Puffin à pieds roses (Ardenna creatopus) : évaluation et rapport de situation du COSEPAC 2016

Photo d’un Puffin à pieds roses (Ardenna creatopus) posé sur l’eau (vue latérale)
Photo : Puffin à pieds roses © David F. Fraser, 2016

En voie de disparition
2016

Table des matières

Liste des figures

  • Figure 1a. Puffin à pieds roses (Ardenna creatopus) à la colonie de l’île Mocha (photo prise par Peter Hodum).
  • Figure 1b. Puffin à pieds roses en mer au large de la Colombie-Britannique (vue ventrale) (photo prise par Ben Lascelles, reproduite avec sa permission).
  • Figure 2. Répartition mondiale du Puffin à pieds roses (Ardenna creatopus) (à l’est de la ligne), selon des cartes de BirdLife International (2003). 1 – colonie de l’île Mocha, 2 – colonies de l’archipel Juan Fernández (îles Robinson Crusoe et Santa Clara). L’espèce est aussi régulièrement signalée en Nouvelle-Zélande (non représentée ici; répartition inconnue jusqu’à cet endroit). Source des données : BirdLife International et NatureServe (2015). Carte dressée par Alain Filion, du COSEPAC.
  • Figure 3. Répartition canadienne du Puffin à pieds roses au large de la Colombie-Britannique, selon les observations des relevés en mer des oiseaux de mer d’Environnement et Changement climatique Canada effectués dans la période 1981-2015 et les observations versées dans eBird dans la période 1968-2015. La ligne pointillée indique les limites des eaux canadiennes. Carte dressée par Alain Filion, du COSEPAC.

Liste des annexes

  • Annexe 1. Tableau d’évaluation des menaces

Information sur le document

COSEPAC
Comité sur la situation
des espèces en péril
au Canada

Logotype du COSEPAC

COSEWIC
Committee on the Status
of Endangered Wildlife
in Canada

Les rapports de situation du COSEPAC sont des documents de travail servant à déterminer le statut des espèces sauvages que l’on croit en péril. On peut citer le présent rapport de la façon suivante :

COSEPAC. 2016. Évaluation et Rapport de situation du COSEPAC sur le Puffin à pieds roses (Ardenna creatopus) au Canada. Comité sur la situation des espèces en péril au Canada. Ottawa. xiv + 50 p. (Registre public des espèces en péril site Web).

Rapport(s) précédent(s) :

COSEPAC. 2004. Évaluation et Rapport de situation du COSEPAC sur le Puffin à pieds roses (Puffinus creatopus) au Canada. Comité sur la situation des espèces en péril au Canada. Ottawa. vii + 26 p. (Registre public des espèces en péril site Web).

Note de production :

Le COSEPAC remercie Louise Blight, Peter Hodum et Matt Fairbarns d’avoir rédigé le rapport de situation sur le Puffin à pieds roses (Ardenna creatopus) au Canada, qui a été préparé avec le soutien financier d’Environnement et Changement climatique Canada. La supervision et la révision du rapport ont été assurées par Jon McCracken, coprésident du Sous-comité de spécialistes des oiseaux du COSEPAC.

Pour obtenir des exemplaires supplémentaires, s’adresser au :

Secrétariat du COSEPAC
a/s Service canadien de la faune
Environnement et Changement climatique Canada
Ottawa (Ontario)
K1A 0H3

Tél. : 819-938-4125
Téléc. : 819-938-3984
Courriel : COSEPAC courriel
Site web : COSEPAC

Also available in English under the title COSEWIC Assessment and Status Report on the Pink-footed Shearwater Ardenna creatopus in Canada.

Illustration/photo de la couverture :

Puffin à pieds roses -- photo gracieusement fournie par David F. Fraser.

COSEPAC Sommaire de l’évaluation

Sommaire de l’évaluation – novembre 2016

Nom commun
Puffin à pieds roses
Nom scientifique
Ardenna creatopus
Statut
En voie de disparition
Justification de la désignation
Cet oiseau de mer longévif ne se reproduit que sur trois îles au large des côtes du Chili, où ses effectifs ont connu des déclins significatifs par suite de la prédation des nids par des prédateurs introduits, de l’exploitation par l’homme et de la dégradation de l’habitat. L’espèce connaît une mortalité par prise accessoire dans les pêches effectuées au sein de son aire de répartition, incluant d’importantes aires d’alimentation au large de la Colombie–Britannique. Le risque de prises accessoires dans les pêches a augmenté au cours des trois dernières générations. L’espèce est également vulnérable aux déversements d’hydrocarbures en mer.
Répartition
Colombie-Britannique, Océan-Pacifique
Historique du statut
Espèce désignée « menacée » en mai 2004. Réexamen du statut : l'espèce a été désignée « en voie de disparition » en novembre 2016.

COSEPAC Résumé

Puffin à pieds roses
Ardenna creatopus

Description et importance de l’espèce sauvage

Le Puffin à pieds roses est un oiseau de mer trapu de la taille d’un goéland moyen environ. En vol, il paraît lourd, et il alterne battements d’ailes laborieux et vol plané. Il se distingue des autres puffins présents dans le Pacifique Nord par la combinaison des caractéristiques suivantes : parties supérieures brun grisâtre, parties inférieures gris pâle et variablement tachetées, avec couvertures sous-alaires blanches, et tête sombre. Le plumage est semblable chez l’adulte et le juvénile et ne présente pas de variations saisonnières, et le mâle est en moyenne plus gros que la femelle. Le bec rosâtre teinté de jaune à bout foncé et les pattes et pieds roses sont distinctifs. Le Puffin à pieds roses, espèce menacée à l’échelle mondiale, ne compte que trois sites de reproduction connus dans le monde.

Répartition

Le Puffin à pieds roses est connu pour se reproduire dans trois îles situées au large de la côte chilienne, soit les îles Mocha, Robinson Crusoe et Santa Clara. En mer, l’espèce occupe principalement les eaux du talus continental, du rebord externe de la plate-forme continentale et de cette dernière dans l’est du Pacifique. Son aire de répartition s’étend depuis les îles où elle se reproduit vers le nord le long de la côte de l’Amérique du Sud et de l’Amérique du Nord jusque dans le golfe d’Alaska et le sud de la mer de Béring, mais on n’observe qu’un faible nombre d’individus au nord de Haida Gwaii. Au Canada, le Puffin à pieds roses n’est présent qu’au large de la côte de la Colombie-Britannique, les observations étant concentrées au large de la côte ouest de l’île de Vancouver, à l’entrée du détroit de Juan de Fuca et dans le bassin de la Reine-Charlotte. L’espèce est le plus nombreuse au pays de juin à octobre.

Habitat

Les Puffins à pieds roses nichent dans des terriers qu’ils creusent dans le sol de leurs colonies de nidification. À l’île Mocha, les terriers se trouvent en forêt indigène dans des hauts de pentes orientés vers la mer et sur des sommets de crêtes, tandis qu’aux îles Robinson Crusoe et Santa Clara, les nids sont situés dans des restes de forêt indigène ou en terrain dégagé à végétation herbeuse ou à sol dénudé. En milieu marin, les Puffins à pieds roses montrent une préférence pour les eaux biologiquement productives du talus continental, du rebord externe de la plate-forme continentale et de cette dernière.

Biologie

Les Puffins à pieds roses se reproduisent durant le printemps et l’été austraux dans leurs colonies de nidification, où ils retournent du début au milieu d’octobre. Les femelles ne pondent qu’un seul œuf par année, entre la fin de novembre et la mi-décembre. Les œufs éclosent de la fin de janvier à la mi-février après une longue incubation, et les jeunes quittent le nid principalement en mai. L’incubation est assurée par les deux parents. Une fois les jeunes hors du nid, les parents migrent vers le nord dans leurs quartiers d’hiver au large du Pérou et de la côte ouest des États-Unis et du Canada.

Taille et tendances de la population

La taille de la population mondiale du Puffin à pieds roses est estimée à 28 000 couples nicheurs. À l’île Mocha, on pense que la population a diminué considérablement au cours du 20e siècle en raison de la récolte illégale de poussins et des prédateurs introduits. Selon une étude qui y a été réalisée à la fin des années 1990, le nombre de couples nicheurs aurait fortement diminué (~40 %) par rapport à une estimation réalisée à la fin des années 1980, les méthodes utilisées dans les deux relevés ayant cependant été différentes. Des données montrent qu’il y a eu vraisemblablement baisse de l’effectif à l’île Robinson Crusoe au cours des 55 dernières années (3 générations) en raison de la prédation d’adultes et de poussins par les coatis et les chats féraux. Cependant, on pense que la population de l’île Robinson Crusoe est demeurée stable au cours des 15 dernières années, et le suivi effectué à l’île Mocha à partir de 2010 laisse penser que la population y est stable depuis. Les tendances des effectifs dans l’aire canadienne de l’espèce sont inconnues.

Menaces et facteurs limitatifs

Les menaces pesant sur l’espèce à ses colonies comprennent l’exploitation et la perturbation par les humains, la prédation, la perturbation et la compétition exercées par des mammifères introduits, et la perte et la dégradation d’habitat, particulièrement par l’entremise de l’érosion accentuée par la perte de végétation. En mer, l’espèce est menacée par des interactions avec les pêches, la pollution par les hydrocarbures et autres, l’ingestion de plastique, et probablement par la compétition avec les humains pour des poissons proies.

Protection, statuts et classements

Le Puffin à pieds roses est classé comme étant menacé au Canada, en voie de disparition au Chili, et vulnérable selon l’UICN. Le Conservation Data Centre de la Colombie-Britannique le classe comme étant vulnérable. En 2015, il a été ajouté à l’Annexe 1 de l’Accord sur la conservation des albatros et des pétrels, conclu aux termes de la Convention sur la conservation des espèces migratrices appartenant à la faune sauvage (Convention de Bonn), à laquelle l’espèce est également inscrite. L’archipel Juan Fernández est un parc national du Chili, et une réserve nationale protège la portion de l’île Mocha où niche des Puffins à pieds roses. Au Canada, l’espèce fréquente l’aire marine nationale de conservation Gwaii Haanas.

Résumé technique

Nom scientifique :
Ardenna creatopus
Nom français :
Puffin à pieds roses
Nom anglais :
Pink-footed Shearwater
Répartition au Canada :
Colombie-Britannique, océan Pacifique

Données démographiques

Données démographiques de l'espèce
Éléments du résumé technique information
Durée d’une génération (généralement, âge moyen des parents dans la population; indiquez si une méthode d’estimation de la durée d’une génération autre que celle qui est présentée dans les lignes directrices de l’UICN [2011] est utilisée). 18,3 ans
Y a-t-il un déclin continu [observé, inféré ou prévu] du nombre total d’individus matures? Oui, inféré et prévu (voir les sections Taille et tendances des populations et Menaces et facteurs limitatifs).
Pourcentage estimé de déclin continu du nombre total d’individus matures sur [cinq ans ou deux générations]. Inconnu
Pourcentage [observé, estimé, inféré ou présumé] [de réduction ou d’augmentation] du nombre total d’individus matures au cours des [dix dernières années ou trois dernières générations]. Une réduction passée est inférée, mais le pourcentage est inconnu. Une étude réalisée à l’île Mocha à la fin des années 1990 a estimé qu’il y a eu à cet endroit une baisse importante de l’effectif (~40 %) depuis un relevé effectué à la fin des années 1980 (voir Taille et tendances des populations).
Pourcentage [prévu ou présumé] [de réduction ou d’augmentation] du nombre total d’individus matures au cours des [dix prochaines années ou trois prochaines générations]. Inconnu
Pourcentage [observé, estimé, inféré ou présumé] [de changement, de réduction ou d’augmentation] du nombre total d’individus matures au cours de toute période de [dix ans ou trois générations] commençant dans le passé et se terminant dans le futur. Inconnu
Est-ce que les causes du déclin sont a) clairement réversibles et b) comprises et c) ont effectivement cessé?

a) Non

b) Oui

c) Non. Une interdiction de récolte de poussins est en vigueur depuis 2010 à l’île Mocha, mais quelques centaines de poussins continuent d’être prélevés chaque année, et il semble qu’il pourrait y avoir actuellement augmentation de la récolte. À l’île Robinson Crusoe, la prédation et la compétition exercées par des mammifères introduits demeurent une menace. Il y a encore des cas de mortalité par prise accidentelle dans les pêches, ainsi qu’un risque de déversement d’hydrocarbures chronique ou ponctuel.

Y a-t-il des fluctuations extrêmes du nombre d’individus matures? Non

Information sur la répartition

Information sur la répartition de l'espèce
Éléments du résumé technique information
Zone d’occurrence estimée (eaux canadiennes) 285 500 km2
Indice de zone d’occupation (IZO)
(basé sur les carrés de grille de 2 km de côté occupés aux colonies de reproduction)
72–88 km2
La population totale est-elle gravement fragmentée, c.-à-d. que plus de 50 % de sa zone d’occupation totale se trouvent dans des parcelles d’habitat qui sont a) plus petites que la superficie nécessaire au maintien d’une population viable et b) séparées d’autres parcelles d’habitat par une distance supérieure à la distance de dispersion maximale présumée pour l’espèce?

a) Non

b) Non

Nombre de « localités » (utilisez une fourchette plausible pour refléter l’incertitude, le cas échéant)
(Voir « Définitions et abréviations » sur le site Web du COSEPAC et IUCN 2010 (en anglais seulement) pour obtenir des précisions sur ce terme.)
3 (îles)
Y a-t-il un déclin continu [observé, inféré ou prévu] de la zone d’occurrence? Non
Y a-t-il un déclin continu [observé, inféré ou prévu] de l’indice de zone d’occupation? On ne sait pas. Pour la période pour laquelle il existe des donn ées (du début des années 2000 à aujourd’hui), rien n’indique qu’il y ait eu déclin de l’indice de zone d’occupation. On soupçonne qu’il y a eu déclin de la zone d’occupation dans le passé, mais on n’en a pas de preuves directes.
Y a-t-il un déclin continu [observé, inféré ou prévu] du nombre de sous-populations? Non
Y a-t-il un déclin continu [observé, inféré ou prévu] du nombre de localités?
(Voir « Définitions et abréviations » sur le site Web du COSEPAC et IUCN 2010 (en anglais seulement) pour obtenir des précisions sur ce terme.)
Non
Y a-t-il un déclin continu [observé, inféré ou prévu] de [la superficie, l’étendue ou la qualité] de l’habitat?

Non pour l’habitat marin au Canada. On ne sait pas pour l’habitat marin à l’extérieur du Canada.

Oui, il y a un déclin inféré et observé de la qualité de l’habitat terrestre depuis 55 ans, en raison de l’érosion hivernale et de l’endommagement ou de la destruction des terriers de nidification qui en résultent et qui se trouvent favorisés par le broutage excessif exercé par des mammifères introduits. L’érosion est la menace la plus grave à l’île Santa Clara, où elle touche au moins 50 % de l’habitat de nidification et a toujours cours. Il y a encore dégradation d’habitat par l’entremise des impacts des plantes envahissantes.

Y a-t-il des fluctuations extrêmes du nombre de sous-populations? Non
Y a-t-il des fluctuations extrêmes du nombre de localités? Non
Y a-t-il des fluctuations extrêmes de la zone d’occurrence? Non
Y a-t-il des fluctuations extrêmes de l’indice de zone d’occupation? Non

Nombre d’individus matures (dans chaque sous-population)

Nombre d’individus matures de l'espèce
Population : Nombre d’individus matures
Sous-populations 17 202 individus matures (8 601 couples) aux îles Santa Clara et Robinson Crusoe, plus 38 880 individus matures (19 440 couples) à l’île Mocha
Total ~56 000 individus matures (28 000 couples nicheurs). Il s’agit d’une estimation de la population mondiale; les individus matures ne fréquentent pas tous les eaux canadiennes chaque année.

Analyse quantitative

Analyse quantitative de l'espèce
Éléments du résumé technique information
La probabilité de disparition de l’espèce à l’état sauvage est d’au moins [20 % sur 20 ans ou 5 générations, ou 10 % sur 100 ans]. S.O. – analyse non réalisée

Menaces (directes, de l’impact le plus élevé à l’impact le plus faible selon le calculateur des menaces de l’UICN)

Un calculateur des menaces a-t-il été rempli pour l’espèce? Oui

  1. Pêche et récolte de ressources aquatiques (prise accidentelle dans les pêches); chasse et capture d’animaux terrestres (récolte de poussins);
  2. Espèces exotiques (non indigènes) envahissantes (divers impacts directs et indirects sur l’espèce et son habitat de reproduction, y compris des modifications à l’échelle de l’écosystème);
  3. Pollution (déversements d’hydrocarbures chroniques et ponctuels, débris de plastique, pollution lumineuse, polluants atmosphériques);
  4. Changements climatiques et phénomènes météorologiques violents (phénomènes météorologiques violents causant l’érosion de terriers).

Quels autres facteurs limitatifs sont pertinents?

Cycle biologique de l’espèce : un seul œuf par année; espèce longévive à maturité tardive, donc particulièrement vulnérable à la mortalité d’adultes.

Immigration de source externe (immigration de l’extérieur du Canada)

Immigration de source externe de l'espèce
Éléments du résumé technique information
Situation des populations de l’extérieur les plus susceptibles de fournir des individus immigrants au Canada. S.O. – toute la population canadienne immigre depuis ses lieux de reproduction du Chili
Une immigration a-t-elle été constatée ou est-elle possible? S.O.
Des individus immigrants seraient-ils adaptés pour survivre au Canada? S.O.
Y a-t-il suffisamment d’habitat disponible au Canada pour des individus immigrants? S.O.
Les conditions se détériorent-elles au Canada? S.O.
Les conditions de la population source se détériorent-elles? S.O.
La population canadienne est-elle considérée comme un puits? Non
La possibilité d’une immigration depuis des populations externes existe-t-elle? S.O. (l’espèce ne se reproduit pas au Canada)

Nature délicate de l’information sur l’espèce

Les informations sur les données sensibles de l'espèce
Éléments du résumé technique information
L’information concernant l’espèce est-elle de nature délicate? Non

Historique du statut

Historique du statut
Éléments du résumé technique information
COSEPAC: Espèce désignée « menacée » en mai 2004. Réexamen du statut : l'espèce a été désignée « en voie de disparition » en novembre 2016.

