisés par une steppe arbustive dominée par l’Artemisia tridentata (armoise tridentée), où poussent également des sujets éparpillés de Pinus ponderosa (pin ponderosa) et de Pseudotsuga menziesii (douglas). L’espèce pousse sur des versants exposés au sud, érodés et instables, à pente de 20 à 30 p. 100, constitués de sols calcaires limono-graveleux ou sablo-graveleux. Les sites sont situés uniquement sur des sols de la série Roany et sont caractérisés par un suintement saisonnier; ils sont saturés par les eaux souterraines en hiver et s’assèchent en été. Aucune espèce non indigène n’est présente dans ces sites.

Biologie

L’Antennaria flagellaris est une plante vivace quelques années, dioïque (les fleurs mâles et femelles sont sur des pieds différents), pollinisée par le vent. Le fruit est un akène à graine unique; les nombreuses soies de l’akène mûr facilitent sa dispersion par le vent. L’espèce produit des graines par reproduction sexuée allogame. Elle peut également se multiplier par voie végétative, au moyen de stolons qui donnent naissance à des plantules filles.

Taille et tendances des populations

Il y a trois populations d’Antennaria flagellaris dans la vallée de la rivière Similkameen, au sud de Princeton, en Colombie-Britannique, le long d’un tronçon de 3,2 km de route. Elles occupent une superficie d’environ 2 200  et comptent à peu près un million d’individus.

Facteurs limitatifs et menaces

Les trois populations canadiennes d’A. flagellaris sont situées sur deux terrains privés faisant partie de la Réserve de terres agricoles (RTA), dans un rayon de 5 km de Princeton. Récemment, la région a connu une augmentation de la construction domiciliaire, et on peut penser que des demandes pourraient éventuellement être faites pour soustraire ces terrains à la RTA. De plus, comme les sols de la série Roany ne conviennent pas très bien à l’agriculture, cela pourrait faciliter le retrait de ces terrains de la RTA. Ces dernières années, de nombreuses parcelles de la RTA, dans le sud de la Colombie-Britannique, ont été converties en lotissements résidentiels, en centres commerciaux et en terrains de golf. Les pressions du développement risquent de se matérialiser dans un avenir très proche. À l’heure actuelle, certaines des activités qui sont permises dans la RTA peuvent également menacer la persistance de l’espèce. En outre, toute forme d’aménagement modifiant même légèrement le niveau des eaux souterraines peut être dévastateur pour l’espèce. Le projet d’exploitation du méthane de gisements houillers pourrait perturber l’hydrologie des eaux souterraines. On a observé des signes de l’utilisation récréative de véhicules tout-terrain à proximité des sites. Ce genre d’activité pourrait suffisamment perturber l’habitat pour le rendre inhospitalier pour l’A. flagellaris mais accueillant pour des espèces envahissantes.

Importance de l’espèce

Les versants d’argile calcaire suintants occupés par l’A. flagellaris constituent un milieu unique dans la région de Princeton. En outre, comme ils ne sont pas encore envahis par des espèces introduites, ils constituent un milieu relativement vierge. De plus, les populations d’A. flagellaris sont uniques en raison de leur position périphérique, à la limite nord de la répartition de l’espèce. Les populations périphériques peuvent présenter, par rapport aux populations centrales, des différences morphologiques ou génétiques ayant une importance évolutive et écologique pour l’espèce.

Protection actuelle ou autres désignations

À l’échelle de la province, le Centre de données sur la conservation a attribué à l’Antennaria flagellaris la cote S1, la catégorie de risque la plus élevée, et l’espèce figure sur la liste rouge du ministère de la Gestion durable des ressources de la Colombie-Britannique. À l’heure actuelle, aucune loi provinciale portant spécifiquement sur les espèces en péril ne protège les plantes vasculaires de Colombie-Britannique auxquelles cette catégorie a été attribuée. Cependant, les populations d’A. flagellaris sont en partie protégées contre certains types d’aménagement des terres du fait qu’elles se trouvent sur des terrains privés faisant partie de la Réserve de terres agricoles. La vocation avant tout agricole de ces terrains est reconnue, mais, comme les activités intensives n’y sont pas interdites, celles-ci risquent d’être incompatibles avec les besoins de l’A. flagellaris en matière d’habitat.

