Programme de rétablissement visant de multiples espèces de moules d'eau douce: chapitre 5


5. Information sur l'espèce – Villeuse haricot


Nom commun – villeuse haricot
Nom scientifique – Vilosa fabalis
Statut du COSEPAC – en voie de disparition
Justification de la désignation1 du COSEPAC – La villeuse haricot a déjà été largement répandue dans toute l'aire de répartition qu'elle occupait à l'origine en Amérique du Nord, mais ces dernières années, sa répartition et son abondance ont fortement diminué. Au Canada, on ne la trouve plus que sur un tronçon de 45 km de la rivière Sydenham est, où elle est menacée par l'envasement et la pollution associée à l'intensification des activités agricoles.
Répartition – Ontario
Historique du statut – désignée espèce en voie de disparition en 1999

1 En 2004, on a confirmé la présence d’une nouvelle population dans la rivière North Thames.

La villeuse haricot est une très petite moule d'eau douce de forme semi-elliptique. La femelle est plus largement arrondie et gonflée que le mâle. Le periostracum de la villeuse, de couleur vert pâle ou foncé, est couvert de rayures larges ou étroites, onduleuses et d'un vert plus foncé, qui sont clairement apparentes sauf chez les vieux spécimens. Les becs sont étroits, non excavés et s'élèvent légèrement au-dessus de la ligne d'articulation. Les dents de l'articulation sont relativement massives; les dents pseudocardinales sont droites, pyramidales et dentelées, tandis que les dents latérales sont courtes avec des dentelures diagonales et un interdentum épais.

Figure 13. Villeuse haricot Villosa fabalis. Photo : gracieuseté de S. Staton, Environnement Canada.

Figure 13. Villeuse haricot Villosa fabalis. Photo : gracieuseté de S. Staton, Environnement Canada.

En Amérique du Nord, le genre Villosa compte 18 espèces, dont deux seulement se trouvent au Canada. La villeuse haricot était autrefois connue en Alabama, en Illinois, en Indiana, au Tennessee, dans l'État de New York, en Virginie, en Virginie occidentale et en Ontario. Elle était largement répandue dans l'ensemble des bassins hydrographiques de l'Ohio et du Tennessee, dans la partie ouest du lac Érié, dans le lac Sainte-Claire ainsi que dans la rivière Sainte-Claire et dans leurs tributaires. Au Canada, la villeuse haricot occupait la partie ouest du lac Érié, les rivières Détroit, Sydenham et Thames.

Même si les tendances démographiques sont difficiles à mesurer en raison d'un manque de données démographiques, il est généralement reconnu que l'espèce a subi des déclins dans toute son aire de répartition ces dernières années. Aux États-Unis, c'est maintenant dans le bassin hydrographique de l'Ohio que l'on observe le plus souvent la villeuse haricot. Dans la plupart des régions, NatureServe lui a attribué la cote S1. Au Canada, l'espèce a disparu du lac Érié et de la rivière Détroit et ne se trouve maintenant que dans un tronçon limité de 50 km de la rivière Sydenham est. Cependant, un spécimen vivant ainsi qu'une coquille fraîche ont été relevés dans la rivière North Thames en amont du réservoir Fanshawe en 2004.

Répartition

Aire de répartition totale

La villeuse haricot était autrefois largement répandue, mais de façon discontinue dans l'ensemble des réseaux hydrographiques des rivières Ohio et Tennessee, dans la partie ouest du lac Érié et dans ses tributaires ainsi que dans les tributaires de la rivière Sainte-Claire et du lac Sainte-Claire. Aux États-Unis, on trouve actuellement la villeuse haricot en Alabama, en Indiana, au Kentucky, au Michigan, à New York, en Ohio, en Pennsylvanie, au Tennessee et en Virginie occidentale. Au Canada, elle n'est présente que dans le sud de l'Ontario.

Aire de répartition au Canada

La répartition actuelle de la villeuse haricot au Canada se limite à un tronçon de 50 km de la rivière Sydenham est et à une petite section de la rivière North Thames.

Pourcentage de l'aire de répartition totale au Canada

Le Canada représente actuellement moins de 10 % de l'aire de répartition totale de l'espèce.