Statut et justification de la désignation :

Statut et justification de la désignation :
Éléments du résumé technique information
Statut : En voie de disparition
Code alphanumérique : B2ab(iii,v)
Justification de la désignation : Cet oiseau de mer longévif ne se reproduit que sur trois îles au large des côtes du Chili, où ses effectifs ont connu des déclins significatifs par suite de la prédation des nids par des prédateurs introduits, de l’exploitation par l’homme et de la dégradation de l’habitat. L’espèce connaît une mortalité par prise accessoire dans les pêches effectuées au sein de son aire de répartition, incluant d’importantes aires d’alimentation au large de la Colombie-Britannique. Le risque de prises accessoires dans les pêches a augmenté au cours des trois dernières générations. L’espèce est également vulnérable aux déversements d’hydrocarbures en mer.

Applicabilité des critères :

Applicabilité des critères
Éléments du résumé technique information
Critère A
(déclin du nombre total d’individus matures) :
Sans objet. Absence d’information quantitative sur les taux de déclin de la population.
Critère B
(petite aire de répartition, et déclin ou fluctuation) :
Correspond au critère d’espèce en voie de disparition B2ab iii,v, car l’IZO est sous le seuil de 500 km2, l’espèce compte moins de cinq localités, la qualité de l’habitat continue de décliner dans les lieux de reproduction, et il y a un déclin continu inféré et prévu du nombre d’individus matures.
Critère C
(nombre d’individus matures peu élevé et en déclin) :
Sans objet; la taille de la population dépasse les seuils établis.
Critère D
(très petite population totale ou répartition restreinte) :
Ne correspond pas aux critères d’espèce en voie de disparition, mais correspond au critère d’espèce menacée D2, car l’espèce ne compte que trois localités, lesquelles pourraient être touchées négativement à court terme.
Critère E
(analyse quantitative) :
Analyse non réalisée.

Préface

Dans le rapport de situation antérieur, publié en 2004, il est mentionné qu’il existait alors peu d’information sur la biologie du Puffin à pieds roses. Jusqu’à la fin des années 1990, les études sur les colonies avaient été sporadiques et menées par seulement quelques chercheurs. Bien qu’il existe encore un certain nombre de lacunes dans notre connaissance de la biologie de cet oiseau, les travaux en cours accroissent lentement la quantité d’information sur l’espèce. Parmi les progrès réalisés dans notre connaissance de l’espèce, on compte les suivants.

  • Une estimation révisée des effectifs mondiaux de l’espèce a été réalisée au moyen de relevés des nids ou de recensements effectués à toutes les colonies connues.
  • De nouveaux renseignements confirment l’existence de prises accidentelles de Puffins à pieds roses dans les pêches au large de la côte de l’Amérique du Sud et de l’Amérique centrale.
  • Davantage d’information existe concernant les impacts relatifs des mammifères non indigènes, les chats féraux étant aujourd’hui connus pour être les mammifères qui constituent la plus importante menace pour les Puffins à pieds roses dans leurs colonies. On dispose aussi d’information plus détaillée sur les impacts d’herbivores introduits, soit le lapin de garenne et les bovins.
  • Les lapins de garenne étaient éradiqués de l’île Santa Clara en octobre 2003. Depuis leur élimination, il y a eu une forte revégétalisation. On présume qu’il en résultera une réduction de l’érosion (laquelle continue cependant de constituer la principale menace pour l’espèce dans cette île) et donc de la perte ou de la dégradation d’habitat à cette localité; des lapins sont toutefois encore présents à l’île Robinson Crusoe.
  • La récolte de poussins est interdite depuis 2010 à l’île Mocha, mais il s’y pratique encore une récolte illégale, dont l’ampleur est peut-être croissante. Des données recueillies sur cinq ans dans cette île laissent penser que l’effectif de l’espèce y est actuellement stable, après avoir été vraisemblablement en baisse en grande partie à cause de la récolte de poussins.
  • Des études récentes ont fourni de nouvelles données sur des paramètres de la reproduction et corrigé de l’information antérieure sur les dates de retour aux colonies.
  • Des travaux génétiques préliminaires appuient l’hypothèse de l’absence de structuration génétique parmi les colonies insulaires.
  • Les nouvelles observations faites en mer dans l’aire de répartition canadienne de l’espèce durant les dix années suivant la publication du dernier rapport de situation ont confirmé la présence régulière de Puffins à pieds roses dans la région de Haida Gwaii, et montré que l’espèce est présente en eaux canadiennes durant la période de reproduction aussi bien qu’en dehors de celle-ci.

On dispose de plusieurs années additionnelles d’études de pistage satellitaire de Puffins à pieds roses durant la période de reproduction, et de nouvelles études pistant des oiseaux durant la période de dispersion après la reproduction et de migration hivernale. Antérieurement, on pensait que la plupart des Puffins à pieds roses entreprenaient après la reproduction une migration vers le nord jusque dans le courant de Californie au large de la côte ouest des États-Unis et du Canada, mais on ne savait pas si toute la population migrait ou si certains adultes hivernaient au voisinage des colonies. On peut aujourd’hui affirmer que toute la population migre, mais, selon des relevés en mer et les données de pistage (limitées) recueillies à ce jour, il est possible qu’au moins 50 % de la population ne migre pas plus loin au nord que dans les eaux de la plate-forme continentale du Pérou et de son rebord externe.

Historique du COSEPAC

Le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) a été créé en 1977, à la suite d’une recommandation faite en 1976 lors de la Conférence fédérale-provinciale sur la faune. Le Comité a été créé pour satisfaire au besoin d’une classification nationale des espèces sauvages en péril qui soit unique et officielle et qui repose sur un fondement scientifique solide. En 1978, le COSEPAC (alors appelé Comité sur le statut des espèces menacées de disparition au Canada) désignait ses premières espèces et produisait sa première liste des espèces en péril au Canada. En vertu de la Loi sur les espèces en péril (LEP) promulguée le 5 juin 2003, le COSEPAC est un comité consultatif qui doit faire en sorte que les espèces continuent d’être évaluées selon un processus scientifique rigoureux et indépendant.

Mandat du COSEPAC

Le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) évalue la situation, au niveau national, des espèces, des sous-espèces, des variétés ou d’autres unités désignables qui sont considérées comme étant en péril au Canada. Les désignations peuvent être attribuées aux espèces indigènes comprises dans les groupes taxinomiques suivants : mammifères, oiseaux, reptiles, amphibiens, poissons, arthropodes, mollusques, plantes vasculaires, mousses et lichens.

Composition du COSEPAC

Le COSEPAC est composé de membres de chacun des organismes responsables des espèces sauvages des gouvernements provinciaux et territoriaux, de quatre organismes fédéraux (le Service canadien de la faune, l’Agence Parcs Canada, le ministère des Pêches et des Océans et le Partenariat fédéral d’information sur la biodiversité, lequel est présidé par le Musée canadien de la nature), de trois membres scientifiques non gouvernementaux et des coprésidents des sous-comités de spécialistes des espèces et du sous-comité des connaissances traditionnelles autochtones. Le Comité se réunit au moins une fois par année pour étudier les rapports de situation des espèces candidates.

Définitions (2015)

Espèce sauvage
Espèce, sous-espèce, variété ou population géographiquement ou génétiquement distincte d’animal, de plante ou d’un autre organisme d’origine sauvage (sauf une bactérie ou un virus) qui est soit indigène du Canada ou qui s’est propagée au Canada sans intervention humaine et y est présente depuis au moins cinquante ans.
Disparue (D)
Espèce sauvage qui n’existe plus.
Disparue du pays (DP)
Espèce sauvage qui n’existe plus à l’état sauvage au Canada, mais qui est présente ailleurs.
En voie de disparition (VD)
(Remarque : Appelée « espèce disparue du Canada » jusqu’en 2003.)
Espèce sauvage exposée à une disparition de la planète ou à une disparition du pays imminente.
Menacée (M)
Espèce sauvage susceptible de devenir en voie de disparition si les facteurs limitants ne sont pas renversés.
Préoccupante (P)
(Remarque : Appelée « espèce en danger de disparition » jusqu’en 2000.)
Espèce sauvage qui peut devenir une espèce menacée ou en voie de disparition en raison de l'effet cumulatif de ses caractéristiques biologiques et des menaces reconnues qui pèsent sur elle.
Non en péril (NEP)
(Remarque : Appelée « espèce rare » jusqu’en 1990, puis « espèce vulnérable » de 1990 à 1999.)
Espèce sauvage qui a été évaluée et jugée comme ne risquant pas de disparaître étant donné les circonstances actuelles.
Données insuffisantes (DI)
(Remarque :Autrefois « aucune catégorie » ou « aucune désignation nécessaire ».)
Une catégorie qui s’applique lorsque l’information disponible est insuffisante (a) pour déterminer l’admissibilité d’une espèce à l’évaluation ou (b) pour permettre une évaluation du risque de disparition de l’espèce.

Remarque : Catégorie « DSIDD » (données insuffisantes pour donner une désignation) jusqu’en 1994, puis « indéterminé » de 1994 à 1999. Définition de la catégorie (DI) révisée en 2006.

Le Service canadien de la faune d’Environnement et Changement climatique Canada assure un appui administratif et financier complet au Secrétariat du COSEPAC.

Description et importance de l’espèce sauvage

Nom et classification

L’Ardenna creatopus (Coues, 1864) est communément connu sous le nom de Puffin à pieds roses. En anglais, l’espèce est appelée « Pink-footed Shearwater ». Au Chili, où l’espèce se reproduit, on l’appelle « Fardela Blanca » ou « Fardela de Vientre Blanco ». Sa taxinomie est la suivante :

Classe : Oiseaux
Ordre : Procellariiformes
Famille : Procellariidés
Genre : Ardenna
Espèce : creatopus
Synonymes : Puffinus creatopus; Ardenna creatopus creatopus (Christidis et Boles, 2008).

L’espèce était antérieurement placée dans le genre Puffinus, mais elle est aujourd’hui classée dans le genre Ardenna (del Hoyo et al., 2014). Sur la base de données génétiques, Penhallurick et Wink (2004) ont proposé de scinder le genre Puffinus en deux genres, soit Puffinus et Ardenna. Bien que Penhallurick et Wink (2004) aient considéré que l’A. creatopus et le Puffin à pieds pâles (A. carneipes) étaient conspécifiques, des examens plus récents vont dans le sens du traitement classique de ces deux espèces en tant que taxons frères (Austin et al., 2004; Christidis et Boles, 2008; del Hoyo et al., 2014; Remsen et al., 2015).

Description morphologique

Le Puffin à pieds roses (figures 1a, 1b) est un oiseau de mer de la longueur d’un goéland moyen environ, mais de forme plus trapue. En vol, il paraît lourd, et il alterne battements d’ailes laborieux et vol plané avec les ailes raides (Martin et Myres, 1969; Sibley, 2003). Il se distingue de façon générale des autres puffins présents dans le Pacifique Nord par la combinaison des caractéristiques suivantes : parties supérieures brun grisâtre, parties inférieures gris pâle et variablement tachetées, avec couvertures sous-alaires blanches, et tête sombre (Harrison, 1983; Sibley, 2003). Le plumage est semblable chez les deux sexes et chez l’adulte et le juvénile (Harrison, 1983), et le mâle est plus gros que la femelle (Guicking et al., 2004). Le bec rosâtre teinté de jaune à bout foncé et les pattes et pieds roses (Harrison 1983), visibles de près, sont distinctifs.

Le Puffin à pieds pâles, étroitement apparenté, a aussi un bec de couleur claire et des pieds rosâtres pâles, mais son plumage est entièrement foncé sauf ses plumes de vol, qui sont pâles. Le Puffin fuligineux (A. grisea) et le Puffin à bec grêle (A. tenuirostris), souvent présents dans le même habitat que le Puffin à pieds roses au large de la côte de la Colombie-Britannique, ont un plumage globalement foncé avec couvertures sous-alaires blanches, et un bec foncé.

Figure 1a. Puffin à pieds roses (Ardenna creatopus) à la colonie de l’île Mocha (photo prise par Peter Hodum).
Photo d’un Puffin à pieds roses à terre (voir longue description ci-dessous)
Description longue pour la figure 1a

Photo d’un Puffin à pieds roses à terre (vue latérale). Cet oiseau de mer trapu a les parties supérieures brun grisâtre et les parties inférieures gris pâle et tachetées. Son bec rosâtre teinté de jaune à bout foncé et les pattes et pieds roses sont distinctifs.

Figure 1b. Puffin à pieds roses en mer au large de la Colombie-Britannique (vue ventrale) (photo prise par Ben Lascelles, reproduite avec sa permission).
Photo d’un Puffin à pieds roses en vol (voir longue description ci-dessous)
Description longue pour la figure 1b

Photo d’un Puffin à pieds roses en vol, montrant les parties inférieures, qui sont gris pâle et tachetées, avec couvertures sous-alaires blanches.

Structure spatiale et variabilité des populations

Comme les Puffins à pieds roses qu’on trouve au Canada ne s’y reproduisent pas, le concept d’isolement démographique ne s’applique pas au pays. Dans ses lieux de reproduction, au Chili, Guicking et al. (2004) ont observé que les oiseaux de l’archipel Juan Fernández sont généralement de plus grande taille que ceux de l’île Mocha, ce qu’ils attribuent à des adaptations physiologiques aux conditions d’alimentation locales (voir plus bas la section « Physiologie et adaptabilité »). Des études préliminaires n’ont trouvé aucune indication d’une divergence génétique entre îles chez l’espèce (Guicking et al., 2004). Néanmoins, vu l’existence d’un faible taux de flux génique chez d’autres procellariiformes à forte capacité de dispersion (Rabouam et al., 2000; Welch et al., 2012), il est plausible que les populations de l’île Mocha et de l’archipel Juan Fernández soient isolées sur le plan reproductif et constituent des sous-populations distinctes.

Unités désignables

Le présent rapport considère que l’espèce ne forme qu’une seule unité désignable. Aucune sous-espèce n’a été reconnue chez le Puffin à pieds roses (BirdLife International, 2012; Remsen et al., 2015). De plus, les individus de l’île Mocha et de l’archipel Juan Fernández ne montrent pas de caractéristiques laissant entendre que les oiseaux qui se reproduisent à ces sites sont issus d’unités distinctes et importantes sur le plan évolutionnaire. Par exemple, en période de nidification, les oiseaux des trois îles s’alimentent parfois dans la même région marine (voir plus bas la section « Besoins en matière d’habitat »). Comme il a été mentionné plus haut, des études préliminaires n’ont trouvé aucune indication d’une différence génétique parmi les trois colonies insulaires (Guicking et al., 2004).

Importance de l’espèce

Le Puffin à pieds roses est une espèce menacée à l’échelle mondiale qui est connue pour se reproduire dans seulement trois îles. Les poussins, considérés localement comme un mets de choix, sont récoltés illégalement à des fins alimentaires à l’île Mocha par des résidants de l’île (Guicking et al., 1999), malgré une interdiction de récolte largement appliquée depuis 2010 (Azocar et al., 2013; CONAF, 2013). L’espèce occupe aujourd’hui une place centrale dans les initiatives de conservation locales à l’île Mocha, avec la création d’événements comme la « Coupe du Puffin », un tournoi de soccer, qui contribuent à renforcer la sensibilisation à l’environnement et l’identité culturelle chez les résidants de l’île (WWF Chile, 2011; CONAF, 2013; Municipalidad de Lebu, 2015).

On ne dispose pour le moment d’aucune connaissance traditionnelle autochtone pertinente pour l’évaluation de la situation du Puffin à pieds roses. Bien que d’autres espèces d’oiseaux de mer soient communément représentées dans les tertres côtiers en Colombie-Britannique (Crockford, 2003), seuls trois spécimens de Puffins à pieds roses ont été identifiés à des sites archéologiques de la province, à l’île Benson dans l’archipel Broken Group (Frederick et Crockford, 2005; I. McKechnie, comm. pers.).

Répartition

Aire de répartition mondiale

Le Puffin à pieds roses est un oiseau de la plate-forme continentale (définie comme les eaux allant de la côte jusqu’à l’isobathe de 200 m), du rebord externe de celle-ci, et du talus continental (la zone s’étendant entre les isobathes de 200 m et de 500 m), dans l’est du Pacifique (Guicking et al., 2001; Kenyon et al., 2009; Mangel et al., 2012; figure 2). Il est connu pour se reproduire dans seulement trois îles au large de la côte chilienne, soit l’île Mocha (superficie de 50 km2) située au centre-sud du Chili à 35 km de la côte, et les îles Robinson Crusoe (Isla Másatierra; 48 km2) et Santa Clara (2,2 km2) situées dans l’archipel océanique Juan Fernández à 600 km au nord-ouest de l’île Mocha (Ojeda et al., 2003; BirdLife International, 2012; Azocar et al., 2013; figure 2). Bien qu’il ait été avancé que des Puffins à pieds roses pourraient aussi nicher dans une autre île chilienne, l’île Guafo (CEC, 2005; Hinojosa et Hodum, 2007), un relevé récent de l’avifaune de cette île a conclu que l’espèce n’y serait qu’un visiteur non résident (Reyes-Arriagada et al., 2009).

L’aire de répartition marine du Puffin à pieds roses s’étend depuis les îles où il se reproduit vers le nord le long de la côte de l’Amérique du Sud et de l’Amérique du Nord jusque dans le golfe d’Alaska et le sud de la mer de Béring (Wahl et al., 1989; figure 2). Relativement peu d’individus fréquentent les eaux situées au nord de Haida Gwaii, en Colombie-Britannique, mais l’espèce a été observée aussi loin au nord qu’à la latitude de 58,34° N (Gould et al., 1982; Morgan et al., 1991; Kenyon et al., 2009). Des Puffins à pieds roses sont observés en toutes saisons au large du Pérou et du Chili. Dans la portion nord-américaine de son aire de répartition marine, l’espèce est présente principalement durant le printemps, l’été et l’automne boréaux, mais parfois aussi en hiver au large de la côte de l’État de Washington et du Canada (Wahl et al., 2005; Kenyon et al., 2009; K. Morgan, donnes inédites). Les oiseaux observés en Nouvelle-Zélande étaient considérés dans le passé comme étant des individus errants, mais on signale régulièrement l’espèce à cet endroit aujourd’hui. Par ailleurs, une poignée d’individus errants ont été signalés dans le centre du Pacifique (Hawaii et îles de la Ligne) et en Australie, et un spécimen a été recueilli en Argentine sur la côte atlantique (Harrison, 1983; Onley et Scofield, 2007; Force et Ballance, 2009; BirdLife International, 2012). L’expansion récente de la répartition du Puffin à pieds roses jusqu’en Nouvelle-Zélande pourrait indiquer que l’aire de répartition marine de l’espèce n’est pas entièrement décrite (c’est-à-dire que l’espèce pourrait être régulièrement présente dans des régions où sa présence est actuellement considérée comme accidentelle).

