Cicutaire de Victorin (Cicuta maculata) évaluation et rapport de situation du COSEPAC : chapitre 4

Répartition mondiale

La cicutaire de Victorin se rencontre exclusivement au Canada (figure 2). Elle est considérée endémique de l’estuaire supérieur du fleuve Saint-Laurent (Labrecque et Lavoie, 2002).

Figure 2. Aire de répartition mondiale de la cicutaire de Victorin

Figure 2. Aire de répartition mondiale de la cicutaire de Victorin

Répartition canadienne

Au Canada, la cicutaire de Victorin ne croît que dans les zones intertidales d’eau douce et légèrement saumâtre du fleuve Saint-Laurent. Jusqu’à maintenant, la plante a été répertoriée dans 39 localités (tableau 1). La limite sud-ouest de son aire de répartition se situe à Sainte-Anne-de-la-Pérade et sa limite nord-est à Saint-Jean-Port-Joli et à Sainte-Anne-de-Beaupré (figure 3). L’ancienne limite sud-ouest de Batiscan (Legault, 1986) repose sur un spécimen en pleine floraison dont l’identification est douteuse.

Tableau 1. Liste des populations de cicutaires de Victorin en 2002 avec les indices de qualité
Emplacements Population Perturbation Indice de qualité1 Dernière observation
Berthier-sur-Mer, anse de Berthier 115-1 060 aucune A 13/09/1995
Île aux Grues, la Grande Rivière 100-250 aucune A 04/09/1996
Lévis, pointe Martinière 250 faible A 04/09/1996
Saint-Laurent-d'Orléans, anse aux Frères 200-500 faible A 02/09/1997
L'Islet, rocher Panet 200-500 élevée B 05/09/1996
Saint-Jean, pointe Dauphine 155-310 élevée B 29/08/1995
Cap-Rouge, anse du Cap-Rouge 100-1 000 élevée B 17/08/1995
Grosse-Île 50-100 faible B 20/07/1993
Saint-Augustin-de-Desmaures 15-60 faible B 29/08/2002
Sainte-Pétronille, pointe chez Royer 200-500 élevée B 02/09/1997
Sainte-Pétronille, anse chez Porteous 50-75 faible B 10/08/2002
Saint-Jean-Port-Joli, anse de Trois-Saumons 100-1 000 aucune B** 05/09/1996
Saint-Michel-de-Bellechasse, pointe à l’est du quai 55-120 élevée B 12/09/1995
Saint-Vallier, pointe de Saint-Vallier 50-70 faible B 10/08/2002
Beaupré 11-50 aucune C 09/09/1995
Grondines 11-50 faible C 20/09/1996
Neuville 30-50 faible C 08/09/2002
Saint-Étienne-de-Beaumont, anse de Vincennes 11-50 aucune C 24/08/1995
Saint-Jean-Port-Joli 30-120

élevée

et aucune

C 05/09/1996
Saint-Michel-de-Bellechasse, anse Saint-Vallier 11-50 aucune C 11/09/1995
Berthier-sur-Mer, trou de Berthier 2-10 modérée D 13/09/1995
Île aux Grues, quai 11-50 faible D 04/09/1996
L'Islet-sur-Mer, anse à l’est du quai 1 faible D 27/08/1995
Pointe-aux-Trembles-Ouest, pointe à Alain 2-10 faible D 19/09/1995
Sainte-Anne-de-la-Pérade. 3-10 faible D 08/09/2001
Sainte-Croix, pointe au Platon 3 faible D 20/09/1996
Saint-François 1 aucune D 02/09/1997
Saint-Jean, rivière Lafleur 2-10 élevée D 28/08/1995
Saint-Jean-de-Boischatel 1 faible D 24/08/1995
Saint-Laurent, village-des-Anglais 2-10 modérée D 20/09/1995
Saint-Nicolas, anse Ross 2-10 faible D 05/09/1991
Saint-Nicolas, pointe Saint-Nicolas 2-10 faible D 18/09/1995
Saint-Romuald 11-50 élevée D 26/08/1995
Chandler - aucune date H 06/08/1931
L'Ange-Gardien - faible H 23/08/1942
Lotbinière - élevée H 28/08/1943
Sainte-Anne-de-Beaupré - modérée H 25/08/1962
Beauport 0 élevée X 19/08/1913
Saint-Nicolas, pointe à Basile 0 faible X 14/07/1950
Total :