Historique du COSEPAC

Le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) a été créé en 1977, à la suite d’une recommandation faite en 1976 lors de la Conférence fédérale-provinciale sur la faune. Le Comité a été créé  pour satisfaire au besoin d’une classification nationale des espèces sauvages en péril qui soit unique et officielle et qui repose sur un fondement scientifique solide. En 1978, le COSEPAC (alors appelé Comité sur le statut des espèces menacées de disparition au Canada) désignait ses premières espèces et produisait sa première liste des espèces en péril au Canada. En vertu de la Loi sur les espèces en péril (LEP) promulguée le 5 juin 2003, le COSEPAC est un comité consultatif qui doit faire en sorte que les espèces continuent d’être évaluées selon un processus scientifique rigoureux et indépendant.

Mandat du COSEPAC

Le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) évalue la situation, à l’échelle nationale, des espèces, sous-espèces, variétés ou autres unités désignables qui sont considérées comme étant en péril au Canada. Les désignations peuvent être attribuées aux espèces indigènes et incluant les groupes taxinomiques suivants : mammifères, oiseaux, reptiles, amphibiens, poissons, arthropodes, mollusques, plantes vasculaires, mousses et lichens.

Composition du COSEPAC

Le COSEPAC est formé de membres de chacun des organismes provinciaux et territoriaux responsables des espèces sauvages, de quatre organismes fédéraux (Service canadien de la faune, Agence Parcs Canada, ministère des Pêches et des Océans et Partenariat fédéral en biosystématique, présidé par le Musée canadien de la nature) et de trois membres ne relevant pas de compétence, ainsi que des coprésidents des sous-comités de spécialistes des espèces et du sous-comité de connaissances traditionnelles autochtones. Le Comité se réunit pour examiner les rapports de situation sur les espèces candidates.

Définitions (depuis mai 2004)

Espèce
Toute espèce, sous-espèce, variété ou population indigène de faune ou de flore sauvage géographiquement ou génétiquement distincte.

Espèce disparue (D)
Toute espèce qui n’existe plus.

Espèce disparue du pays (DP)*
Toute espèce qui n’est plus présente au Canada à l'état sauvage, mais qui est présente ailleurs.

Espèce en voie de disparition (VD)**
Toute espèce exposée à une disparition ou à une extinction imminente.

Espèce menacée (M)
Toute espèce susceptible de devenir en voie de disparition si les facteurs limitatifs auxquels elle est exposée ne sont pas inversés.

Espèce préoccupante (P)***
Toute espèce qui est préoccupante à cause de caractéristiques qui la rendent particulièrement sensible aux activités humaines ou à certains phénomènes naturels.

Espèce non en péril (NEP)****
Toute espèce qui, après évaluation, est jugée non en péril.

Données insuffisantes (DI)*****
Toute espèce dont le statut ne peut être précisé à cause d’un manque de données scientifiques.

* Appelée « espèce disparue du Canada » jusqu’en 2003.
** Appelée « espèce en danger de disparition » jusqu’en 2000.
*** Appelée « espèce rare » jusqu’en 1990, puis « espèce vulnérable » de 1990 à 1999.
**** Autrefois « aucune catégorie » ou « aucune désignation nécessaire ».
***** Catégorie « DSIDD » (données insuffisantes pour donner une désignation) jusqu’en 1994, puis « indéterminé » de 1994 à 1999.

Le Service canadien de la faune d’Environnement Canada assure un appui administratif et financier complet au Secrétariat du COSEPAC.

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