Figure 2. Répartition mondiale du Puffin à pieds roses (Ardenna creatopus) (à l’est de la ligne), selon des cartes de BirdLife International (2003). 1 – colonie de l’île Mocha, 2 – colonies de l’archipel Juan Fernández (îles Robinson Crusoe et Santa Clara). L’espèce est aussi régulièrement signalée en Nouvelle-Zélande (non représentée ici; répartition inconnue jusqu’à cet endroit). Source des données : BirdLife International et NatureServe (2015). Carte dressée par Alain Filion, du COSEPAC.
Carte montrant la répartition du Puffin à pieds roses sur la plate-forme continentale (voir longue description ci-dessous)
Description longue pour la figure 2

Carte montrant la répartition du Puffin à pieds roses sur la plate-forme continentale, le rebord externe de celle-ci et le talus continental dans l’est du Pacifique. L’espèce est connue pour se reproduire dans seulement trois îles au large de la côte chilienne. Son aire de répartition marine s’étend depuis les îles où il se reproduit vers le nord le long de la côte de l’Amérique du Sud et de l’Amérique du Nord jusque dans le golfe d’Alaska et le sud de la mer de Béring.

Aire de répartition canadienne

Au Canada, le Puffin à pieds roses n’est présent qu’au large de la côte de la Colombie-Britannique, le détroit d’Hécate et le littoral ouest de Haida Gwaii (figure 3) constituant les limites septentrionales de l’aire où il est régulièrement présent (Morgan, 1997; Harfenist et al., 2002; Kenyon et al., 2009; K. Morgan, comm. pers.; figure 3). Sa répartition est habituellement étroitement associée à la plate-forme continentale, au rebord externe de celle-ci et au talus continental à l’ouest de l’île de Vancouver, à l’entrée du détroit de Juan de Fuca et, durant l’automne, à l’ouest de Haida Gwaii (Morgan et al., 1991; Kenyon et al., 2009). La préférence du Puffin à pieds roses pour ces eaux semble confirmée par les données d’études récentes de pistage satellitaire (Mangel et al., 2012; Azocar et al., 2013; seaturtle.org, 2015). Deux observations laissent penser que des Puffins à pieds roses pourraient occasionnellement fréquenter les eaux baignant des monts sous-marins situés en pleine mer dans le Pacifique au large du Canada (figure 3). On observe une variation saisonnière de la présence de l’espèce au Canada (Morgan et al., 1991; Kenyon et al., 2009). En effet, les effectifs augmentent au large de l’île de Vancouver durant le printemps (mars-mai), et culminent durant l’été (juin-juillet) et jusqu’en automne (août-octobre).

On dispose de peu d’information sur la répartition de l’espèce au Canada avant les années 1980, mais elle ne semble pas avoir changé au cours des trois dernières générations (55 ans) ou plus, selon les observations existantes. Martin (1942) a affirmé que l’espèce semblait rare au large de la côte de l’île de Vancouver dans les années 1930 et 1940, mais on peut penser que cette caractérisation s’explique par un échantillonnage erratique et une activité d’observation limitée en mer. Brooks et Swarth (1925) ont noté que des Puffins à pieds roses étaient présents régulièrement au nord des eaux britanno-colombiennes, mais plus communément au sud. Durant les années 1940, l’espèce a été signalée au large de la côte ouest de l’île de Vancouver à la fin d’avril et en mai, les effectifs allant en s’accroissant pour culminer en juillet et jusqu’en août. Des groupes de jusqu’à 20 individus étaient fréquemment observés en août dans les eaux des bancs La Perouse et Swiftsure (Martin et Myres, 1969). Guzman et Myres (1983) ont rapporté la présence de concentrations de Puffins à pieds roses au large de la portion centrale de l’île de Vancouver aux printemps de 1977 et de 1978, et de forts effectifs au large de l’île de Vancouver et de la presqu’île Olympic, dans l’État de Washington, à l’automne de 1977. Des observations récentes ont révélé la présence de grands groupes de Puffins à pieds roses dans la deuxième moitié de mai et à la mi-juillet, avec des estimations de 1 400 et de 2 500 oiseaux, respectivement, au large de l’entrée du détroit de Juan de Fuca. En outre, jusqu’à 650 oiseaux ont été vus à l’ouest de la baie Nootka à la fin de mai (P. Lehman, obs. pers.).

Figure 3. Répartition canadienne du Puffin à pieds roses au large de la Colombie-Britannique, selon les observations des relevés en mer des oiseaux de mer d’Environnement et Changement climatique Canada effectués dans la période 1981-2015 et les observations versées dans eBird dans la période 1968-2015. La ligne pointillée indique les limites des eaux canadiennes. Carte dressée par Alain Filion, du COSEPAC.
Carte montrant la répartition canadienne du Puffin à pieds roses (voir longue description ci-dessous)
Description longue pour la figure 3

Carte montrant la répartition canadienne du Puffin à pieds roses. L’espèce n’est présente qu’au large de la côte de la Colombie-Britannique, le détroit d’Hécate et le littoral ouest de Haida Gwaii constituant les limites septentrionales de l’aire où elle est régulièrement présente. Les symboles indiquent les observations.

Zone d’occurrence et zone d’occupation

La zone d’occurrence du Puffin à pieds roses au Canada est d’environ 285 500 km2. Il est impossible d’affirmer définitivement que les zones marines où l’espèce n’a pas été signalée, et bien sûr les zones n’ayant fait l’objet d’aucun relevé, ne sont pas utilisées par l’espèce. Pour les colonies de nidification du Chili (constituant la plus petite zone essentielle à la survie des populations existantes), l’indice de zone d’occupation (IZO) est estimé à 72–88 km2, sur la base des carrés de grille de 2 km de côté occupés à l’ensemble des colonies.

Activités de recherche

Les données de répartition pour le Puffin à pieds roses au Canada proviennent principalement de relevés des oiseaux de mer réalisés en mer depuis 1981 par le Service canadien de la faune (SCF; Morgan et al., 1991; Kenyon et al., 2009). Dans les eaux de la côte ouest du Canada, le SCF effectue en mer des relevés des oiseaux de mer en utilisant des navires d’opportunité (p. ex. des navires patrouilleurs de la Garde côtière canadienne ou des navires de recherche du ministère des Pêches et des Océans). Par conséquent, les relevés ont été irréguliers dans le temps et l’espace d’une année à l’autre. Les relevés ont lieu l’année durant, mais l’effort est quelque peu réduit en automne et en hiver (Kenyon et al., 2009; K. Morgan, comm. pers. 2015). Tous les relevés sont réalisés par des observateurs bien formés et expérimentés, un seul observateur se trouvant à bord par sortie. La majorité des sorties ont eu lieu sur la plate-forme et le talus continentaux, mais des sorties à l’ouest de l’isobathe de 500 m ont aussi eu lieu assez régulièrement, fournissant une couverture additionnelle en pleine mer. Pour obtenir des données d’observation pour les eaux des détroits très peu couvertes par le SCF, les mentions fournies à eBird pour le Canada ont aussi été consultées (eBird, 2015); les observations figurant dans eBird sont obtenues selon les opportunités par des ornithologues amateurs bénévoles dont l’expérience est variable. Les mentions d’eBird qui ne sortent pas de l’ordinaire ne sont pas vérifiées quant à leur exactitude, mais les mentions « inhabituelles » (p. ex. un oiseau rapporté à l’extérieur de son aire de répartition connue) doivent être assorties d’une documentation supplémentaire.

Les observations canadiennes en mer ont récemment été enrichies de données de pistage satellitaire. En 2006, 2009, 2011, 2013 et 2015, des chercheurs travaillant dans l’archipel Juan Fernández et à l’île Mocha ont installé des émetteurs satellitaires sur des Puffins à pieds roses en nidification, ce qui a permis de suivre de 5 à 10 oiseaux adultes par année durant des mois après leur départ des colonies et pendant leur migration vers les lieux d’hivernage au nord (Oikonos, 2015; seaturtle.org, 2015; K. Morgan, comm. pers.).

Habitat

Besoins en matière d’habitat

Reproduction

Les Puffins à pieds roses nichent dans des terriers dans des pentes boisées et non boisées à leurs colonies insulaires. À l’île Mocha, une plaine côtière entoure les hautes terres accidentées de l’intérieur occupées par l’espèce. Les oiseaux sont confinés à des pentes faisant face à la mer et à des sommets de crêtes de ces hautes terres, où se trouvent un ensemble de sous-colonies en forêt indigène dense depuis environ 150 m au-dessus du niveau de la mer jusqu’aux crêtes (Guicking et al., 1999; Guicking et al., 2001; P. Hodum, données inédites). Pour gagner leur colonie, les oiseaux plongent à travers le couvert forestier pour atteindre le sol à proximité de leur terrier; pour en partir, ils grimpent le long d’un tronc d’arbre jusqu’à une branche servant de plate-forme d’envol dans le haut du couvert forestier (Hodum, 2014).

À l’île Robinson Crusoe, la plus grande sous-colonie se trouve en majorité dans un vestige de forêt indigène le long d’une ligne de crête. Toutes les autres sous-colonies de cette île sont situées dans des pentes dégagées dominées par de la végétation herbacée non indigène et, par endroits, des sols complètement exposés (Hodum, 2014; P. Hodum, données inédites). À cette localité, on ne trouve pas de Puffins à pieds roses à faible altitude; la colonie la plus basse se trouve à environ 100 m d’altitude. L’espèce ne niche pas non plus dans les pentes de broussailles et de matorral (arbustaie sèche) dominées par des plantes envahissantes, ni dans les vestiges de forêt d’altitude dans l’intérieur de l’île. À l’île Santa Clara, de petites sous-colonies comptant de 10 à 300 terriers sont éparpillées dans des pentes dégagées couvertes de façon éparse de graminées et autres herbes (Guicking et Fiedler, 2000; Azocar et al., 2013; Hodum, 2014).

Domaine vital

Durant l’élevage des poussins, les Puffins à pieds roses nichant à l’île Santa Clara exploitent largement les eaux de la plate-forme continentale et de son rebord externe (Hodum et al., 2004; Azocar et al., 2013). Des études de pistage satellitaire ont montré que durant la période de reproduction, des Puffins à pieds roses des trois colonies insulaires se rassemblent à un lieu d’alimentation de choix dans la région côtière chilienne de Talcahuano près de l’île Mocha, où il y a abondance de petits poissons proies, comme des sardines (Clupéidés) et des anchois (Engraulidés; Guicking et al., 2001; Azocar et al., 2013; Hodum, 2014). Parmi les conditions océanographiques associées au domaine vital de l’espèce, on compte le fait que les eaux présentent une forte salinité et que la température des eaux de surface est stable (14–18 °C) (Brown et al., 1975; Guicking et al., 2001). À l’utilisation principale des eaux de la plate-forme continentale et de son rebord externe dans la région de Talcahuano s’ajoute le fait que quelques oiseaux pistés se sont aussi déplacés dans des eaux pélagiques jusqu’à quelques centaines de kilomètres de leurs colonies de reproduction (Azocar et al., 2013).

Hivernage

Les observations de Puffins à pieds roses durant l’hiver austral au large de la côte chilienne, peu nombreuses, sont réalisées dans des eaux dont la surface présente des températures de 14 à 18 °C (Jehl, 1973), comme c’est la cas pour les observations faites au large de la Californie (Ainley, 1976; Briggs et al., 1987). Au large de l’Amérique du Nord, la répartition des Puffins à pieds roses semble être positivement corrélée avec la plate-forme continentale (Wahl, 1975; Guzman et Myres, 1983; Briggs et al., 1987; Vermeer et al., 1989; Morgan et al., 1991) et avec certains éléments du système du courant de Californie (Ainley 1976; Briggs et al., 1987), qui s’étend aussi loin au nord que l’île Triangle, au large de la côte britanno-colombienne. En général, ces zones d’hivernage sont caractérisées par l’existence de périodes saisonnières de remontée d’eau et de forte productivité biologique (Hay, 1992).

Dans les eaux canadiennes, le Puffin à pieds roses est le plus communément observé au large de l’île de Vancouver dans les eaux du rebord externe de la plate-forme continentale et de celle-ci, vers la côte jusqu’à (au moins) l’isobathe de 90 m (Guzman et Myres, 1983; Vermeer et al., 1989; Kenyon et al., 2009). La côte ouest de l’île de Vancouver a été décrite comme étant un haut lieu d’hivernage pour l’espèce (Azocar et al., 2013).

Tendances en matière d’habitat

Dans les îles Robinson Crusoe et Santa Clara, au Chili, les terriers des Puffins à pieds roses sont situés en terrain dégagé à végétation herbeuse. Cependant, des observations faites dans le passé indiquent qu’une grande partie de cet habitat a déjà été fortement boisée, mais a fait l’objet d’une récolte de bois intensive au cours des 18e et 19e siècles (Stuessy et al., 1998). Ce déboisement a été aggravé par l’introduction d’herbivores domestiques (comprenant des moutons, des bovins, des chevaux, des ânes, des porcs et des chèvres) avant et durant le 20e siècle, de sorte que les zones boisées ont été grandement rétrécies du fait de la récolte de bois, du broutage et de l’érosion qui en a résulté, tous phénomènes qui se poursuivent à ce jour (le taux actuel de perte d’habitat étant cependant inconnu; Bourne et al., 1992; Stuessy et al., 1998; Hahn et Römer, 2002; CEC, 2005). L’érosion étendue des sols en hiver (saison des pluies) dans les îles Robinson Crusoe et Santa Clara détruit ou altère annuellement un nombre important de terriers de puffins, les recherches récentes menées à l’île Santa Clara faisant état de la disparition et de la destruction de terriers entre les périodes de reproduction à plusieurs sous-colonies. Il n’y a pas d’estimations quantitatives de la perte de terriers, mais on sait que le taux de perte est plus élevé à l’île Santa Clara qu’à l’île Robinson Crusoe, où la plupart des colonies se trouvent en sol relativement stable en raison du couvert végétal herbacé (CEC, 2005; Azocar et al., 2013; P. Hodum, données inédites). Toutefois, depuis l’éradication des lapins de garenne (Oryctolagus cuniculus) à l’île Santa Clara en 2003, il s’est produit une importante revégétalisation, notamment par certaines espèces de plantes indigènes, et les taux d’érosion et de perte de terriers semblent avoir diminué à des sites surveillés (P. Hodum, données inédites). En outre, la destruction de terriers de nidification due au piétinement par les bovins à l’île Robinson Crusoe a diminué par suite de l’installation de clôtures d’exclusion, et la destruction de terriers durant les récoltes illégales de poussins effectuées à l’île Mocha, que l’on croit avoir été étendues antérieurement, ne serait plus aujourd’hui qu’occasionnelle depuis l’application d’une interdiction de récolte (voir la sous-section « Protection et propriété de l’habitat » et la section « Menaces et facteurs limitatifs »; Guicking et al., 1999; Gladics et al., manuscrit soumis; P. Hodum, données inédites).

Des données indiquent que la variabilité biophysique intersaisonnière de l’habitat marin utilisé par les Puffins à pieds roses est en train de changer à l’intérieur et à l’extérieur des eaux canadiennes, mais ces changements et leurs impacts ne sont pas bien compris, et il y a absence de consensus quant à savoir si la variabilité du système augmente ou diminue (voir par exemple Sydeman et al. [2013], Boulton et Lenton [2015]).

Biologie

Les Puffins à pieds roses, fidèles à leurs sites de nidification, nichent dans des terriers qu’ils creusent dans des pentes dégagées ou couvertes de forêt indigène à leurs colonies insulaires. Durant la période de reproduction, les adultes effectuent de longues sorties d’alimentation, qui peuvent durer de 2 à 18 jours (Hodum et Wainstein, 2003), le régime alimentaire des poussins étant dominé par les poissons durant cette période (Hodum et al., 2004; P. Hodum, données inédites). Les oiseaux capturent leurs proies en s’alimentant à la surface et en plongeant depuis la surface ou en piqué, certains plongeons dépassant 35 m de profondeur (P. Hodum et S. Shaffer, données inédites). À la fin de la période de reproduction, une grande proportion de la population entreprend une longue migration transéquatoriale, qui l’amène à passer l’été et l’automne boréaux dans les eaux de la plate-forme continentale au large des côtes des États-Unis et du Canada, où les oiseaux s’alimentent de poissons, de calmars et, dans une moindre mesure, de crustacés (Baltz et Morejohn, 1977; Ainley et Sanger, 1979; Prince et Morgan, 1987). On trouve une description plus détaillée de la biologie de l’espèce dans Hinojosa et Hodum (2007), Environment Canada (2008) et Azocar et al. (2013).

Cycle vital et reproduction

Les Puffins à pieds roses se reproduisent durant le printemps et l’été austraux, les oiseaux retournant à leurs colonies du début au milieu d’octobre. Les femelles ne pondent qu’un seul œuf par année, entre la fin de novembre et la mi-décembre (P. Hodum, données inédites; Azocar et al., 2013). Les œufs éclosent de la fin de janvier à la mi-février après une longue incubation (Hodum et Wainstein, 2002, 2003; Hinojosa et Hodum, 2007), et les jeunes quittent le nid de la fin d’avril à la première semaine de juin (Guicking et al., 2001; P. Hodum, données inédites). L’incubation est assurée par les deux parents. Après une couvaison de un à trois jours après l’éclosion, les poussins sont laissés sans surveillance, les adultes ne demeurant pratiquement jamais dans leur terrier le jour une fois cette brève période initiale de couvaison terminée, n’y revenant que la nuit pour nourrir leur jeune (Guicking et al., 1999; Hodum et Wainstein, 2002). Au début de la période de reproduction, la colonie est aussi fréquentée par de jeunes oiseaux non encore reproducteurs et des nicheurs en échec, tous à la recherche d’un terrier et d’un partenaire sexuel pour les années futures. La présence de tels oiseaux aux colonies signifient que les oiseaux qui ne se reproduisent pas se trouvent aussi exposés aux prédateurs introduits (voir la section « Menaces et facteurs limitatifs »), d’autant plus qu’ils se tiennent principalement hors du sol (Guicking et al., 2001; Dunham et al., 2007; Hinojosa et Hodum, 2007).