Tendance en matière de répartition

L'aire de répartition actuelle de la villeuse haricot a peu changé au fil du temps. On la trouve dans tout un tronçon de 50 km de la rivière Sydenham est où elle réussit à se reproduire (Woolnough et Mackie, 2001). Au cours de l'année 2004, un seul spécimen vivant ainsi qu'une coquille fraîche ont été relevés dans la rivière North Thames, en amont du réservoir Fanshawe (T. Morris, données non publiées).

Abondance de la population

Répartition totale

Aux États-Unis, on trouve actuellement la villeuse haricot en Alabama, en Indiana, au Kentucky, au Michigan, dans l'État de New York, en Ohio, en Pennsylvanie, au Tennessee et en Virginie occidentale. Au Canada, elle n'habite que le sud-ouest de l'Ontario.

Répartition au Canada

Au Canada, la répartition de la villeuse haricot est actuellement limitée à une section de 45 kilomètres de la rivière Sydenham est et à une petite section de la rivière North Thames.

Pourcentage de la répartition totale au Canada

Moins de 20 % de l'aire de répartition totale de l'espèce se trouve actuellement au Canada.

Tendance relative à la population

On considère que la villeuse haricot est une espèce rare; cependant, on a observé des populations abondantes dans des régions de l'Ohio et de la Pennsylvanie. D'autres études américaines indiquent que l'espèce est en déclin. On présume que la villeuse haricot est disparue de l'Illinois et de la Virginie. Au Canada, on a déjà signalé la présence de populations de villeuse haricot dans la rivière Détroit et le lac Érié, près de l'île Pelée. Mais comme il n'y a pas eu de d'observation de l'espèce à ces endroits depuis 1986, on suppose que les populations sont disparues. Il est impossible d'estimer les tendances relatives aux populations des rivières Sydenham et Thames parce qu'on ne dispose pas des estimations de l'abondance antérieure de l'espèce.

Figure 14. Répartition totale de la villeuse haricot.

Figure 14. Répartition totale de la villeuse haricot.

 

Figure 15. Répartition de la villeuse haricot au Canada.

Figure 15. Répartition de la villeuse haricot au Canada.

 

Facteurs biologiques limitatifs

Caractéristiques de la reproduction

La biologie reproductrice de la villeuse haricot est semblable à celle de la plupart des moules. Ainsi, pendant le frai, les mâles libèrent leur sperme dans la colonne d'eau et les femelles le filtrent grâce à leurs branchies. La fécondation a alors lieu dans une région particulière des branchies appelée marsupia. Le produit de la fécondation est ensuite libéré par la femelle dans la colonne d'eau et vit une période de parasitisme sur des espèces appropriées de poissons hôtes. La villeuse haricot garde ses glochidies tout l'hiver et les dissémine au printemps. Les glochidies ne peuvent passer au stade juvénile sans période d'enkystement sur l'hôte.

Les glochidies sont de forme presque spatulée ou arrondie et portent une ligne d'articulation droite (Bogan et Parmalee, 1983; Hoggarth, 1993). Ils sont plus hauts que longs, ce qui indique qu'ils parasitent les branchies.

Pour identifier les poissons hôtes de la villeuse haricot, douze espèces hôtes ont fait l'objet d'expériences d'infestation dans le laboratoire de l'Université de Guelph de 2002 à 2005. La villeuse haricot a réussi à se développer sur sept de ces douze espèces : l'épinoche de ruisseau, le dard vert (Etheostoma blennioides), le raseux-de-terre, le fouille-roche, le dard arc-en-ciel, le chabot tacheté (Cottus bairdi) et l'achigan à grande bouche (Woolnough, 2002; McNichols et al., 2004).

Dispersion

Comme la plupart des moules d'eau douce, la villeuse haricot présente des capacités de dispersion très limitées. Les adultes sont essentiellement sessiles, et leur mouvement se limite à quelques mètres seulement au fond des lacs ou des rivières. Bien que le mouvement des adultes puisse être dirigé en amont ou en aval, les études ont montré un mouvement descendant net au fil du temps (Balfour et Smock, 1995; Villella et al.,2004). La dispersion à grande échelle, les déplacements vers l'amont et l'invasion d'un nouvel habitat ou l'abandon d'un habitat en détérioration se limitent au stade glochidial d'enkystement sur le poisson hôte.

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