1 787-

6 341

Moyenne :

4 064

   

1 – Consultez le tableau 2 pour la signification des catégories A-D. L’indice de qualité X (disparue du Canada) indique que l’habitat et/ou la cicutaire de Victorin sont disparus de cet endroit, malgré des efforts d’échantillonnage au cours des dernières années. L’indice de qualité H (historique) révèle que l’observation de la population remonte à plus de 25 ans.

** Le site de l’anse de Trois-Saumons à Saint-Jean-Port-Joli est classé B en raison de la difficulté de faire la distinction entre la variété victorinii et la variété maculata à cause de leur mélange sur le site. 

Tableau 2. Définition des indices de qualité des populations de cicutaires de Victorin
Indice de qualité Signification des indices
A Population de plus de plus de 100 individus dans un habitat qui n’est que légèrement ou pas du tout perturbé par l’activité humaine.
B Population de 51 à 100 individus dans un habitat qui n’est que légèrement ou pas du tout perturbé par l’activité humaine ou population de 100 individus perturbée par le remblayage ou par la circulation des piétons ou des véhicules.
C Population de 10 à 50 individus dans un habitat qui n’est que légèrement ou pas du tout perturbé par l’activité humaine ou population de 51 à 100 individus perturbée par le remblayage ou par la circulation des piétons ou des véhicules.
D Population de moins de 10 individus dans un habitat qui n’est que légèrement ou pas du tout perturbé par l’activité humaine ou population de 10 à 50 individus perturbée par les activités de remblayage, le piétinement anthropique ou la circulation des véhicules.
Figure 3.    Aire de répartition canadienne de la cicutaire de Victorin (d’après Labrecque et Lavoie, 2002), à l’exclusion de la localité de Chandler (en Gaspésie).

Figure 3.    Aire de répartition canadienne de la cicutaire de Victorin (d’après Labrecque et Lavoie, 2002), à l’exclusion de la localité de Chandler (en Gaspésie).

Un spécimen (No de récolte 44 394) de la cicutaire entreposé à l’herbier Marie-Victorin soulève de nombreuses interrogations. Les frères Marie-Victorin et Rolland-Germain ainsi que E. Jacques l’ont récolté le 6 août 1931 et il correspond à la description de la cicutaire de Victorin, à l’exception de sa localisation : Baie-des-Chaleurs, Chandler, comté de Gaspé; terres humides en bord de mer. Il faudrait vérifier la validité de cette localité car il est possible que les courants puissent avoir transporté des graines de la cicutaire de Victorin jusqu’à cet endroit. L’estuaire de la rivière Pabos est un des plus grands de la Gaspésie et des marées d’eau douce y sont possibles. L’exemple de Zizania aquatica var. brevis (endémique de l’estuaire supérieur du Saint-Laurent) et de plusieurs autres espèces estuariennes dans l’estuaire de la rivière Miramichi au Nouveau-Brunswick semblerait indiquer que le phénomène est possible.

Les spécimens récoltés par Brouillet et al. (1996), provenant de l’embouchure de la rivière du Sud à Montmagny, de Château-Richer, de L'Islet à Saint-Pierre et de Les Fonds à Saint-Antoine-de-Tilly, ont été révisés à la variété maculata. Même si la révision de ces spécimens a été effectuée dans le cadre de la préparation du rapport de situation provincial (Coursol, 1999), la base de données du Centre de données sur le patrimoine naturel du Québec (CDPNQ) n’a pas encore été corrigée en 2002. Finalement, un spécimen de Cap-Saint-Ignace récolté par l’auteur lors de l’étude de Brouillet et al. (1996) a été révisé en 2002 à la variété maculata. Certains akènes montraient des caractères de la variété victorinii, mais d’autres montraient clairement qu’il s’agit de la variété maculata.

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