Dans l’archipel Juan Fernández, le taux d’occupation des terriers (proportion de terriers occupés) a été estimé à 64–73 %, contre 81 % à l’île Mocha (CONAF, 2013). Le taux d’éclosion (proportion des œufs éclos parmi l’ensemble des œufs pondus) pour les nids suivis à l’île Santa Clara dans les périodes de reproduction 2002–2005 et 2011 a été estimé à 68–93 % (Hodum et Wainstein, 2002, 2003, 2004; Azocar et al., 2013). À l’île Mocha, le taux d’éclosion a été estimé à 79 % (CONAF, 2013). Parmi les poussins éclos à l’île Santa Clara, 88 % à 94 % ont survécu jusqu’au milieu du stade de poussin (fin de mars; > 40 jours d’âge; Hodum et Wainstein, 2002, 2003, 2004). Les dates exactes de départ du nid et le taux de survie jusqu’au départ du nid n’ont pas fait l’objet de recherches, mais Hodum et Wainstein (2003, 2004) ont rapporté un taux global de succès de la reproduction (proportion de poussins ayant quitté le nid pour l’ensemble des œufs pondus) de 69 % et 73 % pour leurs deux années d’étude. La biologie de la reproduction est similaire à l’île Mocha et aux deux îles de l’archipel Juan Fernández (Guicking et Fiedler, 2000; P. Hodum, données inédites). Le taux de migration parmi les colonies est inconnu.

On ne dispose pour le Puffin à pieds roses d’aucune information sur le rapport des sexes, l’âge à la première reproduction, la proportion de reproducteurs dans la population ou la fréquence de reproduction des individus. La durée d’une génération est estimée à 18,3 ans (BirdLife International, 2012). On ne dispose pas non plus d’information sur les taux de survie des adultes ou des immatures, et les causes de mortalité naturelle sont inconnues.

Physiologie et adaptabilité

Les Puffins à pieds roses qui se reproduisent à l’archipel Juan Fernández sont généralement plus gros que ceux de l’île Mocha (Guicking et al., 2004). Il a été avancé que ces différences de taille pourraient être attribuables à l’effet des conditions environnementales locales sur la croissance, des différences pouvant exister quant aux types et à la disponibilité de proies ou aux distances jusqu’aux lieux d’alimentation (des distances plus longues se traduisant par de plus longs intervalles entre les prises alimentaires des poussins; Guicking et al., 2004; P. Hodum, données inédites).

Dispersion et migration

Après que les poussins ont quitté les nids en mai, les oiseaux qui se sont reproduits à l’île Mocha et à l’archipel Juan Fernández migrent vers le nord pour atteindre leurs quartiers d’hiver au large du Pérou et de la côte ouest du Canada et des États-Unis, puis retourneront à leurs colonies de reproduction en octobre (Azocar et al., 2013; Hodum, 2014). Cette voie migratoire suit principalement les eaux de la plate-forme continentale et de son rebord externe au large de la côte ouest des Amériques, les oiseaux hivernant en eaux étatsuniennes et canadiennes se trouvant à franchir sur des milliers de kilomètres les eaux territoriales de jusqu’à 12 pays (Harrison, 1983; Guicking et al., 2001; Mangel et al., 2012; Azocar et al., 2013; seaturtle.org, 2015). On a déjà cru que durant la période suivant la reproduction, la plupart des Puffins à pieds roses se rendaient dans le courant de Californie, mais de récentes études de pistage satellitaire, combinées à des relevés en mer ayant révélé l’existence de fortes densités de Puffins à pieds roses dans les eaux péruviennes en hiver, laissent aujourd’hui penser que le Pérou est un important lieu d’hivernage pour l’espèce. Selon les données de pistage (limitées) recueillies à ce jour, il est possible qu’au moins 50 % de la population ne migre pas plus loin au nord que dans les eaux de la plate-forme continentale du Pérou et de son rebord externe (Jahncke et al., 1998a,b; Azocar et al., 2013; P. Hodum, données inédites). Les données de pistage satellitaire laissent penser que les oiseaux traversent rapidement les zones subtropicales et la zone tropicale en quittant les systèmes côtiers de remontée d’eau du courant de Humboldt et de la composante sud du courant de Californie (P. Hodum, données inédites). Ainley (1976) a avancé que les différences annuelles d’abondance de Puffins à pieds roses au large de la Californie pourraient être liées aux conditions océaniques durant l’hiver austral au large du Pérou et du Chili, en ceci que durant les périodes de faible production d’anchois du Pérou (Engraulis ringens) au large de la côte ouest de l’Amérique du Sud, les Puffins à pieds roses pourraient gagner en plus grand nombre la région du courant de Californie.

Les jeunes de l’année se dispersent vraisemblablement suivant des routes semblables à celles empruntées par les adultes, demeurant en mer pour une période inconnue se comptant en mois ou en années avant de retourner aux colonies pour se reproduire ou entreprendre des activités prospectrices et nuptiales en vue de leur reproduction future. La mesure dans laquelle des oiseaux se dispersent depuis leur site natal pour se joindre à d’autres colonies est inconnue.

Relations interspécifiques

Le Puffin à pieds roses s’associe à d’autres puffins dans l’ensemble de son aire de répartition marine, dont le Puffin fuligineux et le Puffin de Buller (A. bulleri) (Yocom, 1947; Wahl, 1975; Briggs et al., 1987; Guicking et al., 2001), et entre probablement en concurrence avec eux pour les proies (les Puffins fuligineux étant plus agressifs dans les groupes de puffins d’espèces diverses en recherche de nourriture; K. Morgan, comm. pers.). De petits poissons proies comme le hareng araucian (Clupea bentincki) et l’anchois du Pérou seraient les principales proies des oiseaux durant la période de reproduction au Chili (Guicking et al., 2001; P. Hodum, données inédites), et sont aussi importants pour les oiseaux hivernant au large de la côte du Chili et du Pérou (Ainley, 1976). Les relations avec les mammifères introduits sont décrites plus bas à la section « Menaces et facteurs limitatifs ». Il n’y a pas de prédateurs indigènes aux colonies. Des oiseaux pourraient être la proie de prédateurs en mer, mais aucune information n’a été publiée à ce sujet.

Taille et tendances de la population

Activités et méthodes d’échantillonnage

Les estimations actuelles de la population de Puffins à pieds roses sont fondées sur des recensements ou des relevés des terriers effectués aux colonies. Là où le site et sa taille le permettent, des dénombrements directs de tous les terriers observés ont été utilisés pour calculer le nombre total de terriers. Cette technique a été employée aux îles Santa Clara et Robinson Crusoe. L’importance et la dispersion des colonies à l’île Mocha ont empêché le recours à des dénombrements directs exhaustifs. Dans cette île, un ensemble de transects ont été utilisés pour estimer les densités de terriers dans différentes colonies, le nombre total de terriers ayant été extrapolé à partir des données des transects. Durant les relevés, l’occupation a été déterminée principalement au moyen d’une évaluation par caméra infrarouge d’un sous-ensemble de terriers dans des parcelles de relevé, et par extrapolation des taux d’occupation établis empiriquement aux zones environnantes. De plus, certains relevés antérieurs avaient utilisé la présence de fèces fraîches à l’entrée des terriers ou l’odeur caractéristique des procellariidés émanant des terriers. Les relevés ont été réalisés à l’île Mocha dans la période 2008–2012, et aux îles Robinson Crusoe et Santa Clara entre 2002 et 2011 (Azocar et al., 2013; P. Hodum, données inédites).

Les activités d’échantillonnage pour les eaux canadiennes sont décrites plus haut à la sous-section « Activités de recherche ». L’estimation de l’abondance en mer au Canada, présentée ci-dessous, est fondée strictement sur l’extrapolation de densités moyennes en mer et ne prend pas en compte la variabilité spatiale ou temporelle de l’effort de relevé (Environment Canada, 2008).

Abondance

La taille estimée de la population de Puffins à pieds roses se décline comme suit : 19 440 couples nicheurs à l’île Mocha, 5 075 à l’île Robinson Crusoe et 3 526 à l’île Santa Clara, pour un total de 28 041 couples. La taille totale de la population mondiale est donc estimée à environ 28 000 couples nicheurs (Azocar et al., 2013). Bien qu’il n’y ait pas d’estimations quantitatives des effectifs de non-reproducteurs dans la population, BirdLife International (2012) estime que la taille maximale de la population mondiale serait de 100 000 individus, non-reproducteurs compris.

Il a été affirmé que l’espèce est le deuxième plus abondant puffin de Colombie-Britannique (Guzman et Myres, 1983). Selon l’étendue géographique connue occupée par l’espèce, et les densités établies dans le cadre des relevés en mer, on estime qu’entre 10 000 et 20 000 Puffins à pieds roses sont présents dans les eaux canadiennes de juin à octobre chaque année (Environment Canada, 2008). L’estimation pour le Canada représente probablement une proportion importante de la population mondiale, et témoigne de l’importance des eaux du large de la Colombie-Britannique pour l’espèce durant cette période de l’année. Trois de dix adultes nicheurs qui ont été munis d’un émetteur satellitaire en 2015 à l’île Mocha ont atteint les eaux canadiennes (seaturtle.org, 2015).

Fluctuations et tendances

Les tendances de la population de Puffins à pieds roses sont très mal connues. Dès le 17e siècle (où les marins récoltaient des oiseaux dans leurs terriers pour les manger), des journaux personnels et des registres de bord de navires faisaient état de la présence de l’espèce dans l’archipel Juan Fernández. Le Puffin à pieds roses a été « redécouvert » à l’île Robinson Crusoe en 1874, et des comptes rendus du début du 20e siècle mentionnaient que les terriers de l’espèce y étaient abondants (CEC, 2005). Murphy (1936) a rapporté que les Puffins à pieds roses étaient nombreux aussi à l’île Mocha, décrivant des flancs de collines truffés de terriers, ce qui témoigne de la présence de fortes densités de l’espèce à l’époque. Malgré l’existence d’un certain nombre de compte rendus historiques, aucune estimation ancienne de la population n’a été réalisée, d’où l’absence d’évaluation des tendances historiques pour cette espèce. Cependant, on peut avancer que la population de Puffins à pieds roses était très probablement beaucoup plus importante avant l’introduction de mammifères prédateurs dans les îles de nidification et l’apparition de la récolte de poussins (voir la section « Menaces et facteurs limitatifs »).

On ne dispose aussi que de peu de données pour calculer les tendances plus récentes de la population (c’est-à-dire sur les trois dernières générations ou 55 dernières années.). Pour l’île Robinson Crusoe, le compte rendu le plus récent indique que [traduction] « d’après tous les documents et rapports publiés depuis 1999, la population de l’île Robinson Crusoe est plus ou moins stable depuis les 15 dernières années » (Azocar et al., 2013), cette apparente stabilité se trouvant corroborée par le suivi récent de l’occupation des terriers et du succès reproducteur (2002-2014; P. Hodum, données inédites). Il est important de souligner que les inférences concernant les tendances de population fondées sur les paramètres d’occupation des terriers et de succès reproducteur, quoique fournissant des indications utiles sur la stabilité possible de la population, demeurent limitées, étant donné qu’elles ne peuvent bien tenir compte à court terme des décalages démographiques du fait des variations des taux de survie des différentes classes d’âge. Dans le long terme, cependant, on pense que les populations ont connu des baisses marquées et continues à la suite de l’introduction de coatis (Nasua nasua) dans les années 1930 (Bourne et al., 1992; Guicking et Fiedler, 2000). L’estimation actuelle de la population mondiale de 28 000 couples se trouve sous la limite inférieure de la plage établie dans le rapport de situation canadien précédent visant l’espèce (COSEWIC, 2004), dans lequel la population reproductrice totale était estimée à 57 738–60 340 individus (28 869–30 170 couples). On ne sait pas si l’estimation actuelle ne serait en fait qu’une estimation plus exacte, ou si elle témoigne d’une baisse réelle par rapport à l’estimation précédente de 2004.

À l’île Santa Clara, on estime que la population reproductrice a augmenté de 40 % dans les trois années suivant l’éradication des lapins réalisée en 2003, le nombre de couples nicheurs ayant passé de 2 544 en 2003 à 3 470 en 2006 (Hinojosa et Hodum, 2007; Azocar et al., 2013; selon les taux d’occupation des terriers). Cependant, il faut souligner que cela ne représente pas une réelle augmentation d’effectif de cette ampleur, mais plutôt une indication du fait que des oiseaux adultes qui ne parvenaient pas à se reproduire antérieurement ont pu entrer dans la population reproductrice après élimination des lapins, avec lesquels il semble y avoir concurrence pour les terriers au début de la période de reproduction des oiseaux (vois la section « Menaces et facteurs limitatifs »).

Pour l’île Mocha, les données sont semblablement inadéquates pour le calcul de tendances de population historiques, mais on pense que la population y a diminué considérablement au cours du 20e siècle en raison de la récolte illégale de poussins et des prédateurs introduits (Guicking et al., 1999; Hinojosa et Hodum, 2007). Ibarra-Vidal et Klesse (1994) ont estimé que la population de l’île s’élevait à 84 190 individus en 1988, tandis que Guicking et al. (1999) ont rapporté une population de 25 000 couples (50 000 individus) sur la base de travaux menés en 1997 et 1998. Il convient de souligner que ces derniers auteurs voyaient dans leur estimation l’indication d’une baisse de population plutôt qu’un simple manque de concordance avec l’estimation établie par Ibarra-Vidal et Klesse (1994) dix ans auparavant. Schlatter (1984) avait aussi indiqué que la population de l’île Mocha connaissait une baisse marquée. Une interdiction de récolter des poussins (voir la section « Menaces et facteurs limitatifs ») a commencé à être appliquée en 2010; depuis, la population semble avoir été stable dans les cinq années où ont été recueillies des données de suivi durant la période de reproduction (P. Hodum, données inédites).

Vu la nature opportuniste des relevés en mer effectués au Canada, leurs données de devraient pas être utilisées pour déterminer les tendances de la répartition ou de l’abondance de l’espèce dans les eaux canadiennes (K. Morgan, comm. pers.).

Immigration de source externe

Le concept d’immigration de source externe ne s’applique pas à cette espèce pour les eaux canadiennes.

Menaces et facteurs limitatifs

Les menaces auxquelles le Puffin à pieds roses est confronté dans ses colonies de reproduction comprennent l’exploitation par l’être humain et les perturbations anthropiques, les espèces introduites ainsi que la perte et la dégradation d’habitat (Schlatter, 1984; Hinojosa et Hodum, 2007). Comme cela est décrit ci-après, l’importance de chacune de ces menaces diffère selon le lieu de reproduction. En milieu marin, les menaces possibles comprennent les interactions avec les pêches commerciales et les pêches de subsistance, la pollution par les hydrocarbures et les autres sources de pollution, l’ingestion de plastique et probablement la concurrence alimentaire avec l’humain (CEC, 2005; Hinojosa et Hodum, 2007; Environment Canada, 2008; Azocar et al., 2013; CONAF, 2013). L’impact global des menaces est considéré comme élevé (voir l’annexe 1 pour le calcul des menaces).

Menaces

Utilisation des ressources biologiques

Dans l’ensemble, l’impact de ces menaces est considéré comme moyen.

A) Prises accidentelles dans les pêches (menace no 5.4 de l’UCN)

L’impact de cette menace est considéré comme moyen. Bien que l’ampleur de la menace n’ait pas encore été pleinement établie, des évaluations récentes (surveillance par des observateurs en mer, enquêtes auprès des pêcheurs) ont confirmé que les prises accidentelles constituent une menace pour le Puffin à pieds roses dans les eaux au large de la côte de l’Amérique du Sud et de l’Amérique centrale (Dávila Pérez et al., 2009; Cabezas et Suazo, 2011; Mangel et al., 2012; Suazo et al., 2014). Les résultats de ces évaluations sont préliminaires, et les prises accidentelles et les répercussions sur les populations n’ont pas encore été établies avec exactitude. Toutefois, le nombre de Puffins à pieds roses adultes et immatures tués par des interactions avec les pêches pourrait être considérable; des enquêtes semi-officielles (« réponse rapide ») auprès de capitaines de pêche à 13 ports chiliens ont permis d’estimer qu’à elles seules, les pêches au filet menées dans la région tuent environ 1 000 oiseaux par année (selon les taux de prises accidentelles déclarés et les estimations de la taille de la flottille dans chaque port; Mangel et al., 2012). Les taux de prises accidentelles et la fréquence de déclaration de prises accidentelles sont le plus élevés pour les bateaux qui circulent à proximité de l’île Mocha. Cette île est située au sud de la région de Talcahuano, un lieu d’alimentation névralgique où les Puffins à pieds roses des trois colonies insulaires se réunissent et une région caractérisée par certaines des plus fortes concentrations d’activités de pêche industrielles et artisanales au pays (Mangel et al., 2012; Azocar et al., 2013). Puisque le taux de prises accidentelles mentionné ci-dessus concerne seulement une région du Chili et qu’il ne tient pas compte des données relatives à tous les types de pêche, il s’agit évidemment d’une estimation prudente. Mangel et al. (2011, 2012) ont également fait état de prises accidentelles de Puffin à pieds roses dans les pêches au filet maillant et à la palangre en Équateur et au Pérou; ils ont produit une estimation initiale de 500 à 1 000 Puffins à pieds roses tués chaque année dans les pêches au filet maillant au Pérou.

Outre les estimations susmentionnées, des prises accidentelles de Puffin à pieds roses surviennent dans de multiples pêches au Chili, au Pérou et en Équateur, notamment la pêche industrielle au filet maillant, la pêche à la palangre et la pêche à la senne coulissante (Cabezas et Suazo, 2011; Mangel et al., 2012; Suazo et al., 2014). Une mortalité imputable aux prises accidentelles est également soupçonnée dans d’autres pêches en Amérique du Sud. Le suivi par satellite de Puffins à pieds roses a révélé un chevauchement spatial pour de nombreuses flottilles de pêche au filet maillant, à la senne coulissante et à la palangre (Mangel et al., 2012; Suazo et al., 2014). On croit également que le risque de prises accidentelles a augmenté au cours des 55 dernières années en raison d’une hausse de l’effort de pêche et du nombre de techniques potentiellement nuisibles utilisées (P. Hodum, obs. pers.). En Amérique centrale, des relevés préliminaires menés au Guatemala ont récemment mis en évidence des prises accidentelles de Puffin à pieds roses dans une pêche de requins et de la coryphène commune (Coryphaena hippurus) à la palangre (Dávila Pérez et al., 2009).

Dans les eaux canadiennes, l’effort de pêche commerciale à la palangre (ciblant le flétan du Pacifique [Hippoglossus stenolepis] et des sébastes [Sebastes spp.]) est concentré le long de la plate-forme continentale, et un effort supplémentaire est mené le long de la côte du nord de l’île de Vancouver et dans le bassin de la Reine-Charlotte (Smith et Morgan, 2005). Bien qu’il n’existe pas d’estimation du chevauchement spatial direct entre les pêches à la palangre et les Puffins à pieds roses au Canada, l’espèce est associée à la plate-forme continentale et au rebord externe de celle-ci dans les eaux canadiennes et il y a un risque d’interaction avec la flottille de pêche. Un programme est en place pour surveiller et atténuer les prises accidentelles dans les pêches à la palangre sur la côte ouest du Canada; toutefois, l’efficacité des mesures d’atténuation recommandées n’a pas été évaluée, et la surveillance de la conformité semble très limitée (K. Morgan, comm. pers.). Il n’existe actuellement aucune mention de prise accidentelle de Puffin à pieds roses dans les pêches à la palangre en milieu extracôtier, mais cette absence de mention ne signifie pas que l’espèce n’est pas prise accidentellement puisque l’identification des espèces pose problème. Par exemple, dans le cadre d’un programme sur les prises accidentelles d’oiseaux marins mené de 2000 à 2005, un Puffin à bec grêle a été récupéré dans la pêche du flétan à la palangre et cet oiseau a d’abord été identifié à tort comme étant un Guillemot colombin (Cepphus columba; K. Morgan, comm. pers.). Il n’existe aucune mention de prise accidentelle de Puffin à pieds roses dans les pêches au filet maillant en Colombie-Britannique, probablement en raison du fait que ces pêches sont menées dans les eaux côtières de la province, mais il y a également très peu d’activités surveillance des prises accidentelles de la flottille de pêche au filet maillant en Colombie-Britannique (L. Wilson, comm. pers.; K. Morgan, comm. pers.). Néanmoins, la prise accidentelle de cette espèce dans le Pacifique Nord a été rapportée dans au moins deux pêches, soit les pêches des calmars au filet maillant en haute mer dans les années 1990 (Johnson et al., 1993; Ogi et al., 1993) et, plus récemment, une pêche à la palangre au large de la côte de la Californie (A. Gladics, comm. pers. 2016).

B) Récolte de poussins (menace no 5.1 de l’UICN)

L’impact de cette menace est considéré comme moyen à faible. Au Chili, bien que la récolte de poussins à des fins alimentaires soit illégale à l’île Mocha, les poussins sont considérés comme un mets de choix, et les résidants de l’île en récoltent un grand nombre chaque année (des échanges commerciaux avec le continent ont été notés par Guicking et al. [1999] et confirmés comme étant toujours d’actualité en 2014 [V. López et P. Hodum, données inédites]). L’ampleur de cette récolte, telle que décrite, aurait été assez importante pour avoir une incidence à l’échelle des populations. La récolte de poussins par la population locale a été signalée pour la première fois au début du 20e siècle, les taux d’exploitation de l’époque étant inconnus. Plus récemment, Guicking et al. (1999) ont estimé que 3 000 à 5 000 poussins sont prélevés chaque année, ce qui correspond à 20 % de la production annuelle. La CONAF (2013) a fait état d’une perte de 8 000 poussins par année (environ 40 % de la production des 19 400 nids actuels [estimation]). Depuis 2010, le gouvernement du Chili veille à l’application de l’interdiction de récolte de poussins et celle-ci a diminué considérablement puisqu'elle se chiffrerait aujourd’hui à seulement 200 poussins (CONAF, 2013) ou quelques centaines (Azocar et al., 2013) par saison.

Il est important de souligner qu’il est extrêmement difficile d’obtenir des estimations représentatives des taux de récolte illégale et que les estimations des taux de récolte récents sont incertaines. Il existe toutefois des données selon lesquelles la récolte de poussins pourrait connaître une légère augmentation, et ce, malgré les mesures d’application de la loi et les programmes de sensibilisation communautaires en vigueur (P. Hodum, obs. pers.). Le commerce de la chair de poussins demeure une réalité dans les collectivités du continent et il ne fait l’objet d’une réglementation que dans les colonies. Les organismes gouvernementaux du Chili sont au courant de l’existence de ce marché d’exportation local et ils ont pris l’engagement d’appliquer l’interdiction dans les ports locaux situés en face de l’île Mocha. L’incidence de ce commerce s’étend au-delà des conséquences directes de la récolte puisque les perturbations et la destruction de terriers qui découlent de l’extraction de poussins peuvent affecter les liens de couple des adultes nicheurs, ce qui peut retirer des terriers et des adultes de la production de poussins pendant une ou plusieurs années (Hinojosa et Hodum, 2007; Azocar et al., 2013). À l’île Mocha, les gens qui récolent des poussins utilisaient par le passé des outils comme des crochets et des pioches pour atteindre les poussins dans les terriers profonds et ils détruisaient du même coup les nids. Guicking et al. (1999) ont souligné qu’une telle destruction des terriers est survenue lors de nombreuses récoltes. À l’heure actuelle, la destruction de nids se poursuit, mais à une fréquence inconnue (P. Hodum, obs. pers.).

C) Exploitation forestière et récolte du bois (menace no 5.3 de l’UICN)

Bien que l’impact de cette menace soit probablement négligeable, la récolte d’arbres morts et abattus aux fins d’utilisation comme bois de chauffage à l’île Mocha peut causer des dommages aux terriers et détruire les arbres qui les protègent. La CONAF tente de limiter cette activité.

Espèces envahissantes (menace no 8.1 de l’UICN)

L’impact de cette menace est considéré comme étant moyen. À chaque île correspondent des problèmes d’espèces envahissantes particuliers. Certaines données indiquent que les espèces envahissantes pourraient avoir mené à une baisse de la qualité de l’habitat, du nombre d’adultes et possiblement de la zone d’occupation au cours des 55 dernières années, mais les données antérieures à la dernière décennie sont imprécises. Les perturbations et la concurrence des mammifères non indigènes (à la fois des prédateurs et des herbivores), ainsi que la prédation par ceux-ci, dans les colonies de nidification constituent actuellement l’ensemble de menaces le plus important pour les Puffins à pieds roses nicheurs. Parmi les mammifères introduits, les chats féraux constituent actuellement la menace la plus importante sur les îles Robinson Crusoe et Mocha, par leur prédation visant les poussins et les adultes (Hinojosa et Hodum, 2007). En outre, les espèces végétales fortement envahissantes, comme le maqui (Aristotelia chilensis), la ronce à feuilles d’orme (Rubus ulmifolia) et le goyavier du Chili (Ugni molinae), modifient radicalement la composition et la structure des communautés végétales, créant des peuplements denses défavorables aux puffins (Stuessy et al., 1998; P. Hodum, obs. pers.).

À l’île Robinson Crusoe, les chats et les coatis auraient contribué à des baisses marquées de la population de Puffins à pieds roses par le passé (Bourne et al., 1992; Guicking et Fiedler, 2000; Hodum et Wainstein, 2002). Les coatis ont été introduits dans l’île dans les années 1930 afin de contrôler les populations de rats et ils étaient abondants jusque dans les années 1980. Il est possible qu’ils aient été également des prédateurs d’oiseaux particulièrement efficaces. Bourne et al. (1992) ont d’ailleurs fait état d’un coati ayant tué jusqu’à 30 Puffins à pieds roses en une nuit. Un programme de lutte ciblée mené de la fin des années 1990 au début des années 2000 a fait en sorte que relativement peu de coatis ont été observés dans l’île dans les dernières années. La prédation des Puffins à pieds roses s’est toutefois poursuivie, et en 2016, la population de coatis semble avoir commencé à augmenter à la suite de la réduction de la pression de chasse. À l’heure actuelle, le contrôle des coatis constitue une activité pratiquée de façon opportuniste (Hahn et Römer, 2002; Azocar et al., 2013; P. Hodum, obs. pers.). Les chats sont probablement présents dans l’île depuis au moins 300 ans (Azocar et al., 2013). Les chats féraux constituent maintenant la plus grande menace mammalienne à l’île Robinson Crusoe : une évaluation préliminaire de la prédation par les mammifères (Hodum et Wainstein, 2003) a permis d’estimer qu’en moyenne, de 2 % à 4 % des nids de Puffins à pieds roses dans trois parcelles d’étude ont échoué par suite de la prédation de poussins ou d’adultes, la majorité de la mortalité ayant été attribuée aux chats. La mortalité annuelle due à la prédation dans les terriers surveillés varie de 0 % à 3 % pour les adultes et de 0 % à 20 % pour les poussins, et les taux de mortalité varient selon la colonie et l’année (Hinojosa et Hodum, 2007).

Les pièges photographiques installés dans de multiples colonies de l’île Robinson Crusoe ont permis de documenter la présence de chats féraux et ainsi d’appuyer les résultats des relevés de prédation dans les colonies de reproduction (E. Hagen et P. Hodum, données inédites). En outre, l’analyse d’isotopes stables dans les fèces de chats féraux a révélé la présence de Puffins à pieds roses dans le régime alimentaire de ces chats (V. Colodro et P. Hodum, données inédites). La prédation par les chats ne semble pas avoir diminué par rapport aux niveaux mesurés au début des années 2000 (P. Hodum, données inédites).

Des rats (Rattus rattus et R. norvegicus) sont également présents à l’île Robinson Crusoe. Étant donné l’incidence des rats sur les oiseaux de mer nichant au sol ailleurs dans le monde, il est probable que les rats de l’île Robinson Crusoe exercent une prédation sur les Puffins à pieds roses, et ce, même si l’analyse d’isotopes stables dans les tissus de rats piégés indique qu’une telle prédation est probablement peu fréquente. Les résultats de cette analyse indiquent une signature isotopique principalement terrestre et un niveau trophique inférieur à celui des puffins (Hinojosa et Hodum, 2007; Azocar et al., 2013; P. Hodum, données inédites).

Les mammifères brouteurs menacent les Puffins à pieds roses de l’île Robinson Crusoe, à la fois par des effets directs et par la modification de l’habitat (voir la rubrique « Perte et dégradation d’habitat » ci-après). Le piétinement par les bovins domestiques a tué des adultes et des poussins, 48 % des terriers à un endroit ayant déjà présenté un certain niveau de dommages structurels (Hinojosa et Hodum, 2007; Gladics et al., manuscrit soumis). Toutefois, une clôture d’exclusion des bovins installée à cet endroit en 2012 protège environ la moitié de la sous-colonie, et les bovins n’ont plus accès aux autres colonies de l’île Robinson Crusoe (Hodum, 2014; Azocar et al., 2013; Gladics et al., manuscrit soumis).

Les lapins de garenne introduits sont très nombreux dans l’île Robinson Crusoe (p. ex. environ 52 000 lapins en 1982; Hahn et Römer, 2002) et y sont présents depuis les années 1940 (Ojeda et al., 2003). Des données indiquent que les lapins nuisent au succès de reproduction du Puffin à pieds roses, cet oiseau étant particulièrement sensible aux perturbations dues aux lapins ou à la compétition pour les terriers durant la période nuptiale (Hodum et Wainstein, 2002, 2003; Hodum, 2007; Azocar et al., 2013).

L’île Santa Clara ne compte aucun mammifère introduit depuis l’éradication des lapins en 2003 (Ojeda et al., 2003; Azocar et al., 2013). La réaction des Puffins à pieds roses nicheurs à l’élimination des lapins a été instructive : en trois ans, le nombre de couples nicheurs a augmenté de près de 40 % (Hodum, 2007; voir aussi la section « Taille et tendances des populations »). Avant l’éradication, le taux d’occupation des terriers se chiffrait en moyenne à 43 %, mais depuis 2004, ce taux se chiffre de manière assez constante entre 60 % et 70 % (Hinojosa et Hodum, 2007; P. Hodum, données inédites). Ces résultats laissent penser que le nombre élevé de lapins dans l’île Robinson Crusoe pourrait encore avoir une incidence importante sur le succès de reproduction des Puffins à pieds roses.

À l’île Mocha, les pièges photographiques ont permis de documenter la présence de chats féraux dans les colonies ainsi que de faibles niveaux de prédation féline visant les puffins adultes. Ces pièges ont également révélé la capture occasionnelle de Puffins à pieds roses par des chiens domestiques (P. Hodum, données inédites). Les chiens accompagnent souvent les gens qui récoltent des poussins dans la forêt (voir la rubrique « Récolte de poussins ») et ils capturent probablement des poussins qui se trouvent près de l’entrée ou à l’extérieur de leur terrier (Guicking et al., 1999). Des rats sont présents dans l’île Mocha, où ils pénètrent parfois dans des terriers de puffins, et des preuves de prédation ont été observées (Guicking et al., 1999).

Bien qu’il n’existe actuellement aucune donnée corroborant la reproduction soupçonnée de Puffins à pieds roses à l’île Guafo (une petite île au sud de l’île Mocha; CEC, 2005; Reyes-Arriagada et al., 2009), il convient de souligner que des prédateurs non indigènes peuvent y constituer une menace importante. Des données montrent que les rats introduits présents dans l’île attaquent les Puffins fuligineux nicheurs, et des chats féraux sont également présents dans l’île (Moreno-Gómez et al., 2010).

Perte et dégradation d’habitat dues à des modifications des systèmes naturels (menace no 7.3 de l’UICN)

L’impact de cette menace est considéré comme étant moyen à faible. Le broutage par les bovins et les lapins introduits cause des dommages continus à l’habitat dans l’île Robinson Crusoe (voir plus haut la rubrique « Espèces envahissantes »), alors que le piétinement par les bovins à l’extérieur des clôtures d’exclusion continue d’avoir une incidence directe sur un petit nombre de terriers (Hinojosa et Hodum, 2007; Gladics et Hodum, 2010; Gladics et al., manuscrit soumis; Hodum, 2014). La conversion d’habitat par des plantes non indigènes constitue également une menace pour les Puffins à pieds roses de l’île Robinson Crusoe (Stuessy et al., 1998; Hinojosa et Hodum, 2007).

Les effets du déboisement historique ainsi que du broutage passé et présent par les herbivores introduits sont aggravés par les tempêtes et les périodes de fortes pluies, les terriers de Puffins à pieds roses étant davantage touchés dans les zones dévégétalisées que dans les zones végétalisées (Hodum et Wainstein, 2002). L’érosion a un effet indirect sur les populations nicheuses par l’intermédiaire de la destruction ou de la modification des terriers (CEC, 2005; Azocar et al., 2013). À l’île Santa Clara, la principale menace pour les Puffins à pieds roses est le niveau élevé d’érosion dû à la perte de couverture végétale indigène, et ce, même si les herbivores non indigènes ont maintenant été éradiqués de cette île; au moins 50 % de l’habitat de reproduction dans l’île est vulnérable aux effets de l’érosion (Hodum, 2014; P. Hodum, données inédites).

Les autres modifications de l’écosystème englobent la fluctuation de la disponibilité de proies. Durant la période de reproduction, les Puffins à pieds roses se concentrent à un lieu d’alimentation névralgique où les prises commerciales et artisanales de petits poissons fourrages sont nombreuses (principalement des sardines et des anchois; Azocar et al., 2013). Puisqu’il y a un chevauchement direct entre les pêches et au moins une partie de la zone d’alimentation des Puffins à pieds roses, la compétition humaine pour ces sources d’aliments de grande qualité peut limiter les populations de puffins.

Les incendies devraient également être considérés comme une menace potentielle pour les Puffins à pieds roses nicheurs et leur habitat, particulièrement en ce qui concerne la mortalité potentielle durant le stade d’élevage des poussins, et comme facteur accroissant l’érosion par l’intermédiaire de la perte de végétation. Des incendies accidentels ont été documentés dans l’archipel Juan Fernández, y compris un incendie de 70 ha dans l’île Selkirk en 1996 (Stuessy et al., 1998). La période de risque élevé d’incendie coïncide avec le stade d’incubation et d’élevage des poussins.

Pollution (menace no 9 de l’UICN)

L’impact de cette menace est considéré comme étant moyen à faible. Schlatter (1984) comptent les pesticides, le rejet de déchets industriels et les déversements d’hydrocarbures parmi les menaces potentielles pour les Puffins à pieds roses qui s’alimentent près de leur colonie au large de la côte chilienne. Cependant, l’incidence de ces menaces sur la taille ou les tendances des populations n’a pas été mesurée. Becker (2000) a documenté des concentrations élevées de méthylmercure (MeHg) dans les plumes d’adultes reproducteurs et de jeunes poussins de l’île Mocha. Les concentrations dans les plumes de poussins plus âgés étaient beaucoup moins élevées, ce qui laisse croire à une exposition des adultes durant la migration ou l’hivernage, le MeHg dans le duvet des jeunes poussins se trouvant à être issu des œufs. Des résidus de biphényles polychlorés (BPC) ont également été observés dans les œufs de Puffins à pieds roses au Chili (Cifuentes et al., 2003).

On sait que les oiseaux de mer en quête de nourriture ingèrent des morceaux de plastique flottants qu’ils prennent pour de la nourriture ou qu’ils ingèrent fortuitement en consommant d’autres aliments (p. ex. Blight et Burger, 1997). L’ingestion peut causer des lésions ou la mort par l’intermédiaire de dommages physiques ou d’une réduction du volume de proies ingérées (Sievert et Sileo, 1993). Une étude préliminaire du régime alimentaire d’un petit échantillon de Puffins à pieds roses de la colonie de l’île Santa Clara en 2003-2004 a révélé que l’espèce ingère elle aussi du plastique (P. Hodum, données inédites; CONAF, 2013). De plus, un programme récemment établi de surveillance de l’ingestion de plastique par les Puffins à pieds roses, qui porte sur des oiseaux morts par suite de collisions avec des structures lumineuses, a relevé des taux d’ingestion de 95 % pour les 20 oiseaux ayant fait l’objet d’une nécropsie (P. Hodum, données inédites).

Les déversements d’hydrocarbures et l’ingestion de plastique constituent probablement une menace pour le Puffin à pieds roses dans son aire de répartition au Canada. Dans son aire d’hivernage, cette espèce est attirée par les bateaux (K. Morgan, comm. pers.; Kenyon et al., 2010). Le fait d’être attiré par les bateaux entraîne une augmentation du risque de mortalité massive à la suite de déversements d’hydrocarbures chroniques ou catastrophiques, si des regroupements d’oiseaux entrent en contact avec des contaminants. Le transport maritime de produits pétroliers et d’autres marchandises en vrac devrait augmenter dans les eaux canadiennes du Pacifique puisque plusieurs projets de terminal maritime sont proposés actuellement sur la côte de la Colombie-Britannique, et la circulation maritime devrait augmenter de façon concomitante (EnviroEmerg Consulting, 2008). Les navires qui fréquenteront ces terminaux traverseront les eaux canadiennes occupées par le Puffin à pieds roses (Stantec, 2013; Oaten et al., 2014), et une hausse de la circulation maritime entraîne une augmentation du risque que le Puffin à pieds roses et ses proies soient exposés à des déversements d’hydrocarbures et d’autres contaminants (p. ex. par l’intermédiaire d’activités illégales de nettoyage de cales) dans les eaux canadiennes.

Depuis le début des années 1990, pour lutter contre la pollution par les hydrocarbures causée par les navires, Transports Canada surveille les déversements d’hydrocarbures dans les eaux canadiennes du Pacifique. Cette surveillance est menée dans le cadre du Programme national de surveillance aérienne (PNSA) et se concentre le long des voies de navigation et autour des zones portuaires. Elle s’effectue à bord d’un aéronef clairement identifié en rouge afin de dissuader les déversements illégaux. Serra-Sogas et al. (2008) ont fait état d’une tendance générale à la baisse suivie d’une stabilité des taux de détection des déversements coïncidant avec la hausse de la surveillance au cours de la période 1993-2006. O’Hara et al. (2009) ont noté une réduction de la proportion de carcasses d’oiseaux et de plages souillées par des hydrocarbures depuis le début de la surveillance dans le cadre du PNSA, un effet dissuasif semblant s’être manifesté à l’ouest de l’île de Vancouver autour de la baie Barkley, soit l’un de plusieurs endroits où l’on a réalisé de nombreuses observations de Puffins à pieds roses. O’Hara et al. (2013) ont examiné la relation entre les taux de détection des déversements et les activités de surveillance au cours de la période 1997-2006 dans trois régions marines de la Colombie-Britannique. Pour les régions occupées par le Puffin à pieds roses, un effet dissuasif limité était présent dans la région ouest de l’île de Vancouver et aucun effet dissuasif n’était présent dans la région nord de l’île de Vancouver. À partir de 2007, les activités de surveillance ont été intensifiées dans toutes les régions, avec un équipement plus perfectionné et un aéronef à plus grande portée. L’effet dissuasif au cours de cette période plus récente n’a pas été évalué.

Ailleurs, il est de plus en plus clair que la surveillance des déversements illégaux d’hydrocarbures entraîne simplement un déplacement des déversements dans le temps (p. ex. augmentation limitée des déversements nocturnes dans les zones sous surveillance aérienne des Pays-Bas; Vollaard, 2015) et l’espace (Gullo, 2011). Cela laisse penser que les déversements illégaux pourraient augmenter dans les zones faisant l’objet d’une surveillance moindre ou nulle.

La pollution lumineuse est considérée comme ayant un impact négligeable. À l’île Robinson Crusoe, les adultes et les jeunes sont attirés par la lumière artificielle des rues et des terrains de sport de la seule ville de l’île. Cette attirance pour la lumière donne lieu à une mortalité directe, quand les oiseaux sont tués lors de collisions avec des bâtiments, et indirecte, quand les oiseaux désorientés se posent en milieu urbain et sont ensuite tués par des chats ou des chiens. Chaque année, au moins 70 Puffins à pieds roses sont victimes de leur attirance pour la lumière, et 35 à 50 de ceux-ci en meurent (P. Hodum, données inédites). Des cas de mortalité découleraient également de l’attirance pour la lumière produite par les plateformes pétrolières et les navires, mais il n’existe aucune donnée sur cette menace et celle-ci est supposée négligeable.

Autres facteurs

Les facteurs limitatifs naturels pour le Puffin à pieds roses comprennent la quantité d’habitat convenable dans les colonies de nidification, ainsi que les fluctuations naturelles de la disponibilité de proies en milieu marin (p. ex. en fonction des épisodes El Niño), en particulier durant la période de reproduction. Schlatter (1984) avance aussi que l’espèce est affectée par les proliférations d’algues nuisibles, mais il ne fournit pas plus de détails à ce sujet. Ces proliférations sont des phénomènes naturels, mais on estime que leur fréquence augmente en raison de l’eutrophisation et possiblement des changements climatiques (Van Dolah, 2000; Sellner et al., 2003).

La croissance des populations de Puffins à pieds roses est limitée par les caractéristiques du cycle de vie de tous les Procellariiformes : une faible fécondité (un seul œuf par année); une fidélité élevée au partenaire (la perte du partenaire donne lieu à un retour retardé parmi la population reproductrice); une maturité sexuelle probablement tardive. Ces caractéristiques font en sorte que l’espèce est particulièrement vulnérable à toute mortalité d’adultes due à des menaces comme les prises accidentelles dans les pêches ou les prédateurs introduits.

Nombre de localités

À l’échelle mondiale, le Puffin à pieds roses ne se reproduit que dans trois îles. Puisque les prédateurs envahissants représentent pour l’espèce une menace touchant l’ensemble d’une île donnée (voir la section « Menaces et facteurs limitatifs »), chaque île devrait être considérée comme une localité. Par conséquent, aux fins de l’application des critères d’évaluation, le Puffin à pieds roses est considéré comme comptant trois localités. Les incendies devraient également être considérés comme une menace potentielle pour l’ensemble de la très petite île Santa Clara. Les renseignements sur la répartition de la mortalité par prise accidentelle sont actuellement insuffisants pour déterminer si le Puffin à pieds roses devrait être considéré comme ne comptant qu’une seule localité du fait d’une menace commune à l’ensemble de la population.

Protection, statuts et classements

Statuts et protection juridiques

Au Canada, le Puffin à pieds roses a été désigné « espèce menacée » par le COSEPAC en 2004 et il figure à l’annexe 1 de la Loi sur les espèces en péril (LEP), ce qui signifie qu’il est protégé en vertu de cette loi. Le Puffin à pieds roses est également protégé en vertu de la Loi de 1994 sur la convention concernant les oiseaux migrateurs au Canada. L’inscription de l’espèce à la liste des espèces en voie de disparition a également été approuvée au Chili en 2007 en raison de la réduction de son aire de reproduction, des baisses de population et de la baisse de la qualité de l’habitat (Hinojosa et Hodum, 2007); son inscription a eu lieu en 2008 (Ministerio del Medio Ambiente, sans date).

Statuts et classements non juridiques

Le Puffin à pieds roses est désigné « vulnérable » (vulnerable) [BirdLife International, 2012] par l’UICN et « espèce suscitant des préoccupations communes en matière de conservation » (Species of Common Conservation Concern) par la Commission de coopération environnementale (CCE) du Canada, du Mexique et des États-Unis. L’espèce figure également à l’Annexe I de la Convention sur la conservation des espèces migratrices appartenant à la faune sauvage (CMS ou Convention de Bonn). En mai 2015, le Puffin à pieds roses a été inscrit à l’Annexe 1 de l’Accord sur la conservation des albatros et des pétrels (ACAP), conclu aux termes de la CMS. Le Conservation Data Centre de la Colombie-Britannique désigne le Puffin à pieds roses comme étant vulnérable.

NatureServe attribue au Puffin à pieds roses les cotes de conservation suivantes pour d’autres territoires de compétence :

Cote mondiale : G3 (31 octobre 2008)
Cote mondiale arrondie : G3 -- vulnérable

Cote nationale aux États-Unis : NNA (5 janvier 1997)
Cote nationale au Canada : N3N (15 novembre 2011)

Cote infranationale – États-Unis : Alaska (S1S2N), Oregon (SNA), Washington (S1S2N)
Cote infranationale – Canada : Colombie-Britannique (S3N)

Le Plan de conservation des oiseaux aquatiques du Canada désigne le Puffin à pieds roses comme étant « très préoccupant » en raison des menaces auxquelles il fait face et du nombre d’oiseaux fréquentant les eaux canadiennes (Milko et al., 2003). En 2016, le Puffin à pieds roses a été inscrit à la liste de surveillance de l’Initiative de conservation des oiseaux de l’Amérique du Nord (liste des espèces « qui sont les plus grandement menacées d’extinction si des mesures de conservation musclées ne sont pas mises en œuvre pour inverser les déclins et réduire les menaces »; NABCI, 2016).

Protection et propriété de l’habitat

L’archipel Juan Fernández a été désigné parc national au Chili en 1935 et réserve de la biosphère de l’UNESCO en 1977. Les activités humaines comme la récolte de bois sont donc interdites dans les zones occupées par des puffins nicheurs (CONAF, 2013; Azocar et al., 2013). Environ 45 % de l’île Mocha a été désignée réserve nationale (Reserva Nacional Isla Mocha) en 1988, et les hautes terres boisées occupées par les Puffins à pieds roses nicheurs y sont maintenant protégées (Hinojosa et Hodum, 2007). Les deux endroits sont gérés par la Corporación Nacional Forestal (CONAF) du Chili. Dans l’une des colonies de l’île Robinson Crusoe, Tierras Blancas, des chercheurs ont récemment construit une clôture de 1 700 mètres de longueur à l’épreuve des prédateurs et des lapins. Une clôture d’exclusion des bovins construite en 2012 autour de la deuxième sous-colonie en importance de cette île protège entièrement environ 50 % de cette population reproductrice. Ces clôtures protègent la majorité des deux seules sous-colonies de l’île encore vulnérables aux effets des bovins (Hodum, 2014; Gladics et al., manuscrit soumis; P. Hodum, données inédites). La municipalité de Juan Fernández et de nombreux résidants de San Juan Bautista (principale agglomération de l’île Robinson Crusoe) sont intéressés à installer partout en ville un système d’éclairage public convenant aux oiseaux de mer, mais ce projet est encore au début du stade de planification. À l’heure actuelle, la municipalité compte deux zones dans lesquelles des lumières vertes ont été installées afin de réduire au minimum le nombre d’oiseaux de mer attirés la nuit.

L’aire de répartition du Puffin à pieds roses en milieu marin s’étend sur le territoire de douze pays (Mangel et al., 2012). Dans son aire de répartition canadienne, le Puffin à pieds roses est présent dans la réserve d’aire marine nationale de conservation Gwaii Haanas au large de Haida Gwaii, pour laquelle existe un processus de planification de zone de conservation, non encore abouti cependant. Les responsables de la réserve d’aire marine nationale de conservation élabore une ébauche de plan d’action local pour les espèces en péril qui comprend la planification de la préparation en cas de déversement d’hydrocarbures et les conséquences potentielles pour le Puffin à pieds roses (P. Shepherd, comm. pers.; Parks Canada, 2016). Environnement et Changement climatique Canada élabore également un plan de gestion pour la réserve nationale de faune en milieu marin des îles Scott, actuellement proposée.

Remerciements et experts contactés

Les rédacteurs du rapport tiennent à remercier les experts suivants pour avoir fourni des publications, des rapports inédits, des données et autre information :

Jeff Mangel (ProDelphinus, Équateur)
Iain McKechnie (Hakai Institute, Simon Fraser University, Burnaby)
Wiesława Misiak (agente scientifique, Secrétariat de l’Accord sur la conservation des albatros et des pétrels [ACAP])
Kathleen Moore (Environnement et Changement climatique Canada, Delta)
Warren Papworth (Secrétariat de l’Accord sur la conservation des albatros et des pétrels [ACAP] [à la retraite])
Pippa Shepherd (Parcs Canada, Vancouver)
Christián Suazo (Albatross Task Force, BirdLife International, Chili, et Université Justus-Liebig, Giessen, Allemagne)
Laurie Wilson (Environnement et Changement climatique Canada, Delta)
Oli Yates (Albatross Task Force, Royal Society for the Protection of Birds [RSPB], Royaume-Uni)

Des remerciements sont également adressés à Ken Morgan (Environnement et Changement climatique Canada, Sidney, Colombie-Britannique) pour avoir fourni des renseignements généraux sur les relevés d’oiseaux de mer effectués en mer par le Service canadien de la faune depuis les années 1980, ainsi que des données brutes issues des plus récents de ces relevés. Karen Timm et Joanna James (Secrétariat du COSEPAC) ont agi à titre de conseillères en ce qui concerne la production du rapport. Alain Filion (COSEPAC) a produit les cartes des répartitions canadienne et mondiale de l’espèce et a calculé la superficie de la zone d’occurrence. Le Cornell Lab of Ornithology a fourni l’accès aux données d’eBird, et David Fraser (ministère de l’Environnement de la Colombie-Britannique, Victoria) et Ben Lascelles (anciennement à BirdLife International, Cambridge) ont fourni les photographies apparaissant dans le présent rapport. BirdLife International et NatureServe ont gracieusement fourni les fichiers de formes qui étaient nécessaires pour produire la carte de la répartition mondiale de l’espèce. Les responsables du projet de conservation du Puffin à pieds roses de Seaturtle.org (projet coopératif du programme Juan Fernández Islands Conservancy d’Oikonos Ecosystem Knowledge, mené en partenariat avec le US Geological Survey, Environnement et Changement climatique Canada et l’American Bird Conservancy) ont autorisé que soient cités les résultats de leur étude de pistage satellitaire. Nous sommes reconnaissants envers Wiesława Misiak (Secrétariat de l’Accord sur la conservation des albatros et des pétrels [ACAP]) de nous avoir donné la permission de citer l’évaluation provisoire du Puffin à pieds roses produite pa l’ACAP (Azocar et al., 2013).

Les personnes suivantes ont fourni de l’information et des commentaires qui ont permis d’améliorer les versions antérieures du présent rapport : Ruben Boles, Syd Cannings, Ken Morgan, Iain Stenhouse, Guy Morrison et Peter Arcese. Enfin, nous remercions Marcel Gahbauer, Dwayne Lepitzki, David Fraser, Ruben Boles, Iain Stenhouse, Peter Arcese, Joe Carney, Karen Timm et Joanna James pour leur aide dans l’évaluation des menaces.

Sources d’information

Ainley, D.G. 1976. The occurrence of seabirds in the coastal region of California. Western Birds 7:33-68.

Ainley, D.G., et G.A. Sanger. 1979. Trophic relations of seabirds in the northeastern Pacific Ocean and Bering Sea. Pp. 95-122, in J.C. Bartonek and D.N. Nettleship (eds.). Conservation of Marine Birds of Northern North America, U.S. Department of the Interior, Fish and Wildlife Service Research Report 11.

Austin, J.J., V. Bretagnolle, et E. Pasquet. 2004. A global molecular phylogeny of the small Puffinus shearwaters, and implications for systematics of the Little-Audubon shearwater complex. Auk 121:847-864.

Azocar, J., M. García, V. Colodro, J. Arata, P. Hodum et K. Morgan. 2013. Listing of new species -- Pink-footed Shearwater Puffinus creatopus. Agreement on the Conservation of Albatrosses and Petrels, AC7 Doc 24, Agenda Item 14, Seventh Meeting of the Advisory Committee, La Rochelle, France, 6-10 May 2013.

Baltz, D.M., et G.V. Morejohn. 1977. Food habits and niche overlap of seabirds wintering on Monterey Bay, California. Auk 94:526-543.

Becker, P.H. 2000. Mercury levels in Pink-footed Shearwaters (Puffinus creatopus) breeding on Mocha Island, Chile. Ornitologia Neotropical 11:165-168.

BirdLife International. 2003. Species factsheet: Puffinus creatopus. [en anglais seulement]

BirdLife International. 2012. Ardenna creatopus. The IUCN Red List of Threatened Species 2012: e.T22698195A40207200. Site Web : [consulté en septembre 2015].

BirdLife International et NatureServe. 2015. Bird species distribution maps of the world. BirdLife International, Cambridge, UK and NatureServe, Arlington, USA.

Boulton, C.A., et T.M. Lenton. 2015. Slowing down of North Pacific climate variability and its implications for abrupt ecosystem change. Proceedings of the National Academy of Sciences, 112:11496-11501.

Bourne, W.R.P., M. de L. Brooke, G.S. Clark et T. Stone. 1992. Wildlife conservation problems in the Juan Fernández Archipelago, Chile. Oryx 26:43-51.

Briggs, K.T., B. Tyler, D.B. Lewis et D.R. Carlson. 1987. Bird communities at sea off California: 1975 to 1983. Studies in Avian Biology 11. iv + 74 pp.

Brooks, A., et H.S. Swarth. 1925. A distributional list of the birds of British Columbia. Pacific Coast Avifauna 17:1-158.

Brown, R.G.B., F. Cooke, P.K. Kinnear et E.L. Mills. 1975. Summer seabird distributions in Drake Passage, the Chilean Fjords and off southern South America. Ibis 117:339-356.

Cabezas, L.A., et C.G. Suazo. 2011. Chile – Albatross Task Force Team Highlights 2011 [PDF, 1.24 Mo]. Albatross Task Force, BirdLife International and Royal Society for the Protection of Birds, Sandy, United Kingdom. Site Web : [consulté en décembre 2015]. [en anglais seulement]

CEC (Commission for Environmental Conservation). 2005. Puffinus creatopus: North American Conservation Action Plan. Commission for Environmental Cooperation, Montreal. viii + 50 pp. (Également disponible en français : CCE (Commission de coopération environnementale). 2005. Puffin à pieds roses : Plan d’action nord-américain de conservation. Commission de coopération environnementale, Montréal. viii + 50 p.).

Christidis, L., et W.E. Boles. 2008. Systematics and Taxonomy of Australian Birds. CSIRO Publishing, Collingwood, Australia. X + 227 pp.

Cifuentes, J.M, P.H. Becker, U. Sommer, P. Pacheco et R. Schlatter. 2003. Seabird eggs as bioindicators of chemical contamination in Chile. Environmental Pollution 126:123-137.

CONAF (Corporación Nacional Forestal). 2013. CONAF en las Áreas Silvestres Protegidas del Estado: Conservando la Flora y Fauna Amenazada. C. Cunazza, M. Grimberg, y M. de la Maza (eds.). Corporación Nacional Forestal, Santiago, Chile. 150 pp.

COSEWIC. 2004. COSEWIC assessment and status report on the Pink-footed Shearwater Puffinus creatopus in Canada. Committee on the Status of Endangered Wildlife in Canada. Ottawa. vii + 22 pp. (Également disponible en français : COSEPAC. 2004. Évaluation et Rapport de situation du COSEPAC sur le Puffin à pieds roses (Puffinus creatopus) au Canada. Comité sur la situation des espèces en péril au Canada. Ottawa. vii + 26 p.).

Crockford, S. 2003. The archaeological history of Short-tailed Albatross in British Columbia: A review and summary of STAL skeleton remains, as compared to other avian species, identified from historic and prehistoric midden deposits. Rapport inédit produit pour K. Morgan, Service canadien de la faune. Pacific Identifications Inc., Victoria, BC.

Dávila Pérez, C., P. Velasquez Jofre et R. Siguenza. 2009. Diagnóstico de captura incidental de aves marina en el Pacífico de Guatemala, Centro America. Informe Final [Rapport définitif]. Pacific Seabird Group, Conservation Small Grants Program. v + 56 pp.

del Hoyo, J., N.J. Collar, D.A. Christie, A. Elliott et L.D.C. Fishpool. 2014. HBW and BirdLife International Illustrated Checklist of the Birds of the World. Lynx Editions, BirdLife International, Barcelona. 903 pp.

Dunham, C., P. Hodum et W. Baur. 2007. Implications for conservation: A survey of the on-colony surface behavior of breeding and non-breeding Pink-footed Shearwaters (Puffinus creatopus) on Isla Santa Clara, Chile. Technical Report for CONAF.

eBird. 2015. eBird Basic Dataset. Version: EBD_relAug-2015.Cornell Lab of Ornithology, Ithaca, New York. Aug 2015.

EnviroEmerg Consulting Services. 2008. Major marine vessel casualty risk and response preparedness in British Columbia. Report for Living Oceans Society, Vancouver. xvii + 144 pp.

Environment Canada. 2008. Recovery Strategy for the Short-tailed Albatross (Phoebastria albatrus) and the Pink-footed Shearwater (Puffinus creatopus) in Canada. Species at Risk Act Recovery Strategy Series. Environment Canada, Ottawa. vii + 46 pp. (Également disponible en français : Environnement Canada. 2008. Programme de rétablissement de l’Albatros à queue courte (Phoebastria albatrus) et du Puffin à pieds roses (Puffinus creatopus) au Canada. Série de Programmes de rétablissement de la Loi sur les espèces en péril. Environnement Canada, Ottawa. viii + 52 p.).

Force, M.P., et L.T. Balance. 2009. A Pink-footed Shearwater in Hawaai'i. 'Elepaio 69:39-40.

Frederick, G., et S.J. Crockford. 2005. Appendix D: Analysis of the Vertebrate Fauna from Ts'ishaa village, DfSi 16, Benson Island. In Ts'ishaa: Archaeology and Ethnography of a Nuu-chah-nulth Origin Site in Barkley Sound, pp. 173–205 by A. D. McMillan and D. E. St. Claire. Archaeology Press, Simon Fraser University, Burnaby, Canada.

Gladics, A., comm. pers. 2016. Correspondance par courriel adressée à L. Blight par l’entremise de K. Morgan. Mai 2016. Assistant Professor – Coastal Fisheries Extension, Oregon State University, Astoria, Oregon.

Gladics, A., et P.J. Hodum. 2010. Impactos a madrigueras de la fardela blanca (Puffinus creatopus) en colonias con y sin ganado, Archipiélago Juan Fernández. Technical Report prepared for Corporación Nacional Forestal, Chile.

Gladics, A.J., P.J. Hodum et D.D. Roby. Manuscrit soumis. Impacts of cattle on nest burrows of a threatened seabird, the Pink-footed Shearwater Ardenna creatopus on Robinson Crusoe Island, Juan Fernández Archipelago, Chile. Biological Conservation.

Gould, P.J., D.J. Forsell et C.J. Lensink. 1982. Pelagic distribution and abundance of seabirds in the Gulf of Alaska and eastern Bering Sea. US Fish and Wildlife Service report FWS/OBS-82/48, Anchorage, Alaska. xiv + 294 pp.

Guicking, D., et W. Fiedler. 2000. Report on the excursion to the Juan Fernández Islands, Chile, 4-23 February 2000. Rapport inédit.

Guicking, D., W. Fiedler, C. Leuther, R. Schlatter et P.H. Becker. 2004. Morphometrics of the pink-footed shearwater (Puffinus creatopus): influence of sex and breeding site. Journal of Ornithology 145:64-68.

Guicking, D., S. Mickstein et R.P. Schlatter. 1999. Estado de la población de fardela blanca (Puffinus creatopus, Coues 1864) en Isla Mocha, Chile. Boletín Chileno de Ornitología (Chile) 6:33-35.

Guicking, D., D. Ristow, P.H. Becker, R. Schlatter, P. Berthold et U. Querner. 2001. Satellite tracking of the pink-footed shearwater in Chile. Waterbirds 24:8-15.

Gullo, B.S. 2011. The illegal discharge of oil on the high seas: the U.S. Coast Guard’s ongoing battle against vessel polluters and a new approach toward establishing environmental compliance. Military Law Review 209:122-185.

Guzman, J.R., et M.T. Myres. 1983. The occurrence of shearwaters (Puffinus spp.) off the west coast of Canada. Canadian Journal of Zoology 60:2064-2077.

Hahn, I., et U. Römer. 2002. Threatened avifauna of the Juan Fernández archipelago, Chile: the impact of introduced mammals and conservation priorities. Cotinga 17:66-72.

Harrison, P. 1983. Seabirds: An Identification Guide. Houghton Mifflin Company, Boston, Massachusetts. 448 pp. (Également disponible en français : Harrison, P. 1995. Les oiseaux de mer : guide d’identification. L’Acadie (Québec), Éditions Broquet. 448 p.).

Harfenist, A., N.A. Sloan et P.M. Bartier. 2002. Living marine legacy of Gwaii Haanas. III: Marine bird baseline to 2000 and marine bird-related management issues throughout the Haida Gwaii region. Parks Canada Technical Reports in Ecosystem Science, No. 036. xiv + 166 pp.

Hay, R.B. 1992. The oceanic habitats of seabirds: their zonal distribution off Vancouver Island, British Columbia, Canada. Journal of Biogeography 19:67-85.

Hinojosa S., et P. Hodum (eds.). 2007. Plan nacional para la conservación de la Fardela de Vientre Blanco Puffinus creatopus Coues, 1864 en Chile. Corporación Nacional Forestal & Comisión Nacional del Medio Ambiente, Chile. 34 pp.

Hodum, P.J. 2007. Population response of pink-footed shearwaters (Puffinus creatopus) to the eradication of European rabbits (Oryctolagus cuniculus) on Isla Santa Clara. Technical report prepared for Corporación Nacional Forestal, Chile.

Hodum, P.J. 2014. Agreement on the Conservation of Albatrosses and Petrels: News. The Pink-footed Shearwater of Chile’s Juan Fernández Archipelago and Isla Mocha is a candidate for ACAP listing. Site Web : [consulté en octobre 2015]. [en anglais seulement]

Hodum, P., et M. Wainstein. 2002. Biology and conservation of the Juan Fernández Archipelago seabird community. Field season report for CONAF. 34 pp.

Hodum, P., et M. Wainstein. 2003. Biology and conservation of the Juan Fernández Archipelago seabird community. Field season report for CONAF. 41 pp.

Hodum, P., et M. Wainstein. 2004. Biology and conservation of the Juan Fernández Archipelago seabird community. Technical report prepared for CONAF. 27 pp.

Hodum P.J., M.D. Wainstein et R. Schlatter. 2004. Satellite tracking of pink-footed shearwaters (Puffinus creatopus). Rapport inédit produit pour la National Geographic Society.

Ibarra-Vidal, H., et M.C. Klesse. 1994. Nota sobre la fardela blanca (Puffinus creatopus, Coues, 1864) (Aves: Procellariidae) de la isla Mocha, VIII Región, Chile. Comunicaciones del Museo de Historia Natural de Concepción 8:49-54.

Jahncke, J., J. Perez et A. Garcia-Godos. 1998a. Abundancia relativa y distribución de aves marinas frente a la costa Peruana y su relación con la anchoveta. Crucero BIC Humboldt 9803-05 de Tumbes a Tacna. Informe de Instituto del Mar del Perú 135: 153-162.

Jahncke, J., L. Ayala et C. Mendoza. 1998b. Abundancia relativa y distribución de aves marinas frente a la costa Peruana y su relación con la abundancia de anchoveta. Crucero BIC Humboldt 9808-09, de Piura a Lima. Informe de Instituto del Mar del Perú 141: 82-95.

Jehl, J.R. Jr. 1973. The distribution of marine birds in Chilean waters in winter. Auk 90:114-135.

Johnson, D.H., T.L. Shaffer et P.J. Gould. 1993. Incidental catch of marine birds in the North Pacific high seas driftnet fisheries in 1990. International North Pacific Fisheries Commission Bulletin 53:473-483.

Kenyon, J.K., K.H. Morgan, M.D. Bentley, L.A. McFarlane Tranquilla et K.E. Moore. 2009. Atlas of Pelagic Seabirds off the west coast of Canada and adjacent areas. Technical Report Series No. 499. Canadian Wildlife Service, Pacific and Yukon Region, British Columbia. xiii + 308 pp.

Lehman, P., obs. pers. 2016. Correspondance par courriel adressée à K. Morgan. Juillet 2016. San Diego, Californie.

Mangel, J.C., J. Alfaro-Shigueto, A. Baquero, J. Darquea, B.J. Godley et J. Hardesty Norris. 2011. Seabird bycatch by small-scale fisheries in Ecuador and Peru. Document SBWG-4 Doc 24 presented to the 6th Meeting of the Advisory Committee of the Agreement on the Conservation of Albatrosses and Petrels, Guayaquil, Ecuador, 29 August – 2 September. 30 pp.

Mangel, J.C., J. Adams, J. Alfaro-Shigueto, P. Hodum, K.D. Hyrenbach, V. Colodro, P. Palavecino, M. Donoso et J. Hardesty-Norris. 2012. Conservation implications of pink-footed shearwater movements and fishery interactions assessed using multiple methods. Technical report prepared for American Bird Conservancy, The Plains, Virginia. 46 pp.

Martin, P.W. 1942. Notes on some pelagic birds of the coast of British Columbia. The Condor 44:27-29.

Martin, P.W., et M.T. Myres. 1969. Observations on the distribution and migration of some seabirds off the outer coasts of British Columbia and Washington State, 1946-1949. Syesis 2:242-255.

McKechnie, I., comm. pers. 2015. Correspondance par courriel adressée à L. Blight. Octobre 2015. Boursier postdoctoral, Department of Archaeology, Hakai Institute, Simon Fraser University, Burnaby.

Milko, R., L. Dickson, R. Elliot et G. Donaldson. 2003. Wings Over Water: Canada’s Waterbird Conservation Plan. Canadian Wildlife Service report CW66-219, Ottawa. iv + 28 pp. (Également disponible en français : Milko, R., L. Dickson, R. Elliot, et G. Donaldson. 2003. Envolées d’oiseaux aquatiques : Plan de conservation des oiseaux aquatiques du Canada. Rapport du Service canadien de la faune CW66-219, Ottawa. iv + 28 p.).

Ministerio del Medio Ambiente. Undated. Inventario nacional de especies de Chile. Puffinus creatopus (Coues, 1864). Gobierno de Chile. Site Web : [consulté le 20 septembre 2016]. [en espanol seulement]

Moreno-Gómez, F.N., R. Reyes-Arriagada et R.P. Schlatter. 2010. Introduced rats on Guafo Island (Chile) and their potential impact on Sooty Shearwater Puffinus griseus. Aliens: The Invasive Species Bulletin 29:34-39.

Morgan, K.H. 1997. The distribution and seasonality of marine birds of the Queen Charlotte Islands. Pp. 78-91, in K. Vermeer and K.H. Morgan (eds.). The ecology, status, and conservation of marine and shoreline birds of the Queen Charlotte Islands. Occasional Paper Number 93, Canadian Wildlife Service, Ottawa.

Morgan, K.H., comm. pers. 2015. Correspondance par courriel adressée à L. Blight. Avril et septembre 2015. Biologiste – oiseaux de mer pélagiques, Région du Pacifique et du Yukon, Service canadien de la faune, Environnement et Changement climatique Canada, Sidney.

Morgan, K.H., K. Vermeer et R.W. McKelvey. 1991. Atlas of pelagic birds of western Canada. Canadian Wildlife Service Occasional Paper Number 72. Environment Canada, Ottawa. 72 pp.

Municipalidad de Lebu. 2015. La Fardela Blanca Nuevamente Reune a Mochanos en Torno al Deporte. Website: [consulté en décembre 2015]. [en espanol seulement]

Murphy, R.C. 1936. Oceanic Birds of South America, vol. 1. The Macmillan Company, The American Museum of Natural History, New York.

NABCI. 2016. State of North America’s Birds 2016. Environment and Climate Change Canada, Ottawa. 8 pp. Site Web : [consulté le 30 mai 2016]. (Également disponible en français : NABCI. 2016. État des populations d’oiseaux de l’Amérique du Nord 2016. Environnement et Changement climatique Canada, Ottawa. 8 p.

Oaten, D., Z. Mcdonell et D. Ebner. 2014. LNG Canada export terminal: Wildlife resources technical data report. LNG Canada Development Inc., October 2014, Project No. 1231-10458. xii + 125 + appendices.

Ogi, H., A. Yatsu, H. Hatanaka et A. Nitta. 1993. The mortality of seabirds by driftnet fisheries in the North Pacific. International North Pacific Fisheries Commission Bulletin 53:499-518.

O’Hara, P.D., P. Davidson et A. Burger. 2009. Aerial surveillance and oil spill impacts based on beached bird survey data collected in southern British Columbia. Marine Ornithology 37:61-65.

O’Hara, P.D., N. Serra-Sogas, R. Canessa, P. Keller, & Pelot, R. 2013. Estimating discharge rates of oily wastes and deterrence based on aerial surveillance data collected in western Canadian marine waters. Marine Pollution Bulletin 69:157-164.

Oikonos. 2015. Pink-footed Shearwater - Follow Shearwaters. Site Web : [consulté en novembre 2015].

Ojeda, P. H. González et G. Araya. 2003. Erradicación del conejo europeo Oryctolagus cuniculus Linnaeus, 1758 desde la Isla Santa Clara, Archipiélago de Juan Fernández. Informe técnico no. 48. Rapport technique produit pour la Corporación Nacional Forestal du Chili. 40 pp.

Onley, D., et P. Scofield. 2007. Albatrosses, Petrels and Shearwaters of the World. Princeton University Press, Princeton and Oxford.

Parks Canada Agency. 2016. Multi-species Action Plan for Gwaii Haanas National Park Reserve, National Marine Conservation Area Reserve, and Haida Heritage Site [Proposed]. Species at Risk Act Action Plan Series. Parks Canada Agency, Ottawa. vi+ 25 pp. (Également disponible en français : Agence Parcs Canada. 2016. Plan d’action visant des espèces multiples dans la réserve de parc national, réserve d’aire marine nationale de conservation et site du patrimoine haïda Gwaii Haanas [version provisoire]. Série de Plans d’action de la Loi sur les espèces en péril. Agence Parcs Canada, Ottawa. vii+ 30 p.).

Penhallurick, J., et M. Wink. 2004. Analysis of the taxonomy and nomenclature of the Procellariiformes based on complete nucleotide sequences of the mitochondrial cytochrome b gene. Emu 104:125-147.

Prince, P.A.,et R.A. Morgan. 1987. Diet and feeding ecology of Procellariiformes. Pp. 135-171, in J.P. Croxall (ed.). Seabirds: Feeding Ecology and Role in Marine Ecosystems. Cambridge University Press, Cambridge.

Rabouam, C., V. Bretagnolle, Y. Bigot et G. Periquet. 2000. Genetic relationships of Cory's shearwater: parentage, mating assortment, and geographic differentiation revealed by DNA fingerprinting. The Auk 117:651-662.

Remsen, J. V., Jr., J. I. Areta, C. D. Cadena, A. Jaramillo, M. Nores, J. F. Pacheco, J. Pérez-Emén, M. B. Robbins, F. G. Stiles, D. F. Stotz et K. J. Zimmer. Version 03 October 2015. A classification of the bird species of South America. American Ornithologists' Union. Site Web : [consulté en octobre 2015].

Reyes-Arriagada, R., P. Campos-Ellwanger et R.P. Schlatter. 2009. Avifauna de Isla Guafo. Boletín Chileno de Ornitología 15:35-43.

Schlatter, R.P. 1984. The status and conservation of seabirds in Chile. Pp. 8-15, in J.P. Croxall, P.G.H. Evans and R.W. Schreiber (eds.). Status and Conservation of the World’s Seabirds. International Council for Bird Preservation Technical Publication No. 2.

Seaturtle.org. 2015. Satellite tracking. Pink-footed Shearwater dispersal from Isla Mocha: 2015. Site Web : [consulté en septembre 2015]). [en anglais seulement]

Sellner, K.G., G.J. Doucette et G.J. Kirkpatrick. 2003. Harmful algal blooms: causes, impacts and detection. Journal of Industrial Microbiology and Biotechnology, 30:383-406.

Serra-Sogas, N., P. D. O’Hara, R. Canessa, P. Keller et R. Pelot. 2008. Visualization of spatial patterns and temporal trends for aerial surveillance of illegal oil discharges in western Canadian marine waters. Marine Pollution Bulletin 56:825-833.

Shepherd, P., comm. pers. 2015. Correspondance par courriel adressée à L. Blight. Septembre 2015. Scientifique des écosystèmes, Conservation et gestion des espèces, Parcs Canada, Vancouver.

Sibley, D.A. 2000. The Sibley Field Guide to Birds of Western North America. Alfred A. Knopf, New York. 473 pp.

Sievert, P.R., et L. Sileo. 1993. The effects of ingested plastic on growth and survival of albatross chicks. Pp. 212 in K.H. Morgan and D. Siegel-Causey (eds.). The Status, Ecology, and Conservation of Marine Birds of the North Pacific, Canadian Wildlife Service Special Publication, Ottawa.

Smith, J.L., et K.H. Morgan. 2005. An assessment of seabird bycatch in longline and net fisheries in British Columbia. Technical Report Series No. 401. Canadian Wildlife Service, Pacific and Yukon Region, Sidney. xiii + 51 pp.

Stantec. 2013. Ecological risk assessment of marine transportation spills. Technical Report for the Trans Mountain Pipeline ULC Trans Mountain Expansion Project, December 2013. Document #REP-NEB-TERA-00031, Stantec Consulting Ltd., Fredericton.

Stuessy, T.F., U. Swenson, D.J. Crawford, G. Anderson et O.M. Silva. 1998. Plant conservation in the Juan Fernandez archipelago, Chile. Aliso 16:89-101.

Suazo, C.G., L.A. Cabezas, C.A. Moreno, J.A. Arata, G. Luna-Jorquera, A. Simeone, L. Adasme, J. Azócar, M. García, O. Yates et G. Robertson. 2014. Seabird bycatch in Chile: a synthesis of its impacts, and a review of strategies to contribute to the reduction of a global phenomenon. Pacific Seabirds 41:1-12.

Sydeman, W.J., J.A. Santora, S.A. Thompson, B. Marinovic et E.D. Lorenzo. 2013. Increasing variance in North Pacific climate relates to unprecedented ecosystem variability off California. Global Change Biology 19:1662-1675.

Van Dolah, F.M. 2000. Marine algal toxins: origins, health effects, and their increased occurrence. Environmental Health Perspectives 108 (Suppl. 1):133-141.

Vermeer, K., K.H. Morgan, G.E.J. Smith et R. Hay. 1989. Fall distribution of pelagic birds over the shelf off SW Vancouver Island. Colonial Waterbirds 12:207-214.

Vollaard, B. 2015. Temporal displacement of environmental crime. Evidence from marine oil pollution. TILEC Discussion Paper No. 2015-014. Tilburg Law and Economics Center, Tilburg, Netherlands.

Wahl, T.R. 1975. Seabirds in Washington’s offshore zone. Western Birds 6:117-134.

Wahl, T.R., D.G. Ainley, A.H. Benedict et A.R. DeGange. 1989. Associations between seabirds and water masses in the northern Pacific Ocean in summer. Marine Biology 103:1-17.

Wahl, T.R., B. Tweit et S.G. Mlodinow. 2005. Birds of Washington: Status and Distribution. Oregon State University Press, Corvallis, Oregon.

Welch, A.J., R.C. Fleischer, H.F. James, A.E. Wiley, P.H. Ostrom, J. Adams, F. Duvall, N. Holmes, D. Hu, J. Penniman et K.A. Swindle. 2012. Population divergence and gene flow in an endangered and highly mobile seabird. Heredity 109:19-28.

Wilson, L., comm. pers. 2015. Correspondance par courriel adressée à L. Blight. Octobre 2015. Biologiste de la faune, Région du Pacifique et du Yukon, Service canadien de la faune, Environnement et Changement climatique Canada, Delta (Colombie-Britannique).

WWF Chile. 2011. Fútbol y medio ambiente se dieron la mano en “Copa Fardela 2011” en Isla Mocha. Site Web : [consulté en novembre 2015]. [en espanol seulement]

Yocom, C.F. 1947. Observations on bird life in the Pacific Ocean off the North American shores. The Condor 49:204-208.

Sommaire biographique des rédactrices du rapport

Louise Blight est une biologiste spécialisée en conservation marine qui s’intéresse aux oiseaux de mer, aux systèmes marins et aux espèces en péril depuis plus de 20 ans. Ses travaux ont consisté en recherche primaire sur les laridés et les alcidés en Colombie-Britannique, relevés en mer dans le Pacifique, et recensements et études de terrain visant des pingouins, des laridés et des procellariiformes en Antarctique et dans l’océan Austral. Ses voyages l’ont aussi conduit à explorer de façon étendue des habitats marins et côtiers en Amérique latine et en Australie. Elle est depuis longtemps membre de l’équipe de rétablissement des albatros et des puffins de la côte canadienne du Pacifique, et elle siège actuellement au Sous-comité de spécialistes des oiseaux du COSEPAC.

Peter Hodum est un biologiste de la conservation qui étudie depuis plus 30 ans l’écologie et la conservation des oiseaux de mer et des systèmes insulaires. Depuis 15 ans, il dirige des programmes de conservation et de restauration dans l’archipel Juan Fernández et l’île Mocha, au Chili. Il est le directeur scientifique d’un programme à long terme de recherche en conservation axé sur le Puffin à pieds roses, ainsi que sur les autres procellariidés menacés à l’échelle mondiale qui se reproduisent dans l’archipel Juan Fernández. Il est membre de l’équipe de rétablissement des albatros et des puffins de la côte canadienne du Pacifique depuis sa création.

Matt Fairbarns est un biologiste de la conservation qui travaille depuis plus de 35 ans sur des écosystèmes et des espèces rares dans l’ouest du Canada. Il a rédigé plus de 20 rapports de situation du COSEPAC et de nombreux programmes de rétablissement, et a révisé nombre de rapports de situation à titre de membre d’un sous-comité de spécialistes du COSEPAC. Il pratique avec sérieux l’observation d’oiseaux depuis plus de 40 ans.

Annexe 1. Tableau d’évaluation des menaces.

Tableau d’évaluation des menaces

Nom scientifique de l’espèce ou de l’écosystème
Puffin à pieds roses
Identification de l’élément
-
Code de l’élément
-
Date
11/05/2016
Évaluateur(s) :
Louise Blight, Jon McCracken, Marcel Gahbauer, Dwayne Lepitzki, Peter Hodum, Dave Fraser, Ruben Boles, Iain Stenhouse, Peter Arcese, Joe Carney, Karen Timm, Joanna James
Références :
Rapport provisoire du COSEPAC (janvier 2016) et calculateur des menaces rempli provisoirement par L. Blight (31 décembre 2015); téléconférence du 11 mai 2016
Calcul de l’impact global des menaces
Impact des menaces Impact des menaces (descriptions) Comptes des menaces de niveau 1
selon l’intensité de leur impact :
Maximum de la plage d’intensité
Comptes des menaces de niveau 1
selon l’intensité de leur impact :
Minimum de la plage d’intensité
A Très élevé 0 0
B Élevé 0 1
C Moyen 4 1
D Faible 2 4
- Impact global des menaces calculé : Élevé Élevé
Impact global des menaces attribué :
AB = Élevé
Justification de l’ajustement de l’impact :
-
Commentaires sur l’impact global des menaces
L’espèce se reproduit dans seulement trois îles au large du Chili (69 % des individus matures à l’île Mocha; 18,1 % et 12,6 % aux îles Robinson Crusoe et Santa Clara); estimation de ~56 000 individus matures; des individus des trois îles semblent présents en Colombie-Britannique durant l’hiver.
Tableau d’évaluation des menaces.
# Menace Impact
(calculé)
Portée
(10 prochaines
années)
Gravité
(10 années
ou
3 générations)
Immédiateté Commentaires
1 Développement résidentiel et commercial (en anglais seulement) - - - - -
1.1 Habitations et zones urbaines - - - - Aucun développement résidentiel dans les secteurs des colonies. Les colonies se trouvent toutes dans des aires protégées.
2 Agriculture et aquaculture (en anglais seulement) D - Faible Petite (1-10 %) Légère (1-10 %) Élevée (menace toujours présente) -
2.3 Élevage et élevage à grande échelle D - Faible Petite (1-10 %) Légère (1-10 %) Élevée (menace toujours présente) Des clôtures d’exclusion à l’île Robinson Crusoe protègent bon nombre des oiseaux menacés dans le passé par les bovins dans cette île (les sous-colonies ne sont pas toutes menacées par les bovins). Des clôtures protègent la majeure partie d’une sous-colonie antérieurement menacée par les bovins, et environ 50 % de la sous-colonie de Piedra Agujereada, qui compte plus de 1 100 couples.
2.4 Aquaculture en mer et en eau douce - - - - L’espèce n’est pas touchée par l’aquaculture au Chili. Cette activité n’est pas non plus considérée comme étant une menace au Canada, car les installations sont situées près de la côte alors que l’espèce est pélagique (elle vit en pleine mer).
3 Production d’énergie et exploitation minière (en anglais seulement) - - - - -
3.1 Forage pétrolier et gazier - - - - Il y a un moratoire sur les activités gazières et pétrolières en mer en Colombie-Britannique. Il n’y a pas de plans d’exploration gazière ou pétrolière en mer au Chili.
3.3 Énergie renouvelable - - - - Il pourrait y avoir des projets à l’île Robinson Crusoe, mais pas d’ici au moins dix ans. On ne sait pas très bien quels pourraient être les impacts d’éoliennes en mer dans les lieux d’hivernage.
4 Corridors de transport et de service (en anglais seulement) - - - - -
5 Utilisation des ressources biologiques (en anglais seulement) B - Moyen Généralisée
(71-100 %)
Modérée
(11-30 %)
Élevée (menace toujours présente) -
5.1 Chasse et prélèvement d’animaux terrestres CD - Moyen - faible Grande
(31-70 %)
Modérée – légère
(1-30 %)
Élevée (menace toujours présente) La récolte de poussins connaît de nouveau une augmentation, d’ampleur inconnue (probablement modeste), malgré l’application d’une interdiction et les efforts de sensibilisation. La récolte est probablement moins importante que dans le passé. Il ne semble y avoir récolte qu’à l’île Mocha (plusieurs centaines de poussins par année = ~1 % de la production annuelle de la population de l’île). Des poussins étaient vendus sur la terre ferme au Chili dans le passé, et ce commerce a de nouveau cours aujourd’hui. L’effet de ces prélèvements ne se limite pas à la mortalité de poussins, car les récolteurs détruisent parfois des terriers en cherchant à atteindre les poussins, d’où la destruction de nids et de liens de couple (soit la perte d’au moins 1-2 années de tentative de reproduction pour chaque couple).
5.3 Exploitation forestière et récolte du bois Négligeable Grande
(31-70 %)
Négligeable
(< 1 %)
Élevée (menace toujours présente) Récolte de bois à brûler à l’île Mocha, dont l’impact est présumé minime si ce n’est qu’elle peut occasionnellement endommager des terriers et supprimer des arbres qui protègent des terriers contre l’érosion. Le gouvernement exerce une surveillance d’intensité variable sur cette activité.
5.4 Pêche et récolte des ressources aquatiques C - Moyen Généralisée
(71-100 %)
Modérée
(11-30 %)
Élevée (menace toujours présente) La population entière (reproducteurs et non-reproducteurs) est exposée à la prise accidentelle dans les pêches. La mortalité semble élevée, et il n’y a pas de mesures d’atténuation actuellement. Prises annuelles d’environ 1 000 oiseaux au large du Chili et de 500-1 000 oiseaux au large du Pérou, soit 2000/56 000 = 3,6 % de la population, mais on présume que ces prises comprennent des immatures. Par contre, comme on ne dispose de données que pour ces deux pays et pour seulement certaines pêches, les taux de prises accidentelles se trouvent sous-estimés. Les prises accidentelles rapportées pour le Chili ne concernent qu’un sous-ensemble de pêches dans une région. On sait qu’il y a aussi des prises accidentelles en Équateur et au Guatemala, mais les données pour ces pays ne sont pas de bonne qualité.
6 Intrusions et perturbations humaines (en anglais seulement) Négligeable Petite (1-10 %) Négligeable
(< 1 %)
Élevée (menace toujours présente) -
6.1 Activités récréatives - - - - Peu d’activités récréatives pour le moment, lesquelles n’auraient de toute façon pas d’impact.
6.3 Travaux et autres activités Négligeable Petite (1-10 %) Négligeable
(< 1 %)
Élevée (menace toujours présente) Aucun effet négatif n’a été relevé pour les activités de recherche (marquage, suivi des nids).
7 Modification du système naturel (en anglais seulement) CD - Moyen - faible Généralisée
(71-100 %)
Modérée – légère
(1-30 %)
Élevée (menace toujours présente) -
7.1 Incendies et suppression des incendies Non calculé (en dehors de la période d’évaluation) Généralisée
(71-100 %)
Élevée – légère
(1-70%)
Faible (peut-être dans le futur [long terme, > 10 ans]) Le risque d’incendie est une menace d’ampleur imprévisible toujours possible aux trois colonies. Des incendies accidentels ont été rapportés pour l’archipel Juan Fernández. Il n’y a pas eu d’incendie aux colonies dans les quelque 40 dernières années, mais il y en a eu un dans cet archipel à l’île Selkirk, qui a affecté d’autres espèces d’oiseaux de mer il y a environ 20 ans. Le risque d’incendie est à son maximum durant la période d’élevage des poussins, mais les principales colonies sont largement dénudées, ce risque concernant donc principalement des feux d’herbe de faible intensité.
7.3 Autres modifications de l’écosystème CD - Moyen – faible Généralisée
(71-100 %)
Modérée – légère
(1-30 %)
Élevée (menace toujours présente) Il est question ici des effets sur l’habitat à l’échelle de l’écosystème d’espèces envahissantes et des bovins (lapins, plantes, vaches). Les plantes non indigènes peuvent très fortement altérer la composition et la structure des communautés végétales, en créant des peuplements denses de végétaux non favorables aux puffins. À l’île Santa Clara, la principale menace est le fort taux d’érosion découlant de la perte de couvert végétal indigène. Les lapins exercent une concurrence pour les ressources végétales et les sites de terriers. La pêche peut aussi être une menace à l’échelle de l’écosystème en ceci qu’elle peut réduire la quantité et la disponibilité de proies ainsi que la qualité de celles-ci, et entraîner des modifications touchant l’ensemble de l’écosystème.
8 Espèces et gènes envahissants ou problématiques (en anglais seulement) C - Moyen Généralisée
(71-100 %)
Modérée
(11-30 %)
Élevée (menace toujours présente) -
8.1 Espèces exotiques/non indigènes envahissantes C - Moyen Généralisée
(71-100 %)
Modérée
(11-30 %)
Élevée (menace toujours présente) La portée des menaces associées aux espèces non indigènes est de grande ampleur. Chaque île présente à ce chapitre des problèmes d’espèces envahissantes qui lui sont propres. L’île Santa Clara n’abrite plus de mammifères non indigènes – elle n’a été marquée dans le passé que par la présence de lapins (éliminés en 2004). L’île Mocha abrite des chats, des rats et des chiens. L’île Robinson Crusoe abrite des chiens, des chats, des rats et des coatis. Les lapins continuent de compétitionner pour les terriers et affectent le succès reproducteur des puffins à l’île Robinson Crusoe; les chats exercent une prédation sur les adultes et les poussins aux îles Mocha et Robinson Crusoe; on ne sait pas quels sont les effets des rats dans ces deux dernières îles; les coatis consomment des adultes et des poussins à l’île Robinson Crusoe, quoiqu’en plus faibles nombres que par le passé; les chiens prennent des adultes et des poussins à l’île Mocha. Les impacts globaux de la prédation mammalienne sur la taille de la population de puffins sont largement inconnus. La mortalité annuelle par prédation aux terriers surveillés a été estimée à 0–3 % pour les adultes et à 0–20 % pour les poussins, les taux de mortalité variant entre colonies. Des mesures de lutte contre les coatis ont été appliquées dans les années 1990, mais des observations anecdotiques laissent croire que leur effectif est en train d’augmenter à l’île Robinson Crusoe (où niche environ 20 % de la population). Les chiens et les chats contribuent aussi à la mortalité découlant de l’attraction lumineuse (voir 9.6 plus bas).
8.2 Espèces indigènes problématiques Inconnu Inconnue Inconnue Élevée (menace toujours présente) L’espèce peut être affectée par les épisodes de prolifération d’algues nuisibles. Il s’agit de phénomènes naturels, mais on croit que leur fréquence augmente du fait de l’eutrophisation et, peut-être, des changements climatiques. Cependant, comme ils se produisent surtout près des côtes, ils pourraient ne pas affecter directement les puffins, mais ils pourraient affecter leurs sources de nourriture près des colonies de nidification. L’île Mocha n’est pas très loin de la côte et se trouve dans la même région que l’île de Chiloé, dont on a récemment parlé dans la presse à cause des proliférations d’algues nuisibles qui y ont été observées (voir http://www.theguardian.com/world/2016/may/17/chile-red-tide-salmon-farming-neurotoxin).
9 Pollution (en anglais seulement) CD - Moyen - faible Généralisée
(71-100 %)
Modérée – légère
(1-30 %)
Élevée (menace toujours présente) -
9.1 Eaux usées domestiques et urbaines - - - - L’espèce ne s’alimente pas dans les zones côtières de rejet d’eaux usées.
9.2 Effluents industriels et militaires CD - Moyen - faible Généralisée
(71-100 %)
Modérée – légère
(1-30 %)
Élevée (menace toujours présente) La menace de déversements d’hydrocarbures (rejets chroniques et déversements ponctuels importants) est toujours présente et va en augmentant, particulièrement dans les lieux autres que les lieux de nidification. Comme les puffins se tiennent en groupes sur l’eau, l’espèce pourrait être durement frappée en cas de déversement catastrophique. Il n’y a pas d’activité de surveillance concernant les oiseaux mazoutés sur le littoral du Chili.
9.4 Détritus et déchets solides D - Faible Généralisée
(71-100 %)
Légère (1-10 %) Élevée (menace toujours présente) Les impacts de l’ingestion de plastique sont inconnus, mais cette menace est toujours présente. Il y a présence étendue de particules de microplastique dans les eaux des détroits de Géorgie et de la Reine-Charlotte (voir le rapport sur le marsouin commun). Rien n’indique que le plastique tue des individus directement, mais il est probable qu’il contribue à la mortalité. Les microplastiques pourraient être des perturbateurs endocriniens et des vecteurs de contaminants (p. ex. BPC). Des plastiques pourraient aussi être transférés aux poussins. Parmi 20 oiseaux tués par attraction lumineuse à l’île Robinson Crusoe, 19 renfermaient du plastique.
9.5 Polluants atmosphériques Inconnu Généralisée
(71-100 %)
Inconnue Élevée (menace toujours présente) On a trouvé dans des tissus de puffins du mercure présumé provenir de sources atmosphériques internationales, tout comme des BPC. On ne sait pas si cette contamination a des impacts à l’échelle de la population.
9.6 Énergie excessive Négligeable Généralisée
(71-100 %)
Négligeable
(< 1 %)
Élevée (menace toujours présente) Environ 200 oiseaux par année sont affectés en agglomération humaine dans l’île Robinson Crusoe; on y compte par année 35-50 oiseaux (adultes et jeunes de l’année) tués par collision directement ou par des chats ou des chiens après collision non fatale. Le problème n’existe pas aux îles Santa Clara et Mocha. La menace vient principalement des lumières des rues et des terrains de sport. Dans l’ensemble de l’aire de répartition de l’espèce, les plateformes gazières ou pétrolières en mer et les navires pourraient présenter un risque de mortalité par collision, d’ampleur cependant inconnue.
10 Phénomènes géologiques (en anglais seulement) - - - - -
10.2 Tremblements de terre et tsunamis - - - - Un tsunami a tué des personnes à l’île Robinson Crusoe en 2010. Cependant, les tsunamis ne constituent probablement pas une menace pour l’espèce étant donné que les colonies sont à bonne hauteur par rapport au niveau de la mer, et donc hors de portée des tsunamis.
11 Changement climatique et phénomènes météorologiques violents (en anglais seulement) D - Faible Généralisée
(71-100 %)
Légère (1-10 %) Élevée (menace toujours présente) Cette menace pourrait être plus importante dans le futur.
11.1 Déplacement et altération de l’habitat Inconnu Généralisée
(71-100 %)
Inconnue Élevée (menace toujours présente) Des déplacements d’habitat marin affecteront sans doute l’espèce vu la vastitude du territoire qu’elle occupe, mais leurs effets sont inconnus. L’espèce a probablement évolué de manière à être en mesure d’ajuster son activité de recherche de nourriture à une telle variabilité.
11.2 Sécheresses - - - - Les sécheresses peuvent affecter la composition des forêts, mais seulement dans le long terme, au-delà de la fenêtre d’évaluation de 10 ans pour la portée.
11.4 Tempêtes et inondations D - Faible Grande
(31-70 %)
Légère (1-10 %) Élevée (menace toujours présente) Les tempêtes constituent une menace à l’île Santa Clara, où elles peuvent causer une érosion susceptible d’entraîner la perte de terriers pour au moins 50 % de la population nicheuse de l’île. D’autres sites sont affectés, mais dans une bien moindre mesure.

Détails de la page

Date de modification :